Étrangère

Chapitre 31 : Stratégies

4942 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/08/2017 20:41

J'avais en face de moi la personne que je méprisais le plus au monde. Tandis que je la fixais avec dégoût, quelques-uns de mes camarades entrèrent dans le hall. Leur réaction était de me questionner du regard ou de l'observer avec admiration. Jean avait carrément la bouche à moitié ouverte. Je ne pouvais pas le nier, ma mère était une femme magnifique. C'était du moins ce qu'elle essayait de faire croire de sa personnalité. Il n'y avait que moi ici pour le savoir. Lorsqu'elle daigna poser son regard sur moi, elle se crispa légèrement. Nous nous fixions en silence avant qu'elle ne se concentre à nouveau sur le pourquoi elle était venue. Et le plus naturellement possible, elle entama la conversation sur son fils avec les gardes. C'était tout ? Je m'attendais à une réaction, à une parole ou même un geste. Elle m'ignorait, faisant comme si je n'avais jamais existé. Un peu comme depuis ma naissance, je détestais ça.


Lorsque qu'un chaleureux sourire se dessina sur ses lèvres, mon cerveau vrilla. Elle pensait berner qui avec ce sourire ? Ayant toujours une arme sur moi, je dirigeai nerveusement ma main vers la poche intérieure de ma veste. J'y retirai brusquement un couteau. Courant à la hâte dans sa direction, je brandis ma lame au dessus d'elle. Avant que je ne puisse la toucher, quelqu'un intercepta mon poignet. Livaï venait de s'interposer entre nous. J'étais trop énervée pour m'arrêter maintenant. J'essayai de le repousser, de l'atteindre avec mon autre main. Je ne contrôlais plus rien. Aveuglée par la haine, je ne réalisais même pas que j'étais entrain de diriger ma main vers ma bouche. Je n'avais qu'une envie et c'était de la voir morte à mes pieds. Mes dents rencontrèrent une moitié de main. Cependant, rien ne se passa. Ce n'était pas la mienne mais celle de Livaï. Qu'est ce qu'il était entrain de faire ? Je voulais qu'il me laisse lui faire ressentir ce que j'avais dû endurer toutes ces années. Voulant montrer mon mécontentement, je lui mordis violemment la main. Il serra instantanément les dents sous la douleur. Il m'arracha ensuite mon couteau puis bloqua mes poignets derrière le dos. Coincée, je le dévisageai intensément. À moitié en colère, quelque chose me disait qu'il voulait que j'arrête mes bêtises maintenant et tout de suite. Il me poussa pour que je recule. Je rencontrai le regard de ma mère qui en disait long sur ce qu'elle pensait. Elle appréciait la situation. J'avais toujours inconcevablement l'envie de lui arracher la tête. J'essayai de repousser Livaï. Après quelques secondes de résistances inutiles, j'abandonnai puis le laissai m'emmener là où il voulait.


Il referma brutalement la porte derrière lui. Nous étions dans une sorte de remise. Il se laissa lourdement tomber contre la porte. Je sentais toujours cette même haine de tout à l'heure. Il me lâcha les poignets puis jeta mon couteau au sol. Me sentant soudainement coupable, je levai timidement les yeux vers lui. Les traits de son visage extrêmement tirés me disaient que je n'allais pas m'en tirer aussi facilement.


-Qu'est ce qui t'a pris franchement ? me cria t-il en me prenant par les épaules. Qu'est ce qu'on aurait fait si tu l'avais vraiment touché, hein ?


Je baissai la tête, soudainement déçue de mon comportement. Je ne regrettais pas d'avoir voulu me venger de ma mère. Je me sentais juste mal d'avoir énervé Livaï. Fautive, mon regard passa sur sa main ensanglantée. J'avais vraiment été trop loin. Je soupirai avant de poser ma tête contre son torse. Je m'excusai plusieurs fois en chuchotant. J'entendais les battements de son cœur battre en rythme avec les miens. Cette sensation me donna envie de l'enlacer. J'entourai timidement mes bras autour de son cou. Les siens vinrent rejoindre ma taille.


-Ne refais plus jamais ça, me murmura t-il. Tu dois apprendre à te contrôler.


Un fin sourire se dessina sur mes lèvres. Le voir subitement changer de ton et d'humeur me prouvait à quel point je pouvais avoir un impact sur lui. Notre étreinte terminée, nous ressortions de la salle comme si rien de tout ça ne s'était produit. J'observai au dernier moment ma mère dire au revoir à mon frère. Elle allait certainement revenir. J'allais encore une fois devoir essayer de retenir mes pulsions meurtrières. Peut être qu'au final, c'était ce que ces deux-là ressentaient en permanence à mon sujet.


Le lendemain, je me réveillai dans mon lit habituel. Je n'avais cessé de cogiter toute la nuit, repensant aux événements d'hier. Mais le pire c'était que même avec le retour de ma mère, je n'arrivais pas à m'enlever une certaine personne de la tête. Livaï. C'était de pire en pire en ce moment. Je repensais encore et encore à ce soir là. Je m'imaginai soudainement ses mains se balader un peu partout sur mon corps. Honteuse de mes pensées, je m'enroulai dans mes couettes. Je l'aimais beaucoup trop.


Assise à la table avec Jean et Eren, je touillai lentement mon café avec ma cuillère. Pensive, mon regard était entrain de se perdre dans ce liquide noir que contenait ma tasse. La rancune que je ressentais pour ma mère était encore plus sombre que ça. Par moment, j'avais envie de partir à sa recherche pour l'égorger moi-même. Mais je me contenais, parce qu'une personne en particulier ne serait pas du même avis.


-Ta mère est vraiment magnifique, rêvassa Jean.


Je levai les yeux au ciel, je n'avais pas besoin qu'il me le dise. Je cognai ma cuillère contre son front. Il faudrait que quelqu'un apprenne les bonnes manières à ce garçon. Eren, à ses côtés, était plutôt silencieux. Ça ne lui ressemblait pas. J'essayai tant bien que mal d'engager la conversation avec lui mais il semblait ailleurs. En fait, on aurait carrément cru qu'il ne voulait pas me parler. En soupirant, je m'attardai sur les personnes qui entraient dans la salle. Un Livaï entrain de râler avec une Hanji qui sautillait derrière lui. Je posai ma tête sur la main. Le suivant du regard, je le scrutai de haut en bas. J'allais à nouveau pencher vers le côté obscur. Je secouai vivement la tête de gauche à droite, voulant à tout prix m'éloigner de ses pensées malsaines.


-Vous êtes en couple ? me demanda soudainement Eren.


M'ayant certainement très bien vu fixer Livaï, Eren venait de poser une question à laquelle je ne pouvais pas répondre. Dans le doute, je hochai la tête négativement. Dénué d'expression, le brun ne semblait pas du tout me croire. La relation entre Livaï et moi n'était pas réellement clair. Nous nous étions embrassés mais étions-nous vraiment un couple ? J'aurai honte de lui demander de toute façon. Surtout si c'était pour savoir que ce n'était pas le cas. Un peu perdue, quelque chose me sortit de mes rêvasseries. Un soldat, qui marchait un peu trop vite, se dirigeait vers Livaï. Il l'appela puis lui murmura quelque chose que je n'étais pas capable d'entendre étant donné la distance. Hésitant, il acquiesça avant de faire signe à Hanji qu'il allait revenir. Son regard se posa sur moi. Il soupira puis suivit ce soldat et quitta définitivement la salle. J'attendis alors patiemment cinq, dix puis trente minutes son retour. Sauf que Livaï ne revint jamais. Soucieuse, je décidai d'aller inspecter ça de plus près.


Je me dirigeai vers les escaliers. Je voulais d'abord vérifier s'il n'était pas dans sa chambre. Porte fermée à clé, je toquai plusieurs fois. Silence. Je longeai ensuite les couloirs sans le repérer. En passant pour la cinquième fois dans le hall, je commençais petit à petit à abandonner. Il y avait encore une pièce que je n'avais pas inspecté. Elle se situait près de l'entrée du bâtiment. Et je n'étais pas vraiment autorisée à y fourrer le petit bout de mon nez. Mais voyant que personne ne faisait attention, j'y entrai à la vitesse de l'éclair. Des personnes devaient être là il n'y a pas très longtemps. La table était bondée de couverts. C'était le genre de pièce où les soldats se réunissaient pour discuter de choses importantes. À moins que Livaï se cachait à l'intérieur d'une des boîtes de conserve, il n'était évidemment pas ici.


Je me retournai pour sortir. Au même moment, la poignée s'enclencha. Si je me faisais attraper à cet endroit, j'étais plus que cuite. Paniquée, je regardai un peu partout autour de moi pour me trouver une cachette. N'ayant pas vraiment l'embarras du choix, je me précipitai vers l'un des placards. J'eus à peine le temps de le refermer à moitié que la porte laissa place à deux personnes. J'écarquillai les yeux. La première était Livaï. La seconde était une femme. Ses longs cheveux roses résonnaient comme un signal dans ma tête. Ma mère, qu'est ce qu'elle fabriquait avec lui ?


-Merci d'avoir pris le temps de me parler, le remercia t-elle d'une douce voix.


-Comme je vous l'ai déjà dit, répondit-il sévèrement, je ne sais pas où se trouve le sérum.


-Mais vous êtes pourtant le soldat le plus fort de l'humanité, non ? Vous n'êtes pas sensé tout savoir ?


Si j'avais bien suivi, elle avait demandé à lui parler seulement pour savoir où se trouvait le sérum. Sur le moment, je trouvais ça complètement débile. Premièrement, pourquoi être aussi directe ? Elle prenait des risques en faisant ça. Deuxièmement, dans quel but ? Le sérum permettait de transformer quelqu'un en titan pour une durée indéterminée. À moins qu'elle souhaitait elle aussi pouvoir me dévorer, je ne voyais aucune utilité à sa requête. Surtout qu'elle avait tué mon père car il s'y était d'ailleurs un peu trop intéressé.


-Désolé, lui répéta -il, je ne peux vous être d'aucune utilité.


-Vous êtes sûrs ? demanda t-elle d'un air provocateur.


Mon cerveau vrilla quand elle l'incita à s'asseoir sur une chaise en posant sa main sur son torse. Tout aussi étonné que moi, il suivit le mouvement. Elle souleva ensuite légèrement sa robe pour se mettre sur lui. Faisant tourner gracieusement sa tête pour mettre ses cheveux derrière ses épaules, elle rapprocha son décolleté du visage de Livaï. Ma seule envie était de sortir de ce maudit placard et de la brûler vive. Mais une partie de moi me disait d'attendre et d'observer sa réaction. Ma mère était belle, séduisante. Je doutais même qu'un homme puisse lui résister. J'avais tout de même ce petit espoir auquel je me rattachais. Il me murmurait que Livaï était différent.


-Je doute que vous ayez beaucoup de vraies femmes ici, je me trompe ? lui demanda t-elle en ouvrant lentement sa veste.


Je clignai plusieurs fois des yeux pour vérifier que je ne rêvais pas. Il la regardait faire tout en restant silencieux. Plus je voyais son regard s'attarder sur ce qu'elle faisait et plus je me sentais mal. Ma mère était quand même entrain de faire des avances à l'homme que j'aimais. Si ça ce n'était pas glauque et gênant. Je cachai nerveusement ma tête entre les mains. Je ne voulais plus rien voir. Je n'entendais seulement plus que le bruit des vêtements entrain de se défaire.


-Vous avez raison, répondit Livaï.


Je tapai plusieurs fois mon front contre mes genoux. Ça ne pouvait pas être vrai. Livaï ne pouvait pas me faire ça. Peureuse d'accepter la réalité, je relevai lentement les yeux. Les mains de ma mère étaient sur son torse. Il la laissait le toucher. L'étrange sensation de se faire trahir, de se faire tromper me submergea. La voir glisser ses doigts jusqu'à son ventre me donna des envies de meurtres. Je devais rester calme. Quand sa main atteignit enfin son pantalon, il attrapa son poignet.


-Mais.. désolé, je préfère les gamines.


Sans voix, je le regardai la repousser pour se relever. Il ramassa sa veste avant de l'enfiler. Il quitta ensuite la pièce dans le plus lourd des silences. Me recroquevillant sur moi-même, je souris automatiquement jusqu'aux oreilles. Je me sentais soulagée, renaître. Ma mère, quant à elle, resta immobile au milieu de la salle. Elle serrait les poings. Même si sa tentative avait échoué, je doutais qu'elle comptait s'arrêter là. Mon frère et elle avaient le même but. Qu'est ce qui me disait qu'ils ne faisaient pas déjà équipe ?


La salle vide, je m'extirpai à mon tour discrètement. Voyant toujours Livaï s'éloigner au loin, j'avais la forte envie de le rejoindre. J'étais incroyablement contente, je ne savais pas pourquoi. Ma mère n'était plus dans les parages, j'en profitais pour prendre le même chemin que Livaï. À peine entré dans sa chambre, je lui sautai littéralement dessus. Ne m'ayant vu qu'à la dernière minute, il tomba en arrière avec moi. Je me redressai timidement avant de me retrouver au dessus de lui. Étant donné son expression, il ne devait pas comprendre la situation. Je posai ma tête contre son torse. La frottant vivement, je l'enlaçai tout en versant des larmes de crocodile.


-Je vous aime ! Je vous aime ! lui répétais-je en criant comme un bébé. Recommençons, faisons l'amour !


Enivrée par la joie, je n'avais même plus de filtre. Je disais tout ce qui me passait par la tête. Il devait me prendre pour une folle, une psychopathe. Je me relevai légèrement pour me mettre assise sur lui. Il était plus que bouche bée. J'en avais peut être un peu trop dit. Gênée, j'étais prête à partir. Il attrapa soudainement mon visage entre ses mains puis posa son front contre le mien.


-Maintenant ? demanda t-il d'une voix grave et sérieuse.


Prise au piège, je gonflai mes joues. Je devais certainement être encore plus rouge qu'une tomate. Il me pouffa aussitôt à la figure. Je rigolai à mon tour avant qu'il ne m'embrasse tendrement. Peut être qu'il ne se confiait jamais, mais des fois les actes prouvaient plus que les paroles.


-Hm..


Des ronronnements derrière la porte nous ramenèrent rapidement à la réalité. Toujours au dessus de Livaï, je tournai légèrement la tête pour voir qui était là. D'abord invisible, des yeux chocolat dépassèrent de la porte. Paire de lunettes sur le nez, je n'avais plus aucun doute quant à l'identité de cette personne. Hanji nous zieutait comme si elle était sur le point de s'abandonner à une nouvelle expérience.


-Un accouplement entre deux espèces différentes.. Intéressant, affirma t-elle en remettant correctement ses lunettes.


Nous rions simultanément avec Livaï. Je l'aidai ensuite à se relever. Soudain, nous entendions quelqu'un courir dans notre direction. C'était un soldat et il avait sacrément l'air pressé. Essoufflé, il reprit d'abord ses esprits en haletant devant nous. Il se redressa subitement avant de reprendre son sérieux.


-Le sérum a disparu !


Nous nous raidissions tous à l'entente de cette catastrophe. Quelle changement de situation. Livaï lui demanda aussitôt des explications. Il nous répondit qu'il n'en savait pas plus, nous devions juste immédiatement rejoindre Erwin dans son bureau. Je ne savais pas si j'étais de trop dans cette visite alors je demandai tout de même à Livaï si j'avais le droit d'y assister. Il hocha la tête. Sans plus attendre, nous partions avec une boule au ventre en direction du Major.


Alignés en face de lui, nous étions tous sous tension. Son regard dur en disait long sur la situation. Posant ses mains sur la table, il se leva. Il nous expliqua que le sérum avait disparu sans qu'il ne sache comment. J'appris aussi que la boîte contenant la seringue se situait normalement dans le bureau d'Hanji. Il était évidemment fermé à clé. Il ordonna à la brune de vérifier ses poches. Elle les avait bien sur elle. Il ordonna de faire de même à Livaï. Sur le moment, je restai dubitative. Je réfléchis un instant avant de comprendre qu'il était sensé avoir le double des clés. En mettant ses mains dans ses poches de veste, il commença à tapoter un peu partout. Une infime panique s'afficha sur son visage.


-Ce n'est pas possible, murmura t-il tout en accélérant ses mouvements.


-Je vois, soupira Erwin. Il faut croire que tu n'es pas aussi talentueux dans tous les domaines.


Je sentais que la pure intention du blond était de piquer Livaï. Même si je n'avais rien à voir avec tout ça, je ne pouvais pas m'empêcher de culpabiliser pour lui. Pourtant j'étais persuadée qu'il n'avait rien à voir avec cette disparition de clé. Livaï se justifia du mieux qu'il pouvait. Il expliqua tout du début à la fin de sa conversation avec ma mère. Étonnement, il sauta les passages où elle lui avait fait des avances. Il avait juste précisé qu'elle avait essayé de l'amadouer. Je comprenais maintenant que si Livaï avait été si absorbé par ses gestes, c'était pour bien évidemment vérifié ce qu'elle faisait. Cependant, ce qu'ils ignoraient tous c'était que moi aussi j'étais là. Et j'étais sûre que ma mère n'avait jamais mis ses mains dans les poches de sa veste.


-Peut-être qu'il les a perdu avant, supposais-je.


Ils me regardèrent tous bizarrement, excepté Livaï. Ma supposition n'était pas si bête que ça. Avant de s'attaquer à Livaï, elle avait pu prêcher des informations à d'autres soldats. Mais ça n'expliquait tout de même pas pourquoi Livaï n'avait pu ses clés. Nous réfléchissions plusieurs minutes pendant lesquelles chacun de nous essayait d'éclaircir la situation. Nous manquions cependant terriblement de preuves. La seule chose dont nous étions absolument sûrs, c'était que ma mère était impliquée d'une façon ou d'une autre dans ce problème.


-Interroger ton frère serait peut être une bonne idée, proposa Hanji.


Sous l'accord d'Erwin, nous options de suivre l'idée d'Hanji. Nous n'avions de toute façon pas d'autres pistes pour le moment. J'accompagnai mes deux supérieurs dans les cachots. Dans les escaliers, je reconnus immédiatement mon frère à l'intérieur de la cellule du fond. Menottés par les poignets et chevilles, je devinai facilement qu'il ne bougeait pas très souvent. Ses vêtements étaient déchirés. Son état me faisait de la peine. Je me figeai instantanément lorsque je remarquai du sang à côté de son lit. Livaï passa sa main dans mon dos pour me rassurer. Bizarrement, ça ne m'aidait pas beaucoup. Alerté de notre venue, Samuel leva lentement la tête. Il avait des bleus au coin de la lèvres ainsi que des croutes maintenant séchées à son arcade sourcilière.


-Laissez-moi deviner, vous êtes venus pour me soutirer encore une fois des informations ? supposa t-il nonchalant.


J'étais tétanisée de le voir. Il avait peut être mérite d'être enfermé pour ce qu'il avait fais mais ça restait mon frère. Bien que sa sentence me déplaisait, je ne pouvais évidemment rien y faire. Hanji s'avança pour s'abaisser devant les barreaux. D'une voix calme, elle lui expliqua la véritable raison de notre venue. De la disparition du sérum à la tentative de notre mère, il l'écouta attentivement. Une fois terminée, nous attendions tous sa réaction. Il nous ricana au nez.


-Et vous pensez que je vais vous aider ? se moqua t-il. En supposant que je sache quelque chose évidemment..


-Tu sais tout de son plan, rétorqua Hanji. Tu pourrais y gagner en nous prêtant main forte.


-Qu'est ce que j'y gagnerai ? demanda t-il d'un air arrogant.


-Le sérum.


Livaï se retourna nerveusement vers la brune. Samuel était lui aussi étonné. Je ne savais pas ce qu'elle était entrain de faire mais si elle comptait vraiment le lui donner, je doutais que ça fasse l'unanimité. Mon frère sourit à nouveau. J'avais oublié à quel point il pouvait se montrer arrogant. Ses manies me faisaient repenser à celles de ma mère.


-Mais si je suis dans le plan de ma mère comme vous dites, je l'ai déjà le sérum !


-On te laissera sortir, rétorquais-je précipitamment.


-Oh voyez-vous ça.., chantonna t-il en tournant sa tête vers moi. Depuis qu'on est petits c'est toujours toi qui a été privilégié, et tu crois sincèrement que je vais te donner satisfaction ?


Il me regarda un instant avant de nous articuler du mieux que possible qu'il ne nous aiderait pas. Furax, je me dirigeai déterminée vers les barreaux. Les saisissant brutalement avec mes mains, je rapprochai ma tête. Je lui crachai au visage qu'il n'avait cas rester pourrir ici. Il n'avait jamais su choisir le bon côté et il ne saura jamais le faire. Je lui envoyai un de mes regards les plus menaçants avant de me retirer en silence. Me dirigeant vers les escaliers, j'incitai en même temps Hanji et Livaï à me suivre. À peine mon pied posé sur la première marche, Sam reprit la parole.


-C'est bon, je vais vous aider.. Mais à une condition.


Réunis à présent dans une des salles de réunions, Hanji avait pris soin de convoquer Armin. Son intelligence devait nous aider à monter un plan de sorte à ne pas tout foirer. Une autre personne nous avait rejoins. Sous prétexte que le garde de mon frère voulait le voir plus bas que terre, il nous avait demandé son aide. Ça nous faisait toujours un soldat en plus, Hanji avait rapidement accepté. De plus, elle le connaissait très bien. Samuel, toujours menotté, était assis à côté de moi. Son changement d'avis, il était trop soudain à mon goût.


-Explique-nous tout, le pria Hanji.


-Tout d'abord, ma mère n'est pas toute seule.


On s'y attendait d'une femme aussi manipulatrice. Tous concentrés sur ses paroles, il continua à éclaircir notre lanterne. Depuis sa première venue ici, elle en avait profité pour tout lui raconter. Cette nuit même, un garde était supposé l'aider à sortir. Ce qui nous vint directement à la question que je me posais.


-Pourquoi décidé de nous aider alors ? demanda Hanji.


-Ce n'était pas une certitude qu'elle réussisse, rétorqua t-il. Puis les paroles de ma sœur m'ont bien évidemment ouvert l'esprit.


J'avais l'impression qu'il se foutait de moi. Peu importe. Nous acceptions le fait qu'il voulait nous aider car il ne pouvait pas savoir si notre mère avait réussi à amadouer ce soldat. Ses explications se montrèrent plausible, même si je gardais toujours des doutes. Livaï en profita de son côté pour lui demander comment elle avait fais pour obtenir les clés. Il lui indiqua simplement qu'elle les avait pris dans sa veste au moment de leur petite conversation. Livaï tapa violemment la table du poing, criant que ce n'était pas possible.


-On dirait bien que vous cachez quelques ardeurs sous cette froideur, le provoqua mon frère.


-Sale petite.., commença t-il en le prenant par le col.


Hanji s'interposa aussitôt. Je demandai à Samuel d'arrêter d'agir comme un gamin. Il leva immédiatement les mains devant lui en signe de paix. Livaï, toujours énervé, le lâcha. Après cette petite altercation, mon frère continua ses explications. Une fois échappé, il aurait dû rejoindre des soldats de la police militaire à un endroit précis. Ensuite, il leur aurait fais un bilan de son séjour chez nous pour finalement retrouver notre mère à un autre endroit. Je trouvais ces consignes beaucoup trop stratégique. Ma mère, une simple mère de famille avait pu mettre au point un tel plan ?


-Nous irons ce soir à ces deux endroits, indiqua tout à coup Armin. Un groupe se dirigera vers les soldats, l'autre vers la mère d'Hana.


Sous nos oreilles les plus attentives, il continua ses propositions. Nous devrons nous séparer en deux groupes. Un nombre de soldats minime était suffisant pour cette opération. Premièrement pour rester discret mais aussi pour ne pas ébruiter la perte qu'avait fais le bataillon d'exploration. Mon frère et moi devions par ailleurs obligatoirement participer à ce plan. Nous en convenions donc qu'en plus de nous deux, Livaï, Hanji et ce garde seront de la partie. Je n'avais plus d'autre choix que de faire confiance à Armin, et surtout à mon frère.


Il faisait maintenant nuit. En groupe, nous sortions discrètement de la base pour rejoindre nos points de rendez-vous. Pour une question de sécurité, nous devions d'abord tous rejoindre l'endroit où la police militaire était sensée débarquer. Pendant le trajet, un lourd silence nous séparait. J'avais le droit à quelques coups d'œil de Livaï mais rien de plus. Je pense que nous étions tous stressés, peureux à l'idée que notre plan puisse échouer. Quant à moi, j'observais de loin Samuel. Je ne savais pas trop quoi en penser. Il me paraissait trop serein. Une vingtaine de minutes plus tard, nous arrivions enfin au bas de l'église. Comme prévu, nous étions en avance. Ça nous laissait un peu le temps d'approfondir notre plan. Une fois l'opération terminée, au son des cloches nous devrons nous rejoindre à nouveau à cet endroit.


-Vous devriez y aller, nous conseilla Samuel en me regardant moi et le garde, ils ne vont pas tarder à arriver.


-Je vais avec eux, s'interposa Livaï.


-Non. Vous, vous vous restez ici pour me protéger.


Je les regardai un à un. Ils se défiaient du regard. Livaï insista une nouvelle fois en disant qu'il devait venir avec nous. Je trouvais sa réponse soudainement louche.


-Il y a plusieurs soldats qui rôdent, il me faut deux gardes.


-Hanji peut largement te protéger toute seule, enchérit Livaï.


-Oui pourquoi Hanji et ton garde ne resteraient pas avec toi et nous on s'occupe de ma mère ? demandais-je perplexe.


Samuel se rapprocha de moi. Me regardant dans les yeux, il me répéta nos paroles. Nous avions juré de respecter sa condition. Le garder en vie jusqu'à ce que les cloches sonnent, c'est à dire minuit. Hanji participa à son tour à la conversation, disant que c'était le plan d'Armin et que nous étions tous d'accord.


-Ça vous pose un problème ? demanda le garde.


Je fixai intensément mon frère. Un accord était un accord. Ses yeux me tendaient à lui faire confiance. De plus, le fait qu'Hanji s'était interposée me disait d'arrêter de me méfier de tout et de n'importe quoi. Convaincue, j'acceptai de suivre le plan originel. Livaï soupira tandis qu'Hanji nous distribua à chacun un lance-fumigène. Nous devions l'enclencher si la situation tournait mal. Je le cachai immédiatement dans ma poche. Il était maintenant temps de nous séparer. Le garde commença à partir tandis je regardais toujours Livaï. La peur de le perdre, de ne plus le revoir me submergea. Hésitante, je m'avançai vers lui. Je posai, aux yeux de tous, mes lèvres contre les siennes. C'était un baiser d'au revoir.


-On se revoit plus tard, lui chuchotais-je pour le rassurer.


Je remarquai les quelques regards choqués, surtout celui de mon frère. Ils pouvaient penser ce qu'ils voulaient, je ne comptais plus me cacher. Je reculai pour rejoindre le garde qui avait déjà bien avancé. Alors que je continuais de marcher, je me retournai plusieurs fois pour rencontrer le regard de Livaï. Immobile, il m'observait m'éloigner. Je n'avais cas lire son visage pour comprendre ce qu'il pensait. Il était inquiet.


Ça faisait maintenant plusieurs minutes que nous marchions. Évidemment, aucun de nous ne parlait. Je ne comprenais d'ailleurs pas pourquoi on ne m'avait pas laissé y aller seule. Même si c'était dangereux et risqué, ce garde ne ferait que me gêner. Nos seules interactions étaient dans les moments où nous devions nous faire discrets. Il m'arrêtait souvent pour m'indiquer que des ennemis étaient proches. Après plusieurs ruelles, nous arrivions à un cul de sac.


-Chouette, s'apitoya le garde.


J'entendis soudainement un cri à peine audible. Je doutais même que l'homme à côté de moi l'avait entendu. Dubitative, je tournai la tête. Un fumigène éclata dans le ciel. Mon cœur s'accéléra subitement. Deux puis trois soldats arrivèrent de nul part. Alarmée, j'attrapai immédiatement mes épées. Ce n'était pas un petit groupe de la police militaire qui allait me faire peur. De plus, j'étais accompagnée d'un soldat du bataillon. Voulant attiré son attention, je l'appelai à se tenir prêt à combattre. Avant que je ne puisse dire ou faire que ce soit, je reçus un violent coup à l'arrière du crâne.

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