Un Vide de Vérité

Chapitre 15 : Discussion Nocturne

1535 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/10/2020 18:46

La nuit était maintenant tombée, bon nombre de Norhtuldras avaient fini de manger et discutaient maintenant par petits groupes épars. Certains, épuisés par la situation, étaient déjà parti dormir. Anna et Elsa sortirent de la hutte dans l’humidité de fin de journée. L’odeur âcre de la fumée était toujours un peu présente, mais elle était chassée par l’air marin en provenance de la mer. Un petit feu de camp se trouvait près de la hutte, Honeymaren était installée devant, en conversation animée avec Yéléna. Impossible d’entendre ce qu’elles se disaient, mais à l’évidence, elles n’étaient pas d’accord. Elsa brossa ses vêtements d’un geste de la main. Elle ne se sentait pas très à l’aise et pourtant la tenue lui allait parfaitement. Une simple tunique et un pantalon de tissu beige, le tout était ajusté à la taille avec une large ceinture. Ce n’était ni plus ni moins que la tenue classique des Northuldra. Anna posa sa main sur l’épaule de sa sœur.


« Ce n’est que pour cette nuit. Je parie que demain, tu seras assez en forme pour modifier tout ça.

-Oui, tu as raison. Ca te va bien.

-Je n’ai pas l’habitude des pantalons mais je trouve ça… tellement confortable ! Nous devrions en porter plus souvent ! »


Elsa rit doucement, elle prit la main de sa sœur et elles rejoignirent ensembles les deux femmes qui attendaient près du feu. Elles arrivèrent juste à temps pour entendre les derniers mots prononcés par Yéléna.


« Nous ne devons pas leur dire, pas maintenant… »


Elle se tût dès qu’elle les remarqua et leur sourit poliment. Elsa s’installa dans le calme, la conversation précédente ne la regardait pas, mais c’était sans compter sur la spontanéité d’Anna.


« Pas dire quoi ? »


Il y eut un échange de regards gênés et un silence pesant que Yéléna brisa la première.


« Des affaires de la tribu que nous devons régler mais qui attendrons que tout soit rentré dans l’ordre. L’incendie a quelque peu bouleversé les choses.

-Oh. D’accord. »


La réponse sembla satisfaire Anna, mais pas son estomac qui gargouilla de nouveau.


« Oh ! Désolée ! Désolée ! 

-Il ne faut pas. »


Maren rit franchement et lui tendit une assiette avec de la viande rôtie et des légumes. Elsa se servit elle-même du bouillon. Elle sourit lorsqu’un faon vint s’installer tout contre elle, son museau sur ses genoux repliés.


« Bonjour toi. »


Elle lui gratouilla la tête affectueusement. Anna mangeait avec appétit et elle dû faire un effort visible pour terminer de mâcher avant de prendre la parole.


« Vous savez où est Kristoff ?

-Il est ici ?

-Oui, nous sommes venus ensembles depuis Arendelle mais nos chemins se sont séparés en arrivant. Il est parti combattre l’incendie et moi je continuais de te chercher. »


Maren hocha la tête.


« Lui et Ryder sont repartis en direction d’Arendelle. Kristoff nous a dit qu’il ramenait Olaf parce que ce n’était pas un endroit sûr pour un bonhomme de neige, même en permafrost. »


Elsa approuva d’un signe de tête tandis que son amie poursuivait.


« Ils ont prévu de revenir avec un peu de matériel pour nous aider à reconstruire ce que nous avons perdu.

-Beaucoup de choses ont été détruites ?

-Nous sommes tous en vie et en bonne santé. C’est ce qui compte. »


Honeymaren resta silencieuse quelques instants, elle cherchait ses mots.


« Elsa, je suis désolée si je t’ai blessée lorsque j’ai parlé des carnets.

-Non Maren, c’est moi qui suis désolée, je n’aurai pas dû réagir comme ça. Toi au contraire, tu nous as beaucoup aidées, Anna et moi. 

-C’est vrai. »


Mais après l’énorme bouchée de légumes qu’Anna venait de glisser dans sa bouche, elle n’allait pas reprendre la conversation de si tôt. Elsa reposa son bol vide sur le sol, elle sourit à Yéléna.


« Accepteriez-vous de marcher quelques instants avec moi ?

-Bien sûr. »


Les deux femmes se levèrent à l’unissons, de son côté, Anna était ravie de se voir resservir des légumes. Elles s’éloignèrent en direction de la mer. Les étoiles scintillaient dans le ciel, éclairant l’océan d’une myriade de reflets. Le léger clapotis des vagues était bien loin de la fureur de la houle il y avait moins d’une heure. Elsa se frotta légèrement les bras pour se réchauffer, le froid qu’elle ressentait n’avait pourtant rien à voir avec l’air frais, il venait de l’intérieur. Elle avança sur la grève et huma l’air marin.


« L’incendie a causé beaucoup de dégâts, n’est-ce pas ? »


Elle attaqua sans préambule, droit au but. Yéléna s’appuya sur son bâton.


« Vous êtes moins naïve que votre sœur.

-Ma sœur n’est pas naïve, elle est juste plus jeune.

-Exact. »


La cheffe de clan soupira.


« L’incendie a presque entièrement ravagé la forêt. Nous avons encore assez de nourriture pour tenir quelques jours mais après ça… J’ignore où nous allons pouvoir trouver des légumes, des herbes et du gibier. Mais nous pouvons au moins pêcher. »


A l’idée de la forêt détruite, Elsa eut un frisson d’effrois.


« C’est ce que Kristoff est allé chercher ? De la nourriture ?

-Oui et je dois avouer que je ne suis pas ravie de dépendre de la bonté d’Arendelle.

-C’est que vous ne connaissez pas suffisamment ces habitants.

-Effectivement. »


Yéléna soupira légèrement. Elle se laissa bercer un instant par le bruit des vagues, laissant à Elsa le soin de reprendre la conversation.


« C’est ce que vous ne vouliez pas nous dire ?

-Oui. Je pensais que vous aviez besoin de repos avant tout. Vous apprendre tout ça maintenant n’aurait réussi qu’à vous priver d’une nuit de sommeil. Et vous et votre sœur auriez été capables de partir déplacer des montagnes dans la seconde.

-C’est comme ça que vous nous voyez ?

-C’est comme ça que vous êtes. A l’instant même où vous avez compris que votre mère était Northuldra, vous nous avez fait la promesse de libérer la forêt. Mais vous avez aussi promis de restaurer Arendelle. Quant à votre sœur, alors qu’elle pleurait votre mort, à tort heureusement, elle a réussi à provoquer les Géants de pierre et à détruire le barrage, nous libérant tous de la malédiction. Lorsque vous êtes déterminées, rien ni personne ne peut vous arrêter. Un mensonge par omission me semblait raisonnable pour vous permettre de dormir et de manger. Et de toute façon, vous auriez tout découvert à la lumière du jour. »


Elsa hocha légèrement la tête, elle avait toujours froid.


« Demain nous prendrons la route pour le territoire des Skamjorder. J’ai lu votre mise en garde mais… Avez-vous d’autres conseils à me donner ?

-J’ai bien peur que non, j’étais trop jeune lorsque nous les avons bannis pour avoir des souvenirs plus précis. Vous pensez vraiment que les réponses que vous cherchez se trouvent là-bas ?

-Ma mère semblait le croire oui. Et ma soeur le pense aussi. »


Ce qui, à ses yeux, était deux arguments absolument imparables.


« Très bien. Nous vous fournirons des chevaux.

-Quoi ? Non, Yéléna, je ne peux pas accepter, pas après ce que vous venez de me dire.

-Mon enfant, je n’ai pas besoin d’être un troll plein d’herbes et de champignons pour voir qu’il se passe des choses anormales. Si votre quête peut nous sauver, alors vous aurez besoin de chevaux. »


La description de Pabbie arracha un sourire à Elsa.


« Très bien. Je vais parler à Anna.

-Vous êtes sûre ?

-Oh oui ! Les mensonges, même avec bienveillance, ont causé beaucoup de torts à notre famille. C’est une tradition que nous devons arrêter. »


Yéléna le prit aussi pour elle-même, probablement à juste titre. Elle hocha la tête.


« C’est entendu. »


D’une façon ou d’une autre, Elsa réussit à convaincre sa sœur de rester tranquille. Elles passèrent la nuit, endormie l’une contre l’autre, dans la hutte qu’elles partagèrent avec Honeymaren. 

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