67 Days

Chapitre 5

3645 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/09/2018 03:14

“Je vois pas pourquoi ce serait arrivé juste comme ça,“ répéta Levi pour la centième fois en passant une main dans ses cheveux.


“C’est rare,“ acquiesça Hanji calmement, patiemment.


“J’ai participé à des missions avant ça. J’ai entendu des coups de feu, j’ai vu des innocents mourir.”


“Mais tu n’as pas eu de missions aussi importantes et dangereuses depuis ce qui s’est passé,” réitéra la brune. Encore et encore, elle devait le lui répéter. Si ça avait été qui que ce soit d’autre que Levi, elle aurait abandonné bien plus tôt. “Tu as seulement été envoyé sur place pour des missions rapides et urgentes ; comme désamorcer des bombes ou gérer des situations d’otages. Tu n’as pas eu de si gros boulot comme celui-ci.”


“Mais elles étaient plus intenses qu’un putain de briefing,” dit Levi, abasourdi. “Alors pourquoi maintenant ?”


“C’est très simple, Levi. L’enjeu est très important et la méthode d’infiltration est très similaire à l’autre fois. Ton inconscient a juste reconnu les similarités et a rejoué des souvenirs en conséquence.” Ce n’était pas la première fois qu’elle essayait d’expliquer le fonctionnement d’un TSPT à quelqu’un. Pas étonnant que Levi, le connaissant, aie difficile à accepter le fait qu'il montre des signes d'un tel trouble.


“Pourquoi quelque chose de si calme déclencherait un flashback pareil?” questionna Levi. “Les briefings de missions sont tous similaires; pourquoi est-ce qu'aucun autre n'aurait déclenché ce genre de chose avant?”


“Je suppose que tu étais passé à autre chose plus facilement," répondit Hanji en haussant les épaules. "On ne peut pas prédire ni catégoriser ce que notre cerveau considère mieux ou pire, accablant ou pas. On ne peut pas le contrôler. Et le pire est probablement le fait qu'on ne puisse pas choisir les éléments déclencheurs.”


"Une des formes les plus courantes de TSPT est ce que j'appelle le déjà vu; juste une minuscule, presque insignifiante similarité à une situation - une odeur ou la sensation de quelque chose sur la peau, même un bruit, par exemple - fait remonter le temps à la victime jusqu'au moment où a eu lieu l'incident traumatisant."


Levi avait l'air assez affligé en demandant, "Donc tu penses que c'est ce type de trouble que j'ai?"


"C'est très probable. Dans ton cas, ton cerveau n'a eu qu'à se rendre compte du fait que, comme l'autre fois, tu devais intercepter une patrouille et te frayer un passage dans un bâtiment. Ce n'est pas encore clair pourquoi l'esprit humain s'obstine à ramener son hôte aux pires moments de sa vie, mais des méthodes aidant à contrôler ce phénomène ont été trouvées, même sans l'aide de médicaments."


"Au moins une chose qui va en mon sens, donc," soupira Levi. Il cessa enfin de faire les cent pas dans sa chambre d'hôtel et s'assit sur le lit, se frottant le visage de fatigue. Il n'avait ni le temps ni l'énergie pour ces conneries. "Apparemment t'es utile de temps en temps, binoclarde."


"Avec plaisir," répondit la brune sur un ton léger. "Bon, tu es sensé être à un entraînement, non?"


"Tu le dis comme si c'était l'entraînement de foot du lycée... On se voit plus tard."


"Salut, le nain."


Clic. Beepbeepbeepbeep -


Levi pris son sac d'équipement par-dessus son épaule, laissant son téléphone sur la table de nuit. Au moment où il refermait la porte derrière lui, une courte sonnerie se déclencha, signalant un message d'un numéro inconnu.


.-.-.-.-.


Le bâtiment d’entraînement était jusqu’au moindre détail identique à celui à infiltrer, et Levi détestait les similarités qu’il avait avec l’un de ceux dans lesquels il avait dû travailler auparavant. Mais pendant de telles sessions, il devait se concentrer; faire attention aux détails était crucial, et il tenait à sa vie ainsi qu’à son travail. Il avait des années d’entraînement derrière lui, des tactiques pour rester concentré sur sa mission et ne rien laisser faire dévier son esprit de son objectif.


Ils avaient déjà mis le faux garde à terre, et Petra s’occupait de la serrure. La porte s’ouvrit lentement, et deux sentinelles furent alertées. Oluo s’approcha discrètement et les mis au silence au couteau, surprenant d’autres faux gardes avec son attaque surprise. "Faux" n’était peut-être pas un bon mot; c’était une réplique de l’opération, avec des hommes entraînés pour jouer les cibles, et des armes constituées de balles à blanc, lames couvertes, et grenades flash au lieu d’armes létales. Tout faisait partie d’un jeu, et les deux camps ne voulaient que verser le sang de leurs adversaires.


Il vit à peine la plus grande partie de l’entraînement, c’était un cache-cache à mort, un jeu du chat et de la souris. Un tango bien ficelé, car il connaissait les mouvements de ces criminels de substitution, il ne faisait que jouer son rôle, un simple rouage dans une machine bien plus complexe. Ça ne devint intéressant qu’au moment d’arriver au bureau du “leader”, là où ils devaient réellement rester sur leurs gardes. Ils ne savaient pas combien d’hommes les attendaient, et ils seraient les hommes de plus haut rang et les plus entraînés du NYPD.


Levi guida son groupe jusqu’au point de rendez-vous, qui était une salle juste devant leur objectif. Il reconnut directement la couleur particulière des cheveux de Hitch, son escouade était arrivée avant la sienne et avait déjà fait le ménage. Un regard vers leur destination finale, et Hitch fit un signe à Levi, donnant un contrôle total à l’officier plus expérimenté.


Le corbeau ordonna à tout le monde de se mettre en formation, et ils commencèrent à traverser le couloir vide. Eld était derrière Levi, à sa gauche, Marlo derrière Eld, à sa droite, et ainsi de suite pour former un zigzag. Ils restaient baissés, prêts à se mettre en action. Levi se redressa, s'apprêtant à défoncer la porte d’un coup de pied.


Une fois chose faite, c’était le chaos, mais il repéra le "leader" instantanément, grâce à la chemise qu’il portait. Ce dernier se baissa derrière son bureau, et la fusillade commença.


Le bureau était immense, chaque plante en pot et casier servait de couverture. L’escouade était clairement désavantagée, avec seulement trois membres dans la pièce, les autres de chaque côté de la porte par manque de protection. les coups de feu résonnaient dans la pièce, faisant flancher Levi. Les balles à blanc n’étaient pas moins bruyantes que les vraies.


Il jaugea la situation d’un regard. Trois ennemis à terre, il en restait donc deux. Gunther faisait le mort et Hitch était contrainte à utiliser sa main gauche, ils étaient touchés. Levi eut à peine le temps de reprendre son souffle, Hitch s’écroula, et le reste de son groupe suivit.


Cette vision le fit tressaillir dangereusement, il dut se se forcer à ne pas laisser son esprit divaguer vers des visions passées. Il se précipita vers la position de Hitch. Il pouvait faire bien plus de dommages ici que depuis le couloir. Un coup de feu directement vers le visage du dernier laquet, un autre dans le crâne du leader. Ils tombèrent tous deux au sol.


Un moment de silence suivit, tout le monde attendait l’ordre de Levi, mais rien ne vint. Les “morts” étaient forcés d’attendre jusqu’à ce que Petra, une des seules survivantes, entra pour faire un bilan de la situation. Elle vit son commandant debout aux côté du faux malfrat, avec une respiration saccadée, doigt sur la détente et arme toujours pointée vers le visage de sa cible. Petra s’approcha.


"Commandant?"


Il sortit de sa transe en un sursaut, et s’empressa de rengainer son arme en s’éloignant du corps.


"RAS," signala-t-il, et personne ne remarqua le tremblement dans sa voix ou la façon dont il se frottait les poignets au sein du tumulte d’officiers se relevant de leur mort.


Après tout, même s’il avait vu des fantômes du passé, même si des souvenirs de torture lui étaient revenus - tant que la mission n’était pas affectée, qui devait le savoir?


.-.-.-.-.


"Levi, tu m'as dit que ça allait."


"Et c'est le cas," répondit le corbeau. Il examina le chargeur avant de le placer dans son arme, puis de nouveau dans l'étui. Il répéta la procédure avec celui qu'il gardait sur son côté gauche alors qu'Erwin le regardait en fronçant les sourcils.


"Alors, que s'est-il passé pendant la simulation?" demanda son supérieur sur un ton accusateur, plissant les yeux quand Levi passa à la vérification de ses couteaux.


Quand il commença à enfiler sa veste, le fait qu'il ignorait Erwin était clair. Levi mit son oreillette et se dirigea vers la porte comme si Erwin n’avait rien dit. Il s’apprêta à l’ouvrir.


"Levi, ne tente même pas de sortir d’ici."


Ça arriva si vite qu’Erwin n’aurait rien remarqué s’il n’avait jamais travaillé avec Levi. La main sur le poignet du corbeau ne le stoppa que pour une demi seconde, il eut le réflexe de se dégager et de laisser s’échapper un grognement. Personne, sauf peut-être Hanji, n’aurait pu voir la vulnérabilité qui luisait dans ses yeux, car au moment même où elle apparut, elle fut remplacée par la colère.


"Je vais plus que bien, espèce d’attardé. Demande-moi ça encore une fois et je botterai ton cul tellement violemment que tu pourras sentir le goût des mains des gamins chinois qui ont fabriqué ces putains de bottes."


"Levi," commença le blond, mais il fut interrompu par le corbeau.


"On attend tous tes ordres, Smith," dit froidement Levi en le poussant vers la porte. "Alors barre-toi d’ici et fait ton job."


Levi n’avait pas tort, et Erwin ne pouvait pas le nier. Au moment où le blond passa la porte, le corbeau fut plus qu’heureux de la claquer derrière lui. Mais avant de pouvoir s’asseoir et gérer sa colère, ses pensées furent interrompues par un son familier.


titanicjaeger: Hanji dit que ton opération est ce soir. J’espère que ça ira. Répond moi dès que tu peux, d’accord?


Levi se serait étonné de la vitesse à laquelle il déverrouilla son téléphone, mais sur le moment, il s’en foutait complètement. Ses pouces naviguèrent sur le clavier rapidement pour taper une réponse courte.


Humanitys-Strongest: Appel vidéo?


Il était décidé. Il n’avait pas le temps d’écrire des réponses ni de lire, de toute façon. Il voulait vérifier que le morveux allait bien lui-même. Et puis, se dit-il en installant l’écran en face de lui, ça pourrait être sa dernière mission. Leur dernière chance de parler. Il mentirait en niant sa curiosité envers l’apparence d’Eren.


titanicjaeger: uwah une seconde


Appel de titanicjaeger . . .


Accepter.


La première chose que vit Levi quand l’image apparut fut de l’appréhension dans des yeux vert émeraude. La moitié du visage d’Eren était cachée derrière un oreiller bleu qu’il serrait contre lui. Ses yeux s’agrandirent quand il vit Levi, et son visage trahit instantanément ses pensées. Levi ne pouvait pas s’empêcher de rougir quand le brun le fixait, bouche bée.


Somptueux fut le premier mot à atteindre l’esprit du corbeau, et il était chanceux que sa voix ne fonctionnait pas assez sur le moment pour le dire tout haut. Eren, par contre, n’eut pas cette chance.


"Nom de dieu, t’es magnifique."


Ses joues bronzées devinrent rapidement rouges, et il se cacha le visage pour que Levi ne puisse voir qu’un tas de cheveux bruns. Ils avaient l’air doux. Si seulement Levi pouvait les toucher, juste pour vérifier.


"Je suis au courant," dit Levi d’un air fier, faisant redescendre la tension. "Pas vraiment un vieux crouton après tout, si?"


"Arrête de te flatter," grogna Eren en se frottant le visage. Il releva la tête avec un sourire espiègle. "T’es pas si beau que ça en fait."


"Tu rages à cause de la jalousie," répondit Levi avec arrogance. L’humour retomba en un instant et il continua, inquiet, "Comment ça se passe? Tu vas bien?"


"Ouais, ça va," répondit Eren, il n’avait pas l’air aussi mal que ce à quoi Levi s’attendait. "Pas super génial, mais ça va. Je m’inquiète plus pour toi. Hanji a dit que la mission est dangereuse."


"Elles le sont toutes, morveux," répondit honnêtement le corbeau. D’habitude, ces mots lui donnaient envie de vomir, la crainte s’installerait avant qu’il puisse vider son esprit. Mais il avait les idées parfaitement claires. Peut-être était-ce l’effet de pouvoir en parler à quelqu’un en dehors du système. Peu importe la raison, c’était plus qu’agréable. "J'ai survécu jusqu'ici."


"Alors, vaudrait mieux pour toi que tu survives à celle-ci aussi," lui dit Eren sévèrement. "T'as pas le droit de mourir, compris?"


"C'est rassurant," dit Levi sur un ton sarcastique, bien que ça l’était. C’était rassurant. Eren jouait le rôle de quelqu’un pour qui vivre, quelqu’un à retrouver après le travail, même s'ils se connaissaient à peine.


Son oreillette Bluetooth s’activa soudainement, et il soupira.


"Je dois y aller, Souhaite moi bonne chance."


"Ne meurs pas, le vieux."


"T’es qu’un petit morveux, tu le sais ça?"


Eren se mit à rire, le genre de son qui aurait pu stopper les pleurs d’un enfant. "Je sais. Vas-y. Je serai là quand tu reviendras."


Un martèlement sur sa porte, et Levi raccrocha instantanément. Il alla ouvrir et fut salué par Gunther et Eld qui l’attendaient.


"On y va, chef. On nous briefera dans le van."


"Compris."


Peut-être qu'Eren avait raison. Peut-être que tout se passerait bien.


.-.-.-.-.


"Rien ne se passe jamais comme prévu," lui avait appris l'oncle Kenny, et il aurait dû lui faire confiance. Une balle perdue, un morceau de verre au mauvais endroit, un pied qui dérape sur le gravier, un ennemi inattendu. Cette fois, c'était cette dernière possibilité, et personne n'y était préparé.


Petra avait été obligée de tirer, et Levi maudit les dieux alors que le bâtiment commença à grouiller d’activité. Des voix tout autour d’eux, venant de chaque pièce en vue, des armes prêtes à tirer. Des hommes criant divers ordres en venant enquêter. ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils soient submergés.


"On a entendu les coups de feu!" Ah, Levi avait oublié que les deux points d’entrée étaient si proches l’un de l’autre. Hitch était à ses côtés en un instant. "On dirait qu’on va devoir passer aux choses sérieuses, eh?"


"Tu as l’air enthousiaste," commenta Levi sèchement en comptant le reste de ses balles.


"On croit en vous, commandant Ackerman," dit Marlo sur un ton optimiste, le dos contre celui de Hitch. Levi remarqua le geste. Ils étaient proches. Au moins partenaires, peut-être même sur le point de se mettre ensemble. Dangereux.


Pas le temps de s’inquiéter de ça maintenant. Levi secoua la tête et dit, "C’est complètement idiot," avant qu’un premier homme soit à portée.


La visée parfaite de Hitch avait dû l’impressionner pendant la dernière seconde de sa vie, puis d’autres attaquant arrivèrent.


Il n’y avait qu’une option: faire feux, faire feux avant qu’ils n’aient l’occasion de riposter, et battre en retraite tout en tirant. Mais c’était loin d’être un plan parfait, et deux personnes de l’escouade Dreyse étaient morts avant de pouvoir se mettre à couvert. Quand chacun trouva un moyen de se cacher, Gunther était à terre, les paumes sur une jambe ensanglantée.


C’était inévitable. Il n’y avait ni ralenti, ni musique dramatique - ce n’était pas une série policière. Les soldats tombaient pathétiquement, et personne n’avait le temps de porter trop d’attention à leurs camarades. Gunther ne pouvait pas ramper jusqu’à un lieu sécurisé, personne ne pouvait l’aider. Quand une rafale de coups de feu prit sa direction, Petra appris qu’elle ne pouvait pas être une héroïne de la pire des façons. Son cerveau décora les murs en un instant, et Gunther pris une balle dans la poitrine. La douche de munitions ne s’arrêta que lorsque leurs deux corps finirent immobiles sur le sol, à peine reconnaissables, à peine humanoïdes, du sang et des tripes partout.


Levi eut l’occasion de tirer, deux balles suffirent pour deux cibles. L’ennemi réciproqua, ciblant le corbeau. Il se baissa juste à temps pour éviter une balle dans la tête, mais Oluo n’était pas si chanceux et se fit perforer le visage. Levi flancha à peine alors que trois membres de son escouade étaient morts en à peine vingt secondes, et il lança un regard vers l’ennemi.


C’était inévitable, c’est ce qu’il tentait de se dire. Ils mourraient tous, du moins, c’est ce à quoi il devait s’attendre. Levi avait vu tant de gens mourir, encore et encore, il connaissait bien la fragilité de l’être humain. Mais si les vies de ses camarades étaient si fragiles, celles de ses adversaires l’étaient aussi, et il devait venger les morts qu’il venait de voir.


"Commandant Dreyse!"


Quand Eld s’était-il levé? Quand l’autre escouade s’était-elle retrouvée avec à peine deux membres? Quand Marlo avait-il été blessé à l’épaule?


Quand Hitch avait-elle décidé de se suicider?


"Hitch!" cria Marlo dans sa détresse alors qu’elle traversait le couloir, portant un de ses camarades morts en tant que bouclier. Elle dégoupilla une grenade avec les dents avant de foncer droit vers l’ennemi. Eld la suivit.


Qu’est-ce qu’il espérait accomplir? Il pensait pouvoir la sauver de cette façon? Qu’ils arriveraient à échapper aux balles et à l’explosion à cette distance? Après tout, le chagrin et la colère rendent les gens stupides et imprudents.


Levi ne pouvait qu’être spectateur quand l’explosion fut déclenchée, ne pouvait que se baisser quand l’onde de choc approcha, ne pouvait qu’écouter les cris et les pleurs de Marlo.


C’était toujours pareil. Levi serra la mâchoire et ferma les yeux, s’octroyant une seconde de deuil pendant que la fumée se dissipait. Tellement de personnes qu’il avait mené à la mort. Tellement, si jeunes et pleins d’espoir. Tellement qui pleuraient, brisés, aucune merci ne les sauverait de leur destin cruel.


Il ne pouvait sauver personne.


Les pleurs de Marlo l’atteignirent de nouveau. Soudain, tout le reste semblait s’arrêter. Non. Il pouvait en sauver au moins un.  


"H-Hitch . . . non, M-mon dieu, Hitch . . . "


La fumée était toujours là. Levi pouvait voir des corps affalés à terre, quelques personnes essayant de se lever en toussant. Neuf balles dans un chargeur, huit dans l’autre, un AR au chargeur plein dans le dos.


Levi vengerait leurs morts. Il vengerait tous ceux qui auront trouvé la mort aujourd’hui. Et il vivrait pour eux. Eren, également.


Il s’empressa de tirer dans les crânes des cibles les plus proches de lui, dans le nuage de fumée. Il devait être rapide, avant qu’ils s’en rendent compte. Les morts furent rapides, aussi anticlimatiques que celles de ses camarades. De ses amis.


Levi ne remarqua pas la teinte rouge que prenait sa vision alors qu’il abandonna ses pistolets vides pour passer au fusil d’assaut. Celui-ci pris une place confortable entre son bras et son torse, et il pressa la détente. Les balles volaient sans halte. Une satisfaction effrayante se faisait sentir avec chaque impact, chaque son d’agonie qu’il entendait à peine derrière les détonations.


Et ainsi vint le leader, arme pointée vers le corbeau. Il tira une fois, deux fois, dans le ventre, avant qu’une balle lui perce le crâne dans la mort la plus insignifiantes de toutes.


Une autre balle, puis une autre, puis une autre. Une pour chaque compagnon perdu. Une pour chaque pointe de douleur dans sa poitrine, pour la blessure sanguinolente dans ses tripes. Mais il ne restait plus assez de balles pour ça. Il n’y en avait jamais eu assez.


Enfin, après un long silence, bien après que son chargeur fut vidé, il tomba. Il s’écroula dans les abysses qui lui avaient volé huit amis aujourd’hui, et de nombreux ennemis, et il entendit à peine les ordres frénétiques de Marlo avant que les ténèbres ne se referment autour de lui.



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