Étrangère

Chapitre 28 : Fraternel

4274 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/07/2017 13:33

Attachée à une chaise, je regardai Armin se faire attoucher par nos malfaiteurs. Nous avions tout prévu. Eren et Historia n'étiez pas avec nous lors de cette attaque. Armin jouait la blonde tandis que Jean, comme à son habitude, se faisait passer pour Eren. Quant à moi, je n'avais pas eu d'autres choix que de venir. N'existant pas d'autres personnes avec la même couleur de cheveux que moi, je m'étais faite kidnappée de mon gré. Si j'étais restée en sécurité, la situation n'aurait pas été crédible. Même si Livaï n'avait d'abord pas été très d'accord avec ce plan, j'avais tout de même réussi à le convaincre de me laisser y aller. Sueur au front, Jean observait la même chose que moi.


-Alors tu préfères les blondes toi ? demanda un homme en faisant son entrée.


-Ouais, elle à l'air toute douce..


-Je préfère celle-ci, dit-il en se rapprochant de moi.


Des frissons parcoururent chaque parcelle de ma peau lorsqu'il posa sa main sur ma poitrine. Gênée, je n'osais même plus regarder Jean. Un profond dégout s'empara de moi. Plus il me touchait et plus j'avais envie de vomir. Soudain, quelqu'un lui tomba dessus. C'était Livaï, il le maitrisa aussitôt sans difficulté. Mikasa sauta sur le second qui s'occupait d'Armin. Ils les attachèrent immédiatement un peu plus loin derrière de grosses caisses en bois. Au loin, Livaï bavardait avec cet homme. J'entendais à peine ce qu'il lui disait, je voyais juste qu'il le dévisageait. Après plusieurs phrases incompréhensibles pour mes oreilles, j'entendis enfin quelques mots.


-Qu'est ce que je devrais te faire après ? Peut être te couper les mains..


-Caporal, ils arrivent ! les prévint Connie par une ouverture sur le toit.


Ils s'empressèrent de couper légèrement les cordes qui nous attachaient. Se glissant derrière moi, Livaï me demanda si j'allais bien. Je hochai la tête en guise de réponse. Le voir s'inquiéter pour moi me donna le sourire. Je devais cependant reprendre mon visage impassible, les vrais auteurs de cet enlèvement allaient faire leur entrée d'une seconde à l'autre. Mikasa et Livaï partirent se cacher. La porte s'ouvrit, ils étaient trois. Ils s'avancèrent lentement vers nous pour vérifier nos identités. L'un d'eux passa où Mikasa se cachait. Faisant un bond incroyablement haut, elle écrasa le crâne de l'homme. Livaï plaqua rapidement l'autre au sol.


-Il n'y avait que ces trois-là ? demanda la brune à Connie.


-Ouais, c'est tout !


En sortant du local, je remarquai une charrette près de l'entrée. Je trouvais ça étrange car elle n'était pas lorsque nous étions arrivés. Je ne m'attardai pas plus longtemps sur ce détail. Je me concentrai à nouveau sur la conversation qu'avait Livaï avec ce dénommé Reebs. Depuis plusieurs minutes déjà, il discutait avec un sourd. Pourtant bien au courant qu'il s'était fais prendre au piège, il continuait à refuser de faire équipe avec le bataillon d'exploration.


-Mieux vaut nous avoir comme allié plutôt qu'ennemi, indiqua Livaï.


-Il n'y a pas d'allié ou d'ennemi, rétorqua le vieux. Il y a juste des gagnants et des perdants.


Peut être que nous nous situions à la place des perdants pour l'instant mais personne n'était à l'abri d'un retournement de situation. Je trouvais la police militaire stupide de penser qu'elle pouvait nous tenir tête. Et puis même si ce président refusait de coopérer avec nous, il se ferait certainement tuer à cause de son échec à nous capturer. Livaï pensait la même chose car il répéta tout simplement le fond de ma pensée. Le vieux ricana.


-Qu'est ce que vous pouvez m'offrir de plus de toute façon ? lui demanda t-il ironiquement. La gloire ? Le pouvoir ? Il n'y a que la domination qui m'intéresse.


À bout de patience, Livaï l'empoigna par le col. D'un regard effrayant, il le menaça de rapidement choisir entre le bataillon d'exploration et la police militaire. Reebs ne sembla pas se démonter car il soutenu son regard. La tension était palpable. Il refusa une énième fois de nous aider avant de le jurer solennellement. Ce type ne comprenait définitivement rien. Livaï lui jura alors à son tour de l'exécuter sur le champ si lui et sa compagnie ne rejoignaient pas nos rangs immédiatement. Étonnement, il lui ricana au nez une nouvelle fois.


-Peut être que vous avez raison et que je vais mourir peu importe ce que je choisis mais, lui répondit-il en baissant les yeux, pas aujourd'hui.


Soudain, des coups de feu éclatèrent tout autour de nous. Je paniquai lorsque Jean se prit une balle en pleine jambe. Livaï nous ordonna aussitôt de nous mettre à l'abri. Je me cachai rapidement derrière un mur. La charrette de tout à l'heure, c'était bien des renforts. Tandis que Reebs tentait de rejoindre ses hommes, Livaï le plaqua au sol. Sous une pluie de balles, il essaya de le maîtriser tout en gardant son calme. De toute évidence, je n'étais d'aucune aide. Je tournai ma tête vers nos ennemis, une flèche atterrit soudainement en plein dans le front d'un des leurs. Une seconde puis une troisième suivirent le rythme jusqu'à ce qu'un homme décide de mettre un terme au règne de Sasha. Il lui tira dans le bras. Connie décida au même moment de foncer dans le tas. Ne sachant trop quoi faire, je ne pouvais qu'admirer son courage de loin. Livaï vint rapidement le récupérer avant de l'éloigner de la zone de combat.


-Ça suffit ! cria soudainement un homme.


Fusils positionnés en direction de Livaï, il n'avait plus d'autres choix que de rester immobile. Tandis que Connie battait en retrait, Livaï leva ses mains au dessus de la tête. Silencieux, il attendait les ordres de ces hommes. Sans grande surprise, il le menaça de lui tirer dessus si il ne me leur léguait pas immédiatement. Ils ne savaient donc pas où je me trouvais. Je cherchai Mikasa du regard. D'un simple hochement de tête, nous nous comprenions mutuellement. Discrètement, nous nous approchions d'eux. Je n'avais qu'à contourner le mur. Nous nous glissions discrètement derrière eux avant de désarmer la plus part d'entre eux. Livaï en profita pour nous rejoindre. Quelques instants plus tard, ils étaient tous au sol. Remarquant soudainement que quelque chose était en mouvement, je me retournai vers la charrette. Elle était entrain de partir avec le vieux dessus. Je comptais me lever pour les poursuivre mais Livaï me barra la route.


-Laisse tomber, me dit-il. On a des choses plus importantes à régler.


Je tournai ma tête vers Jean et Sasha. Ils serraient les dents sous la douleur de leur blessure. Après plusieurs vérifications et soins, aucun des deux n'étaient finalement en danger de mort. Je soupirai de soulagement. Nous avions échoués à nous faire un nouvel allié aujourd'hui. Notre position n'avait toujours pas changé. Nous étions malheureusement toujours les perdants.


Un peu plus tard dans la journée, je montai sur le mur pour me rafraîchir les idées. Il faisait pratiquement nuit. Assise sur le bord, je laissai mes jambes se balancer dans le vide. Nous allions prochainement devoir faire face à une situation encore plus dangereuse que ce matin. Nous devons d'avantage se serrer les coudes pour réussir. Les hommes de ce matin n'avaient été que des hommes sans expérience. Dorénavant nous aurons affaire à des soldats de la police militaire. Je soupirai. Dans quoi m'étais-je encore embarquée ? Tout ça commençait lentement à me fatiguer.


-Tu comptes te suicider ? me demanda soudainement quelqu'un.


Voix grave mais douce à la fois, ça ne pouvait qu'être l'homme de qui j'étais désespérément tombée amoureuse. Je lui murmurai évasivement que peut être j'opterai pour cette idée. Il s'assit à côté de moi tout en soupirant. Sa main n'était posée qu'à quelques centimètres de la mienne. Pourtant j'avais l'impression qu'un immense gouffre nous séparait. Après tout ce qui s'était passé, nous n'avions jamais réellement reparlé de notre relation. Je commençais même à me demander pourquoi il m'avait embrassé. Depuis ce jour, jamais il n'avait fais un autre pas vers moi. Si je lui posais la question maintenant il essayerait par n'importe quel moyen d'éviter le sujet. Décidée à ne plus me retenir, je posai ma main sur la sienne. J'observai mes doigts s'entrelacer entre les siens. Cette simple sensation me redonnait de l'espoir pour tout à l'heure.


-Vous ne voulez pas qu'on s'enfuie quelque part tous les deux ? lui demandais-je rêveuse en regardant l'horizon.


Je le pensais vraiment, c'était mon plus grand rêve. Réalisant quelques secondes plus tard que je l'avais dit à voix haute, je grimaçai. Inondée par la gêne, j'essayai de me justifier du mieux que je pouvais. Contre toute attente, il rigola.


-Une fois que tout ça sera terminé je te suivrai n'importe où, me répondit-il en serrant ma main.


Les joues maintenant roses, j'en profitai pour poser ma tête sur son épaule. Nul doute que j'en pinçais réellement pour lui. N'importe qui pourrait le voir comme le nez au milieu de la figure. Il avait toujours les mots pour faire accélérer les battements de mon cœur. Tout ce que j'espérais c'était qu'il ne le fasse pas pour rien. Qui savait dans quel état on pourrait me retrouver si par malheur il m'avouait finalement que nous deux était impossible. Je n'osais même pas imaginer. Je caressai délicatement sa main avec mon pouce. Je ne voulais pour aucune raison au monde me séparait de lui.


-Je n'ai pas envie d'y aller, lui chuchotais-je. Je veux rester avec vous toute la nuit..


Ce que j'étais entrain de dire portait peut être à confusion mais je n'exprimais que le fond de ma pensée. Les soirs que j'avais passé dans sa chambre me manquaient énormément. Je n'oublierai jamais la nuit où j'avais dormi avec lui. Je donnerai n'importe quoi pour revivre ça.


-Moi aussi, murmura t-il d'une voix incroyablement douce.


Je relevai la tête vers lui. Mon visage n'étant qu'à quelques centimètres du sien, nous nous regardions mutuellement dans les yeux. Il balança son regard sur mes lèvres. Il voulait m'embrasser. Mon cœur s'accéléra subitement lorsqu'il s'approcha de moi. Je fermai les yeux, impatiente de goûter de nouveau à ses lèvres.


-Hm.. Excusez-moi..


Livaï se recula immédiatement. Grimaçante, je pivotai ma tête vers la personne qui venait de nous interrompre. Les cheveux attachés, brune avec des yeux de la même couleur. Ce n'était autre que Sasha.


-On m'a dit de vous dire.. Enfin non, on m'a forcé à venir jusqu'ici pour vous dire qu'il était l'heure de partir, nous informa t-elle en pointant du doigt un groupe qui se cachait un peu plus loin.


La main de Livaï quitta la mienne. Tandis qu'il se relevait, je lançai un regard effrayant à Sasha. Passant mon doigt sous ma gorge, je lui montrai que j'allais très prochainement la tuer. Elle leva aussitôt ses mains devant elle en serrant les dents. Non, je ne la pardonnerai pas.


-Rappelle moi de ne plus jamais te donner mon pain, râlais-je en passant à côté d'elle.


-Non s'il te plait Hana tout mais sauf ça, s'apitoya t-elle en pleurnichant à genoux.


À présent assis autour d'une table, nous étions abrités dans une toute nouvelle maison pour éviter que l'on nous retrouve facilement. C'était plutôt silencieux. Eren et Historia nous avaient finalement rejoins après avoir été mis au courant de la situation. Mise à part me lancer quelques sourires, Eren n'était pas très bavard. Sasha prit soudainement la parole. Elle nous demanda ce qui adviendrait de nous si nous échouions.


-Nous serons tous pendus en place publique, répondit Jean sans mâcher ses mots.


Au moins, je n'étais pas la seule à me poser des questions. Armin ouvrit à son tour la bouche. Il nous expliqua que nous pourrions provoquer un accident et rejeter la faute sur la monarchie ou la police militaire pour rallier les gens à notre cause. Ainsi, le peuple n'y verrait que du feu et identifierait les bataillons d'exploration comme leurs sauveurs. À la fin de son discours, nous le regardions tous choqués. Il venait tout bêtement de nous pondre un excellent plan.


-Je plaisante, essaya t-il de se rattraper.


Sasha posa lourdement sa tête contre la table tandis que Jean grogna de sa blessure. Nous étions encore bien loin de crier victoire. Comme pour changer de conversation, Armin décida de s'attaquer à un sujet plus croustillant à son goût. Ma relation avec Livaï.


-De quoi vous avez parlé la dernière fois ? me demanda Connie. Tu sais avant que tu ne salisses ses beaux vêtements..


-Ouais c'est vrai ça, enchérit Jean en souriant. Qu'est ce que vous nous cachez tous les deux ? Vous êtes enfin ensemble ?


-Surtout qu'en entrant dans la cuisine tu as parlé de sentiments, souligna Historia. Toi il est plus que clair que tu l'aimes, mais lui ?


Je trouvais qu'ils s'intéressaient un peu trop à moi. Je restai cependant silencieuse. Ce n'était pas que je ne voulais pas leur répondre mais que je n'avais tout simplement pas les réponses qu'ils attendaient. Nous ne cachions rien et nous n'étions pas ensemble, seulement deux êtres humains qui n'arrivaient pas à correctement croiser leurs chemin. Par moment, il était plus que clair qu'il avait des sentiments pour moi. Mais lorsque j'essayais de le rejoindre sur cette route, il changeait immédiatement de direction.


-Oh, se moqua Jean. On dirait que quelqu'un s'est prit un râteau !


-Tu peux parler ! rétorquais-je vexée. Mikasa ne te regarde pas plus de deux secondes dans la journée !


Piqué au vif, il se redressa en grimaçant. Nous nous chamaillions de la sorte pendant plusieurs minutes, envoyant des répliques plus cinglantes les unes que les autres. Au moins, j'avais réussi à éviter un sujet qui fâche. Soudain, la porte claqua violemment. Tenant un bout de papier froissé dans ses mains, Hanji et Livaï nous rejoignirent. Sous nos yeux ébahis, elle déposa cet étrange message sur la table.


-Qu'est ce que c'est ? demanda Eren en arquant un sourcil.


-Un miracle, répondit Hanji excitée.


Elle se lança dans un monologue interminable pendant lequel elle s'extasia de sa trouvaille avec ce papier. Livaï lui pria sèchement d'en venir au fait. Reprenant un air sérieux, elle nous expliqua que ce matin elle avait enfin eu l'occasion d'enquêter sur la mort de son ami Nick. Avec l'aide de ses soldats, elle avait réussit à s'introduire pour récupérer son cadavre. Longuement observé, elle avait finalement compris qu'elle ne pouvait rien soutirer de son corps.


-Et donc ? demanda Jean ennuyé. Tout ça pour ça ?


-Vu que je ne trouvais rien à la surface de son corps.. j'ai décidé de vérifier à l'intérieur.


Nous grimacions simultanément. Sasha faillit vomir dans l'évier. Faisant mine de ne pas remarquer nos réactions, elle nous continua soigneusement à nous décrire la façon dont elle avait dépecé son ami. J'essayai de penser dans ma tête à tout sauf à cette scène. Elle nous indiqua finalement que ce papier avait été retrouvé dans son ventre. Sachant d'avance qu'il allait certainement mourir, il avait décidé d'ultimement aider le bataillon d'exploration.


-Famille Reiss = famille royale ? lit Armin à haute voix.


Nous nous retournions tous vers la principale concernée. Perplexe face à cette révélation, nous attendions qu'Hanji éclaircisse d'avantage notre lanterne. D'après elle, la famille royale Fritz n'était qu'une imposture. Si tout ça était réellement vrai alors de lourdes responsabilités venaient sans prévenir d'écraser les épaules d'Historia. Toutefois, Livaï lui demanda son avis.


-Ah.. Non.. Je ne peux pas le faire.., trembla t-elle.


Comment ça non ? J'avais envie de la secouer et de lui dire qu'il ne s'agissait plus seulement d'elle mais de toute une civilisation. Elle ne pouvait pas refuser. Même si elle était effrayée, elle ne devait pas penser de cette façon. Grâce à elle, nous étions enfin capable de changer les choses. Hanji lui pria à son tour de nous aider. Perdue, elle balbutia quelques mots. Elle n'était toujours pas sûre d'elle.


-Et si ça ne marche pas ? nous demanda t-elle tristement.


-Ça marchera, lui répondit du tac au tac Livaï.


Sans voix, elle regarda un peu partout autour d'elle. Nerveuse, elle lui demanda si elle pouvait réfléchir avant de lui donner sa réponse. Son comportement m'agaçait. Réfléchir à quoi ? Je trouvais qu'elle ne se posait pas les bonnes questions. Si j'étais à sa place, c'est avec la main sur le cœur que j'aurai tout de suite accepté. Mais il fallait croire que nous étions complètement différentes. Étrangement souriant, Livaï lui répondit qu'elle avait évidemment tout son temps pour réfléchir. J'arquai un sourcil, quelle mouche venait de le piquer ?


-Tu crois que lorsqu'on te posera un flingue sur la tête tu pourrais demander à réfléchir ? lui demanda t-il sèchement. Je doute que nous soyons les seuls à savoir qui tu es réellement.


Elle baissa les yeux. Les mots de Livaï étaient véridiques. Elle serra soudainement son poing tout en fronçant les sourcils. Après un long silence, les mots tant attendus sortirent comme par magie de sa bouche.


-C'est bon je vais le faire, nous déclara t-elle déterminée. Je deviendrai Reine.


Le lendemain, je me réveillai avec d'énormes courbatures. Étant couchée sur le sol avec de simples couvertures, j'avais incroyablement mal dormi. Lorsque j'ouvris les yeux, je me retrouvai nez à nez avec Sasha. Bave coulante jusqu'au menton, elle ronflait. Je soupirai en me tournant de l'autre côté. Ce n'était pas ce visage que je voulais voir en me réveillant.


Bien décidée à ne plus subir les ronflements interminables de Sasha, je me levai pour rejoindre le premier étage. Il était tôt, le soleil était encore couché. En descendant les escaliers, une table s'écrasa subitement contre le mur. Avançant lentement, j'essayai de voir qui avait bien pu balancer ce meuble à travers la pièce. J'étais surprise, c'était Hanji. Lunettes à la main, elle se massait le front.


-Vous allez bien ? lui demandais-je inquiète.


-Il y avait un cafard, me répondit-elle tout simplement.


Il était évident qu'elle mentait. Dès que quelque chose la tracassait, elle enlevait ses lunettes. Peut être que tout ça avait un rapport avec Historia. Comment la motiver ? Qui était réellement sa famille ? Et surtout comment soudainement pourrait-elle monter au pouvoir ? J'étais entrain de réfléchir à un problème beaucoup trop compliqué pour moi. Hanji avait tellement été présente pour m'encourager que je voulais faire de même.


-Ce n'est pas dans votre genre d'abandonner, rigolais-je en lui prenant ses lunettes des mains. Il y a un tas de nouvelles informations qui se balade sous votre nez. Tout ce que vous avez à faire, c'est d'ouvrir les yeux.


Lui remettant ses lunettes, je lui offris mon plus beau sourire. Elle renifla avant de se mordre la lèvre. Les yeux humides, elle se jeta sur moi pour m'enlacer. Je ne m'attendais pas à une telle réaction mais j'étais contente d'avoir pu la rebooster un petit peu. Elle arrêta soudainement de bouger. Me serrant fortement l'épaule, elle me chuchota quelques mots.


-En parlant de nouvelles informations.. Livaï et toi vous l'avez fait ?


Ne voyant pas de quoi elle parlait, je cogitai un instant dans ma tête. Elle voulait certainement me demander si nous avions tous les deux déjà trouver un plan ou quelque chose dans ce genre. Sans me douter de quoi que ce soit, je lui répondis positivement. Nous l'avions déjà fait il y a quelques jours. Elle se recula, bave au menton. Qu'est ce qu'il pouvait bien l'exciter dans ce que je venais de dire ?


-Qu'est ce qu'on a fait il y a quelques jours ? demanda Livaï en descendant les escaliers.


-Bah alors Livaï, rigola t-elle en lui tapant dans le dos, t'es un petit rapide !


Il n'eut pas le temps de lui en demander d'avantage qu'elle s'éclipsa à la vitesse de la lumière. Il soupira avant de m'interroger à mon tour. Je lui répétai la question qu'elle m'avait posé ainsi que ma réponse. Il m'insulta aussitôt d'idiote avant de partir à son tour. Mon visage se décomposa. Décidément, je ne comprenais vraiment rien.

Une fois tout le monde levé, notre petite journée débuta. Hanji ayant quelque chose de très important à dire au major, elle était partie le rejoindre. Nous passions quant à nous le plus clair de notre après-midi à parler de notre future mission ainsi que d'Historia. Notre conversation n'aboutissait pas vraiment à quelque chose puisque nous n'avions aucun moyen pour l'instant de faire d'Historia notre nouvelle Reine. Je posai ma joue contre mon poing. Je pensais qu'Armin allait parler de son plan de génie mais en fait non. Peut être qu'il avait peur de quelque chose. Je repensai soudainement à Eren. Il n'était pas revenu depuis sa pause de tout à l'heure. Bien décidée à prendre moi aussi un peu l'air, j'indiquai à mes camarades que je partais faire un tour.


À présent dehors, je regrettai rapidement de ne pas avoir pris de veste. Il faisait froid. Tout en frottant mes bras avec mes mains, je m'éloignai légèrement de notre chalet. Je tapai dans des cailloux, suivant un chemin quelconque. Je m'arrêtai lorsque mon pied s'écrasa sur une trace de pas. Je fronçai les sourcils, essayant de voir jusqu'où ses pas se dirigeaient. Il y avait beaucoup trop de brouillard pour observer quoi que ce soit. Tout de même hésitante, je continuai mon chemin. Je me redressai brusquement, des cris étouffés parvinrent à mes oreilles. Plusieurs mètres plus loin, je pouvais maintenant voir une charrette abandonnée. Je pris soin de vérifier les alentours avant d'avancer vers celle-ci. Mon pouls s'accéléra subitement, le corps de Eren était complétement ligoté. Je me précipitai vers lui sans réfléchir. J'essayai de le détacher mais ses yeux me suppliaient de déguerpir au plus vite. Soudain, son regard se déplaça derrière moi. Je n'eus pas le temps de réagir que quelqu'un me plaqua une serviette sur la bouche. Quelques secondes plus tard, je perdis connaissance.


Je me réveillai un peu plus tard avec un mal de crâne insoutenable. Je ne savais pas combien de temps s'était écoulé. J'étais attachée par les bras et les jambes à une chaise. Eren, devant moi réveillé, était dans la même situation que moi. Où est ce que nous étions ? Un tissu entre les dents m'empêchait de me mordre, ma langue était toute pâteuse. Soudain, un homme plutôt gros entra dans la pièce.


-On va bientôt venir vous chercher, nous expliqua t-il.


Eren et moi le dévisagions. Qui étaient ces gens et qui allaient venir nous chercher ? J'essayai de marmonner quelque chose mais je n'y arrivais de toute évidence pas. Même bouger de quelques millimètres m'était carrément impossible. Nous n'avions pas d'autres choix que d'attendre, attendre de voir ce que le destin nous avait une nouvelle fois réservé.


Une demi-heure plus tard, nos kidnappeurs s'agitèrent. De nouvelles personnes avaient fais leurs arrivée. D'un instant à l'autre, un homme vêtu d'un long manteau noir et d'un chapeau entra dans la pièce. Il félicita aussitôt ses hommes avant de plonger son regard dans celui d'Eren et du mien. Quelque chose chez lui m'effrayait, je ne savais pas quoi.


-Il manque la blonde, indiqua t-il sèchement remarquer.


-Je suis désolé, paniqua immédiatement l'homme à ses côtés. Nous ne l'avions aperçu même pas une seule fois.


Il était clairement entrain de dire qu'il nous espionnait depuis un long moment déjà. Mais comment avaient-ils pu nous trouver ? Et surtout pourquoi nous ne les avions pas remarqué ? Toutes ses questions amplifiaient mon mal de crâne. Je regardai le sol sous mes pieds, perdue. Est ce que les autres allaient bien ? Est ce qu'ils s'étaient au moins aperçus de notre disparition.


-Heureusement que je vous ai aidé à les pister, grogna un autre homme en rentrant.


Pour une homme, je trouvais qu'il avait plus la voix d'un garçon. Étant de dos à l'ouverture, je ne voyais pas encore son visage. Je tournai brusquement la tête lorsqu'il m'interpella. Mes yeux s'écarquillèrent. Son visage, je l'avais déjà vu. Avant que je ne me fasse entraîner par ces trois hommes dans cette ruelle. Tandis que je cherchais Marco j'avais bousculé quelqu'un. Ce garçon, c'était lui.


-Tu te souviens de moi ? me demanda t-il en souriant. Sœurette.

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