Ada & Newt

Chapitre 5 : Saison 1 Episode 5 - Medjack

2429 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/06/2022 03:20

Le deuxième jour, Alby m’a confié aux bons soins de Winston. Le garçon à la peau mate et au nez droit à l’air sévère au premier abord, mais c’est un chic type. J’ai passé la journée dans le pâturage avec les animaux. Je n’étais pas trop à l’aise mais il est resté avec moi et m’a montré tout ce qu’il faut savoir. En fin de journée, il m’a finalement emmené à l’Abattoir, le lieu empesté la mort, comme m’avait prévenu Newt. Alors le maton des trancheurs a fait son boulot. Il a abattu un veau devant mes yeux. Je ne pense pas être quelqu’un de… fragile. Mais je n’ai pas supporter cette vision. Je suis sortie en courant du bâtiment pour vomir.

-         Je t’avais prévenu de pas t’approcher de cet endroit.

Je lève les yeux pour fusiller Newt du regard. Il est adossé à la bâtisse et me regarde avec un sourire amusé.

-         T’as conscience que j’ai pas choisi de venir ici ?

Il hausse les épaules et se redresse pour partir.

-         Pourquoi il est toujours dans les parages lui ? je râle m’accoudant au bâtiment.

J’attends que Winston me rejoigne dehors.

-         Ça va ?

Je regarde le garçon qui essuie ses mains en me regardant avec un sourire compatissant. Je secoue la tête. J’ai vraiment pas envie de faire ce boulot.

-         Bon, si jamais tu te retrouves avec nous, tu t’occuperas de l’élevage hein.

-         Ouais, ça m’arrangerait, je lui souris avec reconnaissance.

-         Aller, c’est bon, je te libère.

-         Merci.

Je m’éloigne de l’Abattoir aussi vite que je peux. J’espère que je ne finirai pas chez les trancheurs, même si Winston est sympa.

 

Le lendemain, alors que je prends mon petit-déjeuner, Frypan vient se planter devant moi.

-         Aujourd’hui, t’es avec moi.

-         Bonjour à toi aussi, Frypan.

-         Oui, bonjour, désolé.

-         Pourquoi t’as l’air d’aussi bonne humeur ?

-         C’est parce qu’il adore avoir un nouveau commis, lance quelqu’un.

Le cuistot se frotte les mains avec entrain.

-         Aujourd’hui on va préparer une blanquette de veau.

Je repense à la pauvre créature qui s’est fait abattre la veille. Quelque chose me dit que je vais me contenter de riz ce midi. Après quelques heures, je me retrouve les mains dans la vaisselle. Il s’avère que je suis dangereuse avec un couteau de cuisine. Les coupures sur mes doigts en attestent. Alors on m’a mis à la plonge avant que je fasse une catastrophe.

-         Aïe, ça pique, je couine au-dessus de l’évier.

-         Salut Fry, fait une voix derrière le comptoir.

-         Yo Minho, ça va ?

-         Ouais. On va avoir besoin de sandwichs, s’il te plaît.

-         Pas de soucis, je te prépare ça.

Je sens un regard sur moi et je me retourne pour voir que Minho me fixe avec curiosité. Soudain, Newt apparaît et tape amicalement dans le dos de l’asiatique.

-         Hey, t’es toujours pas parti ?

-         Salut Newt. Non, je me suis pas réveillé.

Je tourne la tête pour continuer la vaisselle mais une assiette m’échappe des mains et se fracasse au sol. Tous les regards convergent sur moi et alors que je penche pour ramasser les morceaux, je me coupe encore.

-         Putain, fait chier ! je jure en mettant mon doigt contre mes lèvres.

J’ai des coupures de partout. J’entends Newt qui interpelle Frypan.

-         Mec, tu penses pas que tu devrais l’envoyer à l’infirmerie ? Ça fait beaucoup de coupures là, non ?

Frypan s’approche de moi et regarde mes mains.

-         Meuf, pourquoi tu m’as pas prévue ? Va à l’infirmerie.

-         Non, ça va, ce ne sont que des microcoupures.

-         T’es là que depuis hier. Si tu te fais mal aux mains et que tu ne peux pas bosser après, ça va être de ma faute. Alors tu discutes pas et tu vas à l’infirmerie.

Je décide de l’ignorer et je plonge dans l’évier pour reprendre la vaisselle. Soudain, je sens une main se poser sur mon épaule. Je me retourne et croise le regard mauvais de Newt.

-         Eh, il t’a dit quelque chose. Va à l’infirmerie, sinon je te jure que je t’y traine de force.

Je lève les yeux au ciel, exaspérée. Ils pensent que je suis en sucre ou quoi ? Je dégage la main du blondinet et je m’apprête à me remettre au travail quand il immobilise mon poignet. Ok, là ça va trop loin.

-         Lâche-moi !

-         Va à l’infirmerie.

-         Fiche-moi la paix, j’ai pas besoin d’une nounou.

J’entends des exclamations dans mon dos. Ils n’ont apparemment pas l’habitude qu’on lui parle comme ça. Tant pis, il m’énerve, c’est plus fort que moi.

-         Bon, ça suffit maintenant. Tu vas me parler autrement.

-         Et pourquoi ça ?

-         Eh, on se calme ici, qu’est-ce qu’il se passe ?

Alby vient d’entrer dans la cuisine. Je fixe Newt avec colère alors qu’il me tient toujours le bras.

-         Newt ? Tu m’expliques ?

-         Elle s’est blessée aux mains et refuse d’aller à l’infirmerie.

-         Ok, ça va, je m’en occupe.

Newt ne bouge pas d’un pouce et je le défi du regard. Finalement, Alby pose une main sur son épaule et le sarcleur rompt le contact. Il me lâche et quitte la pièce avec humeur.

-         Quel con !

-         Eh ! Ça suffit maintenant, s’énerve Alby. Il faut que tu comprennes que Newt est ici depuis plusieurs années et qu’il sait ce qu’il fait.

-         Je vois pas pourquoi je devrais aller à l’infirmerie pour des petites coupures de rien du tout.

-         Parce qu’on a eu des petits malins qui n’y sont pas aller et ils se sont chopés des infections ok ? Alors tu y vas, je rigole pas. Et si j’apprends que tu manques encore de respect à un maton ou à Newt qui, je te rappelle, est mon bras droit, tu vas faire connaissance avec le Gnouf.

Il sort de la pièce en colère. Ok, c’est peut-être aller un peu loin. Je regarde Frypan qui fait une tête qui veut clairement dire « tu l’as cherché ».

-         C’est quoi le Gnouf ?

Il lève les yeux au ciel et retourne s’occuper des sandwichs sans me répondre.

-         C’est le trou, si tu préfères. Là où on met ceux qui n’en font qu’à leur tête, ou qui désobéissent aux règles¸ me réponds Minho.

Il s’accoude au comptoir avec un sourire amusé.

-         Si tu veux mon avis, tu devrais vraiment pas énerver Alby.

Ma colère est retombée dès l’instant où Alby a commencé à me crier dessus. Ils n’ont pas tort, il faut que je me calme. Alors je sors de la cuisine et part en direction de l’infirmerie. Sur le chemin, j’aperçois Alby et Newt devant la salle de rassemblement. Ils ont l’air de se disputer. Je croise le regard sombre du blondinet mais je décide de l’ignorer. Je tourne la tête et entre dans la hutte.

 

Plus tard, j’ai les doigts recouverts de pansement. Jeff, le second medjack, un jeune homme noir au sourire avenant, m’a expliqué que les infections sont très courantes dans le Bloc et c’est pour ça qu’il faut se faire soigner rapidement si on se coupe. Je ne savais pas, et du coup je m’en veux un peu d’avoir fait ma tête de mule. Un groupe de trancheurs entre dans l’infirmerie, portant l'un des leurs qui hurle de douleur, maudissant une certaine Gertrude.

-         On t'avait dit de nous attendre ! Cette chèvre est complètement folle !

Je les suis du regard, interloquée. Jeff l'ausculte tant bien que mal alors que le garçon n’arrête pas de gigoter.

-         Tu ne t'es pas raté vieux ! Je vais essayer de cautériser la plaie, mais tu vas douiller !

-         Attendez !

Le groupe de garçons se tournent vers moi, les yeux ronds. Je rougis, gênée d'être soudain le centre d'attention.

-         Je... heu... je peux regarder ?

Je ne sais pas ce qui me prend. Je suis poussée par une sorte d’instinct. Jeff lance un regard décontenancé à Clint qui s'était approché de l’attroupement. Il lui fait signe de me laisser la place. Je m'approche alors du blessé et regarde la coupure qui recouvre une partie de son bras gauche.

-         Qu'est-ce qui s'est passé ? je demande calmement.

-         Il a voulu s'occuper tout seul de Gertrude. C'est la chèvre qu'on devait manger ce soir parce qu'elle fait plus de lait. Mais c'est une vraie sauvage.

Le garçon qui a parlé éclate d'un rire gras mais se tait quand il remarque que je le fusille du regard. Son ami souffre, il n’a pas honte de se marrer comme ça ? Le blessé me regarde, penaud :

-         Je me suis coupé comme un imbécile avec mon couteau quand elle m'a renversé.

-         La plaie est plutôt nette. Je pense que ça serait mieux de recoudre, plutôt que de cautériser. Ça serait plus propre.

Clint me regarde et semble réfléchir. Il fouille dans une caisse et en sort fil et aiguille. Je me lève pour lui laisser la place quand il me fait signe de ne pas bouger et me tant le matériel.

-         C'est à toi de le faire. C'est ton idée, donc c'est ton patient maintenant !

Je n'hésite une seconde. Je ne suis pas sûre de savoir ce que je fais. Finalement, et malgré le regard peu rassuré des trancheurs, je me mets au travail. Mes mains ne tremblent pas, mes gestes sont précis et rapides. Alors que je recouds la plaie, un flash me vient. Je me revois dans la Boîte, avant qu’elle ne commence son ascension vers le Labyrinthe. J’entends alors une voix. « Adaline ». Je reviens à la réalité très vite, ça n’a duré qu’une fraction de seconde. Je secoue la tête pour me reprendre et après quelques minutes, le garçon ressort de l'infirmerie avec un bandage propre sur une suture parfaite. Je ne peux m'empêcher de sourire, fière de moi. Clint me donne une tape amicale dans le dos.

-         Eh bien voilà, on sait ce que tu es maintenant. Bon, normalement tu dois encore essayer le boulot des bâtisseurs, mais vu ton efficacité, je suis sûr qu’Alby fera une exception ! Il ne manque plus que ton prénom et tu seras complétement opérationnelle.

-         Je m'appelle Adaline.

Il me regarde en souriant.

-         Enchanté Adaline ! Bienvenue chez les medjacks !

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