La Perle du Kraken
Chapitre 19 : Petit muppet deviendra grand
3486 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 02/03/2025 20:21
Ils marchaient dans la jungle depuis plusieurs heures, ne s’arrêtant que pour nettoyer la plaie de Jim ou pour s’assurer qu’ils ne faisaient pas fausse route. Aidé par la fidèle boussole de son père, il avait conclu que la rivière les avait envoyés loin à l’est, presque de l’autre côté de leur point d’accostage. Se souvenant de la menace de Morgane au sujet des soldats, ils s’étaient alors rapidement mis en route afin de revenir dans la cité et de libérer les hommes prisonniers. Ce fut une marche plutôt angoissante car ils ne savaient pas combien de temps elle durerait, ni s’ils arriveraient à temps.
Heureusement, le soleil commençait à peine son déclin lorsqu’ils aperçurent enfin les toits de pierres de la cité. Bien à l’abri sous la cime des immenses arbres, Jim sortit sa longue-vue, épiant la situation à l’intérieur des ruines. Les pirates étaient toujours là, il les voyait chanter, danser, voire tituber, certains dormant à même le sol. De l’autre côté des ruines, près du temple, il aperçut avec soulagement les soldats encore en vie dans une maison en ruine et le stock d’armes entassé dans une autre.
— Ils ont l’air d’avoir célébré leur victoire un peu trop tôt…, ricana le capitaine. Mais mes hommes et les armes sont encore bien gardés. Il va falloir jouer la discrétion…
Soudain, une voix retentit derrière eux.
— Jim ! Long John !
Gonzo et Polly étaient cachés derrière une souche d’arbre et faisaient des signes dans leur direction. À la vue de son ami, le jeune homme sentit son cœur se gonfler de joie.
— Gonzo !
Oubliant la douleur à sa jambe et la menace des pirates, il se précipita vers le muppet qui lui tomba dans les bras, en le soulevant aussi facilement qu’une poupée.
— Je suis tellement heureux de te voir ! lança-t-il, le sourire aussi grand que son bonheur.
— Moi aussi Jim, je suis content de te voir, et en vie en plus ! Tu vois, je t’avais dit qu’ils pouvaient se débrouiller sans nous ! ajouta-t-il à Polly qui regardait les retrouvailles avec un petit rictus.
Sans répondre, elle se tourna vers Silver qui était resté silencieux.
— Alors, vous avez fini par changer d’avis ?
Devant la petite paonne, le pirate sembla tout à coup très abattu.
— Ma jolie… il faut que je te dise…
— Non.
Elle savait. Elle avait bien remarqué que Morgane n’était pas avec eux. Elle le coupa, la voix légèrement tremblante.
— Pas maintenant. Nous parlerons de ça plus tard, j’ai besoin de toute ma tête pour le combat qui arrive.
— Quel combat ?
Jim, qui avait reposé son ami, regarda les deux muppets avec étonnement. Ils expliquèrent :
— Polly m’a délivré, quelques heures avant le lever du soleil, et nous sommes allés nous cacher dans la jungle ! On a attendu que vous entriez dans le temple et on a élaboré un plan pour libérer tout le monde !
— Mais, quel plan ?
Extrêmement fier, Gonzo leur expliqua les dernières heures. Le muppet s’était faufilé dans les ruines à la recherche des soldats et des armes. Il les avait trouvés, éparpillés dans des ruines différentes et les avait discrètement mis au courant de la situation.
— Le mieux, c’est que les armes sont stockées pas loin des soldats ! Dès que la diversion fera effet, ils n’auront qu’à faire quelques mètres et elles seront à eux !
— Mais… quelle diversion ?
Polly raconta alors que pendant les recherches de Gonzo, elle avait fait le tour des ruines, chipant de la poudre à canon et en répandant un peu partout dans la cité.
— J’en ai profité pour donner aux pirates un peu plus de boissons, en leur disant que c’était Morgane qui leur autorisait ! ajouta la muppet avec un rictus. À cette heure-ci, ils doivent tous être en train de dessaouler !
Les deux hommes s’échangèrent un regard mi-étonné, mi-impressionné.
— Bah, dis donc… vous n’avez pas chômé…
Ils ne pouvaient s’empêcher d’être surpris par l’autonomie et l’astuce dont avaient fait preuve les muppets durant leur absence. Gonzo leurs tendit à tous les deux une arme à feu.
— Les soldats attendent le signal. Ils seront ravis de voir leur capitaine vivant !
Il se tourna vers Long John.
— Toi par contre, je sais pas. Y en a qui t’ont vu avec les pirates…
— Que veux-tu… soupira son ami, ce sont les risques du métier…
Jim prit une profonde inspiration. Ils avaient des armes, ils avaient un plan. Il se tourna vers ses trois amis qui le regardèrent avec assurance, attendant son feu vert.
— Très bien. Place à l’action !
Ils se séparèrent en deux groupes. Polly et Silver allaient provoquer la diversion, mettant le feu aux poudres. Jim et Gonzo allaient soutenir les soldats, assurant leur sécurité durant leur évasion. Les ruelles étaient très calmes et ils purent se faufiler sans difficulté jusqu’à l’endroit où étaient retenus les hommes. Cette partie de la cité était déjà plus animée, les pirates s’étant réunis au même endroit. La diversion serait plus que bienvenue.
Celle-ci arriva très rapidement, sous la forme d’énormes flammes qui s’élevèrent soudain au-dessus des ruines, formant une grosse colonne de fumée. Un incendie avait démarré dans le campement des pirates et les Espagnols commencèrent à se précipiter vers le foyer, paniqués par la catastrophe. Ils surent que c’était le moment. Les gardes s’éloignèrent de leur lieu de surveillance, laissant la voie libre.
— Gonzo, va chercher le plus d’armes que tu peux et rejoins-moi, je pars les délivrer !
Jim s’approcha des habitations servant de geôles. Là aussi, les gardes avaient relâché leur vigilance, observant la fumée avec incompréhension. Il se précipita vers le premier et abattit le sabre sur son torse, le tuant sur le coup. Il plongea sur le second et lui fracassa violemment la tête contre le mur de pierre. À l’intérieur, cinq soldats attendaient, prêts à agir. En voyant leur capitaine de retour, ils poussèrent un cri de joie.
— Capitaine ! Nous savions que vous parviendrez à vous sortir de ce guêpier !
Il voulut répondre, mais un coup de feu les fit baisser la tête. Des pirates venaient de derrière et l’un d’eux avait tiré, manquant de peu sa cible. Les soldats allèrent se cacher derrière l’habitation et Gonzo les rejoint rapidement, les mains pleines d’armes.
— Voilà, les gars ! Prêtes à être utilisées ! lança-t-il avec un sourire, esquivant un autre coup de feu.
Ils furent rapidement débarrassés de leurs liens et, saisissant chacun une arme et un sabre, ils sortirent de leur cachette et commencèrent à faire feu. Ainsi équipés, ils n’eurent aucun problème à délivrer le reste des hommes. Bientôt, ce fut toute une troupe enragée qui s’élançait à l’assaut des ennemis qui ne comprirent pas tout de suite ce qu’il se passait.
— À vous de jouer, soldats ! Reprenons cette cité !! scanda un officier avant de se lancer dans la bataille.
Les cris des hommes se mêlaient au claquement des armes à feu et au fracas des lames. Les soldats de Jim, revigorés par leur liberté retrouvée, prenaient le dessus et les pirates, bien que désorganisés, se défendaient avec une férocité désespérée. À présent, la cité entière résonnait d’un vacarme assourdissant de tirs et de hurlements, tel le champ de bataille qu’elle était devenue.
De l’autre côté de la cité, et après avoir fait diversion, Polly et Silver s’étaient eux aussi retrouvé en plein combat, abattant les pirates qui venaient éteindre les incendies. Découvrant le subterfuge, ils s’étaient alors rassemblés pour essayer d’abattre les deux ennemis. Cachés derrière un muret, ils attendaient une ouverture pour avancer sans risque lorsqu’une flèche siffla près d’eux et vint se planter dans le mur de pierre.
— Zut, ils sont sur les toits ! alerta la muppet alors qu’une pluie de flèches s’abattait sur eux. Ils veulent nous abattre à distance !
— Il faut que l’un de nous deux montent là-haut et les fasse redescendre…
— Et vous comptez faire comment, avec votre jambe de bois ? demanda la paonne avec moquerie.
Silver la fixa, sa dent métallique se dévoilant dans un rictus.
— Je ne parlais pas de moi, ma mignonne.
Saisissant soudain la muppet, il la lança avec force et, avec un petit cri, elle atterrit sur le toit de l’habitation la plus proche. Elle aperçut devant elle les hommes qui avaient un jour fait partie de son camp, et qui maintenant devenaient des ennemis. Son sang ne fit qu’un tour : est-ce que l’un d’entre eux avait celui de Thorne sur les mains ?
— Fais les tomber, je m’occupe d’eux en bas ! fit la voix de Long John.
Elle serra son arme dans les mains, le corps vibrant d’adrénaline. Elle allait enfin prendre sa revanche.
— Compris !
Elle s’élança en poussant un cri de fureur, et ses anciens coéquipiers tombèrent les uns après les autres, que ce soit de surprise ou par un coup de sabre.
— Ah ! On se moque moins de moi, maintenant !? ragea la muppet avec fougue.
En bas, Silver avançait en même temps que la tornade flamboyante, achevant les pirates qui avaient le malheur de tomber à son pied.
Soudain une flèche siffla et vint se planter dans l’épaule du pirate avec douleur. Il grogna, le souffle coupé, avant de serrer les dents et de briser la flèche d’un geste sec. Le tireur se planta soudain devant lui, l’arc tendu.
— ¡Sabía que nos ibas a traicionar, perro! cracha le forban.
— Désolé… railla John en grimaçant de douleur, la main agrippée sur sa blessure. J’ai jamais eu le courage d’apprendre votre foutue langue !
Il y eut un coup de feu et il cligna des yeux, étonné. L’espagnol s’effondra, laissant apparaitre Jim derrière lui dans un panache de fumée. Il s’approcha de son maître, ses yeux balayant la blessure ensanglantée.
— Alors… même les légendes peuvent faiblir ! plaisanta-t-il tandis que les soldats envahissaient la zone. Ça va ?
Silver se redressa, plantant son regard dans le sien. Jim à ses côtés, son visage s’illumina de nouveau.
— Un peu, que ça va !
Alors qu’ils retournaient dans la bataille Gonzo fit son apparition, intact malgré le danger omniprésent.
— Long John ! Polly n’est pas avec toi, est-ce qu’elle va bien ??
— Je ne sais pas, et si tu allais vérifier toi-même ?
Malgré sa douleur à l’épaule, le pirate se saisit du muppet et l’envoya lui aussi sur les toits rejoindre sa douce. Le muppet poussa un cri perçant avant d’atterrir sur les pierres avec un roulé-boulé. Les hauteurs étaient maintenant vides de toute menace et Polly s’était saisie d’un arc, tirant sur les pirates restants au sol.
— Je savais pas que tu savais tirer à l’arc ! lança Gonzo avec entrain.
— Que veux-tu, je suis une muppet pleine de surprise ! Puisque tu es là, profites en pour me protéger !
Tenant son arme à deux mains, Gonzo entreprit de défendre la jeune paonne, s’élançant avec férocité sur les malheureux pirates qui osaient s’approcher d’un peu trop près. Soudain, un cri strident résonna dans les airs et ils durent esquiver la créature qui fonçait vers eux à grande vitesse. Le faucon de Morgane s’était engagé dans la bataille, volant furieusement et plongeant sur la muppet qui fut déstabilisée par cette attaque.
— Sale bête… laisse-moi tranquille ! Au secours !!
Flint surgit tout à coup de la besace, tel un mini justicier, prêt à en découdre avec sa némésis de toujours. Il se rua vers le rapace, toutes serres dehors, et s’accrocha à lui comme une bernacle dans une tornade de plumes vertes et blanches. Le faucon tenta de se débarrasser de cet intrus en battant des ailes, mais Flint tenait bon, ses griffes bien en place sur son dos.
Il commença à picorer sa queue avec une insistance féroce, arrachant les plumes une à une. Le faucon émit un cri strident de douleur alors que son vol devenait de plus en plus instable. Tentant une dernière attaque, il plongea maladroitement vers Polly, mais Flint continua à déplumer sa queue avec ardeur, rendant la manœuvre impossible. Le perroquet quitta finalement son adversaire et celui-ci heurta violemment un arbre, incapable de maintenir une trajectoire correcte.
Sonné et humilié, le faucon se redressa tant bien que mal et, dans un dernier cri de défi, prit la fuite en zigzaguant dans les airs, ses quelques plumes restantes pendouillant tristement. Flint, victorieux, retourna vers Gonzo en se posant fièrement sur son épaule, sa poitrine gonflée d’orgueil.
— Eh ben, on peut dire que tu l’auras bien « plumé » !
Plus bas, les derniers pirates étaient acculés contre les ruines fumantes, leurs cris se mélangeant au fracas des lames et des coups de feu. Jim, sabre en main, combattait avec la force et la précision qu'il avait acquis au fil des années, ses mouvements rapides et fluides. À ses côtés, Long John se battait avec la même fougue, sa lame taillant l’air et la chair, malgré la douleur qui irradiait de son épaule blessée. Un pirate se jeta sur le capitaine, tentant une attaque désespérée. Il para le coup, avant de riposter avec précision, envoyant son adversaire au sol. Silver bloqua un autre assaillant avec un coup de jambe puissant, avant de l'abattre d’un mouvement rapide de son sabre. Le bruit du combat s'estompait peu à peu autour d’eux, alors que les derniers ennemis s’effondraient.
Essoufflés mais victorieux, ils se retrouvèrent dos à dos, leurs respirations lourdes se mêlant au silence qui retombait sur la cité, aussi brutalement que la bataille qui venait de s’achever. Contre toute attente, ils étaient encore debout.
— Tu penses que c’est terminé ? souffla Jim, ses yeux parcourant la scène de dévastation autour d’eux, cherchant le moindre signe de pirate encore debout.
— Ça a l’air d’être le cas… répondit Long John, le souffle court et la douleur lancinante dans son épaule.
Leurs mains se frôlèrent par hasard et ils enroulèrent leurs doigts instinctivement, comme une étreinte discrète dans leur satisfaction d’être en vie, et ensemble. Soudain les soldats débarquèrent mais, loin des visages heureux qu’ils auraient dus afficher, ils pointèrent leurs armes sur Silver en le mettant en joue.
— Reculez, capitaine, ordonna un officier. Rizzo nous a trahis !
Le pirate n’eut pas le temps de réagir. En une fraction de seconde, plusieurs mains s’abattirent sur lui, le saisissant avec une brutalité implacable. Il grimaça sous la douleur, mais ne se débattit pas. Il savait ce qui l’attendait, de toute manière. Le cœur de Jim se contracta devant le traitement de son mentor et il tenta de prendre sa défense :
— Attendez, il a peut-être été tenté de rejoindre l’ennemi durant quelques heures, mais il a très vite retrouvé la raison !
— Là n’est pas la question ! déclara un autre officier. Cet homme est trop instable pour qu’on lui fasse confiance une fois de plus. La loi exige qu'il ait droit à un jugement équitable, mais compte tenu de l’importance de la mission, il vaut mieux ne prendre aucun risque !
Jim sentit sa gorge se serrer. Il savait que l’officier avait le droit d’exécuter une sentence en cas de force majeur. Et malheureusement, la trahison en était bien un.
— Que l'accusé soit exécuté immédiatement, poursuivit l’officier d'une voix froide. Rizzo, en vertu du code militaire et de votre trahison envers la Couronne, vous avez droit à une dernière parole avant que justice ne soit rendue.
Le jeune homme n’avait jamais vu Long John aussi calme et résigné, comme si, cette fois, il acceptait la mort avec résilience. Mais lui ne pouvait pas le supporter. Comme il ne pouvait pas supporter qu’il ait ce regard-là, plongeant ses yeux dans les émeraudes de son élève, avant de lui souffler avec un petit sourire :
— Je ne regrette rien, mon cher Capitaine. Ça en valait tellement la peine…
Le souffle de Jim se bloqua dans sa poitrine alors qu’il voyait l’officier lever lentement son sabre. Ce n’était pas possible. Le calmar, Morgane, les pirates. Ils avaient survécu à tout ça. Et pourtant Silver allait être exécuté, comme un infidèle. Tout son destin, son avenir, tenait dans cette lame étincelante, dressée impitoyablement au-dessus de l’homme qu’il aimait. Il ne pouvait pas. Il ouvrit la bouche.
— ARRÊTEZ !
Jim se figea. Ce n’était pas sa voix qui venait de résonner. Les hommes levèrent la tête, cherchant le fautif. Du haut du toit Gonzo, qui avait suivi la scène, s’élança alors en atterrissant près du groupe et s’interposa rapidement entre Long John et son bourreau.
— Arrêtez ! répéta-t-il, les bras écartés. Vous allez vraiment faire ça ? Vous allez vraiment abattre un homme sans lui donner une chance ?
Les soldats, surpris par l’intervention, restèrent figés, fixant le muppet avec incompréhension. Jim était aussi étonné que le reste des hommes, mais il laissa son ami continuer.
— Écoutez, je suis peut-être petit et je n’ai pas votre expérience. Mais je sais une chose : On peut avoir des défauts, on peut faire des erreurs, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas changer ! J’ai vu ce que l’amitié, ou l’amour - il jeta un regard tendre vers Jim et Silver - peut faire chez des gens qu’on croyait irrattrapable, ou simplement perdu ! Et vous savez pourquoi ? Parce que je suis tombé amoureux ! Oui, moi, Gonzo, je suis tombé amoureux d’une pirate !
Polly avait rejoint l’assemblée, Flint posé sur son épaule. Il la désigna d’un geste théâtral, son regard brillant d'une sincérité touchante et la jeune paonne sentit les larmes lui monter aux yeux, sa queue se déployant en une magnifique roue. Les soldats poussèrent des soupirs admiratifs.
— Polly, je veux que tu saches que tu es une personne merveilleuse, courageuse, avec un cœur gros comme l’océan ! Tu m’as appris que tout le monde peut trouver la rédemption, qu’on soit une petite muppet maladroite, ou un vieux pi…
Il croisa le regard de Jim et Silver qui lui faisaient des gestes discrets pour l’empêcher de terminer le mot.
— un pi… ètre coq de navire !
Les deux amis poussèrent un léger soupir de soulagement.
— Alors… je dis qu’on doit donner à Rizzo cette seconde chance ! poursuivit Gonzo, se tournant cette fois vers les soldats. Parce que si moi, un petit muppet qui n’y connaissait rien, je peux croire en l’amour et en la rédemption… vous le pouvez aussi !
Son discours achevé, un lourd silence s’installa dans l’assemblée. Puis soudain un soldat fondit en larmes.
— C’étaient des paroles tellement émouvantes ! balbutia-t-il en s’essuyant les yeux avec sa manche.
Polly se précipita dans les bras de son compagnon, lui donnant un baiser sur la joue et les autres soldats se mirent à applaudir comme s’ils venaient d’assister à une pièce de théâtre. Devant ce spectacle, Jim et Silver restèrent bouche bée.
— Je rêve, ou Gonzo vient de tous nous couper la chique ? murmura le pirate.
— Je crois bien que oui… répondit Jim en applaudissant à son tour.
Alors que les applaudissements résonnaient sous le ciel clairsemé d’orange, Gonzo et ses amis savourèrent leur triomphe. Loin du chaos et de la bataille, l’ombre de la jungle se refermait paisiblement sur eux, la victoire éclairant cependant toujours leurs visages.