Elfe des Ténèbres

Chapitre 10 : Un monstre revenu des profondeurs des âges

2099 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/06/2017 19:45

        Quand elle ouvre les yeux, Lylwing est toujours dans les bras de l’elfe. Il fait toujours aussi noir autour d’eux. Mais la jeune elfe entend les voix des hobbits qui murmurent entre eux. Elle se redresse, en faisant sursauter Legolas. 

- Tu es réveillée? chuchote-t-il, un peu surpris.

- Oui, répond la jeune elfe.

- Nous pouvons repartir, alors, dit Aragorn en passant à côté d’eux.

Ils se mettent à marcher. Legolas reste près de Lylwing, comme pour la protéger. La jeune fille n’est pas sûre d’apprécier le changement d’attitude de l’elfe. Elle a déjà suffisamment de mal à ne pas faire attention à lui…

               Elle repense à son rêve. Un léger picotement lui parcourt le bras. Elle sait qu’une marque orne ce dernier, aussi fraîche que si elle avait été blessée à l'épée. Elle revoit Legolas, arc bandé dans sa direction, prêt à tirer… elle s'éloigne légèrement de lui. Pendant un long moment, personne ne parle, et elle s’en porte à merveille. Le moindre mot de l’elfe ravive son rêve...

              Au bout d’un moment, ils arrivent devant une tombe. Gimli, qui semble inquiet depuis leur entrée dans la mine, qu’il croyait reconquérie par Balin, se lance vers la tombe.

- Non… fait il en arrivant devant.

Il se met à pleurer. Les autres le rejoignent. Des lettres en nain sont gravées sur la tombe.

- Qu’y a-t-il d’écrit? demande Sam.

- Balin, fils de fundin, Seigneur de la Moria, traduit Gandalf.

- Il est mort… fait Frodon.

Un long silence suit cette remarque. Gandalf ramasse un livre au sol, abîmé, taché de sang, par endroits lacéré. Il est en si mauvais état que des feuilles en tombent et se réduisent en poussière en touchant le sol.

- Qu’est-ce que c’est? demande Boromir.

Gandalf l’ouvre et tourne quelques pages avant de dire:

- On dirait qu’il s’agit d’une sorte de journal… qui date de la colonie de Balin. Mais il est quasiment illisible. Il y a beaucoup de taches et de déchirures dans les feuilles. Il manque même des pages. Et la lumière n’est pas suffisante pour déchiffrer certains passages.

Il tourne encore quelques pages, puis dit:

- Ah si, ici c’est possible de lire.

- Qu’y a-t-il d’écrit? demande Gimli.

Gandalf commence à lire. Au fur et à mesure qu’il lit, le visage du nain s’assombrit.

- Ils ont été bloqués ici par des orques… finit il par dire quand Gandalf a fini de lire.

- Leur tentative de reprendre la Moria était courageuse, mais insensée. Ils en sont morts.

Un fracas assourdissant les fait sursauter. Pippin se tient debout, au bord d’un puits, une corde à ses pieds. Le bruit provient du puits.

- Crétin de Touque! crie Gandalf. Vous allez les avertir de notre présence!

Aussitôt dit, un battement de tambour résonne dans les profondeurs de la mine et des cris leur parviennent.

- Ils arrivent! crie Aragorn. 

- Bloquez la porte! Dit aussitôt Gandalf. Nous devons les retenir le plus longtemps possible.

Legolas est déjà posté à la porte. Il se retourne et dit:

- Ils ont un troll des cavernes!

Tous sont aussitôt encore plus inquiets. Lylwing n’ose pas encore sortir son épée. Elle n’ose pas non plus utiliser ses pouvoirs. Elle se poste derrière Legolas, qui lui tend une dague.

- Sers toi de ça si l’une de ces créatures t’approche.

Elle hoche la tête en prenant la dague. Elle n’aime pas se servir d’armes aussi courtes, mais s’en contentera. “Tout sauf leur révéler qui je suis”, pense-t-elle. Les deux hommes et l’elfe ferment la porte où viennent se ficher des flèches, et se servent d’anciennes hallebardes pour la maintenir fermée. Lylwing sent son coeur battre à toute vitesse…

              Des coups retentissent sur la porte. Aragorn et Legolas bandent leurs arcs calmement, Boromir et Gimli lèvent leurs armes, les hobbits tiennent leurs épées à deux mains, Gandalf dégaine Glamdring, son épée, et Lylwing serre le manche de sa dague. Elle n’a pas peur des orques, ni des gobelins. Elle a juste peur qu’ils devinent tout…

              La porte cède. Les gobelins sont accueillis par des flèches. Mais les deux archers sont vite débordés et ce sont les épées qui prennent le relais. Les hobbits foncent dans la bataille en hurlant, le nain balance sa hache de tous les côtés, les hommes et Legolas pourfendent des gobelins… jusqu'à ce que le troll entre. Legolas lui plante deux flèches dans le torse, ce qui ne fait qu’énerver la créature. Lylwing grimpe sur un pilier et crie pour attirer l’attention du troll. Autour d’elle, les autres se battent. Le troll lance sa chaîne vers elle. Elle roule au sol et se redresse, juste à temps pour enfoncer sa dague entre les yeux d’un gobelin et d’en poignarder un autre dans le même mouvement. Legolas réussit à grimper sur le dos du troll, grâce à la chaîne, puis lui tire une flèche dans le crâne. Sans effet. Le combat continue de faire rage. D’un seul coup, on entend Frodon hurler quand le troll réussit à le blesser avec sa lance. Les autres se dirigent aussitôt vers lui. L’un des hobbits saute sur son dos et réussit à lui faire ouvrir la gueule. Legolas en profite pour lui tirer une flèche dans le palais, et le monstre s’effondre au sol. Sam court vers Frodon, qui se redresse.

- Comment...? commence Boromir.

Frodon écarte le bord de sa chemise. En dessous, ils aperçoivent un éclat argenté. Gimli ouvre des yeux ronds, Gandalf et Aragorn sourient:

- Du mithril… fait le nain.

- C’est celle de Bilbon, répond le hobbit.

Legolas s’approche de Lylwing, qui est restée à l’écart. Elle peste intérieurement contre les gobelins. L’un d’eux l’a blessée à l’épaule. Et ça lui fait mal.

- Ça va? lui demande l’elfe.

- Oui… répond Lylwing en s'écartant. 

- Ne nous attardons pas, dit Gandalf. Ils vont nous traquer pour nous tuer.

Ils sortent en courant de la salle et suivent le magicien à travers les couloirs immenses.

- Au pont de Khazad-Dûm! crie le mage.

Un grondement sourd se fait entendre, comme le bruit de pas d’un géant. Gandalf semble de plus en plus inquiet. 

- De quoi s’agit il? demande Merry.

- Ne vous retournez pas et courez! répond Legolas.

              Ils arrivent au niveau des escaliers. Ces derniers sont en ruine et avec les gobelins qui courent partout, ils semblent sur le point de s’effondrer. D’ailleurs, à peine quelques centaines de mètres après le début des marches, le groupe est coupé en deux. Boromir, Merry, Pippin, Sam et Gandalf sont d’un côté, Aragorn, Gimli, Legolas, Lylwing et Frodon de l’autre. Le gouffre n’est pas trop large, mais une chute serait à coup sur mortelle. Le nain s’élance et est rattrapé de justesse par les autres de l’autre côté. Aragorn attrape Frodon et saute avec lui. Puis le trou s’élargit. Lylwing panique. Elle n’a peur de presque rien, sauf des gouffres noirs… elle n’ose pas passer. Legolas la prend par la main et lui murmure: 

- Vas y, je suis là.

La jeune fille secoue la tête. Elle se rend compte qu'il est près d'elle, trop près, même. 

- Je peux pas… souffle-t-elle.

Le gouffre s’agrandit sous ses pieds. De l’autre côté, quelques marches se sont effondrées aussi. Derrière eux, les gobelins et le bruit de pas géants se rapprochent. Aragorn crie: 

- Vas y!

Lylwing se met à trembler. Elle secoue la tête et regarde Legolas. Elle sait qu'elle ne peut pas continuer.

- Partez sans moi. Je ne peux pas vous aider. Je vais vous ralentir. Avec un peu de chance…

- Hors de question, la coupe l’elfe. Tu viens avec nous. Pas question de te laisser dans cette caverne maudite.

Il la prend dans ses bras. La jeune fille s’agrippe à lui quand il saute au dessus du gouffre. Elle lâche un cri de peur. Elle ne se rend même pas compte de la situation, tellement la peur lui dévore l'esprit. Quand ils atterrissent de l’autre côté, elle entend les grognements du nain. Elle ne cherche même pas à reposer ses pieds au sol. Ils se mettent à courir, elle toujours dans les bras de Legolas, jusqu'à ce qu’ils arrivent en bas de l’escalier, et en vue du pont. Ce dernier est très étroit et heureusement sans aucune créature autour. Ils passent tous les uns derrière les autres. Legolas doit tirer Lylwing par la main pour l’empêcher de rester paralysée devant le pont, et ce dernier est trop instable pour qu’il puisse la porter. Gandalf reste en arrière. Soudain, dans un grand cri, une créature de feu apparaît derrière eux. Elle est immense, avec un lasso de flammes et des ailes. Il est entièrement recouvert de feu.

- C’est quoi? couine Pippin, totalement pétrifié. 

- Le Fléau de Durin, murmure Gimli, tout aussi paniqué.

- Gandalf! appelle Aragorn.

Le magicien se tourne vers la créature. Il lui crie:

- Vous ne passerez pas, serviteur de Morgoth!

Le Balrog répond par un grondement si terrifiant que Lylwing elle même, pourtant habituée aux créatures les plus sombres, se sent tétanisée. Gandalf lève son bâton et frappe le pont devant lui, sur lequel s’est avancé la créature, en criant: 

- Vous ne passerez pas!

Le pont s’effondre. Le Balrog tombe dans les profondeurs du gouffre, mais réussit tout de même à faire tournoyer son fouet, qui s’agrippe autour des chevilles de Gandalf. Ce dernier glisse et se retient difficilement aux pierres.

- Fuyez, pauvres fous, souffle-t-il avant de lâcher prise et de disparaître à son tour dans l’abîme.

- Gandalf! hurle Frodon en se penchant au dessus du gouffre.

Aragorn le retient de justesse. Les flèches autour d’eux leur rappellent que les orques ne sont pas loin, et ils sortent en trombe de la mine, accueillis par la lumière du soleil. À l’extérieur, ils se laissent tomber au sol. Les quatre hobbits sont en pleurs, les deux hommes semblent abattus, tout comme le nain, et l’elfe lui même semble atteint d’une profonde tristesse. Seule Lylwing semble perdue. “Pourquoi ces larmes?” se demande-t-elle. Mais elle respecte leurs pleurs et ne dit rien. Elle a trop peur de se trahir. Elle se concentre sur sa blessure à l’épaule. À part ça, elle s’en sort indemne. Legolas finit par dire:

- Ne restons pas là. Lorsque la nuit va tomber, ils vont venir nous chercher.

- Legolas a raison, repreprend Aragorn. Nous ne pouvons rester ici. Le prochain endroit où nous serons en sécurité, ce sera la Lothlòrien.

Lylwing se fige. “La terre des elfes…”, se dit elle.

- Alors allons-y, répond Boromir.

Ils se redressent et repartent, après que Legolas ait bandé l’épaule de Lylwing. La jeune fille devient nerveuse. Sauron lui avait dit d’éviter à tout prix les elfes, et voilà qu’elle allait entrer dans leur territoire… 

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