La Perle du Kraken

Chapitre 1 : Introduction

1167 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/01/2025 14:15

Au fin fond des mers des Caraïbes, la colonie anglaise de Road Town bouillonnait de vie comme à son habitude, entre les échoppes colorées, les stands de fruits exotiques et les cris des marchands qui vantaient leurs produits. L'air chaud et humide, chargé de la fragrance salée de la mer et des épices, était bercé par le doux balancement des palmiers sous la brise timide. Les habitants marchaient vite, traversant rapidement le port baigné de soleil pour éviter la chaleur étouffante qui régnait à cette heure-ci. Seuls quelques courageux osaient s’arrêter aux étals, achetant tissus, légumes, et autres fruits secs.

Des groupes de pêcheurs et de commerçants discutaient bruyamment, tandis que des enfants jouaient près de la fraîcheur du bord de mer, insouciants. Ceux-ci, vêtus de vêtements légers et colorés, semblaient plongés dans l’effervescence de la vie portuaire.

Ce jour-là, ils virent s’approcher des quais un étrange et immense trois-mâts. Il était si imposant que certains riverains arrêtèrent leurs promenades et discussions, se tournant vers la monstruosité flottante qui se rapprochait.

Ils furent d’autant plus étonnés qu’à le voir de plus près, ils remarquèrent que les voiles étaient arrachés et que la coque semblait parsemée de brèches, comme s’il avait traversé un ouragan. Et alors qu’il n’était qu’à quelques mètres de la berge, ils purent enfin constater que le vaisseau n’était gouverné par personne, lorsque celui-ci se fracassa violemment contre les quais. Un craquement déchirant résonna dans tout le port tandis qu’il heurtait les ponts avec une violence inouïe, libérant une pluie de débris de bois, de fer et de pierre, projetés en éclats menaçants. L'air fut empli d'un grondement sourd, étouffant les cris des passants qui tentaient de fuir, pris de court. Puis le bateau stoppa enfin sa course folle. Immobile, penchant lamentablement sur le côté comme une bête agonisante, il n’y eut plus que le grincement sinistre du bois comme dernier râle.

Les troupes locales arrivèrent vite sur les lieux de la catastrophe. La plupart s’occupèrent des blessés, d’autres commencèrent à dégager le port des nombreux débris qui couvraient le quai. Pour finir, les plus courageux montèrent à bord sous les murmures des passants, tandis qu’un frisson d’effroi traversait la foule devant cette carcasse flottante maudite par les Dieux. Déjà lugubre vu de l’extérieur, le navire était encore plus effrayant une fois à bord. Le pont était parsemé d’immenses trous dans le plancher, comme frappé par une pluie de boulets de canon. Des taches sombres avaient décoloré le bois, vraisemblablement du sang séché. Ils devinèrent que l’embarcation avait été attaqué en mer par un autre bateau qui ne lui avait laissé aucune chance. 

Sans grand espoir de trouver des survivants, les soldats antillais continuèrent leur exploration et descendirent dans l’entrepont. À l’intérieur, c’était pire. Si le pont ne contenait aucun corps – ceux-ci ayant été emporté par la mer – les quartiers en étaient jonchés. Que ce soit par balles, par flèches ou sous une lame, les assaillants n’avaient eu aucune pitié pour l’équipage du vaisseau. La plupart des cadavres portaient des uniformes blancs et des vestes rouges, et la troupe n’eut aucun mal à deviner leur origine. L’équipage vaincu faisait partie de la marine anglaise, et leurs attaquants devaient sans nul doute être des pirates.

Soudain, un soldat alerta ses camarades. Un homme était encore en vie ! Son visage émacié, ses lèvres craquelées, et son souffle haletant témoignaient de la lutte acharnée qu'il avait menée contre les blessures et la fièvre qui le rongeait depuis des jours. Ne parlant pas un mot d’espagnol, le marin, qu'on appela simplement le « miraculé », fut rapidement pris en charge par les médecins de la ville. Le visage pâle, les yeux hagards et le corps fiévreux, la maladie et le manque de soin était en train de doucement l’emporter. 

Un homme fut appelé à son chevet. Il s’agissait du docteur Samuel Bennett, un chercheur britannique installé en ville pour faire des recherches sur la faune et la flore des îles des Caraïbes. Il resta quelques jours au chevet du pauvre homme, lui offrant compagnie et soutien durant ses derniers instants. Bennett apprit que la violente attaque était due à des pirates qui avaient eu vent de la précieuse possession des soldats : une carte au trésor menant à un objet d’une valeur inestimable. 

— Les pirates ont volé… la carte mais… c’était seulement une reproduction…

Usant de ses dernières forces, il sortit de la poche de sa veste un rouleau de cuir qu’il tendit au docteur.

— Trouvez… la perle… avant eux…

Malheureusement, il mourut quelques heures plus tard, laissant à Bennett sa dernière volonté.

Le rouleau contenait une carte et un petit parchemin. La carte, usée par le temps, indiquait la localisation d'une île remplie de végétation et de montagnes, des coordonnées parsemant les bords et marquée à l’Ouest d'une croix énigmatique. Le parchemin, quant à lui, représentait un artefact d’une grande beauté qu’il ne connaissait pas. On aurait dit un bijou recouvert de pierres précieuses.

Après avoir rendu hommage à la dernière victime du naufrage, il retourna immédiatement dans sa demeure en emportant avec lui la carte et le manuscrit. Il passa des jours entiers enfermé au milieu des volumes jaunis et des rouleaux fatigués par les siècles. Il lui semblait avoir déjà vu pareil artéfact, mais où ? Finalement, au bout de plusieurs heures de recherche, il trouva enfin les réponses à ses questions.

En effet, tout portait à croire que la carte qu’il avait entre les mains menait à un trésor inestimable, un artefact unique et perdu depuis des siècles : la Perle du Kraken. Son cœur s’était gonflé de joie et d’espoir. Voilà la découverte dont il avait rêvé toute sa vie ! L’opportunité de prouver à l’Angleterre l’importance de ses recherches !

Poussé par une curiosité insatiable et sachant que le temps jouait contre lui et sa patrie, le docteur Bennett décida de rentrer sur sa terre natale avec sa précieuse découverte. Demandant audience avec le Roi en personne, la nouvelle fit grand bruit chez la noblesse et Sa Majesté elle-même ordonna que l’on retrouve ce trésor au nom de l’Angleterre. Mais il fallait faire vite. Une bande de pirates redoutables et organisés était en chasse, et chaque minute comptait.

La quête pour retrouver la Perle du Kraken était désormais amorcée, annonçant le début d'une périlleuse et fascinante aventure.

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