Un Vide de Vérité

Chapitre 25 : La Bataille d'Arendelle

4490 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/12/2020 11:53

A l’exception de Derlock, le pont était débarrassé de tous ces occupants. Les préparatifs pour le rituel étaient terminés et il avait pris sa décision. Sur le sol était dessiné un hexagramme et à chaque pointe se trouvait un symbole magique et un ingrédient. L’homme était très calme, il nettoya son monocle machinalement et savoura la lumière du jour mourante sur l’horizon. La lune brillait déjà, en compagnie de l’étoile du nord. Cela faisait des années qu’il cherchait les anciens esprits en traversant les mers les plus dangereuses, il pouvait patienter encore quelques minutes que la nuit tombe. Il fit le tour du bateau, son regard scrutant l’océan et les côtes, personne n’était en vue, pas même la plus petite barque et par chance, les eaux étaient particulièrement calme. Derlock sourit. D’un claquement de doigt il fit s’embraser les bougies qu’il avait réparties en cercle pour le rituel. Il se dirigea vers l’échelle qui menait sous le pont et parla d’une voix forte.


« Laceli !

-Hmm ?

-Amène-moi Elsa.

-Tu peux demander à R ?

-Laceli !

-Très bien, très bien, inutile de t’énerver. »


Mais Derlock fulminait déjà, aucun de ces deux apprenties n’étaient à la hauteur de son projet. Ils étaient incapables de réellement comprendre ce qu’il faisait. Et du peu qu’il avait vu, Elsa et Anna seraient tout aussi décevantes. Qu’importe, la question de l’héritage se poserai une fois qu’il aurait terminé les deux rituels à venir. Mais chaque chose en son temps. Il s’humecta les lèvres et patienta.


Laceli fulminait tout autant tandis qu’elle descendait dans la cale. Anna était réveillée cette fois-ci, mais d’un coup d’œil, l’esprit pouvait dire que la migraine carabinée qu’elle ressentait devait sérieusement diminuer ses capacités. Le silence était glacial, et c’était peu dire, même avec les menottes qui entravaient ses pouvoirs, Elsa réussissait quand même à en distiller un peu. Laceli esquissa un sourire.


« Debout Chaton, Derlock veut te voir. »


Anna posa sa main sur le bras de sa sœur pour l’empêcher de se lever. La blonde se dégagea doucement.


« Tout ira bien, ne t’inquiète pas. »


Comme si cette simple phrase de réconfort suffisait à faire oublier la situation dans laquelle elles se trouvaient. Il y avait toutes les raisons du monde de s’inquiéter. Elsa fit face à Laceli, la colère était bien visible au fond de son regard, la brune lui indiqua l’échelle d’un geste de la main.


« Evite de tomber, je ferai pas d’effort pour te rattraper. »


Anna se leva brusquement pour se jeter sur Laceli. L’attaque était aussi prévisible qu’inutile, particulièrement dans son état. Laceli l’attrapa par l’épaule et la renvoya dos contre la cloison. Assez fort pour la calmer, mais pas assez pour lui causer plus de douleur que nécessaire.


« Ne m’oblige pas à te faire du mal Coquelicot, t’es pas en état. »


Anna gémit de souffrance, la tête lui tournait déjà, elle se laissa glisser contre la paroi. Elsa s’interposa, elle était parfaitement calme mais la colère qui émanait d’elle faisait presque vibrer l’air. Lorsqu’elle parla, sa voix roula comme le tonnerre.


« Ne la touchez pas. »


Laceli souffla, sa respiration créa un nuage de vapeur.


« On ne va pas rejouer cette scène, Chaton, celle où je t’explique que tu n’es pas en position de discuter. Alors grimpe. »


Elles restèrent à se fixer, en silence, pendant une minute qui sembla durer une heure. Elsa finit par obtempérer, de mauvaise grâce bien sûr, mais elle n’avait pas le choix. L’air extérieur lui fit le plus grand bien, pas assez pour dénouer le nœud qu’elle avait à l’estomac. Elle jeta un regard circulaire aux préparatifs et son angoisse monta d’un grand encore. Elle sentit la chaleur puissante de la main de Laceli dans son dos et frissonna.


« C’est douloureux ?

-Oui.

-Au moins vous ne mentez pas. »


Derlock les observa depuis l’autre bout du pont.


« Bonsoir Elsa. »


Il attendit un instant dans l’espoir d’avoir une réponse, il n’aimait pas l’impolitesse.


« Hm. Avancez au centre, nous allons commencer.

-Puis-je demander ce que vous allez faire ?

-Non, vous ne pouvez pas. Avancez. »


Il n’y avait que les personnes polies qui avaient le droit de poser des questions. Il adressa un signe de tête à Laceli qui poussa davantage Elsa. Elle cria lorsqu’une mouette se jeta littéralement sur elle. Elle sentit la morsure du bec acéré sur sa joue, à plusieurs endroits. L’animal avait l’air de chercher à lui crever les yeux. Derlock rugit de colère. La blonde voulu profiter de la pagaille échapper à la surveillance de ses geôliers, mais l’homme déclencha une rafale de vent qui l’envoya voler rudement contre le bois. La mouette changea de cible pour charger Derlock. L’homme avait beau être puissant, il moulinait ridiculement des bras contre un animal bien plus agile. Elsa se releva, elle n’aurait pas d’autre chance, Metiger était en train de lui offrir une diversion. Elle s’élança dans la course de sa vie pour sauter par-dessus la rambarde et plonger dans l’eau.


« NON ! »


C’était Laceli qui se jetait juste derrière elle, elle sentit sa main sur sa cheville mais c’était trop tard, la gravité fit le reste pour elle. Elle percuta l’eau glaciale et s’enfonça profondément. Il y avait plusieurs choses qu’aucune des deux femmes n’avaient prévu. Elsa n’avait pas ses pouvoirs pour l’aider, et nager avec les mains entravées ne seraient pas facile. Quant à Laceli, l’eau n’était pas son élément, et particulièrement la mer glaciale d’un fjord. Elle sentit que ses muscles s’engourdissaient déjà. L’adrénaline fit accélérer son rythme cardiaque, en quelques brasses, elle rejoignit Elsa qui se débattait du mieux qu’elle pouvait. Elle posa ses mains sur les chaines de sa prisonnière et y concentra ses pouvoirs. Leurs regards se croisèrent sous l’eau, au milieu de la panique et tout le reste, et pourtant, elles se comprirent d’une façon ou d’une autre. Elles ne survivraient pas l’une sans l’autre. Laceli secoua la tête pour essayer de chasser l’engourdissement qu’elle ressentait. Elles nagèrent en direction de la surface et émergèrent pour reprendre un peu d’air. Sur le bateau, Derlock hurlait, une cloche résonnait avec force et déjà les marins scrutaient la surface à leur recherche. La brune claquait si fort des dents qu’elle ne parvenait même pas à parler.


« Il faut replonger. »


Pour l’esprit du feu, l’eau glaciale était comme son propre enfer personnel, et pourtant, elle acquiesça d’un signe de tête et prit sa respiration. Le métal des chaines se mit à rougir sous l’effet de la chaleur. Elsa sentit ses pouvoirs affluer, la glace brisa le métal d’un coup. Elle attrapa le bras de Laceli et la traina à l’écart du bateau, nageant sous l’eau aussi loin qu’elle le pouvait. Elle pouvait sentir physiquement la baisse de température du corps de la brune. Lorsqu’elles refirent surface la seconde fois, elles s’étaient considérablement éloignées du bateau. Elsa n’avait pas beaucoup de temps pour prendre les décisions, Laceli avait l’air de lutter contre l’évanouissement.


« Je dois sauver ma sœur.

-J… J.. Je comp…p…p… »


L’effort était trop grand, son corps refusait d’obéir correctement. La brune ferma les yeux, elle avait terriblement envie de dormir. Dormir ce serait mieux que le froid terrible qui lui engourdissait tout le corps. Elsa n’avait aucune raison de lui sauver la vie, aucune, vraiment. A part sans doute son propre sens moral. Elle invoqua Nokk et s’installa, la brune dans ses bras. Le cheval ne perdit pas une seconde pour s’élancer à toute vitesse. Le calvaire était interminable pour Laceli, a ses vêtements trempés par l’eau gelée, se rajoutait maintenant le vent de leur course effrénée. Elle gémit malgré elle et se fit secouer par la blonde quand elle ferma les yeux.


« Ne dormez pas. »


Une mouette vint voler à leurs côtés. Elsa lui jeta un regard rapide avant de se concentrer de nouveau sur la côte.


« Metiger, elle aura besoin d’un feu et de couvertures. Il faudra neutraliser ses pouvoirs aussi. Je dois retourner chercher Anna. »


Elle jeta un œil à sa passagère, sa peau d’ordinaire d’un teint halée était d’une blancheur inquiétante, ses lèvres étaient bleues.


« Si ma sœur meurt parce que je vous ai sauvé la vie... 

-I… T… T… uera… p…pp…pas… »


Laceli n’avait aucune idée qu’une eau glaciale pouvait l’abattre aussi vite. C’était bien de le savoir. Mais peut être qu’elle s’en fichait éperdument parce qu’elle venait de voir Elsa en pleine discussion avec une mouette. Du coup, comme ça n’avait aucun sens, ça voulait sans doute dire qu’elle était en train de mourir. Ou peut-être même déjà morte. La blonde allait lui en vouloir si elle avait fait tout ça pour rien.


Nokk sauta sur la grève. Metiger l’avait devancé et l’attendait de pieds ferme, il était déjà en train de faire un feu. Elsa débarqua sa passagère.


« Ne la laissez pas reprendre ses pouvoirs.

-Elsa, il ne faut pas y retourner.

-Je dois sauver ma sœur. »


Le sorcier lui prit le bras avec douceur.


« Derlock vous attend, il est prêt. Je sais que vous êtes puissante, mais lui aussi. Et maintenant, nous avons de quoi négocier.

-Je ne peux pas laisser Anna là-bas. Il va la tuer.

-Non. Il a besoin d’elle. Faites-moi confiance. Jamais il ne prendra le risque de tuer l’un des esprits anciens.

-Mais… »


Son regard se porta à l’horizon, sur le bateau qui n’avait pas bougé, Nokk s’agitait. Elle avait toujours cherché à protéger sa cadette, l’idée de la savoir seule et sans défense lui était insupportable. Metiger se délesta de sa peau de bête et en recouvrit Laceli.


« Derlock a besoin des 4 esprits, vous, Anna et notre invitée y compris. Je sais que c’est difficile, mais faites-moi confiance.

-Je vous fais confiance Metiger. »


L’homme avait plus que gagné ce droit.


« Elle va s’en sortir ?

-Pas si nous dormons à la belle étoile. Elle a besoin d’un endroit chaud, à l’abri du vent et de vêtements secs. J’ai aussi besoin d’ingrédients pour neutraliser ses pouvoirs.

-Vous pourrez la transporter ?

-Bien sûr.

-Alors retrouvons-nous au château, laissez-moi quelques minutes. » 


Il n’eut pas le temps de poser de questions supplémentaires, Elsa filait déjà en direction d’Arendelle. Elle n’était pas souvent en colère, et elle ne laissait pas souvent libre cours à ses émotions particulièrement lorsqu’elles étaient négatives, l’effet sur sa magie était dévastateur. Mais là… Elle se sentait prête à exploser, où qu’ils soient, les soldats de Derlock avaient intérêt à s’écarter de son chemin. Elle dirigea Nokk vers le port et gela la mer sur son passage, l’arrivée par l’océan ne serait pas possible. Elle remonta ensuite sur la place, balayant les soldats dans une tempête gelée, dans son sillage, une armée de troll de neige s’éleva et se jeta dans la mêlée. Elsa remonta au triple galop en direction du château, les militaires finissaient ligotés et désarmés avant même d’avoir compris ce qui était en train de se passer. Elle sauta de Nokk en arrivant dans la cour et gela le sol, les hommes de Derlock patinèrent tant bien que mal, incapable de se relever et de s’organiser. Elsa déverrouilla les cages dans lesquelles les soldats d’Arendelle étaient enfermés. Le plus haut gradé pris les commandes d’emblés et organisa les troupes. Ils se saisirent des armes. Elsa donna de la voix.


« Installez les habitants à l’intérieur du château et mettez les hommes de Derlock aux arrêts. Il faut sécuriser l’endroit. »


Elle grimpa sur Nokk et repartit en direction de la place, les soldats d’Arendelle ne seraient pas assez nombreux pour faire le tour du royaume, elle allait s’en charger elle-même et les traquer jusqu’au dernier.


Lorsqu’elle regagna l’enceinte du château, 1h plus tard, elle n’était pas beaucoup plus calme, mais elle avait au moins la satisfaction d’avoir pu reprendre Arendelle. Les soldats avaient suivi ses consignes et les quelques habitants qui avaient été fait prisonniers étaient maintenant installés aussi confortablement que possible. A sa grande surprise, c’est Mattias qui se présenta à elle.


« Votre Majesté. »


Il s’inclina.


« Mattias ? Mais que faites-vous aussi, vous deviez rester pour protéger les habitants dans la forêt.

-Mes troupes savent ce qu’elles ont à faire, je ne pouvais pas rester sans rien faire après avoir assisté a…

-Notre défaite ? »


Elsa soupira.


« Où est Metiger ?

-Dans votre chambre si j’ai bien compris. Dois-je dire aux habitants qu’ils peuvent réintégrer leurs maisons ?

-Non. C’est trop dangereux, Derlock va sûrement nous attaquer. Ceux qui sont ici restent dans le château, les autres dans la forêt, le plus loin possible. Pouvez-vous faire en sorte qu’Honeymaren nous rejoigne ici ? Je vais avoir besoin d’elle.

-Bien sûr. Quoi d’autre ?

-Assurez-vous de la sécurité des habitants et que tous les hommes de Derlock soient bien emprisonnés, désarmés et maitrisés.

-Naturellement. »


Le militaire salua et partit s’acquitter de son devoir. Kai vint à sa rencontre :


« Ne vous inquiétez pas Majesté, je m’occupe de l’installation des habitants, tout sera en ordre. »


Et elle n’en doutait pas, il s’était toujours montré d’une efficacité redoutable.


« Elsa ! »


Kristoff courut vers elle et la serra dans ses bras. La blonde se figea, l’adrénaline de la bataille fut balayée par une vague de tristesse.


« Je suis si content, Mattias m’a tout raconté, j’ai eu tellement peur, mais je savais que ce Derlock n’était pas de taille contre Anna et toi.

-Kristoff… »


Elle déglutit.


« Elsa ? Qu’est-ce que… Qu’est-ce qui s’est passé ? Où est Anna ?

-Elle est toujours prisonnière de Derlock. Je… J’ai réussi à m’échapper mais… Pas… Je n’ai pas réussi à l’emmener avec moi. Je… »


La blonde ferma les yeux et baissa la tête. Kristoff la serra dans ses bras avec force. Bien loin de lui reprocher quoi que ce soit, il assumait simplement le fait qu’elle devait d’être aussi triste que lui, qu’elle avait le droit d’être triste.


« Nous trouverons une solution pour la sortir de là Elsa, je sais que nous le pouvons. »


Sa confiance inébranlable avait quelque chose de très rassurant et pendant un instant, elle se laissa aller dans l’étreinte, elle chassa quelques larmes du bout des doigts.


« Je te promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour la ramener.

-Tu n’es pas seule, Elsa.

-C’est vrai. »


Elle s’écarta, Kristoff frotta ses yeux rougis. Elsa lui prit la main.


« Viens, allons voir Metiger. Je crois qu’il a de nombreuses réponses. »


Ils grimpèrent ensemble à l’étage, au milieu des habitants qui s’installaient dans leurs nouveaux quartiers. Ils étaient partagés entre la joie d’être enfin libre et l’inquiétude de ne pas pouvoir encore regagner leur propre domicile. Malgré tout, il régnait une certaine effervescence jubilatoire, une bataille venait d’être remportée et Arendelle était débarrassée des ennemis, au moins pour cette nuit. Les enfants courraient dans les couloirs avec insouciance. Elsa réalisait qu’ils avaient raison. La situation s’était nettement améliorée et c’était précisément ce que Metiger avait voulu lui dire tout à l’heure, sur la grève. Anna était toujours prisonnière, et cette idée lui brisait le cœur mais, ils avaient aussi une détenue maintenant, le Chaton avait de quoi négocier. Elle frappa à la porte de sa propre chambre et entra.


Metiger s’était installé au plus proche de la cheminée dans laquelle brûlait un feu puissant, il avait créé un cocon de couverture au milieu duquel se trouvait Laceli. Il releva la tête en voyant entrer Elsa et Kristoff.


« Elle a repris des couleurs et ses pouvoirs sont neutralisés.

-Bien. »


L’ancienne reine s’approcha pour constater ce qu’on venait de lui dire. Effectivement, même si la brune avait toujours l’air de souffrir, sa peau n’avait plus cette teinte maladive inquiétante et ses lèvres avaient retrouvé un peu de couleur. Les plaies au visage que Metiger avait causé en tant que mouette étaient couvertes d’onguent. Kristoff fronça les sourcils.


« Qui est-ce ?

-Laceli, elle se bat aux côtés de Derlock.

-Quoi ? Mais pourquoi est-elle ici et pas au cachot avec les autres ?

-Parce qu’elle avait besoin de soin. »


Elsa observa la forme immobile sous les couvertures puis reporta son regard sur Kristoff.


« Parce qu’elle va nous servir de monnaie d’échange pour récupérer Anna. Alors j’ai besoin d’elle en bonne santé. Et aussi parce qu’elle m’a sauvée la vie aussi, même si elle avait besoin de moi pour sauver la sienne. Elle a brisé mes chaines. Je ne comprends pas pourquoi elle ne m’a pas simplement ramené à la surface pour me faire remonter dans le bateau.

-Peut-être parce qu’elle n’aide pas Derlock de son plein gré. »


Et juste comme ça, Metiger venait d’avoir l’attention de tout le monde.


Il entreprit d’abord de faire un résumé à Kristoff jusqu’à son arrivée en mouette sur le bateau, puis il déroula le reste de son récit qu’Elsa ignorait.


« Dès que Derlock a quitté sa cabine, je suis rentré et j’ai commencé à fouiller. Il est très organisé alors ça m’a beaucoup simplifié mes recherches. Voilà ce que j’ai compris, il se sert d’une marque pour canaliser les pouvoirs. Lui-même ne maitrise pas les arcanes du feu et de l’air, il le fait au travers des anciens esprits.

-Ca explique mon combat contre cette tornade de feu. »


Elsa fronça les sourcils.


« Donc vous pensez que Laceli et Lenjo ont chacun cette marque ?

-C’était Derlock qui générait cette tornade de feu ?

-Oui.

-Alors la réponse est oui. »


Kristoff faisait les cents pas dans la chambre.


« Donc c’est ce qu’il va faire à Anna ?

-C’est ce que je pense oui. Ce qu’il veut c’est réunir les 4 pouvoirs. »


L’ancienne reine secoua la tête.


« C’est ce que Derlock avait prévu pour moi lorsque j’ai réussi à m’échapper. »


Face au regard interrogateur de Kristoff, elle poursuivit.


« Il y avait toute cette installation sur le pont du bateau, une marque au sol, des plantes, des bougies. Je me souviens avoir demandé à Laceli si ça allait être douloureux.

-Et ?

-Elle a dit oui. Mais c’était peut-être simplement pour me faire peur. »


Le fiancé se laissa tomber sur une chaise, abasourdie.


« Donc… Il va poser cette marque sur Anna, c’est peut-être même déjà fait.

-Ce n’est pas de la petite magie, le rituel prend des jours avant d’être accomplie. Mais je n’ai pas tous les détails, j’ai dû faire vite.

-D’accord, comment est-ce qu’on s’en débarrasse ? »


Kristoff n’avait pas demandé s’il était possible de le faire, non, il était clair dans son esprit qu’il n’était pas question que cette marque persiste sur Anna. Metiger se tourna vers Elsa.


« Avez-vous toujours le morceau de papier que je vous ai donné ?

-Oh ! Oui. »


Elle le récupéra à l’intérieur de ses vêtements et le déplia avec soin, il n’était plus en très bon état après toutes les péripéties de la nuit, mais il restait lisible.


« Vous connaissez cette langue ?

-C’est la langue des esprits. Toutes les tribus du royaume ont un langage qui en provient, l’Aldrien du Nord par exemple.

-Je l’ignorais. »


Kristoff ne voyait pas en quoi tout ça répondait à sa question.


« Et donc ?

-Sur cette page il y a le rituel pour enlever la marque. Je n’avais pas le temps de l’apprendre par cœur alors j’ai dû trouver une autre solution pour m’en emparer.

-Donc c’est faisable.

-Oui.

-Et il y a des conséquences ? C’est douloureux ?

-Je ne sais pas si c’est douloureux, mais c’est beaucoup plus rapide d’enlever la marque, que de l’appliquer. Ligoter quelqu’un prend toujours plus de temps que de couper ses liens.

-D’accord, de quoi avez-vous besoin ?

-De l’étudier, pour commencer. »


Kristoff se releva de sa chaise.


« Donc si je comprends bien, Derlock a déjà les pouvoirs de l’air et du feu, bientôt il aura également le pouvoir de la terre. Il sera encore plus puissant et impossible à arrêter. »


Son regard s’arrêta sur Laceli, une conclusion à laquelle les deux autres étaient déjà parvenus.


« Il faut le priver du feu. »


Elsa posa sa main sur l’épaule de son beau-frère, ou presque beau-frère. Kristoff la fixa du regard.


« Metiger et toi, vous vous occupez de mettre une raclée à ce Derlock et vous ramenez Anna. Moi, je me charge de veiller sur le peuple.

-Pardon ? »


L’ancienne reine était si surprise qu’elle n’avait pas pu s’empêcher de le manifester, elle s’était attendue à ce que Kristoff veuille foncer dans la bataille, coûte que coûte, à devoir le convaincre de rester à l’arrière et voilà qu’il le faisait de lui-même.


« C’est une bataille de magie des esprits. C’est évident que je ne vais servir à rien et je vais vous gêner. J’ai confiance en toi, je sais que tu feras tout ce que tu peux. »


Son regard se posa sur Metiger.


« Et en vous aussi, parce qu’Elsa vous fait confiance. »


Kristoff soupira.


« La meilleure façon de me rendre utile en attendant que tout ça soit terminé, c’est de veiller sur le peuple. Les habitants ont besoin de couverture, de vêtements, de nourriture. Je peux faire transporter tout ça depuis Arendelle et améliorer leurs conforts en attendant qu’ils puissent regagner leurs maisons. Et je dois les informer de ce qui se passe. »


Elsa hocha la tête, se remémorant la conversation qu’elle avait eu avec sa sœur, il n’y avait pas que la négociation des épices dans la souveraineté, il y avait surtout le fait de veiller et de protéger le peuple et pour ça, Kristoff n’avait pas besoin qu’on lui dise quoi faire.


« Merci.

-Ne me remercie pas, ramène Anna. »


Il la serra dans ses bras puis quitta la chambre sans un mot supplémentaire. Metiger esquissa un sourire.


« Hé bien, c’était quelque chose.

-Oui.

-Elsa, vous savez qu’il y a une chance pour que Laceli et…

-Lenjo.

-Voilà, il y a une chance pour qu’ils aient rejoint volontairement Derlock.

-Oui, mais je ne sais pas si c’est le cas. »


L’esprit de l’air ne s’était pas manifesté elle n’avait donc aucune idée de ce qu’il pourrait faire. Quant à Laceli, elle s’était montrée si pleine de contradiction qu’Elsa n’était pas plus avancée. Metiger hocha la tête.


« Vous devriez vous reposer. Je vais rester éveiller pour étudier le rite qui permettra d’enlever la marque, si notre amie sort de son sommeil, je vous réveillerai aussi.

-Hmm…

-Vous avez libéré Arendelle, les habitants sont en sécurités, il n’y a rien d’autre à faire pour le moment, prenez un peu de repos. »


Mais il manquait Anna pour la convaincre d’être raisonnable. Elle allait répondre lorsqu’on frappa à la porte, une voix étouffée lui parvint.


« Votre Majesté ? C’est Mattias.

-Entrez. »


Pour le capitaine, il y avait une gêne évidente à rentrer dans la chambre de la reine, ou de l’ancienne reine, il ne faisait pas de différence.


« Hum. »


Il avait l’air de ne pas savoir où poser son regard.


« Oui Mattias ?

-Un des prisonniers demande à vous parler, il dit être le frère d’un certain Lenjo et qu’il détient des informations importantes.

-Très bien, conduisez-moi jusqu’à lui.

-Oui, votre Majesté. »


Elsa avait très envie de lui demander de se détendre, mais elle était convaincue que ce serait pire. Elle fit un signe de tête à Metiger et sortit dans le couloir pour y suivre le capitaine des armées.

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