Te repousser pour mieux t'aimer

Chapitre 20 : Chapitre 19 : Ma décision

3616 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/01/2021 21:02

Chapitre 19 :

Ma décision.



Saxons. Ce mot me donne envie de vomir ainsi que des envies de meurtres un peu trop prononcées à mon goût. Il me fait également peur. Des images que j'ai réussi à mettre de côté dans les bras de Tristan, reviennent, blessantes. Ça ne finira donc jamais ? Est-ce que cette histoire va me poursuivre jusqu'à la fin ? Apparemment.


Vanora est partie en grommelant à Bors qu'ils en discuteront plus tard alors qu'il grimaçait, bien conscient de la menace à peine voilée. Le pauvre, ce n'est pas comme s'il avait le choix. Je veux dire, il ne fait que suivre les ordres et j'ai l'impression que Vanora prend un certain plaisir à lui en faire voir de toutes les couleurs quand il doit partir.


Quant à moi, j'ai réussi à rester. En fait, je me suis contentée de rester à ma place et ils n'ont rien dit, alors je ne suis pas partie. Seul Tristan m'a jeté un regard hésitant mais n'a finalement rien dit. Il a repris le masque du « Je ne ressens rien et j'en suis fier » pour écouter les explications d'Arthur. En clair, il désapprouve ma présence parce qu'il sait ce que j'ai en tête mais se tait pour l'instant. Je fais des progrès pour le décrypter, non ?


Pour en revenir à la discussion, Arthur nous explique donc que les Saxons se sont bizarrement rapprochés du mur – c'est moi ou leur ennemis passent leur temps à se rapprocher de ce foutu mur ? Je veux dire, c'était bien le même problème avec les Pictes non ? Et il faut évidemment les éloigner. C'est bien joli tout ça, mais il compte faire comment ? Ah, au temps pour moi, je crois que je viens de comprendre. Ben oui, nul doute en voyant l'air réjoui de Bors et celui un brin sadique et satisfait de Tristan qu'il va y avoir du sport et des cadavres. Pensée charmante, je sais mais, totalement justifiée une fois qu'on les connaît. Les hommes ont toujours eu ce besoin plus que bizarre – selon moi bien sûr – de prouver leur virilité en agissant comme des brutes sans cervelle. Le mot diplomatie ou tact ne font que rarement partie de leur vocabulaire, vous en conviendrez. Mais, j'avoue volontiers qu'Arthur fait partie des exceptions. Heureusement d'ailleurs. Et puis, dans ce cas précis, le fait que la mission tourne au massacre des Saxons ne me pose pas de soucis particulier. Je dirais même, pour être sincère, que les imaginer mourir est presque aussi bon que le sexe avec Tristan. Mais revenons aux chevaliers avant que mon esprit ne reste focalisé sur les qualités de Tristan en la matière.


Ils parlent finalement d'aller se préparer pour le futur départ. Je vois les chevaliers partir un à un et ma décision est prise avec encore plus de détermination. Je me plante devant Arthur qui me fixe un moment avant de soupirer.


— Je viens, je réplique.


— Ce n'est pas une bonne idée, souffle-t-il.


— Arthur, je l'interromps. Je ne te demande pas ton avis, je te fais simplement part de ma présence que cela te plaise ou non. J'en ai vraiment marre de rester ici à ne servir à rien d'autre qu'à amuser la galerie parce que je suis la nouveauté de l'année. Alors, je viens.


Il sourit en secouant la tête.


— Je me doutais que ça arriverait un jour, avoue-t-il. Tu n'es pas le genre de femme à attendre ton homme à la maison, n'est-ce pas ?


— Certainement pas, je fais dédaigneusement avec une petite moue de dégoût.


Il rigole légèrement et je tourne les talons, satisfaite et fière de moi. Fierté qui disparaît un peu en arrivant dans mes quartiers. Car j'ai oublié un petit détail, détail qui m'attend avec un regard furieux. Je ferme la porte et reste plantée comme une imbécile, les yeux baissés au sol, me balançant sur mes pieds comme une gamine prise en faute. Il ne dit rien se contentant de me fixer. Je relève les yeux et tressaillis devant son regard meurtrier. C'est qu'il fait peur quand il veut.


— C'est moi ou il fait incroyablement chaud, je demande sur le ton de la conversation.


Son regard passe de meurtrier à surpris et j'ai la nette impression que s'il y avait un mur à proximité, il se taperait la tête dedans devant ma remarque… stupide ? Oui, je l'avoue.


Mais il reprend rapidement contenance.


— Il est tout simplement hors de question que tu viennes, réplique-t-il froidement.


— Et pourquoi ? je demande alors que mes sourcils se froncent.


Son ton autoritaire a tendance à le rendre sexy d'habitude mais là, il le rend surtout agaçant.


— Ce sera trop dangereux pour toi, explique-t-il comme si c'était une évidence.


— Parce que je suis une femme ?


— Parce que tu es toi !


— Et ça veut dire quoi exactement ? Que je suis incapable de me défendre seule ?


— Parfaitement et j'aurais autre chose à faire que de te protéger…


— Mais je ne t'ai rien demandé, je crache. Garde tes commentaires d'homme des cavernes pour toi et dégage de ma chambre, je m'écrie en pointant la porte du doigt.


Il ne bouge pas, se pinçant l'arête du nez alors que je le fusille du regard. Non mais c'est dingue ça, on est plus au Moyen-Âge.


Ben, techniquement, si.


Oui bon, là, n'est pas la question. Il réagit comme un macho et je n'aime pas ça.


— J'ai…, commence-t-il en soupirant. J'ai peur pour toi, finit-il par avouer.


Bon, j'aime peut-être ça finalement.


— Il n'y a pas de raison, je souffle en m'approchant de lui.


— Pourquoi tiens-tu tant à venir ? demande-t-il.


Je réfléchis un instant sur la manière de formuler ça avant de lui expliquer.


— Ils ont fichus ma vie en l'air. Tu ne sais pas ce que ça fait de ne même plus arriver à regarder ton propre corps sans en être malade. Tu ne sais pas ce que ça fait de se sentir sale en permanence et ce sans que le moindre bain y change quoi que ce soit. J'avais beau me laver, frotter mon corps jusqu'à ce qu'il en devienne rouge et douloureux, je ne me sentais pas mieux. Ils doivent payer ça, JE dois leur faire payer ça.


— Je ne suis toujours pas d'accord, réplique-t-il après avoir acquiescé.


— Sauf que, comme je l'ai dit à Arthur, je ne te demande pas ton avis.


Il lève les yeux au ciel et je l'embrasse. Il m'agrippe les hanches avec force, m'emmenant contre lui. Un gémissement m'échappe en sentant son corps collé au mien et sa prise se raffermit encore et mon dos rencontre un mur, je ne saurais même pas dire lequel. C'est un truc masculin de plaquer les filles contre les murs ? Non parce que Julian avait la même manie et Sarah m'a dit que… Oui bon, d'accord, ce n'est pas le moment. D'ailleurs, la main de Tristan passant sous ma robe me ramène à l'instant présent. Sa main agrippe ma cuisse et la remonte alors qu'il presse son bassin contre le mien. Un autre gémissement incontrôlé – de toute façon le jour où je contrôlerais quoique ce soit avec lui n'est pas près d'arriver – m'échappe.


Il détache ma robe alors que je lui enlève sa chemise. Il agrippe mes fesses, me soulève et je l'encercle de mes jambes alors que mes vêtements sont oubliés dans un coin de la pièce et qu'il ne lui reste plus que son pantalon. Je me retrouve sur le lit sans avoir eu l'impression de bouger, sa bouche dévorant toujours la mienne. Je reprends le dessus d'un coup de hanche et son air un peu ahuri me fait sourire. Je plonge mon regard dans le sien, me baisse et pose délicatement mes lèvres sur les siennes, les touchant à peine. Je dépose ensuite un baiser sur sa mâchoire, sur son cou. Arrivée à celui-ci, un petit sourire fleurit sur mes lèvres et je laisse à mon tour une marque bien voyante. Je me relève pour admirer le travail et mon sourire s'agrandit.


— Ça, c'est pour la morsure, je réplique dans un murmure.


Il hausse un sourcil et il reprend le dessus alors qu'un petit cri m'échappe, étouffé par sa bouche. Je lui retire maladroitement ses derniers habits, mes mains tremblantes d'impatience de le sentir entièrement, de me sentir complète et aimer. De savoir que même loin de chez moi, une personne tient un peu à moi et me le montre de la plus belle et la plus intense des manières.


Mais il semble vouloir jouer avec moi, se contentant de me caresser. J'ai l'impression de mourir de frustration et avec une force que je ne me connais pas, je reprends le dessus. Il n'a pas l'air franchement d'accord, je le sais. Son côté dominant ne supporte pas cette position, à chacun de nos ébats, il a le dessus, toujours. Mais je reprends tout doucement confiance en moi dans ce domaine, je suis de plus en plus expressive, je prends de plus en plus d'initiative et, bien que la plupart du temps, il est loin de s'en plaindre, la position du moment n'a pas l'air de le ravir. Mais son mécontentement disparaît alors que je le fais entrer en moi. J'en ai le souffle coupé, je ne peux plus bouger pendant un instant. Comment peut-on se sentir aussi bien ? J'ai l'impression que mon cœur va exploser sous la force de l'amour que je ressens pour lui, j'ai envie de pleurer et de lui dire que je l'aime inlassablement, que ma vie, mon corps et mon âme lui appartiennent et qu'il peut en faire ce qu'il veut tant qu'il ne s'éloigne jamais. Qu'il me brise s'il le veut, je n'aurais rien à y redire tant qu'il reste.


Je commence à bouger timidement alors qu'un gémissement m'échappe accompagné de son râle. Il s'assied, plonge son visage dans mon cou, une de ses mains agrippant mes cheveux alors que l'autre broie presque ma hanche. Une de mes mains fourrage ses cheveux alors que l'autre lui griffe le dos. Mon rythme s'accélère alors que mon cœur est sur le point de sortir de ma poitrine tellement il bat vite. Est-il possible, humain, d'aimer autant sans en mourir ? Apparemment, j'en suis la preuve après tout. Mon corps frissonne alors que mes gémissements atteignent une résonnance encore jamais atteinte. Mes yeux accrochent les siens et j'atteins le point de non-retour en criant si fort que j'ai presque peur d'alerter tout le quartier alors qu'il se répand en moi dans un râle.


Je m'effondre sur lui, sa tête sur ma poitrine et avec une rare tendresse, il dépose un baiser à l'endroit où mon cœur bat plus fort que jamais. Il nous allonge et je me blottis contre lui comme un chat se blottit contre son maître. Il passe ses bras musclés autour de moi et je m'endors avec ce sentiment de sécurité qu'il est le seul à pouvoir me faire ressentir.


Le matin, il est là, chose rare mais appréciable. Ses doigts parcourent ma colonne vertébrale dans une douce caresse et je soupire de bien être en me blottissant plus contre lui. On finit par se lever et à se préparer en silence, aucun mot n'est échangé, il n'y en a pas besoin. Il me prend la main pour sortir et je le suis.


Il ne lâche pas ma main et ce simple geste fait battre mon cœur plus fort. Je deviens vraiment pathétique, c'en est effrayant. On s'entraîne encore et il redouble d'ardeur. Je suppose qu'il veut être sûr que je suis vraiment prête pour ma première mission. À la fin de l'entraînement, on part chacun de son côté, moi chez Vanora comme d'habitude.


Je me rends compte que mes journées sont vraiment monotones, programmées parfaitement, je sais chaque jour ce que je dois faire et quand je dois le faire. Cette constatation me déprime et je suis contente de partir avec les chevaliers, histoire de changer d'air.


— Pas possible d'être aussi inconsciente…


Apparemment Vanora n'est pas d'accord avec moi et me le fait comprendre avec de grand cri.


— Comme si je ne m'inquiétais pas déjà assez, reprend-t-elle en tournant en rond.


— Van…, j'essaye.


— Tu ne te rends pas compte de ce que tu risques ? Ou alors tu veux mourir, c'est ça ? termine-t-elle.


Elle se plante devant moi, les mains sur les hanches dans une position me rappelant étrangement ma mère. Un sourire tendre prend place sur mes lèvres et je la serre dans mes bras.


— Merci, je souffle.


— De te crier dessus ? me demande-t-elle, septique.


— De t'inquiéter pour moi, je corrige. Mais je suis une grande fille et je sais prendre soin de moi.


Elle soupire profondément en secouant la tête mais abdique. On ne parle finalement plus de ça, à mon plus grand soulagement. C'est qu'elle a la voix qui porte, cette femme.


Arrivée à la taverne, les chevaliers sont déjà tous réunis. C'est moi ou ils sont toujours ensemble ? C'est quand même bizarre de ne jamais se quitter comme ça. Je sens tout de suite que le déroulement de la soirée ne va pas me plaire quand je vois le regard moqueur de Lancelot rivé sur moi. C'est mon jour de congé alors j'approche, prudente, alors qu'il ne me lâche pas des yeux. J'essaye d'en faire abstraction mais au bout d'un moment, je craque.


— Quoi ? je m'exclame alors qu'il sourit.


— Rien, fait-il d'une vois trop innocente pour être vraie – et puis, Lancelot n'est jamais innocent, c'est une question de logique. Je me demandais simplement si tu n'étais pas fatiguée ?


— Non, je réponds lentement en fronçant les sourcils. Pourquoi tant de sollicitude ?


— Et bien disons que tu as une voix qui porte, ricane-t-il alors que je me fige et le regarde avec encore plus de méfiance. Tu n'es pas au courant ? Mes quartiers sont juste après ceux de Dagonet… Enfin, les tiens maintenant apparemment.


Je me glace alors qu'il me regarde d'un air railleur. J'ai gardé les quartiers de Dag et hier, c'est bien dans mon lit qu'on était et si Lancelot était juste à côté…


— Tu m'as d'ailleurs empêché de dormir, me reproche-t-il en grimaçant un peu.


— Ce n'est pas entièrement sa faute, intervient Tristan. C'est tout de même moi le responsable de ses cris.


Je lui lance un regard réfrigérant et son sourire s'efface alors que Lancelot ricane. Au moins, Tristan n'a pas de tendance suicidaire et a compris qu'il avait intérêt à la fermer. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est que l'on parle de ma vie sexuelle en public et c'est encore pire quand c'est mon copain qui le fait – je ne vois pas d'autre nomination possible et après un nouveau dialogue intérieur avec ma conscience on s'est arrêtée sur copain. Je pointe un doigt accusateur dans sa direction et je le vois presque s'enfoncer dans sa chaise comme un enfant pris en faute.


— Toi, je fulmine. Si tu veux continuer à « être le responsable de mes cris », je te conseille plus que vivement de la fermer ou tu te contenteras de ta main pendant un temps indéterminé, je me menace alors qu'il grimace.


J'entends les autres se racler la gorge pour contenir leur rire et Galahad a la délicatesse de boire pour cacher son sourire. Mais comme d'habitude, Lancelot fait preuve d'un grand instinct de préservation en ricanant sans aucune retenue.


— Quant à toi espèce de frustré, je réplique en me tournant vers lui et il me regarde avec un air « Qui ? Moi ? » qui me donne envie de le frapper. Tu… tu…


— Je ? demande-t-il avec assurance et la phrase sort toute seule.


— Vas te faire sodomiser par un écureuil Tibétain, je hurle.


Il y a alors plusieurs réactions différentes. Galahad s'étouffe avec le vin qu'il boit et tousse à s'en étouffer – j'aurais presque envie de m'excuser. Arthur me regarde d'une expression choquée. Gauvain et Bors sont écroulés de rire – ils ont abusés de l'alcool eux. Dagonet est blasé et fait à peine attention à ce qu'on peut dire, fixant le fond de son verre avec intérêt. Tristan a un sourcil haussé et me regarde comme s'il n'était pas certain que cette phrase ait bien franchi mes lèvres à moi. Le pire doit être Lancelot :


— C'est quoi Tibétain ? me demande-t-il.


Je cligne plusieurs fois des yeux et secoue la tête.


J'abandonne. Oui, vous avez bien entendu ; moi, Enora, abandonne la mission de refaire l'éducation du chevalier Lancelot. Ce mec est trop fort pour moi, quoique je dise, il a toujours une connerie à répondre. Bors me tend son verre avec un air compatissant – ça donne un effet bizarre parce qu'il est complètement bourré le pauvre. Je l'attrape et le vide avec une grimace. Le goût est vraiment différent de chez moi. Je m'assieds entre Bors et Tristan alors que Bors me tend un autre verre.


— Tu cherches à me soûler ? je demande en haussant un sourcil.


— Peut-être bien, dit-il en levant un doigt dans ma direction.


Il regarde un instant son doigt, louchant dessus en s'approchant et je pouffe. Il est vraiment dans un état lamentable, c'est Vanora qui va être contente encore. La soirée passe tranquillement jusqu'à ce que Tristan se crispe à mes côtés et que la main qu'il a posée sur ma cuisse se resserre. Je le regarde en fronçant les sourcils mais ses yeux sont fixés de l'autre côté, je suis son regard et soupire avec fatalité. Eric se dirige vers nous. Il salue les autres poliment – même Tristan, au moins je peux compter sur l'un des deux pour être civilisé – et me fixe.


— Je peux te parler en privé ? demande-t-il.


— Oui…


— Non…


Tristan et moi avons répondu en même temps et la réponse négative vient bien évidemment de lui. Je lui lance un regard menaçant et il se pince l'arête du nez en me lâchant. Je me lève et suis Eric.


Il nous emmène hors de vue des autres sans rien dire.


— Tu voulais me parler, je lui rappelle doucement.


— Oui, répond-t-il en se plaçant face à moi. J'ai entendu certaines choses et j'aimerais que tu les contredises, souffle-t-il en me regardant avec angoisse.


— Quelles choses ? je demande.


— Il paraît que tu vas partir avec les chevaliers.


Je baisse la tête en me mordillant la lèvre, ce qui suffit à lui donner la réponse à sa question.


— As-tu perdu l'esprit ? crie-t-il.


— Vous vous êtes passé le mot ou quoi ? je grommelle. Pourquoi vous réagissez tous comme ça ?


— Parce que tu risques la mort.


— Ce que tu peux être pessimiste, je râle.


— Non, juste réaliste Enora, contre-t-il en m'attrapant par les bras. Ne fais pas ça, s'il te plaît.


— Je le ferais que ça vous plaise ou non, je souffle en reculant, mal à l'aise face à son regard si intense.


— Et ton Tristan te laisse faire, crache-t-il.


— Il n'a pas le choix, je réponds.


— S'il t'aimait…


— Sauf que ce n'est pas le cas, je m'écrie avec rage. Et même si ça l'était ça ne changerait rien, je ne laisserais personne décider pour moi, jamais.


Il me regarde tristement et moi je ne comprends pas sa réaction si vive.


Ta naïveté te perdra.


Je ne comprends pas.


C'est pourtant évident… Tristan a raison, il t'aime.


Non.


Tu te mens à toi-même.


Je le regarde attentivement. Il est beau, c'est un fait et il ressemble tellement à Julian que c'en est parfois douloureux et il me regarde parfois comme lui. Il y a cette tendresse, cette affection. Mais il y a quelque chose de plus que je n'arrive pas à définir.


— Il ne m'aime pas beaucoup, souffle Eric en regardant derrière lui, changeant radicalement de sujet.


— Il pense que tu m'aimes, je souffle, sachant qu'il fait référence à Tristan alors qu'Eric se fige. Mais ce n'est pas vrai, n'est-ce pas ? je demande avec espoir.


Il plonge ses yeux dans les miens alors que je le supplie intérieurement de me dire que Tristan est simplement jaloux, que je suis une bonne amie et qu'il n'éprouve pas plus, qu'il se trompe. Il soupire et me sourit en levant les yeux au ciel.


— Je tiens beaucoup à toi, c'est tout, me dit-il en souriant.


Je réponds à son sourire en soupirant intérieurement de soulagement. Je me fais aussi l'effet d'une égoïste car si sa réponse avait été positive, s'il avait dit m'aimer, alors je sais que je n'aurais pas eu la bonne réaction. Je ne me serais pas éloignée, atténuant ainsi sa douleur. Non, je serais restée car je suis égoïste et que j'ai besoin de lui. De sa ressemblance avec Julian… C'est comme si j'avais ramené un peu de la maison avec moi. Et c'est très égoïste, je le sais.


***

Merci à BakApple pour la correction

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