Un Vide de Vérité

Chapitre 5 : Rêve

1042 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/09/2020 23:53

A l’extérieur du château, le vent d’automne passait d’arbre en arbre, décrochant des feuilles ici ou là pour les éparpiller sur les pavés du pont ou dans la cour. Au cœur de la nuit, il n’y avait pas d’Olaf pour jouer avec. Le calme était tout juste perturbé par le léger ronflement d’Anna dans la chambre d’Elsa. Les deux jeunes femmes dormaient profondément, chacune de leur côté, si la plus jeune avait un léger filet de bave qui lui glissait sur le menton, la seconde en revanche souriait d’un air enfantin. Quelques flocons commencèrent à se former, épars, ils fondaient rapidement et semblaient sans réels conséquences. L’un d’eux se déposa sur les lèvres d’Anna, un autre sur son front, un troisième sur sa paupière et finirent par réveiller la cadette. Il lui fallut quelques instants pour comprendre ce qui se passait. Elle jeta un œil en direction de sa sœur pour constater qu’elle dormait toujours profondément et remonta la couverture sur ses épaules, même si, elle le savait, Elsa ne craignait pas le froid.


Anna tendit la main pour attraper quelques flocons dans l’obscurité, émerveillée par le spectacle de la neige qui dansait devant ses yeux. Rapidement, les flocons prirent vie sous la forme de personnages enneigés, elle se reconnut sans peine dans l’un d’entre eux tandis que se jouait, sous ses yeux stupéfiés, des souvenirs de son enfance.


« Oooh… »


Elle se leva en prenant garde à ne pas réveiller Elsa. Une mini version enneigée d’elle-même courrait dans les couloirs en riant, sa sœur sur ses talons, elles franchirent les portes du château d’un bond et se retrouvèrent dans le parc, au milieu des arbres, des fleurs et des canards. Elsa créa un pont de glace par-dessus la marre et elles s’arrêtèrent au-dessus pour observer les cannetons suivre docilement leur mère. Tout semblait si facile, si heureux.

Le souvenir changea, elles étaient maintenant dans la salle de bal et Elsa avait créé une série de montagnes enneigées desquelles elles dévalaient, installées dans une luge de glace.

La scène disparut aussi soudainement que la précédente, les deux enfants étaient maintenant attablés, peinture, crayons et papiers étalés devant elles. Elsa faisait apparaitre des princes, des girafes, des bateaux en neige qu’Anna s’entrainait à reproduire. Mais c’était surtout Olaf qui retenait son attention.

Un rire étranglé par l’émotion sortit de la gorge de la reine, elle souriait, émerveillée et touchée par les souvenirs qui se rejouaient en cascades sous son regard attendrit. Elle étouffa un cri de surprise lorsque tout s’effondra brutalement.

Une porte se dressa tout à coup, étrangement sévère et menaçante. Elle claqua durement, sans bruit mais Anna ne se souvenait que trop bien de ce son. Et de l’autre côté, il y avait maintenant Elsa, seule, pleurant dans un coin, recroquevillée sur elle-même au milieu d’une chambre en partie gelée.

Les murs s’effacèrent doucement, sa sœur maintenant debout faisant face à son père, effrayée mais attentive, un geste maladroit et la glace se dressa cruellement en pointes hérissées, menaçant la figure paternelle qui recula. Sa mère tenta de s’approcher mais Elsa recula jusqu’à toucher le mur, pleurant et criant des mots que la neige ne matérialisait pas, mais qu’Anna pouvait entendre malgré tout.


« Elsa… »


A l’évidence, le rêve s’était transformé en cauchemar et la cadette n’avait pas envie d’en voir plus, encore moins d’imposer ça à sa sœur. Elle se rapprocha du lit mais fut stoppée par un nouveau souvenir. Celui du premier accident. Des bonds d’une butte enneigée à une autre, trop rapide, trop haut, Elsa ne pouvait pas suivre, puis la chute et les cris, les pleurs, la culpabilité. Et la peur de tout un peuple le jour du couronnement, lorsqu’Anna l’avait poussée à bout, la fuite et Arendelle figé dans la glace. Elsa effrayée, écrasée par la culpabilité et qui lui gèle le cœur par accident.

Les souvenirs s’enchainaient de plus en plus rapidement, l’ex reine gémit dans son sommeil. La température de la chambre chuta brutalement, les murs se couvrirent de glace. Anna voulut se rapprocher du lit, mais Hans se dressait maintenant devant elle, grandeur nature, une épée à la main et un sourire carnassier. Derrière elle, une jumelle d’Elsa en glace gisait sur le sol. La cadette n’avait aucune envie de revivre cette scène, elle ne la connaissait que trop bien, elle contourna rapidement le Hans de neige pour atteindre le lit et secouer doucement sa sœur par l’épaule.


« Elsa ! Réveille-toi, s’il te plait.

-Anna ? Qu…

-Tu faisais un cauchemar…

-Un… Oh… 

-Viens là. »


Elle berça sa sœur ainée tout contre elle, regardant la neige disparaitre au fur et à mesure et la glace refluer.


« Anna ? Qu’est ce qui s’est passé ?

-Je crois que tu as matérialisé ton rêve avec tes pouvoirs, mais la suite était… heu… disons… Moins sympa ?

-Tu veux dire, un cauchemar ? »


Elsa secoua la tête et se redressa légèrement. Maintenant bien réveillée, elle fit complètement disparaitre les restes de glace et neige.


« Je suis désolée, Anna.

-C’était juste un cauchemar, Elsa, tout va bien. »


Elle offrit un sourire rassurant à sa sœur ainée.


« Allez, viens te rendormir. 

-Tu es sûre ?

-Je n’ai jamais eu peur de toi, tu te souviens ? »


Comment lutter face à tant de confiance et d’assurance, Elsa acquiesça d’un signe de tête et se blottit de nouveau entre les bras grands ouverts de sa cadette. 

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