Elfe des Ténèbres

Chapitre 12 : La fin de la Communauté: le secret est brisé

3032 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 19:42

               La Communauté suit le cours de l’Anduin. Le long du fleuve, tous regardent étrangement Lylwing. Au bout de quelques jours, ils atteignent la cascade appelée Rauros. Là, ils décident de s’arrêter afin de chercher un endroit pour passer. Ils montent un campement rapide, puis tous vont s’occuper de leurs affaires. Frodon monte au sommet de la colline, suivi par Boromir. Lylwing reste au bord de l’eau. Elle regarde la rive opposée en réfléchissant aux paroles de Galadriel. ‘Penses-tu qu’ils méritent de mourir?’ Elle voit Legolas passer près d’elle, les bras chargés de bois pour faire un petit feu. Il lui demande: 

- Que fais-tu?

Soudain, le cor de Boromir retentit. Tous se redressent. Aragorn et Legolas dégainent leurs armes et le premier crie: 

- Ils sont en danger!

Ils s’enfoncent dans les bois, prêts à aller retrouver leurs amis. Lylwing reste quelques minutes près du campement, sur ordre de Legolas. Mais quand le cor de Boromir retentit de nouveau, elle ne peut s’empêcher de foncer les rejoindre. ‘ je dois les aider’ , se dit-elle.

         Quand elle arrive, elle a une vision d’horreur. Boromir combat seul un groupe d’orques et deux flèches le transpercent! Elle lâche un petit cri et dégaine sa lame noire. Les orques la voient et un groupe fonce vers elle. Elle décapite le premier, lance une dague sur le second et en abat trois d’un seul geste. Le reste du groupe se tient en retrait. Puis l’archer lui tire une flèche dessus. Elle regarde Boromir: il s’est effondré au sol. Legolas et Aragorn arrivent vers eux, mais elle comprend qu’ils ne pourront pas les aider. Elle lance son épée qui s’enfonce jusqu'à la garde dans le coeur de l’archer, qui tombe au sol dans un gargouillis horrible. Les autres se ruent sur elle. Elle fait un geste, comme si elle jetait quelque chose, et plusieurs orques volent sur plusieurs mètres avant de s’écraser contre des arbres. Lylwing crie: 

- Ça suffit!

Elle emploie la Langue Noire, mais elle ne s’en rend pas compte. Elle tend les mains. Des flammes jaillissent du bout de ses doigts. Les orques s’arrêtent. Elle leur lance:

- Allez vous en!

L’un des orques rit, puis s’avance vers elle. Elle le réduit en cendres d’un simple clignement de paupières. D’autres orques prennent sa place. Elle hurle:

- Reculez!

Les orques lèvent leurs armes. Lylwing joint ses mains, décolle du sol, et une violente explosions propulse les orques à plusieurs centaines de mètres. Aucun d’entre eux ne se relève. La jeune fille atterrit doucement, mais dès que ses pieds touchent le sol, elle s’effondre. Legolas la rattrape de justesse avant qu’elle ne se cogne la tête sur une racine. Elle le regarde et murmure:

- Boromir…

Legolas la ramène près du guerrier. Aragorn est déjà agenouillé près de lui.

- C’est de ma faute… dit Boromir. Je… j’ai suivi Frodon parce que je voulais l’Anneau… mais ça n’a fait qu’empirer les choses…

- Vous vous êtes bien battu, lui dit Aragorn. Les hobbits sont en vie. Et rien n’aurait pu empêcher les orques de nous tomber dessus. Vous êtes un vrai fils du Gondor, Boromir.

Ce dernier regarde Lylwing.

- Et toi… même si tu m’as bien fait peur, et que j’ignore complètement comment tu as fait, tu m’as protégé. Pourquoi? 

- Je ne voulais pas vous laisser mourir, souffle Lylwing.

Boromir rit, ce qui lui arrache une grimace de douleur.

- Merci, jeune fille.

Il regarde Aragorn.

- Adieu, mon roi. Car vous méritez ce titre. Vous êtes le roi du Gondor…

Sa tête retombe en arrière et il rend son dernier souffle. Aragorn murmure:

- Adieu, mon frère.

Il lui ferme les paupières. Sans un mot, l’elfe, le nain et l’homme portent le cadavre jusqu’aux bateaux et le placent dans l’un d’entre eux. Ils remarquent que l’un d’entre eux a disparu et ils voient Frodon et Sam en train de grimper sur l’autre rive.

- On ne les rejoint pas? demande Legolas.

Aragorn secoue la tête.

- Ils ont décidé de poursuivre vers le sud, répond Aragorn. C’est la quête de Frodon. Et nous devons sauver Merry et Pippin.

- Alors qu’ attendons nous? demande Legolas.

- J’ai quelque chose à demander à cette jeune fille avant… dit il en designant Lylwing, qui s’est endormie. 

Ils poussent la barque de Boromir sur le fleuve et la regardent disparaître au loin. Puis ils attendent que Lylwing se réveille. Quand elle ouvre les yeux, Aragorn lui dit:

- Et bien… il semblerait que je ne me sois pas trompé, et que tu sois réellement magicienne…

Lylwing baisse la tête en rougissant. Aragorn continue:

- C’est toi qui est à l’origine de notre survie au Col.

- Je n’ai pas fait exprès… répond la jeune fille. Je ne maîtrise pas encore tout…

- en tous cas, tu maîtrises la langue Noire. 

Lylwing ne répond pas.

- Dis nous la vérité, demande Gimli. Qui es-tu vraiment et pourquoi est-ce que tu es venue avec nous?

- Je…

- Lylwing, l'interrompt Legolas en posant sa main sur son bras. Que nous caches tu depuis tout ce temps?

La jeune elfe hésite. "Nous y voilà", songe-t-elle. Elle hésite encore quelques secondes avant de se lancer, d'une voix hésitante, la tête toujours baissée .

- Je… je devais vous trouver pour récupérer l’Anneau.

- Comment ça? s’étonne Gimli.

- Je…

L'oeil de Sauron apparaît devant ses yeux. Elle entend sa voix l'exhorter au silence, mais elle sait qu'il est trop tard. Elle n'en peut plus de mentir. Et tant pis si elle doit mourir. 

- J’ai grandi au Mordor, avoue-t-elle. Sauron et les nazgûls ont été ma seule famille durant tout ce temps. Ils m’ont élevée dans le but de faire de moi leur meilleure arme et ils me répétaient que je devais exterminer les peuples libres. Quand je faisais quelque chose de mal, je me faisais frapper. J’ai encore des cicatrices de leurs épées. Mais pour moi, c’était normal. Et je pensais que leurs idées étaient les bonnes…

Elle relève la tête et poursuit, un peu plus fort:

- Sauron m’a chargée de retrouver l'Unique et de le lui ramener. C’était un test. Si je réussissais, il m’aurait nommée générale de son armée et c’est moi qui aurais conduit ses troupes pour marcher contre les peuples libres. C’était la première fois que je quittais le Mordor. Le plan, c’était que je devais vous trouver, gagner votre confiance et voler l’Anneau. Mais je ne devais vous tuer que si c’était nécessaire. Sauron voulait vous garder en vie pour que vous puissiez voir votre échec et pleurer devant la chute de vos terres. J’étais sûre que j’allais réussir sans souci… mais rien ne s’est passé comme prévu.

Gimli gronde: 

- Tu nous as menti, sorcière! 

Aussitôt, elle se retrouve menacée par l'arc de Legolas, une flèche pointée sur son coeur.

- non, répond Lylwing. Je n'ai jamais su vraiment mentir. J’ai réellement été attaquée par ces orques, qui ressemblaient à ceux qui viennent de nous attaquer. D'ailleurs, ce n’est pas Sauron qui les a envoyés. Ils m’auraient écoutée, sinon. Et oui, j’ai vraiment eu peur de retomber sur eux. Mais aussi vrai qu’au début je voulais seulement vous voler l’Anneau, qu’après le passage du Col… je n’étais plus tellement sûre de vouloir vous trahir…

- Je ne te crois pas, fait Aragorn. Après cet aveu, qui nous dit que nous pouvons te faire confiance? Tu nous affirmes que es notre ennemie, tout de même.

Sa voix trahit sa colère. Lylwing le sent.

- plus maintenant. Sauron est prêt à me tuer pour ce que je viens de vous révéler. Je l'ai déçu au plus haut point. Il m'a déjà punie. 

Elle leur montre la marque sur son bras. 

- qui nous dit que ce n'est pas une ruse pour nous tuer? répond le nain. Tu nous as fait croire que tu avais perdu la mémoire, pourquoi te croirait-on cette fois ci?

- Galadriel m’a parlé, quand nous étions en Lórien. Elle m’a dit que j’avais le choix. Que je n’étais pas obligée de suivre la voie de Sauron… Et c’est sûrement pour ça qu’elle m’a envoyée avec vous. Parce qu’elle savait que je doutais de ce que j’allais faire... 

 Aragorn fronce les sourcils. Lylwing cherche le regard de l’elfe, qui la fixe comme s’il s’agissait d’un gobelin. Elle sent son coeur se briser en petits morceaux, ainsi que les larmes monter.

- Tu nous as menti, Lylwing, dit Legolas. Tu nous a menti et trompés. Je ne vois pas en quoi nous pourrions te faire confiance.

Elle se met à pleurer. Les larmes coulent sur ses joues et elle ne contrôle rien. Il ressemble tellement à la vision...

- Ça ne vous suffit pas que j’aie essayé de vous aider? explose-t-elle. Ça ne vous a pas traversé l’esprit que je suis aussi affectée par la mort de Boromir? Vous ne m’aimez pas, je le sais et je le comprends. Mais vous ne vous doutez pas que ça me fait mal de savoir que vous ne m’accepterez jamais? Je pensais que vous comprendriez ce que je ressens…

        Elle fait mine de se lever. Legolas se crispe, prêt à lâcher la flèche. Mais la jeune fille lui tourne le dos pour aller s'asseoir au bord de l'eau.  Elle continue de pleurer, laissant le groupe perplexe. Elle commence à murmurer, si bas que même Legolas doit tendre l'oreille pour saisir ses mots:

- Quand je vous ai vus ensemble sourire, rire, parler ou même chanter, je ne comprenais pas pourquoi. Je n’ai jamais eu de fou rire. Ne ne sais pas ce que c’est que de plaisanter. Je n’ai jamais eu personne à qui parler. Et puis, vous partiez pour une quête qui pouvait se solder par votre mort à tous. Et pourtant… vous faisiez souvent comme si vous partiez juste faire un tour… et aussi vous vous entraidez. Même si vous ne vous connaissez qu’à peine, vous faisiez comme si vous vous connaissiez depuis longtemps. Vous voyez des choses que je ne vois pas. Vous connaissez des choses que je j'imagine pas. Je ne connais ni l’amour, ni l’amitié, ni la joie ou le bonheur. Je ne connais que la peur, la haine et la violence. Je vous demande juste une chance… et vous me la refusez. 

Elle se tourne vers eux.

- lâchez la, dit elle en désignant la flèche. Je ne vois pas l'intérêt de vivre si c'est pour être vue comme un monstre. 

Devant son visage d'ange, Legolas baisse lentement son arc. Les autres le regardent, perplexes. Lylwing à fermé les yeux, s'attendant à recevoir une flèche... sans un mot, l'elfe se lève et va la rejoindre. Il s’assoit près d’elle, la prend dans ses bras et lui caresse doucement le dos. Lylwing se met à trembler et pleure encore plus fort. Legolas lui dit :

- Tu sais, tu nous as révélé des choses tellement… effrayantes… tu nous dis que tu as été envoyée par Sauron et que tu veux nous aider? C’est un peu paradoxal, avoue le. Tu nous as menti et tu veux qu'on te fasse confiance… c’est un peu difficile de te croire. Qui nous dit que tu ne vas pas nous poignarder comme cet orque, tout à l’heure? Mais c’est vrai que Galadriel a l’air d’avoir confiance en toi… et si la Dame des Galadhrim te fait confiance, alors je te ferai confiance aussi. Mais laisse nous réfléchir un peu. C’est vrai que tu as balayé ces orques comme des feuilles… mais c’est aussi ce qui nous attend si tu nous trahis.

- Je n’en ai pas envie. Je… je veux juste vous aider…

Elle lève la tête. Legolas la fixe de ses yeux d’un vert profond. Il pose son front contre le sien et murmure: 

- Je te crois, princesse des ténèbres.

Lylwing frissonne. Elle n’aime pas ce nom. Mais l’elfe l’a prononcé avec douceur, comme si c’était un don rare. Elle ne s’est jamais sentie aussi perdue. Comment doit-elle réagir? Elle n’ose pas bouger. Au bout d’un moment, Legolas se redresse et essuie doucement ses larmes du bout des doigts. Lylwing pose sa tête contre lui.

- Merci… murmure-t-elle.

Aragorn s’approche à son tour.

- Je pense que ta nature d’elfe doit être la principale cause de ton doute et de ta volonté de nous aider. Sauron aura beau te répéter en boucle que le mieux est de nous écraser, il ne réussira jamais à faire disparaître ta nature profonde. Et je pense aussi que tu es sincère. Ça se voit à tes yeux. Quand tu mens, tu fuis les regards. Là, tu nous a tout dit en face.

- Gandalf ne lui faisait pas confiance, rappelle Gimli.

- Je pense qu’il se serait rangé de notre avis, lui répond Legolas. Il aurait même été plus rapide à l’accepter.

- Je me méfie quand même d’elle. C’est une elfe! répond Gimli.

Legolas éclate de rire, suivi par Aragorn.

- Ne suis je pas aussi un elfe? lui dit Legolas. Et n’avez vous pas eu confiance en Dame Galadriel?

Le nain soupire.

- Bon… vous avez gagné, cette fille n’est peut être pas entièrement maléfique… 

- Elle ne l’est pas du tout, assure Legolas.

Il se relève et va chercher quelque chose. Il tend à Lylwing ses armes.

- C’est à toi, je crois, dit il.

- Merci, répond la jeune fille.

- Bon, intervient Aragorn, qui veut partir chasser de l’orque?

Il regarde Lylwing, qui tourne la tête vers Legolas. Ce dernier lui sourit et pose sa main sur son épaule. Elle lève sa dague elfique et dit:

- Allons y. 

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