Un Peuple Oublié

Chapitre 7 : Chapitre 6 _ Dans la tête d'un Prince

1347 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/06/2020 15:16

Legolas courrait en silence, comme depuis quelques heures déjà. La compagnie faisait quelques haltes de temps en temps pour que les autres reprennent leurs souffles, et leurs esprits. L'endurance étant une qualité que le prince avait travaillé pendant plus de 2 000 ans, ces moments de pause ne lui étaient d'aucune utilité. Il sentait néanmoins le poids de la tristesse alourdir ses jambes, et chacun de ses pas était plus difficile que le précédent. Gandalf était mort. Ces mots résonnaient en boucle à l’intérieur de lui, lui affligeant une tristesse profonde, qu'il n'aurait pas pensé ressentir. Bien sur, il ne le connaissait pas bien. Mais peut-on seulement bien connaitre un Istari? Il l'avait vu plusieurs fois, lorsqu'il était enfant, dans le royaume de son père. Il l'avait toujours intimidé, bien qu'il n'aurait jamais osé l'avouer. Voyager avec lui avait eu le don de prêter encore plus d'importance à cette quête, mais surtout un espoir qu'elle réussisse. Sans lui, tout semblait perdu. Pourquoi avait-il fait demi tour? Cette question tournait en boucle dans sa tête, et pourtant il n'arrivait pas à trouver de réponse. Il devait savoir ce qu'il faisait. Mais alors? Il aurait choisi consciemment de disparaître de la sorte? Cela n'avait aucun sens aux yeux du prince. Néanmoins c'était le cas. Gandalf avait disparu. La tristesse était présente dans le cœur de Legolas, comme dans celui de chacun de ses compagnons, mais il était le seul à n'en rien laisser paraître. Excepté l'autre.


Il ne voulait pas penser à elle, d'aucune façon, et pourtant...

Il n'avait toujours été concentré que sur son but, son objectif. Rien ne pouvait jamais l'en détourner. C'est ce qui l'avait rendu si efficace, pendant toute ces années. Et aujourd'hui, l'elleth revenait de manière récurrente dans son esprit, et juste pour ça, il la haïssait.

Le fait de prendre une femme dans la compagnie ne lui était pas apparu comme une bonne idée, dès le départ. Non pas qu'il sous estime leurs capacités, ou les pense moins capables qu'un homme, certainement pas. Mais simplement parce qu'une seule femme, au milieu de 9 hommes, ça pouvait engendrer quelques conflits, voir en détourner de leur quête. Et c'était exactement ce qu'il était entrain de se passer..


La découverte de sa nature, et le fait de savoir qu'une elfe Noire partagerait leur repas l'avait mit hors de lui. C'était une race cupide, violente, dénuée de morale, avec un caractère aussi imprévisible qu'insupportable.

Son père lui avait toujours appris à les haïr, prétextant qu'ils étaient responsables de la mort de sa chère mère, nombres d'années auparavant. Et, bien qu'il prétextait les origines de Sauron pour haïr la jeune femme, il savait bien au fond de lui que c'était complètement idiot et obstiné de le lui reprocher. Mais la perte de sa mère, ça, jamais il ne pourrait le pardonner.

Il se rendait compte de l'égoïsme de son raisonnement, elle n'était pas plus coupable de ça que du fléau d'Isildur, et pourtant ... Il avait eu besoin de rejeter la faute sur quelqu'un.

Puis, les quelques paroles qu'elle lui avait adressés avaient suffi à ce qu'il comprenne qu'elle n'était ni digne d'intérêt, ni de respect, ou d'attention.

Bien sur, il n'avait pas été très correcte avec elle en la rencontrant. Mais depuis, c'était comme si elle se faisait un malin plaisir de le rabaisser, ou le mettre mal à l'aise. Et cela n'avait fait qu'attiser un peu plus la haine et la violence qu'elle lui inspirait.

Il regarda alors Naé, qui était adossée contre un arbre, attendant, les bras croisés, qu'ils reprennent la route. Son visage était neutre, dénué de la moindre émotion, elle avait perdu le petit sourire en coin qui ne la quittait d'ordinaire jamais.

Elle semblait aussi infatigable que lui. C'était, malgré tout, une chose qu'il ne pouvait pas lui enlever, elle était douée pour la guerre.

Et puis, elle était superbe, il devait l'avouer. Bien que leur beauté était légendaire, il s'était toujours dit qu'il ne pouvait exister de plus belles femmes que celles de son peuple. Il sut qu'il s'était trompé à l'instant où ses yeux s'étaient posés sur elle.

Son père lui avait dit un jour « Les plus belles sont les plus dangereuses. » C'était la seule réponse à laquelle il avait eu droit lorsqu'il lui avait posé des questions au sujet de sa mère.

Elle avait été son Alaar, son âme sœur, la seule en ce monde. Et depuis qu'elle était partie, son père était comme mort avec elle.


Aragorn s'approcha de l'elleth, et ils échangèrent quelques mots.

Le prince savait que ces deux là s'appréciaient, qu'ils avaient un profond respect mutuel l'un envers l'autre, et voila encore une chose qui l'agaçait. Pourquoi était-il le seul à ne pas réussir à s'entendre avec elle. Surement parce qu'il ne le voulait pas, après tout. Peut être que s'il faisait des efforts... Effort ? Rien que de s'imaginer devoir faire des « efforts » pour elle lui arracha une grimace.

Après un court instant, Naé finit par sourire au rôdeur. Comme à son habitude, elle avait attaché ses cheveux bruns en une longue tresse à cinq branches, qui lui arrivait jusqu'au milieu du dos. Ses yeux, l'un bleu, l'autre vert, étaient très expressifs, et il avait apprit à voir quelle émotion avait le dessus. Il fallait dire que son tempérament y était pour beaucoup. Elle semblait avoir du mal à ne pas s'emporter à la moindre brise. Et c'était apparemment quelque chose qui la rendait attachante aux yeux des autres. Quand elle n'était pas totalement détachée et absente. Enfait, en y réfléchissant, voilà encore autre chose qui l'énervait. Cette façon de passer du chaud au froid en un instant. De voir rouge et d’être calme dans le même temps. Cette inconstance, cette instabilité l'exaspérait au plus au point, et lui donnait mal à la tête. C'était comme une enfant de 5 ans ayant acquit la maturité d'un elfe sage.


Il la détailla.

Cachée sous sa longue cape, son armure légère moulait à la perfection la plupart des courbes de son corps. D'ailleurs, celles ci semblaient plus dessinées que celles des elfes sveltes et longilignes dont il avait l'habitude. Et cela la rendait...

Ses pensées avaient débordées, il ne pouvait s'autoriser à penser à cela.

Elle était insupportable, et remettait en cause chacune de ses paroles. Tous les membres du groupe semblaient l'apprécier, en particulier Gimli, qui passait son temps à essayer de partager son humour avec ses blagues, bien que souvent douteuses. Mais cela la faisait toujours rire.

Enfait, elle riait souvent.

Très souvent.

Bien plus que lui.

Et bien qu'il ne la supporte pas, il aimait quand elle riait. Cela faisait briller ses yeux d'un éclat enfantin. Et, même s'il ne se l'expliquait pas, il avait du mal à s'empêcher de sourire en voyant cela.


Au vu de son intégration plus que réussie au sein de la communauté, lui essayait simplement de faire son possible pour ne pas l'agresser, mais certaines occasions étaient trop belles, pour qu'il les laisse passer. Il fallait qu'elle ressente la haine qu'il éprouvait pour elle, et le dégoût qu'elle lui inspirait.

Il avait toujours su se contenir, ravaler ses colères, contenir ses débordements d'émotions, mais avec elle, c'était différent.

Sa présence suffisait à le faire bouillir de l'intérieur, jusqu'à avoir envie d'exploser. Il devait se défouler, laisser sortir sa rage, déverser sa fureur, où elle l'aurait étouffé.

Lui même ne comprenait pas son changement de comportement, il devenait presque aussi instable qu'elle,et ne parvenait pas à se l'expliquer.

Cela le troublait au plus haut point.

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