Une autre reine

Chapitre 3 : Confrontation

1509 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 03:39

Les soldats de Miraz revinrent au château et se présentèrent devant lui.

- Qu’est-il arrivé à votre visage ? demanda Miraz au chef.

- Nous avons capturé le mystérieux archer qui a probablement un lien avec les rois et reines de l’ancien temps, seigneur, répondit le soldat en lui tendant l’arc et le carquois rempli de flèches à l’empennage bleu canard.

- Où est-il ?

Deux soldats amenèrent leur prisonnier, fermement ligoté, un sac en toile sur la tête.

Miraz s’approcha pour retirer le sac et son regard rencontra celui, plein de haine et de colère… d’une femme.

Pas n’importe quelle femme. La plus belle femme qu’il n’ait jamais vue.

Elle avait de longs cheveux dorés dont les mèches en désordre retombaient sur un visage fin et régulier. Un nez droit, de grands yeux d’un bleu si profond qu’on croyait contempler la mer, une bouche fine entravée par un bâillon.

Miraz tendit la main pour le lui retirer quand le soldat l’arrêta :

- Méfiez-vous, seigneur, elle mord.

Une lueur de défi passa dans le regard de la femme.

Miraz tira le bâillon d’un coup sec, laissant une marque cuisante sur la joue de la jeune femme.

- Maudit Telmarin… gronda-t-elle.

- Je n’ai que faire de vos insultes ! la coupa Miraz. Qui êtes-vous ? Une reine de l’ancien temps ?

- Qu’est-ce que ça peut vous faire ?

Miraz lui administra une claque retentissante qui la fit gémir.

- Répondez, maudite bonne femme !

- Eh bien oui, je suis la grande reine Eden, et je suis bien surprise que vous soyez encore à Narnia après la défaite qu’a subie Caspian !

Miraz éclata de rire :

- Vous êtes bien naïve, votre majesté ! Caspian le conquérant a fini par vous écraser et a exterminé tous les Narniens ! Ça fait mille ans que les Telmarins occupent Narnia et qu’on n’a plus vu un Narnien vivant ou même mort sur ces terres !

La reine Eden devint pâle comme un fantôme.

- Quoi ? Vous mentez ! Maudits bâtards !

Miraz lui renvoya une claque qui lui ouvrit la lèvre.

- Emmenez-la. Nous verrons plus tard ce que nous ferons d’elle.

- Vous le payerez ! hurla Eden alors qu’elle était emmenée par les soldats. Je vous tuerais tous ! Tous !

Elle se débattit tant qu’elle parvint à leur échapper et se jeta sur Miraz, les envoyant rouler dans la pièce avec un fracas assourdissant. Sa tête tapa contre un meuble, mais elle oublia la douleur pour s’acharner sur Miraz.

Les soldats se précipitèrent sur elle pour tenter de la maîtriser tandis que le capitaine aidait son seigneur à se relever.

- Enchaînez-la solidement, ragea-t-il hors de lui en repoussant le soldat. Et n’hésitez pas à la bousculer, qu’elle comprenne qu’elle n’a plus d’espoir de revoir un jour le Narnia qu’elle a connu !

 

Le professeur Cornélius était assis dans sa cellule repensant aux derniers événements, quand il entendit les soldats s’approcher. Ils portaient plus qu’ils n’accompagnaient, une femme qui se débattait. Le professeur sentit un frisson lui parcourir l’échine quand il vit les soldats s’arrêter pour la battre afin qu’elle se tienne tranquille. Ils finirent par la jeter dans la cellule voisine à la sienne et l’attachèrent au mur par des chaînes, la laissant comme morte.

Dans un cliquetis de chaînes, il se leva pour s’approcher des barreaux.

- Ma dame ! Ma dame, répondez-moi !

La femme s’assit péniblement et se tourna vers lui. Sous ses cheveux emmêlés, elle avait le visage violacé et boursouflé.

- Par le dieu Lug, ils n’y sont pas allés de main morte ! s’exclama le professeur.

- Ça ira, répondit la femme en tâtant la plaie sur son crâne avec une grimace. J’ai connu pire. Qui êtes-vous ?

- Je suis le professeur Cornélius, précepteur du prince Caspian.

- Il n’aime pas vos méthodes d’enseignement ? questionna ironiquement Eden.

- Son oncle. Le prince est en fuite pour sauver sa vie.

- Je ne comprends rien, soupira la jeune femme en se relevant dans un cliquetis de chaînes. Si le prince Caspian est en fuite… Qui est le Telmarin que j’ai vu ? Et de quel Caspian s’agit-il ?

Le professeur Cornélius fut surpris de la question.

- Il s’agit du prince Caspian le 10e, répondit-il. Vous êtes sûrement tombée sur son oncle, le seigneur Miraz.

Le professeur profita que ses yeux s’habituent à l’obscurité pour observer sa voisine de cellule. Elle était très mince, jeune, habillée d’une robe vert foncé déchirée et tâchée de sang. Un plastron de cuir moulant protégeait sa taille et sa poitrine. Elle avait des cheveux d’un blond doré particulièrement longs, attachés en une tresse grossière.

- Qui êtes-vous ? demanda le professeur.

- La dernière fois qu’on m’a posé cette question, je me suis retrouvée avec ça, répondit-elle en désignant sa lèvre en sang.

Elle n’ajouta rien d’autre, examinant sa cellule, et le professeur Cornélius se sentit mal à l’aise.

- Qu’avez-vous fait pour vous retrouver là ? demanda-t-il cependant.

- J’ai été capturée alors que je fuyais les soldats dans les bois, répondit-elle avec indifférence. Et vous, pourquoi êtes-vous dans cette prison, professeur ? demanda-t-elle en se tournant finalement vers lui.

- Comme vous l’avez si bien dit tout à l’heure, on n’aime pas mes méthodes d’enseignement. Quand je dis « on » je parle du seigneur Miraz. Il n’appréciait pas que je fasse tout mon possible pour que le prince Caspian soit le meilleur roi possible… pour les Telmarins comme pour les Narniens.

- Miraz a dit qu’il n’y avait plus de Narniens.

- C’est faux. Je sais qu’il y en a qui se cachent dans la forêt depuis des centaines et des centaines d’années. Le temps est venu qu’ils reprennent leur pays.

- Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ?

Les yeux du professeur se firent plus brillants.

- Ce qui a changé, c’est qu’après de nombreuses années de recherches, j’ai réussi à retrouver la trompe de chasse de la reine Susan, une reine de l’ancien temps. Celui qui s’en sert se voit recevoir leur aide, où qu’il soit.

- Attendez, se fit plus attentive Eden. Vous voulez dire que Caspian a soufflé dans cette trompe ?

- Je pense que oui. Je pense que les rois et reines de l’ancien temps sont revenus.

- Moi je peux vous l’affirmer, professeur. Ils sont bels et biens revenus !

- Vous les avez vus ? s’exclama le professeur enthousiaste.

- Oui, je ne savais pas que c’était eux à ce moment-là.

Elle se tut un instant avant de reprendre en souriant:

- Je m’appelle Eden. Je suis la reine qui a combattu Caspian 1er.

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