Petite lumière

Chapitre 1 : Warriors

3756 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 13/10/2023 18:53

~Alerte révélation : cette histoire contient des références aux événements survenus dans le jeu The Mageseeker~






Une semaine s'était écoulée depuis que le jeune prince Jarvan IV, récemment devenu roi, avait mis fin aux agissements des traqueurs de mages, proclamé l'arrêt des oppressions et des emprisonnements infondés des mages du pays et déclaré que Terbisia serait un refuge pour eux, sous la gouvernance de Luxanna Crownguard.

Lux croulait sous les choses à faire et elle n'avait toujours pas trouvé mieux pour dormir que la vieille tour à moitié effondrée qui lui faisait office de quartier général. La nuit était tombée depuis longtemps et elle s'apprêtait à prendre un repos bien mérité quand une silhouette sombre se détacha d'une ombre de la ruine. La clarté de la lune dévoila des bras aux muscles saillants portant d'imposantes menottes de pétricite, un torse nu et viril sur lequel reposait un lourd collier, et des mèches brunes indisciplinées retombant devant un visage à l'air grave.

Sylas.

Lux réprima un cri et se précipita sur son bâton de mage, qu'elle maintint fermement devant elle.

– Tu as peur de moi ? déduisit Sylas. C'est compréhensible. Tu vas donner l'alerte ?

– Je peux très bien te régler ton compte seule.

– C'est vrai, tu es bien plus puissante que le jour où je t'ai rencontrée.

– Pourquoi es-tu venu ?

– Je… voulais te revoir.

L'expression de méfiance sur le visage de Lux s'effaça subitement et elle abaissa son bâton.

– Je voulais te revoir une dernière fois, reprit Sylas. Je vais partir, et si nos chemins sont amenés à se recroiser, alors nous serons à nouveau dans des camps opposés.

– Tu veux continuer à te battre ? Pourquoi ? Tu as réussi Sylas. Grâce à toi, les mages sont libres, tu n'as plus besoin de te battre.

– Ce pays est pourri jusqu'à la moelle par l'injustice. Je l'éradiquerai par la force.

– Non, il y a d'autres solutions. Reste, je pourrais te cacher, je pourrais parler à Jarvan, nous pourrons travailler ensemble à bâtir une meilleure Demacia.

– Les privilèges t'ont rendu naïve, Lux.

– Je ne suis pas naïve, c'est toi qui es cynique.

– Je t’ai trahie, j'ai tué ton oncle, j'ai tué des dizaines d'innocents, et tu es toujours prête à me faire confiance ?

– Je ne cautionne pas tes actes. Mais je sais que c'est une colère légitime qui t'a poussé à agir ainsi. Tu es quelqu'un de meilleur que tu ne l'imagines toi-même. Renonce, je t'en prie.

Sylas garda un silence avant de répondre :

– Il n'y a pas d'autres solutions pour moi. Je n'en vois pas d'autres. Tu es trop éblouissante pour moi.

Lux se sentit rosir malgré elle.

– Sylas…

– Ce lieu est merveilleux. Je déteste ce roitelet prétentieux, mais il a fait un bon choix en te nommant à sa tête. Les mages seront bien traités ici.

Il marqua une pause, comme s'il était parti loin dans ses pensées.

– Si un tel endroit avait existé à l'époque… Les choses auraient été différentes.

Sylas commença à tendre la main vers Lux mais suspendit son geste.

– Prends soin de toi, petite lumière.

Lux resta les bras ballants, les yeux embrumés.

– Attends. Où est-ce que tu vas ?

Que risquait-il à le lui dire ?

– Freljord.

Sur ce mot, Sylas partit, se fondant dans les ténèbres de la nuit.



Luxanna Crownguard était maintenant gouvernante de Terbisia depuis plusieurs mois. Être utile et pouvoir venir en aide aux mages de ce pays, l'épanouissaient au plus haut point. Elle avait la sensation d'avoir enfin trouvé sa place, sa raison d'être en ce monde. Chaque jour, elle accueillait des nouveaux arrivants désireux de venir s'installer dans son refuge. Ce qui avait autrefois été un campement sommaire et clandestin pour fuir les traqueurs de mages, ressemblait maintenant à une petite ville rustique pleine de charme. La vie de leur communauté s'était organisée de manière simple et naturelle, chacun trouvant son utilité dans leur groupe. Luxanna s'occupait d'apprendre aux mages à accepter et contrôler leur pouvoir. Les voir chasser leurs appréhensions et réussir à maîtriser leur don lui apportaient la plus grande des satisfactions. À chaque fois, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à son propre apprentissage, avec un pincement au cœur.

Lux était également tenue de prévenir et de régler les conflits. Le temps des oppressions, des exécutions et de la révolte des mages était encore récent dans les mémoires, et les rancœurs perduraient tant du côté des non mages que des mages. La paix reposait sur un équilibre précaire et Lux veillait dessus avec précaution. Elle savait qu'avec le temps, les choses iraient en s'arrangeant. Elle le constatait déjà.

– Lux, l'interpella l'un des villageois. Tu as de la visite.

La jeune femme le remercia et laissa le mage de terre qu'elle était en train d'assister continuer à s'entraîner seul, pour se diriger vers ses appartements. Elle reconnut la silhouette massive, parée de son armure de blanc et d'or, et de sa longue cape bleue, et se jeta dans ses bras.

– Garen !

– Salut, petite sœur.

Elle s'éloigna d'un pas pour regarder son frère.

– Je suis contente de te voir, ça fait si longtemps.

– Il faut dire que tu ne nous rends plus souvent visite.

– Je suis désolée. J'ai été occupée, tu sais.

– Je suis si fier de celle que tu es devenue. Jarvan ne tarit pas d'éloges sur ta gestion de Terbisia.

Lux lui lança un regard plein de reconnaissance. Ses mots la touchaient profondément.

– Que me vaut le plaisir de ta visite ? demanda-t-elle.

– Je dois partir en mission demain, je voulais te voir avant mon départ.

– Où pars-tu ?

– Des mouvements de troupe inquiétants ont été repérés du côté de la frontière avec Freljord.

– Freljord ?! s'exclama Lux.

Et sans réfléchir, elle ajouta :

– Je viens avec toi !

– Quoi ? Hors de question, c'est trop dangereux.

– Je ne suis plus une petite fille à protéger, je sais très bien me défendre.

– Je sais, mais ce n'est pas ta place. Ta place est ici, pas au front.

– Je peux déléguer pour quelques jours.

– Qu’est-ce que tu veux faire là-bas ? Qu'est-ce qu'il y a avec Freljord ?

Lux fuit le regard de Garen et resta muette.

– Tu as encore tes secrets, constata Garen.

– Garen, je… Je ne peux rien te dire.

– Je ne peux pas t'en empêcher de toute façon, soupira-t-il. Tu es têtue comme une mule, tu viendras quoi que je puisse dire, pas vrai ?

– Oui.

– Quel que soit ce que tu refuses de me dire, je te fais confiance Lux. Tu dois avoir tes raisons qui t'empêchent de parler.

Lux hocha la tête.

– Merci Garen.

– Prépare tes bagages, nous partons demain à l'aube.

– Oui, capitaine ! acquiesça Lux, parodiant la posture militaire. À vos ordres, capitaine.

La perspective d'un voyage avec le détachement de son frère était amusante, mais tout au fond d'elle, une boule tordait ses entrailles.

Freljord…



*warriors*



Sylas reprit connaissance sur le sol dur, froid et humide d'un cachot. Il se redressa et grogna en sentant une douleur à l'arrière de la tête. Il regarda ses mains, attachées ensemble par une simple chaîne en acier, elle-même accrochée à un anneau fixé au sol. Ses anciennes menottes en pétricite lui avaient été retirées.

"Ils ont retenu la leçon" pensa-t-il amèrement.

Sa cellule était spacieuse mais terriblement vide et austère. Au moins cette fois, il savait pourquoi il était enfermé, il savait quel risque il courait en lançant cette attaque.

Il ne s'était pas attendu à ce que Lux soit là, dans cet avant-poste près de la frontière freljordienne, alors qu'il la croyait à Terbisia. Sa présence avait considérablement changé la donne, et lui et ses alliés freljordiens avaient rapidement été dépassés. Sans compter l'arrivée du fameux colosse de Durand. Lux assumait sa magie au grand jour maintenant et, quand une partie de lui s'en réjouissait, une autre songeait à la cruelle ironie de la situation.

Lux l'avait entravé de sa cage de lumière. Immobile et impuissant, il avait regardé son insupportable de frère s'approcher avant de perdre connaissance sous un violent coup à la tête.

Sylas s'allongea à même le sol. Se retrouver à nouveau prisonnier le replongeait dans ses plus douloureux souvenirs.



– Tu savais qu'il serait là, n'est-ce pas ?

Lux était assise sur le bord du lit des appartements qu'on lui avait attribués dans le fort de l'avant-poste, perdu dans ses pensées, le regard dans le vide. Elle releva la tête en entendant son frère et avoua :

– Je… Oui. J'avais de bonnes raisons de le croire.

– Tu tiens toujours à lui.

Garen s'installa à ses côtés. Il avait énoncé cette phrase comme un fait, une évidence et non une question.

Lux s'agaça.

– Si tu viens me faire la leçon, ce n'est pas…

– Non, l'interrompit Garen. Non, je ne te ferai aucun reproche. Je sais que tu n'y peux rien.

Garen la comprenait d'autant mieux maintenant qu'une certaine rouquine occupait ses pensées alors même qu'il ne l'avait vue qu'une seule fois et que son instinct lui criait de ne pas s'attacher à elle.

– Même si je n'arrive toujours pas à comprendre ce que tu lui trouves. Il est colérique, violent et dangereux. Il vient encore de nous le prouver.

– Il…

La voix de Lux se brisa.

– Il n'est pas que ça. Tu ne le connais pas.

Garen soupira.

– Je sais que j'ai failli à mes devoirs de grand frère. Lui t'a acceptée telle que tu étais et t'a aidée au moment où tu en avais le plus besoin, alors que moi je… J'en étais incapable. Je… J'ai… Je ne t'ai pas écoutée, j'ai refusé de te comprendre. Je n'ai pas été là pour toi.

Garen gardait la tête baissée, il n'osait croiser le regard de sa sœur. Chacun de ses mots sortaient avec difficulté, la remise en question, la culpabilité et le regret le tiraillant.

– Je ne referai pas cette erreur.

Lux posa sa main sur celle de son frère et attendit qu'il tourne son regard vers elle.

– Merci Garen.



Lux descendit les escaliers menant aux cachots. Cela ne lui rappelait que trop de souvenirs, même si ces geôles étaient autrement moins accueillantes que celles de l'enceinte des traqueurs de mages de la capitale, surtout à cause de l'air glacial qui transperçait les murs de pierres. Elle arriva en bas des marches et trouva une porte de fer gardée par un soldat.

– Dame Crownguard, salua le garde en s'inclinant. Vous pouvez aller le voir mais j'ai pour consigne de ne pas vous laisser seule avec lui.

– Bien sûr, je comprends.

Il déverrouilla la porte et laissa passer Lux avant d'entrer à son tour. Une grande grille barrait la pièce en son milieu, derrière laquelle se trouvait Sylas.

– Lux, s'exclama-t-il en la voyant. C'est comme au bon vieux temps. Tu m'amènes du rôti et de la lecture ?

– Tu ne prends jamais rien au sérieux ?

– Détrompe-toi. Je t'aurais prise au sérieux si j'avais su que tu étais là. Je n'ai plus la moindre chance contre toi. L'élève a dépassé le maître.

– Je devais t'arrêter.

– Je sais. Ils vont m'exécuter pas vrai ?

– Oui. Ils attendent l'arrivée de Jarvan.

– Ah, mon exécution a donc suffisamment de valeur pour mériter la venue du roi en personne. C'est bon à savoir.

– C'est tout ce que ça te fait ?

L'idée de mourir lui plaisait-elle ? Non. Pas plus que l'idée de vivre. Sa vie lui avait été retirée il y a bien longtemps déjà, privé d'une enfance insouciante, privé de son adolescence, matrixé, enfermé, isolé, brisé. Son existence actuelle ne ressemblait guère qu'à une lutte désespérée dans un brouillard d'ombre et de douleur.

– Peut-être, avança-t-il. Peut-être est-ce finalement le seul moyen de mettre un terme à tout ça.

Lux détourna le regard et tourna les talons. Sylas fit une dernière déclaration avant qu'elle ne quitte la pièce.

– Je sais que je ne te méritais pas, mais merci d'avoir été mon amie.



Jarvan venait d'arriver à l'avant-poste, après une longue route à cheval. Il s'accordait un moment de solitude et de réflexion dans les appartements du fort réservés au roi. Instant que lui refusa Lux, déboulant dans la pièce sans demander la permission ni même s'annoncer.

– Tu dois annuler l'exécution de Sylas.

– Je te demande pardon ?

Jarvan lui passa son entrée peu protocolaire, mais pas sa déclaration insensée.

– Tu dois annuler l'exécution de Sylas, répéta-t-elle calmement.

– En quel honneur ?

– Elle est infondée et injuste.

– Ne te cache pas derrière des prétextes bateau, dis plutôt que tu tiens à ton petit criminel préféré.

– Je ne suis plus une enfant, Jarvan. Cesse de me traiter comme une idiote.

– Tu n'es pas idiote Lux, tu es simplement aveuglée par son charme de prisonnier ténébreux et par son absence de chemise.

– Et toi, tu es un lâche ! Comme quand tu as accepté nos fiançailles parce que tu refuses d'assumer celle que tu aimes !

Jarvan frémit.

– Luxanna, tu dépasses les bornes ! Tu t'adresses à ton roi !

– Tu étais mon ami bien avant d'être mon roi.

– Sylas a mille fois mérité son exécution. Il a tué mon père, il a organisé des massacres et terrorisé tout le pays avec sa révolte sanglante.

– Il n'a pas tué ton père, tu le sais et tu l'as toujours su. Tu as laissé ta haine te guider, tu as fait de Sylas ton bouc émissaire, et des mages ta cible prioritaire. Pendant ce temps l'assassin du roi court toujours. As-tu au moins lancé les moindres démarches pour tenter de l'identifier ?

– Je vais te faire enfermer pour ton insolence.

– Sa révolte a tué beaucoup trop de gens, et je le regrette, mais tu ne peux pas nier qu'elle en a sauvé tout autant. Qu'en est-il de toi ? Tu as autant de sang sur les mains que lui. Quand tu as ordonné le décret de mise à mort des mages. Quand tu as fermé les yeux sur les agissements de mon oncle et de son abominable homme de main. Devrais-tu également te condamner à mort ? Non, tu ne le feras pas, et alors tu lui donnes raison. Ce pays qui se vante de justice n'est rien d'autre qu'un gigantesque mensonge. Une dernière chose et ensuite tu es libre de me faire enfermer si c'est ce que tu souhaites : Sylas est apprécié parmi les mages à Terbisia. Tue-le et tu en feras un martyr.

– Pas si ça ne se sait pas.

– Alors tu devras me tuer aussi. Je ne me tairais pas.

– Quitte cette pièce immédiatement, avant que je ne sois tenté de te prendre au mot.



– Votre Majesté, s'annonça Garen en entrant dans la pièce après le départ de Lux.

– Encore un Crownguard ? Je crois en avoir eu assez d'une pour aujourd'hui.

Garen referma la porte derrière lui.

– Ne lui en veuillez pas, je vous prie.

– Il faut au moins reconnaître ça à ta sœur, elle ne s'embarrasse pas avec le protocole quand nous sommes seuls. Alors que toi, je suis obligé de te le répéter sans cesse.

– Je… C'est… un réflexe.

Il s'assit face à Jarvan.

– Ne t'en fais pas, j'ai l'habitude. Je suis sûr que tu brûles d'envie de me donner tes lumières avisées sur la situation. Je t'en prie, exprime-toi.

– Tu connais Lux aussi bien que moi. Tu sais qu'elle est quelqu'un de bien. Sans doute même meilleure que toi et moi. Elle se bat pour ce qu'elle pense juste.

– Je crains qu'elle ne soit pas très objective dans cette histoire.

– Non, elle ne l'est pas. Elle l'aurait sans doute défendu moins ardemment s'il avait porté une chemise mais elle l'aurait défendu tout de même. Parce qu'il a permis l'arrêt de l'oppression des mages, alors que nous étions aveuglés par notre crainte et notre ignorance. Parce qu'il a permis à Demacia de devenir une meilleure version d'elle-même, plus juste. Les méthodes qu'il a employées sont condamnables, mais aurions-nous compris autrement ?

– Je suis en colère parce que je crois que je sais au fond qu'elle n'a pas complètement tort.

Garen vit Jarvan hésiter puis se décider :

– Je n'ai pas cherché l'assassin de mon père.

Cette phrase fit apparaître Jarvan non plus comme un roi, mais comme un jeune homme qui n'avait pas encore fait le deuil de son père. Il s'accorda un instant de mélancolie.

L'image de la rouquine marchant sur les toits du palais le jour de la mort du roi, s'imposa dans l'esprit de Garen. Il la chassa. Ce n'était pas le moment.

– Libérer Sylas ne reviendrait-il pas à cautionner ses actes ? reprit finalement Jarvan. Puis-je vraiment me le permettre ?

– Tu es le roi, tu peux faire ce que tu veux. L'injustice qu'ont subie Sylas et les mages a nourri sa haine. Il a déjà purgé quinze ans de prison pour un crime qu'il n'avait pas commis. L'amnistier maintenant revient à dire que les torts qu'il a infligés valent bien ceux qu'il a subis. C'est peut-être le seul moyen de mettre un terme à la spirale de violence et de rancune. Le pardon.

Jarvan poussa un long soupir.

– Fais revenir Lux.



Garen revint un instant plus tard s'annonçant à la porte.

– Votre Majesté, déclara-t-il en entrant aux côtés de sa sœur.

Jarvan se leva et se planta devant Lux, la regardant droit dans les yeux.

– J'accepte, à une condition : tu te portes garante de ses actes. S'il venait à se faire à nouveau remarquer, tu en seras responsable et tu partageras sa sanction. Ne vas pas t'imaginer que ton rang ou l'affection que je te porte pourront te sauver. Est-ce que cela te convient ?

Un frisson parcourut Garen. Non, il fallait qu'elle refuse. Elle ne pouvait pas risquer sa propre vie pour lui, même malgré son attachement.

Il ferma les yeux. Il savait très bien ce qu'elle allait répondre.

– J'accepte.

– J'ai fait le premier pas. A vous de faire le second maintenant.



La porte du cachot s'ouvrit, laissant passer Jarvan.

– Bonjour, Monseigneur, ironisa Sylas. Le moment tant attendu de ma mort est finalement venu ?

– Nous n'allons pas faire semblant. Je te déteste, tu me détestes. Mais il se trouve que Luxanna a fort bien plaidé ta cause, et qu'elle se porte garante pour toi. Si tu tiens à elle au moins un dixième de ce qu'elle tient à toi, alors tu ne trahiras pas sa confiance. Le moindre faux pas de ta part, et vous le paierez tous les deux de votre vie. C'est clair ?

– Très clair, répliqua Sylas sans pouvoir dissimuler le mépris dans sa voix.

Sylas crut d'abord à une mauvaise blague, avant de comprendre ce qu'il venait d'entendre. Lux l'avait à nouveau sauvé de l'échafaud. Et elle mettait sa propre vie en jeu pour lui. Sylas eut un rire bref. Cela lui ressemblait bien.

– Le conflit avec Freljord est réglé. Les survivants sont repartis avec la promesse d'une généreuse récompense en échange de ta tête, si jamais il te reprenait l'envie d'aller chercher assistance dans le nord. Tout mage s'associant à toi pour des projets de rébellion retrouvera sa cellule et sa potion tue-mage dont tu as toujours voulu les sauver. Tu es seul, Sylas. Il n'y a plus que Lux pour avoir encore un peu de respect pour toi. Ne la déçois pas.

» Garen et moi partons maintenant pour nous éviter toute tentation de nous entre-étriper dès ta sortie. Luxanna viendra te libérer quand nous serons suffisamment loin. Je ne suis pas pressé de te recroiser. Tâche d'être devenu un homme meilleur d'ici là.



Dans la cour du fort, les préparatifs du départ battaient leur plein.

Garen était anxieux à l'idée de laisser sa sœur seule avec ce criminel, et il tentait de repousser ce sentiment pour accepter la décision de Lux.

– J'espère que tu sais ce que tu fais.

– Je fais ce qui me paraît juste.

– Je sais.

Garen serra sa petite sœur dans ses bras, presque étouffée par sa carrure massive.

– On se revoit bientôt, d'accord ?

– Oui, c'est promis.

– Lux… (Garen la relâcha.) Si tu pouvais attendre un peu avant de le ramener aux repas de famille… Je ne suis pas prêt.

Lux sourit et regarda son frère se mêler à ses soldats. Jarvan les rejoignit peu après, marquant le signal de départ. Ils quittèrent l'enceinte de l'avant-poste, sans un regard en arrière, en route vers la capitale.



Depuis son cachot mal isolé, Sylas pouvait entendre le brouhaha agité d'un départ en grande pompe. Le plafond se mit à vibrer sous le pas cadencé des soldats. Puis tout redevint calme et silencieux. Un silence que vint finalement briser, après une longue attente, le couinement de la porte en ferraille de sa cellule. Lux apparut dans l'encadrure.

Sylas resta muet. Lui qui avait toujours un mot ironique à placer, n'avait cette fois rien à dire. Il la regarda déverrouiller la porte de la grille, et se rapprocher de lui. Elle s'agenouilla à sa hauteur et lentement, posa sa paume sur le dos d'une des mains menottées de Sylas.

– Voilà, si tu veux continuer ta guérilla sanglante, c'est le moment. Vole ma magie, tue moi et sauve toi.

Sylas resta immobile.

– Tu es plus forte que moi, petite lumière.

– C'est la seule chose qui te retient ?

Sylas ne répondit pas et Lux entreprit de déverrouiller ses menottes.

– Pourquoi fais-tu tout ça ?

– Tu m'as aidée à accepter ma lumière. A mon tour maintenant.

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