La mort de Clochette

Chapitre 2 : Chapitre 1

1103 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/02/2019 18:16

Rajah 


"Pour le dixième jour consécutif, des restes d'humains ont été retrouvés dans les rues de la capitale. Nous n'avons pas pu associer les victimes à des citoyens, tant leur corps sont méconnaissables. De nombreuses plaintes de village périphériques ont été répertoriées, accablés par des phénomènes similaires au notre.

- Merci Rajah, vous pouvez disposer."

Je saluais avec humilité le Sultan avant de me retirer de la salle du trône, sans jeter un regard à Jasmine. Nos yeux se rencontrèrent brièvement.

"Général !"

Après avoir refermé la porte, je me retrouvais nez-à-nez avec un soldat paniqué.

"Excusez-moi de vous déranger, mais vous devriez peut-être jeter un coup d'oeil dans la salle des gardes."

Je soupirais, devinant l'origine d'un potentiel foutoir. Le soldat me suivit jusqu'au seuil de notre QG, dans lequel un bordel sans nom régnait : les gardes étaient attroupés autour d'une table, tous braillant comme des porcs et brandissant leur poing en signe d'encouragement. Des chopes de bière et des couvert jonchaient sur le sol, mais personne ne semblait y prêter attention. Je me frayais un chemin parmi les gardes n'ayant pas encore remarqué ma présence jusqu'au centre de l'attraction. Abu et Iago se bataillaient comme des enfants, tantôt allongés, tantôt assis sur les tables, se cognant et s'agrippant tout en hurlant des cris de guerre.

Sans attendre, je posais brutalement mes deux mains sur la table, qui trembla. Tout le monde cessa de beugler instantanément. Abu et Iago levèrent les yeux vers moi et se séparèrent.

"Vous vous moquez de moi ?"

D'une voix profonde et rauque, je savais comme user de mon autorité. Certains baissèrent les yeux et les plus braves m'observaient, attendant la suite. Les deux idiots descendirent de la table avant de se tenir droit comme des i, fuyant mon regard fulminant.

"Pour la première fois depuis une centaine d'années, nous avons une véritable menace pesant sur le pays, terrorisant la population entière, et vous vous permettez ce genre de gamineries ? Vous avez été sélectionnés parmi les meilleurs pour représenter le rempart entre les citoyens et l'insécurité, et c'est ainsi que vous osez vous comporter ?"

Silence.

" Alors à présenter, je vous prierais de retourner à vos postes dans les secondes qui suivent (nul n'esquissa un mouvement) MAINTENANT (ils obtempèrent tous, sortant de la salle). Hé vous deux, où comptez-vous aller? (J'attrapais les fauteurs de trouble par les épaules pour les ramener vers moi). Je souhaiterai avoir une petite discussion avec vous deux".

Ils me regardèrent avec inquiétude, conscients que leurs actes ne seront pas sans suite.



Elsa


Le mariage d'Anna avançait à grands pas. Les derniers préparatifs s'éternisaient, mais cela ne semblaient aucunement angoisser ma petite sœur. Cette dernière essayait des robes à longueur de journée, de toutes les couleurs et tous les genres ; les couturiers d'Arendelle n'ont probablement jamais été autant occupés. Quant à mon beau-frère, il débarquait tous les deux jours dans mon boudoir pour me déverser gratuitement la totalité de ses inquiétudes à propos son mariage.

En ce qui me concerne, j'exerçais ma royauté comme je le pouvais. J'étais bien entendue aidée et assistée, mais l'on oubliait souvent qu'en plus de mon rôle de reine au pouvoir non-contrôlé, j'avais également celui de la grande sœur. Bien que je sois de plus en plus maîtresse de moi-même, personne ne me faisait confiance lorsque je quittais l'un de mes gants. A l'étranger-même, les rumeurs d'une reine de glace se propageaient, m'avilissaient.

Je comprenais ces craintes, mais elles m'étaient douloureuses. Sans compter les rumeurs naissantes sur Anna ; des personnes observaient ses faits et gestes, s'attendant à la naissance d'un autre pouvoir destructeur.

"Ma reine, m'interrompit Olaf dans mes pensées. Nous avons une déclaration de la plus haute importance à vous faire. 

- Je vous écoute, fais-je en rajustant un gant à mon poignet. 

- Ce matin, nous avons découvert un véritable massacre dans le foyer de charité. Tout le monde a été... assassiné. Sauvagement, selon les investigations (ma main se serra). Il n'y a qu'un rescapé, et beaucoup pensent que sa culpabilité ne fait aucun doute. Il paraît qu'il est assez instable et les voisins affirment qu'il effrayait tous les enfants. Il a été retrouvé couvert de sang et endormi au milieu des cadavres.

- Quelle horreur...

- Il a été ramené au château puis enfermé dans une cellule."

Olaf était extrêmement efficace pour synthétiser les informations. C'était un homme de petite taille, dont la peau était aussi pâle que la neige. Il était à la fois un ami proche et un excellent conseiller.

- Existe-il des preuves concrètes de sa culpabilité ?

- Aucune. Mais c'est l'unique suspect, il n'a aucun alibi et s'il est aussi déséquilibré que les gens le disent, son innocence est peu probable.

- Mais pas improbable, répliquai-je.

- Je ne sais. J'admire votre sens de la justice ma reine, mais les stéréotypes s’annoncent souvent véridiques

- Que voulez-vous dire ?

- Seulement qu'il est assez commun qu'un malade entre dans une certaine folie et anéantisse tout ce qui proche de lui, s'expliqua calmement Olaf.

- Je m'en doute, mais j'aimerai qu'on ne le juge pas trop rapidement ; je souhaiterai le rencontrer."

Olaf s'inclina. J'écoutais alors les diverses autres informations patiemment. En fin de journée, je congédiais Kristoff avant même qu'il ne songe à me rendre visite, et descendis aux cachots, accompagnée d'Olaf et de quelques gardes.

"Pourrait-on me dresser rapidement son portrait ?

- On l'appelle Ralph, il dépasse les deux mètres et souffrent d'obésité. Il était dans le foyer depuis toujours, mais on ne connaît pas son âge véritable : on l'évalue à une trentaine d'année. Il est sujet à des comportements inquiétants.

- Merci."

On me tendit une torche, que je relevais dans la pénombre. Je marchais tête haute dans l'allée des cellules. La plupart des prisonniers levaient la tête à mon approche, me dévisageant de regards méchants ou furieux.

Dans l'ombre, un visage bien plus insistant que n'importe quel autre me fixait. Des mèches rousses et sales tombaient sur ses yeux ternis par la haine. Hans. 

Je m'enquis d'avancer droit devant moi, sentant peser sur mes épaules une immense aversion à mon égard.


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