Le Rempart des Hommes

Chapitre 2 : Chapitre Second

697 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/12/2020 18:55

Le Rempart des Hommes

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Chapitre Second

- Les hommes sur les remparts -

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Les vents froids de l’hiver caressent à présent les vivants.


Du haut de la tour, Ännaberen observe ses compagnons se réchauffer auprès des feux.


Cela fait maintenant deux semaines qu'il les a rejoint.


Ils sont moins d'une centaine et tous ont vu passer une trentaine d'hivers.


Lui, il est le plus jeune et quand il se tient à leurs côtés, il eut l’impression d'être un jeune limier au milieu de loups hargneux.


Ils sont froids et distants, là où lui est chaleureux et curieux.


Ce n'est qu'après de nombreuses approches qu'il put leur extirper des noms.


Tirthenid, Garthgolwen et Lamringa ne sont que quelques-uns de ceux qui se confient, sans pour autant le faire aimablement mais pour calmer la curiosité du nouveau venus.


Bronainnas, le capitaine de cette troupe, est le seul à lui retourner salutation et politesses.


Il ne lui parle cependant que pour disposer de sa vie, comme chasser, entretenir les feux, les chevaux ou surveiller l'horizon.


Maintenant qu'il est posté dans un endroit à l’abri des regards ou d'écoutes, il est à son tour approché par l'un de ces hommes de glace.


«Les vents annoncent un hiver bien rude, dit-il enroulé dans sa cape brune.»


Il se nomme Baurbel, un autre nom qui lui est confié.


C'est un bel homme imberbe, ce qui le rend identifiable au milieu des autres, aux cheveux courts et noirs.


Il manie un arc long et fin, Perintir, avec qui il garde la tour depuis une demi-année.


«Alors nous devrons être plus souples. Lui répond chaleureusement Ännaberen.»


Ses gens lui avaient toujours dit que l’hiver rapprochait les hommes.


Ses aimables yeux verts plongent dans celui de son compagnon, qui eux sont hautains et de brun sombre.


«Je crains que cela ne te rende faible.»


Il n'a pas sa langue dans sa poche. Cela plut au nouveau venu qui se rendit cependant compte que la franchise n'est pas une preuve de bonté.


«Je sais qu'en ta maison, poursuivit l'homme du Cardolan, on se rapproche les uns les autres pour supporter les hivers. Ici, c'est la solitude qui nous fera éprouver les vents.»


Tout comme devant Bronainnas, Ännaberen sent la colère lui monter à la tête.


Le raisonnement des hommes du sud semble sans fondement, voir risible à ses yeux.


«Même le loup solitaire cherche la chaleur pour survivre. Nul ne peut le faire seul alors comment pouvez-vous penser ainsi?»


«Comment le faire autrement? lui rétorque Baurbel avec un sourire.»


Un sourire malsain, pareille à celui d'un prétendu sage qui parle à un enfant ignare.


«Pour toi et tes gens d'Arthedains, il est facile de survivre à l’hiver. Vos greniers regorgent de vivres et vos puits d'eau. Vous vainquez le froid par des vêtements et des couvertures en nombre. Votre vie est bonne.»


Ce mépris à peine caché fit du tort au cœur d'Ännaberen et un étrange froid le parcours.


Cependant, il ne peut le contredire entièrement.


Auprès des siens, dans la chaleur d'un foyer, Il a une bonne vie.


«Nous, les gens du Cardolan, n'avons rien de tout cela. Vos parents nous en ont privés il y a longtemps. Nous n'avons plus que notre volonté de vivre. Ce n'est pas en partageant nos vivres et nos feux que nous vainquons l’hiver et ses vents.»


Il eut un moment de silence avant que les deux hommes continuent de palabrer sans obtenir de résultat.


Chacun campe sur ses positions mais Ännaberen finit au moins par comprendre, sans approuver, le comportement de ses compagnons.


Ils ont peur.


Peur de quoi? Il l'ignore.


Sa jument, Beledlothia, pourtant si forte d'esprit, ne se tient pas tranquille.


L'animal, plus sage, sent quelque chose que l'homme ne peut sentir que trop tard.


La nuit venue, les loups se mirent à hurler et cela suffit à garder les hommes éveillés.


Baurbel lui-même garde une flèche encoché en Perintir quand le soleil se couche, cherchant dans le noir des cibles à toucher pour mettre ainsi fin à ses cauchemars.


Désormais Ännaberen ne peut leur en vouloir.


Lui aussi a maintenant peur.

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