Un Vide de Vérité

Chapitre 35 : Pensées

810 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/01/2021 17:30

Le calme qui régnait sur Arendelle rendait l’atmosphère encore plus fébrile qu’elle ne l’était déjà. Après une nuit courte et le plus souvent sans sommeil, la ville s’était préparée. Pas de fortification ni de rempart inutile face aux pouvoirs des anciens esprits, non, plutôt l’impression d’avoir fait place nette. Tout ce qui pouvait être déplacée se trouvait à l’abri, les volets clos et les soldats à leurs postes, maintenant, chacun attendait l’arrivée de Derlock.


Le silence pesait sur Arendelle comme une chape de plomb, il était étouffant, presque vivant en réalité tant il semblait absorber tous les sons. Même les oiseaux s’étaient tus. Elsa se remit à faire les 100 pas. Dire qu’elle était nerveuse était bien en dessous de la réalité. Elle se remémorait chaque phase du plan qui avait été mis en place, révisait par la pensée tout ce qu’elle connaissait de Derlock et comment il lui faudrait répondre à chaque attaque.


« Tu es sûre qu’Anna ne pourra pas lui résister s’il la manipule pour la forcer à utiliser ses pouvoirs contre nous ? »


Une brise marine chassa d’un air iodé l’odeur des pins. Laceli retint un soupire lorsqu’elle releva son regard rubis sur la blonde qui lui faisait face. Elle faisait de son mieux pour rester patiente, comprenant parfaitement l’état d’esprit de son interlocutrice, mais l’agacement commençait à prendre le pas sur la compréhension.


« J’en étais déjà certaine les 52 fois précédentes, Elsa.

-S’il fait quoique ce soit à ma sœur…

-C’est précisément ce qu’il va chercher. La priorité c’est de le vaincre, si nous perdons cet objectif de vue, nous n’avons aucune chance. »


La blonde se détourna, son regard se porta de nouveau sur l’horizon. L’angoisse lui étreignait le cœur, elle serra les bras contre sa poitrine.


« J’ai peur, Lace. »


Et si l’ancienne esclave aurait voulu trouver les bons mots, les bons gestes pour rassurer son amie, rien ne lui venait. Laceli luttait déjà contre sa propre angoisse et elle ne parvenait que difficilement à garder son calme. Elsa se tourna de nouveau vers elle, son silence n’était pas passé inaperçu.


« Tu as fait des cauchemars cette nuit.

-J’en fait toutes les nuits. »


Elles s’observèrent de part et d’autre quelques minutes avant qu’un garde ne viennent troubler l’apparente sérénité.


« Majesté, les navires sont en mouvement vers nos côtes.

-Très bien soldat, merci. Vous savez quoi faire. »


Le soldat acquiesça avant de disparaitre dans un bruit de course effréné. Laceli se releva dans un froissement de tissu. Elle avait adaptée sa tenue à la situation, un pantalon et un haut en dégradé de rouge sombre flirtant avec le noir. La main gauche était protégée par un gant lacé sur le côté jusqu’au milieu de l’avants bras. La tunique qu’elle portait se prolongeait dans le dos avec une cape. Les bords de tissu étaient ornés de flammes discrètes mais menaçantes. Ses longs cheveux bruns tombaient librement sur ses épaules. Sans même réfléchir à ce qu’elle faisait, elle prit la main d’Elsa dans la sienne.


« J’ai été formée, élevée et entrainée à me battre et à combattre. Derlock a fait de moi une arme. J’irai jusqu’au bout pour me libérer de son emprise. Sers-toi de moi, Elsa. Sers-toi de ce que je suis, de ce que je suis capable de faire. Demande-moi ce que ton cœur refuse d’accepter, il n’y aura pas de place pour l’hésitation dans cette bataille, Elsa, la clémence mènera forcément aux regrets, crois-moi, je le sais. »


Leurs regards s’accrochèrent de nouveau, lorsque Laceli rompit le contact pour sortir de la pièce, le cinquième esprit reprit la parole.


« Jamais je ne ferai ça. »


La brune esquissa un sourire indéchiffrable.


« J’ai peur aussi, tout le temps. Tant que qu’il sera en vie, je pense que je ne cesserai jamais d’avoir peur. »


Elle ganta sa main droite et quitta la pièce, laissant Elsa seule avec ses craintes et ses interrogations. L’ancienne reine caressa la natte qui lui retombait sur l’épaule du bout des doigts. Ses sourcils se froncèrent et elle releva le menton avec détermination. Le règne de Derlock toucherait à sa fin aujourd’hui et Anna dormirait dans son lit ce soir, elle allait s’en assurer.


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