La Perle du Kraken
Les semaines s’écoulèrent avec calme et le voyage se déroula sans encombre. À cette époque de l’année, le climat était doux et les vents favorables. De plus, l’équipage s’entendait à merveille. Les rires et les chansons résonnaient souvent sur le pont, créant une atmosphère conviviale qui s’harmonisait avec l'absence d’incidents. Les marins travaillaient dur pour que le bateau reste resplendissant durant la traversée. Les soldats s’entraînaient chaque jour pour éviter de perdre la main et les officiers se retrouvaient souvent avec Bennett pour étudier l’île et ses dangers.
Jim Hawkins observait avec satisfaction le quotidien de ses hommes. S’il avait pu avoir quelques craintes concernant l’équipage, elles furent balayées en un rien de temps : ils étaient loyaux et compétents. Les journées se succédaient dans une routine presque paisible, marquée par les tâches habituelles de navigation et de gestion du navire.
— Alors, Capitaine, les chiffres sont bons ?
Le docteur l’avait un jour rejoint sur le pont. Un carnet sous le bras et les mains tenant son appareil, Jim était occupé à relever leur vitesse ainsi que leur position.
— Très bon, même ! Nous filons comme le vent ! Nous pourrions arriver à Road Town d’ici une vingtaine de jours !
— C’est fascinant tous ces nouveaux appareils pour la navigation… lâcha le scientifique en observant le sextant avec admiration. Par chez moi, il y a encore quelques pêcheurs qui préfèrent se fier aux étoiles, plutôt qu’à ces instruments modernes.
— Oui, il y a toujours quelques marins réticents qui restent attachés aux anciennes pratiques…
Jim jeta un regard en coin vers Long John un peu plus loin, qui riait avec deux camarades. Il détourna rapidement les yeux et reprit :
— Mais si vous recherchez des techniques de navigation improbables, les polynésiens devraient vous intéresser. Ils se servent non seulement des étoiles, mais aussi des courants marins, de la température de l’eau et même des mouvements des poissons pour s’orienter !
Bennett haussa un sourcil, sincèrement impressionné.
— Vous en avez déjà entendu parler ? Je dois dire que je suis surpris ! s’étonna-t-il, apparemment ravi d’avoir trouvé un interlocuteur partageant son intérêt.
— Tout navigateur digne de ce nom devrait connaître les secrets de la mer, à mon humble avis.
— Et tout homme devrait s’efforcer de comprendre les savoirs et les traditions des autres civilisations. Nous avons tant à apprendre les uns des autres… acheva le docteur d’un hochement de tête respectueux.
Ils échangèrent un sourire cordial et complice. Bennett était un homme passionné. Lorsqu’il n’était pas le nez dans son carnet, à griffonner de nombreuses notes, il abreuvait les officiers – ou parfois l’équipage entier – de récits et de savoirs emmagasinés. Gonzo, fasciné par ses connaissances en herbologie, passait d’ailleurs de longs moments aux côtés du petit érudit, plongé dans de nombreux ouvrages ou attentif à ses explications. Même si, aux yeux de Jim, il semblait parfois réciter des connaissances méthodiquement étudiées, bien loin d’atteindre le savoir naturel de Silver, forgé au fil du vécu.
Sa relation avec lui était, d’ailleurs, le seul point noir de la traversée. Comme autrefois sur l’Hispaniola, le pirate prenait à cœur son travail de coq, préparant des mets savoureux, pour le plus grand bonheur de l’équipage. Avec ses traits d’humour et sa nature joviale, il n’avait eu aucun mal à s’intégrer, les hommes ignorant tout de sa véritable nature. Même Gonzo s’était un peu apaisé en sa présence, et s’adressait désormais à lui avec plus de courtoisie. Mais avec Jim, la relation était plus compliquée.
La rancœur de son infidélité et le doute d’une possible trahison, la culpabilité de lui avoir menti sur la perle, ainsi que le mystère entourant la disparition de ce Thorne. Tout ceci le hantait et il essayait par tous les moyens de ne pas trop se rapprocher de son ami, privilégiant son poste de capitaine plutôt que ses états d’âme. La tâche était difficile voire presque cruelle lorsque Silver, dans un élan d’affection, redevenait à nouveau le tendre amant qu’il connaissait.
— Jim !
Le coq était un jour entré dans sa cabine, alors qu’il était occupé à remplir des papiers.
— Viens dehors, dit-il simplement.
Ils sortirent sur le pont étonnamment silencieux. Presque tout l’équipage était accoudé sur le bastingage ou agrippé aux mâts, semblant guetter quelque chose dans l’océan pourtant paisible.
— Que se passe-t-il ?
— Viens sur la proue, tu verras mieux !
Devant se trouvait déjà Gonzo, Bennett et quelques marins qui semblaient eux aussi scruter la surface de l’eau. Flint, posé sur la tête du muppet, ne semblait plus le quitter. Jim s’installa à côté d’eux lorsqu’il aperçut une gigantesque masse grise émerger du fond de l’océan avec une lenteur presque irréelle, puis retomber avec fracas, envoyant de l’eau jusque sur les marins.
— Qu’est-ce que c’était ?? demanda-t-il en s’essuyant le visage, à la fois fasciné et inquiet.
— Tu te rappelles mon histoire sur le cachalot ? Tu m’as dit que tu n’en avais jamais vu en vrai. Eh bien maintenant, tu as tout un groupe devant toi qui migre vers les tropiques ! clama John avec fierté.
Jim resta bouche bée, happé par l’émotion.
— C’est la première fois que je vois un truc aussi gros, tu les as vu toi aussi ?? lui lança Gonzo, excité par cette apparition.
Apparut sous leurs yeux un groupe de cachalots d’une dizaine d’individus, battant leur queue et faisant des bonds de géant à la surface. Ils étaient immenses et majestueux, glissant dans l’eau avec grâce, tandis qu’ils passaient sous le bateau. Tout l’équipage s’agglutina le long du bastingage. Certains poussèrent des cris de joie, émerveillés par le spectacle, tandis que d’autres observaient en silence, impressionnés par ces géants des mers.
— Qu’est-ce qu’ils font ? demanda le muppet en voyant de l’eau jaillir de leur dos.
Bennett ouvrit la bouche mais ce fut Silver qui répondit, sous le regard étonné de ses compagnons.
— C’est des souffleurs, comme les baleines ! C’est comme ça qu’ils respirent : ils gardent l’air quand ils sont dans l’eau et le rejettent une fois à la surface !
— Eh bien… je n’aurais pas dit mieux ! affirma le scientifique.
— Ouah Rizzo, tu en sais des choses sur les animaux ! constata Gonzo avec admiration.
— Je les aime bien, c’est tout. Elles font leur vie, sans rien demander à personne… répondit-il, les yeux dans le vague, caressant Flint qui venait de le rejoindre.
— Ce sont de magnifiques créatures ! Comment ne pas voir ici l’œuvre du Seigneur ?! clama soudain Bennett d’une voix émue.
Jim et Silver s’échangèrent un regard complice, le sourire aux lèvres. Pas besoin de mots pour comprendre que la déclaration du docteur, dont la vision du monde s’éloignait de la leur, les avait amusés.
— C’est incroyable…, déclara le capitaine, la gorge nouée. Merci d’être venu me chercher, je m’en serais voulu de manquer quelque chose d’aussi spectaculaire !
John se rapprocha de façon presque imperceptible et murmura près de son oreille.
— Tu auras encore de quoi faire rêver, dans ton auberge…
Jim sentit une douce caresse sur sa main, cachée dans l’ombre de son manteau, et il entrelaça ses doigts dans les siens, restant ainsi quelques minutes à profiter de cette fugace intimité et du magnifique spectacle de la migration des cachalots.
Il y eut d’autres de ces moments d’amitié et de tendresse entre eux durant le voyage. Mais les tourments de Jim finissaient inlassablement par le rattraper, le transformant à nouveau en capitaine froid et distant. Il savait qu’à force de le repousser, Silver finirait par perdre patience. Il redoutait le moment où celui-ci lui ferait face, l’obligeant à dévoiler ses cachoteries.
Cependant, le pirate n’avait aucunement l’intention d’attendre jusque-là.
Il s’approcha de Gonzo, un soir où celui-ci était occupé à jouer avec Flint en lançant des fruits secs que l’oiseau attrapait avec agilité.
— Eh bien, on dirait que mon perroquet a fini par trouver un nouveau perchoir !
— Il en avait peut-être marre d’entendre les plaisanteries douteuses d’un vieux pirate !
La plaisanterie le fit sourire. Finalement, l’étrange muppet n’était pas si agaçant, au fond. Il le trouvait même plutôt amusant !
— Et alors, comment se passe la traversée ? Toujours peur de moi ? demanda-t-il en s’appuyant contre le bastingage.
— Oh non ! Jim avait raison, quand on apprend à te connaitre tu n’es pas si méchant !
— Mon élève a dit ça ? Je n’ai pas dû le terroriser assez fort !
— Non, je t’assure ! Au début je n’étais pas d’accord, mais il semble tellement t’apprécier !
— Ah bon ?
Le regard de Silver se voila légèrement, repensant aux vaines tentatives d’approche rapidement balayé par son élève.
— Ce n’est pas l’impression qu’il me donne…
— C’est vrai qu’en ce moment il fait souvent la tête ! J’espère qu’il ne se surmène pas trop…
— Bah, je suppose que c’est la mission qui doit le travailler ! Tu dois le savoir, non ?
— Hein ? Pourquoi moi ?
Flint se posa sur l’épaule du muppet, scrutant les fruits secs qu’il tenait encore dans sa main.
— Je ne sais pas, vous n’êtes pas des amis d’enfance, vous deux ? Le genre où on se dit toujours tout !
Gonzo pouffa, donnant les dernières graines au volatile.
— Pas Jim ! Il faut tout le temps lui tirer les vers du nez pour obtenir quelque chose !
— Toi aussi ? Sacré nom, ce garçon est une énigme ! Toujours à se renfermer sur lui-même, qu’il soit triste, en colère ou… soupçonneux !
— Soupçonneux ?
— Je ne lui en veux pas… poursuivit le coq d’un air détaché, c’est normal pour un capitaine de s’assurer qu’il n’y ait pas de complot au sein de l’équipage.
— C’est vrai, mais je ne crois pas qu’il le pense vraiment, tu sais…
— Qu’il pense quoi ?
— Bah que tu puisses… nous…
Gonzo se figea soudain, se rendant compte que Silver venait de le manipuler en beauté.
— … vous trahir, c’est ça la fin de ta phrase ? acheva le pirate avec un rictus suffisant.
Le muppet s’affola en voyant le visage s’assombrir derrière son sourire et il bafouilla frénétiquement :
— Non mais c’est rien, tu sais ! Jim a seulement des doutes ! Comme tu lui as dit non au début, et que t’es venu quand même… ! Enfin, tu vois… !
Mais Long John posa sa main sur son épaule, stoppant net ses vaines excuses.
— Rassure-toi, l’ami. Je suis de votre côté.
Il tendit la main vers Flint qui s’y posa docilement, avant de s’éloigner de sa pauvre proie noyée dans la honte de sa maladresse.
— Pour l’instant…
La nuit était tombée depuis longtemps, et la vigie, sur le point de s’endormir sous le silence pesant des dernières heures, aperçut son capitaine traverser le pont avant de disparaître vers la proue, hors de vue. Jim avait profité de la superbe nuit étoilée qui s’offrait à lui pour prendre des mesures sur leur position. Debout à l’avant du navire, avec pour seul compagnie le murmure des vagues et le craquement du navire, il tenait devant lui son sextant en le manipulant avec précaution. Puis il notait sur son carnet une série de numéros qui lui permettait ainsi de conserver leur avancée.
— Alors, on navigue bien ?
La voix familière le fit sursauter, mais il se refocalisa sur son travail.
— Très bien, même. Je pense ne pas me tromper en affirmant que nous arriverons à Road Town dans l’après-midi.
Dans un claquement familier, Silver se posta à côté de lui, les yeux levés vers les étoiles.
— Tu travailles dur, même la nuit. Est-ce parce que tu es un bon marin, dévoué à sa mission… ou peut-être, préoccupé par autre chose ?
Malgré le petit pincement dans son cœur, le capitaine garda un air détaché : — Autre chose, c’est-à-dire ?
— Des inquiétudes, des doutes, des… suspicions ?
Le dernier mot avait été murmuré et il s’approcha de Jim, si proche que celui-ci pouvait presque sentir son regard le transpercer. Il savait qu’il ne pouvait plus nier ses soupçons et il baissa son sextant en soupirant.
— Que t’a dit Gonzo ?
— Rien que je n’ai déjà deviné, ne t’inquiète pas. Mais tu le connais, c’est un vrai bavard…
— Arrête un peu. Tu as bien dû savoir t’y prendre pour lui faire dire ce que tu voulais.
— Et heureusement. Parce que si je devais compter sur toi pour obtenir la vérité, je serais encore en train de cogiter dans mon hamac à cette heure-ci !
— Très bien, alors je l’attends, la vérité.
Il planta sur lui un regard intense et résolu.
— Pourquoi es-tu monté sur ce bateau ?
Pour toute réponse, celui-ci posa une main sur sa joue, le faisant tressaillir malgré l’air doux de la nuit.
— Jim, je suis de ton côté, alors arrête de me voir comme ton ennemi. Et commence à être honnête, pour changer.
Frustré, il fronça les sourcils. Le pirate n’avait pas répondu à sa question.
— Ce n’est pas si simple, avec toi…
— Bien sûr que si. Tu n’as rien à craindre de moi, tant que tu es sincère et que tu ne me caches rien.
Le capitaine eut un mal fou à cacher son mal-être, ses mains agrippant son sextant avec force. Silver n’avait pas lâché cette phrase pour rien et dévisageait sans ciller le visage de son élève, déchiffrant la moindre de ses mimiques. Mais il tint bon et le pirate finit par le laisser tranquille, s’intéressant plutôt à ce qu’il tenait dans les mains.
— Ce qui me déçoit, en revanche, c’est que tu aies cet outil sur toi, alors que je t’ai appris à te servir des étoiles pour te repérer…
Jim sentit sa poitrine se relâcher, et il répondit d’un ton plus amical.
— Mais le sextant se sert des étoiles pour mesurer les distances.
— Et alors ? Qu’est-ce que je t’ai déjà dit ? Si tu dois perdre ton équipement en mer, tu seras bien content de pouvoir deviner ta position tout seul !
— Peut-être, mais pour l’instant mon équipement est à portée, et mes coordonnées sont bien précises !
— J’te parie que je peux les retrouver sans rien, tes coordonnées !
Silver se tourna vers le ciel, plissant les yeux d’un air concentré, et positionna sa main comme s’il se préparait à peindre une toile. Jim l’observait avec un rictus, son instrument de navigation toujours en main.
— Alors… tenta le pirate après un long moment de réflexion, si je ne me trompe pas, je dirais qu'on est autour des 10 degrés de latitude nord, et 50 degrés à l’ouest.
Le capitaine jeta un œil à ses notes et échappa un gloussement. Silver haussa un sourcil.
— Quoi ? Je dois pas être si loin !
— Loin ? T’es à des lieues de la vérité !
— Très bien, très bien… Disons… 15 degrés nord, et… 60 degrés ouest !
— Ce n’est pas encore ça…
— D'accord… 20 et 65 ?
— Ah, là tu chauffes !
Leurs rires retentirent sur le pont durant un long moment. Jim adorait ces instants avec lui. Quoiqu’il arrive, Silver avait toujours à cœur que leur relation reste intacte et solide, malgré leur différends. Il soupira intérieurement, les yeux rivés sur le visage légèrement creusé de son ainé. C’est vrai, alors même qu’il continuait à ressentir de l’amertume, il ne pouvait nier la place importante que tenait Long John dans sa vie. Les connaissances qu’il lui inculquait, les rires qu’il lui provoquait, la tendresse que, parfois, il lui offrait. Leurs conversations, leurs duels, leur complicité. Tous ces merveilleux souvenirs que son maître lui avait laissés et qu’il conservait précieusement dans sa mémoire.
Contemplant son compagnon, dont le rire résonnait encore dans la nuit, il posa doucement une main contre sa joue. Il était si beau lorsqu’il souriait – sa dent argentée étincelant entre deux éclats de joie. Un silence s’installa et il prit soudain conscience que leur proximité lui manquait, d’une manière presque douloureuse. Il l’embrassa finalement de ses lèvres fébriles et dévorantes. L’invitation de Jim était tout ce que le marin attendait et il l’attira vers lui avec force. Le sextant chuta sur le pont, oublié, tandis qu’il l’enlaçait avec une passion fiévreuse, semblant presque vouloir fusionner avec lui.
Retrouvant comme une drogue dont ils avaient cruellement manqué, les deux amants paraissaient vouloir tout à la fois. Sentir la plus infime note de leur odeur, toucher chaque centimètre carré de leur peau, savourer la moindre brûlure provoquée par les baisers. Au moment même où il se retrouvait enivré par le désir, tout explosa soudain dans son esprit. La culpabilité, les doutes, Ninon et Morgane. Le désir s’en alla aussi brutalement qu’il était arrivé, ne le laissant plus qu’avec la même tristesse habituelle. Il n’y arrivait pas. Il repoussa violemment John et tenta de retrouver son calme. Mais lorsque celui-ci se redressa, le bleu de ses yeux était devenu aussi sombre qu’une tempête. Cette fois, le pirate semblait blessé et véritablement furieux. Jim l’avait repoussé une fois de trop, et il tenta de se rattraper avec difficulté :
— Je suis désolé… je… je ne…
— Arrête de faire ça !
Long John eut toutes les peines du monde à se retenir de crier et d’alerter la vigie.
— Permets-moi, ou rejette-moi une bonne fois pour toutes, mais arrête de me faire languir de la sorte, Jim ! J’en ai assez !
Devant la situation critique, le jeune homme préféra fuir. Il saisit le sextant d’un geste maladroit et remonta sur le pont, le regard noir de Silver planté dans son dos. Cette fois, il avait complètement perdu le contrôle sur ses émotions et les regrets commencèrent à lui brûler les yeux.
« Je devrais lui dire. J’aurais dû lui dire. Pourquoi je n’y arrive pas ?? »
Il fuyait cette confrontation, mais au fond, il aurait aimé être rattrapé. Il aurait aimé sentir sa main lui saisir le poignet, sa voix suave l’implorant de rester, lui prouvant ainsi que leur relation était importante à ses yeux. Mais il n’y eut rien, ni personne. La peur d’avoir perdu l’affection de son mentor lui retourna les entrailles, tandis que l’image de son visage, fulminant de rage et de frustration, restait figée dans son esprit. Dire qu’il y a quelques instants à peine il se trouvait dans ses bras, envahi de tendresse et de désir. Maintenant, il ne ressentait plus qu’un vide béant et le poids écrasant de sa propre lâcheté. Bien loin d’avoir apaisé la situation, sa fuite n’avait fait qu’accroître son mal-être, ajoutant encore une bourrasque dans la tornade de ses tourments.