La Perle du Kraken
Le jour du départ arriva enfin. Jim et Gonzo furent escortés au port de Portsmouth, une ville portuaire anglaise d'une importance stratégique. Le capitaine avait revêtu son ensemble bleu marine et était coiffé d’un somptueux tricorne, ses cheveux dorés soigneusement noués en arrière. Il se tourna vers son ami qui était habillé plus modestement, mais non sans élégance.
— Tu es prêt ?
— Plus que prêt, même !
Ils avaient passé la dernière semaine à préparer l’expédition, passant en revue tous les points de la mission pour être fin prêts le jour du départ. Jim descendit de la diligence, accueilli par la douce brise iodée qui lui caressa le visage avec légèreté. Il regarda son navire avec un mélange d’excitation et d’appréhension. La mission était d’une ampleur conséquente et la tâche qui l'attendait ne serait sûrement pas une sinécure. Le muppet descendit à son tour et ne put s’empêcher de lâcher un sifflement d’admiration.
— C’est ton bateau, Jim ? Qu’est-ce qu’il est beau ! s’exclama-t-il avec respect.
— Oui Gonzo, c’est l’Invincible. Avec lui nous traverserons l’océan en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire !
À côté, l’Hispaniola faisait pâle figure. Offert par la royauté elle-même pour ses nombreux faits d’armes, le navire était un majestueux trois-mâts, véritable chef-d'œuvre d'architecture navale. Ses voiles blanches, immaculées comme la neige, flottaient fièrement sous la brise marine, tandis que ses canons rutilaient à la lueur du soleil. La coque de bois finement sculptée et vernie lui conférait une allure à la fois robuste et élégante, et ses mâts, hauts et droits comme des flèches, semblaient percer le ciel. L’Invincible était une véritable forteresse flottante.
La foule était agglutinée sur la baie, regardant avec admiration ce somptueux vaisseau et barrant dans le même temps tout accès. Les gardes furent obligés de faire reculer les curieux pour que le capitaine et son ami puissent traverser la passerelle. À son bord, l’équipage l’attendait de pied ferme. Il salua d’abord ses officiers, soigneusement sélectionnés pour la mission, puis fit le tour des marins qui avaient dû prouver leur compétence et leur talent pour pouvoir embarquer sur un navire aussi prestigieux. Ceux-là, bien loin de la compagnie atypique de l’Hispaniola, étaient composés de jeunes hommes vaillants, et de doyens à la carrure épaisse qui semblaient avoir navigué toute leur vie. Il s’arrêta devant la barre pour serrer la main du docteur Bennett, qui l’accompagnerait afin de lui apporter aide et connaissance pour la quête du trésor.
— Ravi de vous revoir, Docteur. Vous vous sentez prêt à repartir chez vous ?
— Plus que prêt ! répondit-il d’une voix enjouée en serrant la main de Gonzo. Et je suis fébrile à l’idée de tout ce savoir que nous allons découvrir !
Enfin, sous le regard admiratif des enfants et les applaudissements des adultes, une vingtaine de soldats royaux montèrent à bord, avec pour unique tâche de protéger le navire et l’équipage face aux dangers du voyage. Debout devant la compagnie au complet, le capitaine prit une grande inspiration et s’exprima avec force, sa voix couvrant le tumulte joyeux des quais.
— Nous sommes sur le point de nous embarquer pour une mission de la plus haute importance pour le Royaume. Le voyage sera long et périlleux mais la gloire qui vous attend sera à la hauteur de votre sacrifice et de votre dévotion ! Ensemble, nous surmonterons les obstacles et accomplirons notre mission avec honneur. Que chaque canon résonne de notre force et de notre fierté. Nous partons pour l'inconnu, mais que dans vos cœurs restent intacts votre allégeance et votre courage !
Les hommes acclamèrent leur capitaine, le moral monté en flèche par ses paroles encourageantes. Les officiers échangèrent des regards approbateurs, manifestement impressionnés par l’autorité du jeune homme.
Le navire quitta le port en fanfare, sous les acclamations et les adieux de la foule. Les membres de l'équipage, avec un professionnalisme sans faille, se mirent immédiatement à leurs postes. Grimpant avec agilité dans les mâts pour ajuster les voiles, prenant place à la barre et alignant le navire avec la brise montante ou s’affairant à nouer des cordages ; chacun exécutait sa tâche avec une précision minutieuse. Jim, impressionné par cette coordination efficace, hocha la tête avec satisfaction. Puis il se tourna vers ses officiers.
— Messieurs, nous allons pouvoir débriefer dans mes quartiers, si vous le voulez bien.
La cabine, immense et décorée de riches boiseries, était le fier reflet de son navire : luxueuse et imposante. Les officiers prirent place autour de la grande table en chêne, tandis que Gonzo et Bennett, émerveillés par la beauté de la pièce, s’installèrent de chaque côté du capitaine.
— Bien, commença-t-il en prenant place à la tête de la table et faisant taire toutes discussions, maintenant que nous avons quitté le port, il est temps de nous intéresser à la mission. Comme vous le savez, nous avons pour objectif de retrouver un trésor d’une valeur encore jamais atteinte aujourd’hui. Cependant, je dois vous rappeler que celle-ci doit rester confidentielle. Seuls les membres ici présents connaissent la véritable nature de notre quête.
Les officiers approuvèrent d’un haussement de tête. Le docteur Bennett fut invité à prendre la parole.
— La terre qui figure sur cette carte se nomme l’île du Calmar, elle se trouve non loin des Caraïbes, à proximité des îles Turks. Elle fut explorée rapidement au début du XVIe siècle par les Espagnols mais ils n’y trouvèrent qu’une jungle particulièrement dense et dangereuse, ainsi que des montagnes escarpées. Ils abandonnèrent l’exploration, laissant l’île non revendiquée. Je ne suis pas surpris qu’ils aient manqué un trésor pareil. Arrivés là-bas, il faudra être très vigilants car nous allons poser le pied sur un territoire encore sauvage. Nous risquons d’être attaqués par des animaux que nous ne connaissons probablement pas.
— Vous êtes sûr que cette île n’abrite aucun être humain ? questionna un officier.
— Plus aucun. La tribu ancestrale qui vivait là s’est pratiquement éteinte, et les rares descendants sont maintenant éparpillés dans les Caraïbes. Nous ne savons pas où les marins se sont procurés cette ancienne carte, mais nous supposons que celle-ci mène à un village. Je sais que j’ai quelques ouvrages à Road Town qui pourraient m’en apprendre plus… nous faisons bien escale là-bas, n’est-ce pas Capitaine ?
— Exactement, nous en profiterons pour nous ravitailler, puis nous mettrons cap sur l’île. Préparez-vous à toute éventualité, car ce voyage ne sera pas sans dangers, sans même parler des animaux. Nous savons que le navire qui détenait cette carte a été attaqué par des pirates, lesquels en possèdent maintenant une reproduction.
— Mais, si ces pirates ont leur propre carte, ils pourraient déjà être en route, Monsieur… objecta un autre.
Jim hocha la tête, une lueur de détermination traversant ses yeux.
— C’est exactement pour cela que nous devons être plus rapides et plus intelligents qu’eux. Et nous devons également nous préparer à les rencontrer lors de ce périple…
Certains officiers échangèrent des regards furtifs, tandis que d'autres hochaient la tête avec détermination. L’officier de guerre, plus expérimenté, serra les dents, comme s'il se préparait déjà à occire ces satanés pirates. Leur supérieur termina :
— Ce trésor n’est pas seulement une question d'or et de pierres précieuses. Il représente des connaissances perdues, des légendes oubliées. Si nous réussissons, nous changerons l’Histoire. Soyez vigilants et prêts à agir avec rapidité et efficacité. Ensemble, nous surmonterons tout ce qui se dressera sur notre route. Merci à tous pour votre engagement. Que le Seigneur nous accorde des vents favorables, ajouta-t-il malgré son absence de croyance.
— Et par la grâce de Dieu, nous réussirons ! répliqua Bennett, totalement galvanisé par le discours.
Jim fut surpris par son enthousiasme religieux. D’habitude, les érudits comme lui n’étaient guère bien croyants…
Les officiers l’approuvèrent, préparant leur corps et leur esprit des défis qui les attendaient. Il vit du coin de l’œil Gonzo lever son pouce en l’air, signe que son discours avait été magistral. L’atmosphère devint ensuite beaucoup plus conviviale, chacun faisant connaissance et échangeant leur propre expérience.
— Alors, cher muppet, vous êtes un ami d’enfance du capitaine ? demanda Bennett à son étrange interlocuteur.
— Oui, nous avons grandi ensemble ! Et je l’ai aussi accompagné à bord de l’Hispaniola !
— Vous faisiez partie de l’équipage de l’Hispaniola, vous aussi ? Alors, vous devez être habitué à combattre cette vermine de pirates. Avec vous, nous sommes en sécurité !
— Euh… en fait, je risque plus de me faire des échardes aux doigts, que de faire manger la poussière à qui que ce soit…
— Pas d’inquiétude, répondit le docteur avec douceur, j’ai ce qu’il nous faut. J’ai mes bagages remplis de plantes et de graines exotiques !
— Ah, vous êtes végétarien ?
L’homme émit un léger gloussement et réhaussa ses petites lunettes.
— Non, voyons, elles serviront à nous soigner ! Vous ne connaissez pas les bienfaits et vertus des plantes ?
— Pas du tout… avoua Gonzo, un peu gêné.
— Je vous montrerai deux ou trois mélanges efficaces, si cela vous intéresse !
Quelques dizaines de minutes plus tard, des coups furent frappés à la porte et les conversations s’interrompirent.
— J’avais oublié ! annonça un officier en se dirigeant vers la porte. Capitaine, mon amiral m’a confié que vous aviez un goût prononcé pour les breuvages raffinés. J’ai donc pris la liberté de demander à notre coq qu’il commande un ou deux tonneaux d’alcool, pour trinquer à la réussite de notre aventure ! J’espère que vous n’y voyez aucun inconvénient ?
Jim fut touché, et un peu ravi. Il n’avait pas la même rigueur que le vieux capitaine Smollett au sujet de l’alcool, et il appréciait cette conviviale coutume de trinquer lors d’un départ. Peut-être aussi car cela lui rappelait le doux souvenir d’une certaine soirée, à l’arrière de l’Hispaniola …
— C’est une délicate attention. Je vous en prie, faites-le entrer.
L’officier ouvrit la porte et Jim eut l’impression de remonter dans le temps lorsque Silver entra dans la pièce. Il avait échangé sa tenue de pirate contre son vieil accoutrement de marin fait de tissu et de cuir, ses cheveux caché par son éternel bandana. Il tenait dans sa main un petit coffret ouvragé.
— Bonjour Messieurs ! déclara-t-il de son habituelle jovialité, Flint juché sur son épaule. Voici le cru que vous m’avez fait demander.
— Merci, mon brave ! répondit l’officier en cherchant des verres dans la commode de la cabine. À ce propos, je vous présente Monsieur Rizzo, il est notre coq pour le voyage !
— Rizzo ?
Jim et Gonzo ne purent s’empêcher de s’échanger un regard abasourdi. Ils avaient bien entendu ?
— Vous avez dû connaitre mon père, Capitaine ! renchéri le pirate en lui lançant un clin d’œil. Il a effectué sa dernière traversée en votre compagnie et a pris sa retraite !
— Oui… C’était…
Gonzo lui donna un subtil coup de coude et il se racla la gorge, reprenant ses esprits.
— C’était un brave homme.
— Merci, mon Capitaine ! Puis-je faire trinquer nos hommes sur le pont ?
— Oui, bien sûr… mais veillez à avoir une surveillance constante sur le stock d’alcool, ordonna Jim d’un ton ferme. Un tonneau, pas plus. Le reste passera par-dessus bord.
Avec un élégant sourire, John s’inclina puis disparu. Pendant que les officiers remplissaient les verres à dégustations, Jim se tourna vers l’officier.
— Qui vous a recommandé Monsieur Rizzo ?
— Eh bien, il s’est présenté de lui-même pour la place de coq. Il n’était pas connu dans la région, je l’ai donc testé moi-même. Et je peux vous garantir qu’il est excellent, aucun risque de tomber malade avec lui ! Pour ce qui est de sa fiabilité, j’ai envoyé quelques courriers dans les endroits où il aurait travaillé, ils sont tous revenus positifs ! Qui plus est, malgré sa jambe de bois, il a de solides compétences en combat. Je pense que j’ai trouvé une perle rare – si vous me pardonnez l’expression !
— Une perle rare, je ne vous le fais pas dire… murmura le capitaine, agacé par cette surprenante apparition.
Mais au fond, il ne pouvait s’empêcher d’être heureux que Silver ait finalement décidé de le rejoindre dans cette traversée. Même si, avec lui, les véritables raisons allaient probablement rester floues un bon moment. Puis les verres furent distribués et, après un rapide salut, ils les vidèrent d’un trait, scellant le début de leur formidable aventure.
La journée se déroula paisiblement, la mer calme et les vents propices rendant les hommes d’excellente humeur, et la soirée commença à tomber. Les officiers prirent leur souper dans la cabine tandis que l’équipage et les soldats cassaient la croute sur le pont, jouant des instruments et chantant des histoires qui donnaient du baume au cœur. Les supérieurs décidèrent de se joindre à la compagnie afin de nouer des liens avec les hommes et Jim resta quelques instants seul à observer l’assemblée. Voilà ce qu’il aimait le plus dans les voyages en mer. La camaraderie, les relations étroites entre marins et supérieurs, créant une loyauté difficile à défaire. C’est ce qui avait fait la force de ses postes de capitaine. Combien de fois avait-il réussi à déjouer des tentatives de mutineries, en considérant les hommes comme ses pairs et non comme de simples outils ?
— Je croyais que cette aventure ne l’intéressait pas, à Silver ? chuchota Gonzo qui avait pris place à côté de lui.
— Je le croyais, moi aussi. Mais à ce que je vois, quelque chose l’a fait changer d’avis…
— Si vous êtes amis comme tu le prétends, il est peut-être venu pour nous donner un coup de main, finalement ?
— J’aimerais beaucoup croire cela, mais…
Un claquement sec fit stopper leur conversation et Long John se posta devant eux, sa dent argentée aussi éclatante que son sourire.
— Capitaine Hawkins, Gonzo le brave…
Le muppet plissa les yeux, le toisant avec une expression de défi.
— Je t’aime pas du tout, du tout.
— Au moins, tu ne tombes plus dans les pommes en me voyant, c’est déjà ça.
— Et d’abord, tu vas rendre son nom à notre copain Rizzo, tu ne mérites pas de le porter !
— Le ventre sur pattes qui a un cheveux sur la langue ? Soit heureux que je lui donne l’occasion de se faire une réputation dans cette mission !
— Une réputation de fripouille, oui !
Voyant la querelle arriver entre ses deux amis, Jim s’interposa.
— Ça suffit, tous les deux ! Gonzo, même si ça te déplait, il ne faut pas ruiner la couverture de Long John. Et John, mais pourquoi tu es là ? J’avais pourtant cru comprendre que mon idée était stupide, la dernière fois…
Le pirate se rapprocha subtilement.
— Et si nous en discutions plus en privé, sans nos animaux de compagnie dans les pattes ? demanda-t-il en lançant une œillade moqueuse au muppet. Celui-ci se courrouça immédiatement.
— Si tu as des choses à dire, tu peux les dire devant moi, hein !
Mais Jim le pris par les épaules : — On fait vite, Gonzo, promis. Et je te raconterais, s’il y a quelque chose d’intéressant. Très bien, Monsieur Rizzo, je vous suis.
Tandis qu’ils s’éloignaient, John passa négligemment devant le muppet.
— Surveille-le pour moi, je te prie, lui glissa-t-il en déposant Flint sur sa tête.
Ils marchèrent vers l’arrière de l’immense navire, s’éloignant de la petite fête, puis s’arrêtèrent sur la poupe. En dessous d’eux, la mer se déchirait violemment sous l’immense vaisseau en un chaos de remous infinis.
— Tu comptes m’expliquer pourquoi tu as changé d’avis, alors ?
Silver ne répondit pas tout de suite, sortant une petite flasque dont il but une gorgée, avant de la tendre à Jim. Celui-ci ne put s’empêcher de sourire, se remémorant de cette même scène qu’ils avaient vécu, quelques cinq ans auparavant.
— J’ai réfléchi, et disons simplement que… en mettant ma fierté de pirate de côté, cette aventure ne semble finalement pas être une si mauvaise idée…
Jim but à son tour avant de répondre : — Quoi, c’est tout ? J’ai du mal à te croire…
— Si ce que tu me dis est vrai, que la récompense vaut mille butins et pillages, alors je serais fou de passer à côté d’une telle opportunité. Tu n’es pas d’accord ?
Le jeune homme hocha doucement la tête, déçu.
— Oui, c’est sûr…
Il savait que c’était stupide et égoïste, mais il aurait souhaité qu’il annonce être venu pour lui, pour l’aider et le protéger… Des mots qu’il n’entendrait probablement jamais. Une nouvelle fois, son ventre se tordit douloureusement, envahi par les émotions qui ne le lâchaient pas depuis des jours : un mélange de doute, de rancœur et, tapis dans l’ombre de son cœur, de jalousie. Et maintenant que John était à bord, s’ajoutaient à cela la culpabilité et la crainte qu’il découvre sa tromperie sur la Perle. Reprenant une gorgée, son ami remarqua aussitôt le trouble qui se peignait sur son visage.
— Ne me dis pas que tu m’en veux encore… ?
— Non, répondit Jim, essayant de chasser ce mélange confus de son esprit. Tout va bien.
— Tant mieux, ça serait dommage de passer ce voyage sans profiter un peu l’un de l’autre…
Sa main souleva délicatement sa tête, et déposa ses lèvres sur les siennes. Le capitaine commençait à se perdre dans la douceur du baiser, mais l’image de Silver dans les bras d’une femme aux cheveux noirs s’imposa une nouvelle fois. L’esprit embourbé par tant d’émotions, il interrompit le baiser et repoussa son ami. Cette fois, le pirate eut du mal à cacher son agacement.
— Quoi encore, Jim ?
— Je… tout le monde est dehors et… je suis le capitaine… Il ne faudrait pas que quelqu’un nous voit.
Satisfait de son excuse, il regarda John en essayant de paraître désolé, et celui-ci sembla convaincu.
— Malheureusement, tu as raison. On retourne là-bas, avant que ton muppet ne s’imagine que j’essaie de te jeter par-dessus bord ! plaisanta-t-il avec un clin d’œil.
— Qui veux-tu jeter par-dessus bord ??
Gonzo était arrivé brusquement, Flint toujours perché sur son tricorne, et les deux hommes sursautèrent.
— C’est toi que je vais jeter, si tu continues d’apparaître de façon aussi abrupte !
— Je t’ai à l’œil, Silver ! Essaie de manipuler Jim encore une fois, et tu auras à faire à moi !
— Ma foi, c’est que j’aurais presque du souci à me faire ! Tu seras gentil de t’occuper de mon perroquet lorsque tu m’auras fait la peau.
Puis il s’éloigna pour rejoindre l’équipage, les laissant avec Flint qui semblait apprécier son nouveau compagnon bleu.
— Qu’est-ce qu’elle t’a dit, cette crapule ? demanda le muppet d’un ton complice.
Jim soupira. Aucune des phrases prononcées par son mentor ne lui avait semblé vraie. Était-il là pour la récompense ? Ou bien, y avait-il une raison plus personnelle ou peut-être… plus sombre ?
— Rien de ce que j’avais envie d’entendre… répondit-il, le vert de ses yeux se voilant de méfiance. Malheureusement pour nous, tu as raison. Il va falloir s’assurer que notre pirate ne prépare rien de louche…