Un Vide de Vérité

Chapitre 11 : La traversée d'Anna

1225 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/10/2020 18:58

La fumée s’était fortement épaissie et Anna n’avait pas pu s’empêcher de remarquer que plus l’incendie semblait croitre, plus Bruni s’apaisait. En fait, il en devenait presque apathique. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait bien faire de cette information, mais l’impression bizarre que quelque chose n’allait pas demeurait. Anna reconnaissait la zone où ils arrivaient. Les rives de la Mer Sombre étaient proches, c’était ici que le bateau de ses parents s’était échoué. Le drapeau abimé d’Arendelle disparaissait presque dans la fumée qui devenait omniprésente. Elle s’inquiétait pour Kristoff et pour toute la population de la forêt enchantée. En tant que reine, elle devait se trouver auprès de son peuple, et la voilà qui courrait après sa sœur. Ce n’était probablement ni très logique, ni très raisonnable, mais au fond d’elle-même, Anna était convaincue de prendre la bonne décision. Elsa jouait avec des forces qui les dépassaient tous et elles avaient toujours surmonté les problèmes ensemble.


Sous ses pieds, la terre meuble se transforma peu à peu en gravier et les arbres épars finirent par laisser leurs places à quelques herbes hautes et des plantes grasse. Le bruit du vent dans les feuilles fut remplacé par le ressac violent des vagues qui se fracassaient contre les rochers. Anna déboucha sur la grève, face à la mer menaçante qui avait déjà emporté ses parents. La dernière fois, Elsa avait franchi cette étape toute seule, malgré les protestations véhémentes d’Anna pour la suivre, sa grande sœur avait pris la décision sans lui laisser la moindre chance et… elle ne l’avait pas très bien vécu. Bon sang, même Olaf s’était mis en colère. Mais maintenant qu’elle se trouvait face aux vagues gigantesques, elle se sentait tout à coup très petite et complètement démunie. Difficile de donner tort à Elsa.


« Heu… Haha… Comment je suis censée traverser ça ? »


Son regard se posa sur Bruni et sur Courant d’air.


« Je crois que vous l’avez oublié, mais moi, je suis la sœur sans pouv… AAAH ! »


Nokk venait de jaillir des flots pour sauter sur la berge. Anna posa une main sur son cœur et lança un regard accusateur à l’esprit de l’eau.


« Tu crois vraiment que c’est le moment de me faire peur ? »


Le cheval s’ébroua, manifestement peu impressionné par la remontrance. Anna déglutit, ses mains se serrèrent avec angoisse sur la bandoulière de son sac.


« Donc heu… Si je résume, je discute avec une salamandre, un courant d’air et un cheval d’eau et j’envisage, très sérieusement, de traverser une mer avec des vagues de 12m pour, peut-être, retrouver ma sœur qui pourrait tout aussi bien être installée au château en train de boire un chocolat chaud parce qu’en réalité, personne ne l’a vue, personne ne sait où elle se trouve. Très bien, tout est normal, tout est parfaitement normal. Ah ah ! Je crois que je débloque. C’est sans doute la fumée. »


Nokk poussa son bras avec un léger hennissement. Le contact était étrange, c’était la première fois qu’Anna se trouvait aussi proche de l’esprit. D’ordinaire, il ne se matérialisait qu’en présence de sa sœur.


« Je ne suis pas Elsa, je n’ai pas ses pouvoirs. Et je n’ai pas de bateau non plus. Enfin si mais… A Arendelle. Enfin, pas moi, ce ne sont pas mes bateaux à moi, ce sont ceux du royaume. Mais ils sont trop loin de toute façon, il faudrait que je fasse demi-tour et… »


Nokk la poussa de nouveau, plus fermement.


« Je ne sais pas ce que tu essais de me dire mais… Je ne pense pas pouvoir te chevaucher parce que tu es de l’eau. Et c’est Elsa le cinquième esprit, pas moi. »


D’une façon ou d’une autre, le cheval devait comprendre parce qu’il se baissa afin de lui permettre de grimper sur son dos. Une vague plus forte qu’une autre se fracassa avec violence et fit sursauter Anna.


« D’accord, d’accord… Je peux le faire… Allez Anna ! Sois forte, sois courageuse ! C’est un cheval, tu sais faire du cheval, et c’est de l’eau, tu sais nager aussi, alors… Tout va bien ! Voilà, tout va bien. C’est comme du saut d’obstacle, mais les obstacles, ce sont des vagues. C’est simple ! Rien de plus simple ! Tu peux y arriver. »

Elle posa une main hésitante sur le museau du cheval et esquissa un sourire surpris.


« Oh ! C’est bizarre, moins froid que je ne le pensais. »


Et du coup, c’était rassurant. Assez rassurant pour qu’Anna s’installe sur le dos de l’esprit, même si elle manquait de conviction.


« Hum. Voilà. Comment je fais maintenant ? Tu as besoin que je t… Aaah »


En fait, Nokk n’avait besoin de rien, il connaissait parfaitement le chemin, et l’eau, c’était son domaine. Il s’élança sur les vagues, puissant et agile, passant au travers parfois sans se préoccuper de sa passagère. Sans selle et sans rênes, Anna n’en menait pas très large. Elle s’accrochait désespérément au cou de l’animal, le sel lui brûlait les yeux et ses cheveux humides lui dégoulinaient sur le visage.


« Tu pourrais au moins faire attention. »


L’esprit bondit de crête en crête avec une facilité déconcertante, au fur et à mesure que la grève s’éloignait, l’ampleur et l’intensité des vagues diminua jusqu’à devenir aussi calme que les eaux d’un lac. Anna souffla de soulagement, elle se redressa dans une position plus confortable. Alors, c’était ça qu’Elsa ressentait ? A galoper ainsi sur le dos de Nokk au beau milieu de l’océan, seule. Le sentiment de liberté était vertigineux. D’une certaine manière elle se sentait privilégiée à pouvoir entrer un peu dans le monde des esprits. Elle aurait préféré découvrir Ahtohallan dans des circonstances différentes, avec sa sœur, plutôt qu’en espérant l’y trouver. « Et si elle n’était pas là-bas ? » Anna secoua la tête pour chasser la pensée. Non, Elsa serait là-bas. Les esprits ne l’avaient pas encouragé à y aller par hasard. Elle était pressée de pouvoir s’en assurer et de comprendre enfin ce qu’Honeymaren avait refusé de lui dire. Qu’est ce qu’il pouvait y avoir de si terrible dans ces carnets ? Anna n’avait même pas encore ouvert le 3ème que Maren lui avait remis, une fois qu’elle serait avec sa sœur, elle prendrait le temps. 

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