Le silence de l'annihilation

Chapitre 1 : Le silence de l'annihilation

Chapitre final

6644 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/03/2024 12:20

Note de l'autrice : Fait office de préquel à ma fanfiction "Liés-par-le-sang"




Les cris de joie et d'allégresse furent remplacés par des cris de terreur et d'agonie. La créature n'était pas un dieu freljordien. Ou si elle en était un, c'était un dieu vengeur venu apporter la destruction et la désolation. Erika s'empara de sa hache et sortit dans la nuit à la suite de ses parents. Elle savait se battre et elle avait déjà vu la mort.

Pourtant, rien ne l'avait préparée à ce qui l'attendait. Aucun des meilleurs guerriers ne tenait plus d'une minute contre la créature. Elle ne tuait pas. Elle massacrait. Ce n'était pas un combat, c'était une mise à mort. Le monstre était plus haut que le plus grand des hommes de sa tribu, et il faisait effectuer à sa lame une danse macabre qui, à chaque coup, tranchait un bras, arrachait une tête, éventrait, lacérait, déchiquetait…

Erika serra son arme contre elle. Ses oreilles se mirent à bourdonner. Les sons lui semblèrent tout à coup lointains, étouffés. Son cœur battait dans ses tempes, sa vision se brouilla et ses muscles se figèrent.

– Erika.

Depuis le brouillard dans lequel elle était plongée, il lui sembla avoir entendu son nom.

– Erika !

Une main ferme lui secoua l'épaule. Elle battit des paupières, extirpée brusquement de sa tétanie, et ramenée dans le chaos ambiant. Elle se rendit compte que des larmes avaient inondé son visage. Ses yeux se posèrent sur son père face à elle.

– Erika, tu rentres à la maison et tu te caches !

La jeune fille ravala ses larmes et hocha la tête. Son père la serra une dernière fois dans ses bras.

– Je t'aime, ma fille. Tu dois vivre.

Puis il la poussa en direction de leur demeure avant de ramasser son marteau et de se diriger vers la créature.


Elle fut d'abord frappée par le silence. Un silence de plomb tel qu'elle n'en avait jamais connu. Pas de bruit de la forge, pas de rire d'enfants, pas de cris d'oiseaux. Même le sifflement du vent s'était tu. A tel point que le crissement de ses pas sur la neige gelée du matin paraissait assourdissant.

Ensuite vint l'odeur puissante, tenace, qui la prit à la gorge. L'odeur du sang et de la mort.

Enfin, l'affreuse confirmation visuelle. Le tapis de cadavres et la rivière écarlate.

Erika se figea, incapable de détourner son regard de ce spectacle macabre, incapable du moindre mouvement pour aller aider d’éventuels survivants, incapable de prendre une décision ou même de savoir comment réagir. Elle resta là un long moment, paralysée par la situation.

Tout comme la voix de son père l’avait ramenée à la réalité la veille, cette fois ce furent des pleurs qui la sortirent de sa torpeur. Occultant tout le reste, elle se raccrocha à ce son, qui lui donnait quelque chose à faire, une direction à prendre. Elle se précipita vers la maison dont il provenait, poussa la porte découvrant les restes d'un repas inachevé sur la table, et suivit les sanglots jusqu'à une chambre d'enfant.

– Arne, appela-t-elle doucement. C'est moi, c'est Erika. Tu peux sortir de ta cachette.

La tête du petit garçon apparut sortant de sous le lit, les joues humides.

– Erika ? Où sont mon papa et ma maman ?

La jeune fille sera le garçon dans ses bras, paupières closes. Elle repoussa les images qui lui venaient en tête et se retint de laisser couler ses propres larmes. Elle était l'aînée, elle devait tenir bon.

– Il n'y a que moi Arne.


Tryndamere ouvrit les yeux.

Il était vivant.

Il lui fallut un moment pour prendre conscience de cette évidence. Si ses blessures ne l'avaient pas tué, le froid aurait dû s'en charger. Il était resté inerte toute la nuit à même le sol, ses vêtements étaient trempés par la neige.

Mais une chaleur le réchauffait du plus profond de ses entrailles. Une rage brûlante. Il se releva, son arme à la main, et posa un regard éteint sur les corps qui l'entouraient avant de le reporter vers l'est. Les traces de pas de la créature dans la neige y étaient toujours visibles. Ses yeux se teintèrent de rouge et il poussa un hurlement.


Le hurlement qui déchira le silence fit sursauter les deux enfants. Le cœur d'Erika se mit à battre la chamade. La créature était-elle toujours là ?

– Erika, qu'est-ce que c'est ? demanda Arne dont les yeux s'emplirent à nouveau de larmes.

– Ne fais pas de bruit, reste là, je vais voir. Je reviens tout de suite, d'accord ?

Rassemblant son courage, elle se précipita à la fenêtre essayant d'apercevoir quelque chose puis sortit par la porte. Elle arriva dans l’allée centrale du village et tourna le regard vers le lieu de l’affrontement.

Là, au milieu des cadavres, se tenait un guerrier, debout, vivant. Il était de dos mais la jeune fille le reconnut à sa longue chevelure brune. Il sembla à Erika qu'un poids s'envolait de ses épaules.

Il y avait un survivant.

– Tryndamere !


Il allait se lancer à la poursuite du monstre, assouvir sa vengeance quel qu’en soit le prix, quand une petite voix derrière lui le retint.

– Tryndamere !

Il tourna la tête et découvrit la version écarlate de la jeune Erika.

Tous ses sens étaient pris par le filtre de la rage. Le monde était couvert de rouge. Une seule image occupait son esprit : celle des traces de la créature dans la neige. Il devait tuer, il devait faire couler le sang. Rien d’autre ne comptait.

Pourtant la vision d’Erika parvint à se faire une petite place dans cet océan de haine, et bientôt les deux images coexistèrent dans les pensées de Tryndamere.

Il serra les paupières, ses mains blanchirent sur la garde de son épée. Le sang battait dans ses tempes. Il prit une inspiration, concentra toutes ses pensées sur la jeune fille et, au prix d'une immense volonté, réussit à chasser la haine qui le consumait.

Ses yeux verts se rouvrirent et il rejoignit l'adolescente, incertain sur ce qu'il venait de vivre.

A la vue du guerrier, la digue qu'Erika avait érigée en elle céda, et des larmes perlèrent à ses yeux. Elle était tout à coup déchargée de la responsabilité de sa survie, de celle d’Arne, trop lourde à porter pour son jeune âge. La présence de Tryndamere lui parut comme un espoir miraculeux, une chance de s’en sortir. Il allait les aider, il allait les guider.

– Tu es vivant, sanglota-t-elle. Tu es vivant. J'ai eu peur, j'ai eu si peur. J'ai cru que j'étais seule.

Erika leva vers lui ses yeux humides.

– Est-ce que d’autres ont survécu ?

Tryndamere semblait perdu, comme s’il revenait de très loin.

– Je… n’ai pas vérifié. Je vais le faire.

Erika essuya son visage de sa manche.

– J'ai retrouvé Arne, il est resté caché chez lui.

– Il n'est sans doute pas le seul. Fais le tour du village, cherche les autres. Ça ira ?

Erika hocha résolument la tête.

– Tu n'es pas blessé ? voulut-elle savoir.

La question fit prendre conscience à Tryndamere qu'il ne ressentait aucune douleur. Il baissa les yeux sur son propre corps pour constater que pas une seule blessure ne le parcourait. Il avait pourtant souvenir de la créature lacérant son flanc et de la sensation de ses os qui se brisent quand elle l'avait projeté contre un mur. Ses vêtements déchirés et tachés de sang en étaient la preuve.

Erika remarqua son air confus et décida de ne pas insister. Elle se précipita pour exécuter la demande de Tryndamere.

Le guerrier quant à lui tourna son regard vers le champ de bataille. C'était un travail peu réjouissant qui l'attendait. Il n'avait aucun espoir de retrouver qui que ce soit vivant dans cette gigantesque boucherie mais par acquis de conscience, et parce qu'il l'avait promis à Erika, il était tenu de vérifier. L’un après l'autre, il scruta chacun des visages des combattants, à l'affût du moindre souffle, du moindre mouvement, du moindre gémissement. Tous ses frères et sœurs d'armes défilaient devant ses yeux, les traits déformés par l'atroce douleur qui les avait emportés.

Le sang lui monta à la tête et, à nouveau, il se sentit perdre pied. Et cette chaleur ! Depuis quand faisait-il si chaud à Freljord ? Tryndamere avait l'impression de suffoquer. Il retira son haut fait d'épaisses fourrures, et put respirer à nouveau. Le vent froid sur son torse rafraîchit ses ardeurs et l'aida à reprendre ses esprits.

Il ne comprenait pas pourquoi lui avait survécu quand tous les autres avaient péri. Il ne comprenait pas non plus pourquoi ses blessures avaient disparu et pourquoi la rage planait autour de lui, comme un oiseau de mauvais augure.

Lui revint alors en mémoire l'image de la créature juste avant qu'il ne perde connaissance. Son langage étrange et son rire. Elle avait choisi de lui laisser la vie sauve. Et d'une manière ou d'une autre, elle l'avait corrompu. Il ne lui restait plus maintenant qu'à vivre avec cet état de fait.

Son regard s'arrêta sur les corps d'un jeune couple de la tribu, blottis l'un contre l'autre, comme pour une ultime étreinte. Ils avaient eu un enfant l'été précédent, qu'ils avaient prénommé Ulf. Ils avaient été dans les premiers à s'agenouiller quand la créature avait été aperçue, pensant honorer un dieu freljordien.

La mort était injuste.

Un horrible doute le saisit subitement. L'enfant ! Il était avec eux à ce moment-là. Il se précipita vers le couple et écarta les pans de fourrure que portait la jeune femme. Son cœur manqua un battement quand il découvrit le nourrisson. Recroquevillé contre sa mère, maintenu et protégé du froid par plusieurs épaisseurs de vêtements, le bébé dormait. Sa porteuse avait été tuée d'un unique coup à la gorge, et le petit était indemne.

D'un geste mal assuré, il l'arracha à ses parents, enveloppé dans ses couvertures et le prit dans ses bras. Quel destin était réservé à ce petit bonhomme né au mauvais endroit au mauvais moment ?

En réalité, il le savait. Son destin était entre ses mains désormais. C'était à lui que revenait la responsabilité de les protéger, Ulf, Erika, Arne et les autres, tous ces enfants devenus orphelins en une nuit.

Sa vengeance devrait attendre.


Erika avait fait le tour du village et réuni tous les survivants dans la maison de leur regrettée cheffe. S'y trouvaient tous ceux qui n'avaient pas vu assez d'hiver pour se battre et ceux qui en avaient vu trop.

En voyant le guerrier franchir la porte, elle se précipita pour lui prendre le nourrisson des bras.

– C'est Ulf ? Il est en vie ?

Tryndamere acquiesça et le lui remit avec soulagement.

Devant le regard d’Erika et la question muette qu’il y lut, Tryndamere secoua la tête. Elle encaissa l’information sans broncher et retourna auprès des autres enfants, rassemblés autour du foyer qu’Erika avait allumé.

Tryndamere balaya du regard l'assemblée. Onze survivants, lui compris. Si l’on pouvait appeler ça des survivants. Quelles étaient les chances d'une tribu composée uniquement de vieillards et d'enfants ?

Dans le fond de la pièce, les enfants les plus jeunes étaient les plus calmes, étrangement. Ulf babillait joyeusement, inconscient du drame qui se jouait. Tora et Arne restaient silencieux dans un état d’hébétude. S’ils comprenaient que quelque chose de grave s’était passé, ils n’en saisissaient pas encore l’étendue des conséquences. Rurik et Gunhild en revanche l'avaient parfaitement compris et ne parvenaient pas juguler la panique qui s’emparait d'eux. Erika tentait de les réconforter de son mieux, s’interdisant néanmoins de leur faire de vaines promesses.

Les quatre aînés s’étaient installés autour d’une table et Tryndamere se joignit à eux. Ils n’évoquèrent pas ce qu'il s'était passé cette nuit-là. Tous avaient des questions, personne n'avait de réponse. Ils étaient un peuple fier, ils n'avaient pas pour habitude de se lamenter sur leur sort. Aussi terrible soit-il. La seule chose qui comptait était le résultat, et ce qu'ils devaient faire maintenant.

– Notre réserve de vivre est intacte, annonça Tryndamere.

Cette phrase amena au moins autant de soulagement que de sentiment d’injustice. Les pillages étaient monnaie courante à Freljord, et si la loi du plus fort qui régnait dans cette contrée était cruelle, elle était pourtant justifiée et compréhensible au vu de la rudesse de la vie. L’attaque qu’ils avaient subie cette nuit en revanche n'était en rien guidée par la nécessité de la survie. C’était un massacre gratuit, un simple désir de faire couler le sang.

– Alors nous avons de quoi passer l’hiver, positiva Svenja.

Frideborg, la doyenne, était plus terre à terre :

– Qui nous défendra quand les pillards viendront tenter de s’en emparer ? Tryndamere et Erika ? A deux contre des dizaines ?

Le silence suivit cette remarque, pendant lequel chacun prit conscience de leur nouvelle réalité.

– Il faut partir.

Dagmar venait d’énoncer à voix haute la conclusion à laquelle ils en étaient tous arrivés.

– Pour aller où ? répliqua Tryndamere. Personne n’acceptera dix bouches supplémentaires à nourrir, encore moins alors que l'on approche de l’hiver.

– Il y a quelqu’un qui nous acceptera, déclara le vieux Almar, frère de Dagmar. Avarosa s’est réincarnée, et elle cherche à rassembler tous les freljordiens. Elle nous accueillera.

– Ce n’est qu’une légende.

– Les légendes existent pour nous guider.

Tryndamere allait rétorquer qu’ils ne pouvaient pas se lancer dans une expédition derrière une chimère mais il se retint en remarquant qu’Erika ne perdait pas une miette de la discussion. L’espoir était une chose fragile, et c’était pourtant bien tout ce qu’il leur restait. Il devait admettre qu'il n’avait pas la moindre autre solution à leur proposer. Si c’était là leur seule chance, alors il devait la tenter, aussi illusoire soit-elle.

– Où se trouve-t-elle ?


Ils partirent au lever du jour le lendemain. Leurs bêtes de trait s'étant enfuies lors de l’attaque, c’était Tryndamere qui tractait le seul traîneau qu’ils avaient pu prendre, chargé d’une tente, de couvertures, d’armes et d’une réserve de bois et de nourriture. Le petit groupe hétéroclite lança un dernier regard en arrière puis se mit en route vers l’ouest. Derrière eux, les flammes d’un immense bûcher s'élevaient dans le ciel.

Ils progressaient lentement. Erika portait Ulf en écharpe devant elle et Arne et Tora à tour de rôle sur son dos, quand ils peinaient à avancer. Rurik et Gunhild faisaient de leur mieux pour suivre le rythme sans se plaindre. Les aînés également puisaient dans leur maigres forces pour chaque pas dans l'épaisse couche de neige, épreuve d’autant plus difficile pour la doyenne qu'était Frideborg.

Le traîneau que tirait Tryndamere était si lourdement chargé qu'aucun autre n’aurait été capable de le faire bouger d’un seul pouce.

Personne n'avait pas abordé sa transformation. Il était normal que le drame l'ait changé, ils l'étaient tous, mais lui paraissait… absent. Comme si tout ce qui faisait sa personnalité était dissimulé par une épaisse carapace. Sans parler de l'idée saugrenue de se promener torse nu en plein Freljord, de son absence totale de blessure ou même du simple fait qu'il ait survécu au combat. Ils avaient confiance en lui et même si ça n'avait pas été le cas, ils n'avaient pas d'autre choix que de s'en remettre à lui, aussi ils décidèrent de ne pas aborder le sujet s'il ne souhaitait pas le faire lui-même.

Ils faisaient le moins de pause possible mais étaient contraints de s’arrêter dès que la nuit tombait. Avancer sans visibilité rendait la progression dans la neige trop risquée, l’obscurité dissimulant chaque crevasse pour en faire des pièges mortels.

Ils montaient alors leur tente, allumaient un feu, se sustentaient et prenaient du repos, blottis les uns contres les autres pour se protéger du froid. Tryndamere et Dagmar, dont les insomnies trouvaient leur utilité, assuraient la plus grande partie des tours de garde. Ils n’avaient à priori rien à craindre d’autres tribus. La pitié était un luxe dont les freljordiens ne pouvaient faire preuve, mais personne ne s’en prendrait à une tribu si démunie pour le peu de ressource qu’ils transportaient avec eux. En revanche, ce n’était pas le seul danger qui existait dans cette région. Ils n’étaient pas à l’abri d’attaque de bêtes sauvages, de trolls, d’ursidés, ou autres créatures qui auraient pu faire d’eux leur repas.

Rurik faisait des cauchemars chaque nuit. Lorsqu’elle avait réuni tout le monde, Erika avait veillé à préserver les enfants de l’horrible vision du champ de bataille. Ils n’avaient pas à voir ça. Mais Rurik n’avait pas tenu compte de sa mise en garde et avait profité d’un moment d’inattention de sa part pour s’éclipser et aller se rendre compte de ses propres yeux de la mort de ses parents. Depuis, ces images le hantaient, elles apparaissaient chaque fois qu’il fermait les yeux et le réveillaient en pleurs au beau milieu de la nuit. Erika le serrait dans ses bras et, sans réveiller les autres, lui murmurait des paroles de réconfort jusqu’à ce qu'il se rendorme. Erika replongeait alors dans le sommeil, elle aussi envahie par les cauchemars.


Frideborg peinait de plus en plus à progresser et à suivre le reste du groupe. Elle s'essoufflait vite, trébuchait régulièrement dans la neige et avait besoin de pauses fréquentes.

Le sixième matin après leur départ, alors qu’ils s’apprêtaient à repartir pour une nouvelle journée de marche, elle leur annonça l'inéluctable :

– Je n'atteindrai jamais Avarosa. Je le sais, vous le savez. Je reste là.

Un silence accueillit sa déclaration.

– Quoi ? gémit Erika. Non, nous devons nous en sortir tous ensemble. Nous allons trouver une solution. Pas vrai ? ajouta-t-elle en cherchant l’approbation des adultes du regard.

Personne ne la soutint. Frideborg sourit à Erika.

– Tu comptes me porter sur ton dos ? s’amusa-t-elle.

– N… Non… Mais on pourrait te faire de la place sur le traîneau.

– Et retirer les réserves qui assurent votre survie ?

La réalité de la situation commençait à se faire une place dans l’esprit d’Erika.

– Mais…

– Ta sollicitude me touche Erika. Mais j’ai fait mon temps, j’accepte mon sort. Je vous ralentis et je mange vos vivres. Vous quitter maintenant augmente vos chances de réussite et c’est tout ce que je souhaite : que vous trouviez Avarosa, pour moi et pour tous les autres de la tribu.

Résignée, Erika accepta sa décision. Ils lui firent leurs adieux, Erika attrapa la petite main froide d’Arne dans la sienne et ils se remirent en marche vers leur objectif.

Frideborg les regarda disparaître au loin avec pour seule compagnie le sifflement du vent.

– Qu’Ildhaurg vous garde.


Cinq jours après la perte de Frideborg, Tryndamere remarqua des traces dans la neige qui ne laissaient aucun doute sur ceux qui les avaient laissées. Ils venaient d’entrer sur un territoire d’ursidé, ce peuple de chamans qui vénérait Volibear, à tel point qu’ils en avaient pris l’apparence, mélange difforme entre des hommes et des ours, et qu’ils avaient perdu ce qui faisait leur humanité. Ils honoraient leur dieu en versant le sang. Tryndamere aurait préféré le contourner mais cela aurait constitué un détour important et avec des forces et des ressources limitées, chaque jour de voyage supplémentaire était un risque. C’est pourquoi ils décidèrent, malgré la menace, de couper au plus court en traversant la zone. Avec un peu de chance, ils en seraient sortis avant la nuit, sans croiser aucune de ces créatures.

La chance n'était pas avec eux.

Ce fut Gunhild qui les repéra la première : cinq gros ours humanoïdes qui chargeaient vers le petit groupe de survivants. Ils réagirent tous avec un calme imperturbable. Chacun savait ce qu’il avait à faire. Dagmar et Almar se placèrent en remparts devant les plus jeunes. Erika confia Ulf à Svenja et s’empara de sa hache. Tryndamere retira les sangles qui l'attachaient au traîneau, empoigna sa lourde épée dentelée et s’avança à la rencontre des ursidés, Erika sur les talons. Il s’adressa à elle sans se retourner.

– Reste en retrait. Je sais que tu veux m’aider. Tu ne dois pas le faire. Sous aucun prétexte. Tant que je suis vivant, tu ne dois pas t’approcher. Et si je meurs, alors tu devras être plus forte que moi.

Il y avait eu une intonation effrayante dans sa voix. Erika s'immobilisa et acquiesça en silence.

Il ne voulait pas lui dire que les ursidés n’étaient peut-être pas le plus grand danger. Mais il le sentait au fond de lui. Le retour de cette rage bouillonnante. Elle allait être libérée.

A l’approche des ursidés, alors que l’impact était imminent, Tryndamere poussa un hurlement et le monde fut soudain couvert de rouge. Sa perception se résuma à de simples brides. Le bruit de la chair que l’on tranche. Une douleur au bras. Le sang chaud qui se répand. Des cris rauques. Les siens ? Ceux de ses adversaires ? Il n’aurait su dire.


Erika observait la scène, les yeux écarquillés. Tryndamere était comme en transe. Les rugissements qu’il poussait étaient encore plus terrifiants que ceux des bêtes, et il frappait encore et encore, sans aucune finesse, avec une hargne folle. Il avait déjà abattu deux des ursidés. La jeune fille vit avec horreur l'un de ses adversaires lacérer de ses griffes le bras du guerrier. Tryndamere semblait ne s’en être même pas aperçu. Il continua son massacre jusqu'à ce qu’il ne reste plus des ursidés qu’un tas informe de chair.

Erika se précipita vers lui. Il était couvert de sang et ce n'était pas que celui de ses adversaires. Ses blessures nécessitaient d'être soignées au plus vite. Elle se stoppa net en arrivant à ses côtés. Ses yeux, habituellement d'un beau vert pâle, s'étaient teintés d’écarlate et la haine déformait ses traits. Elle n'eut pas le temps de voir la lame qui filait vers sa gorge.


Un moment d'accalmie. Ses adversaires étaient morts. La rage était toujours là. Non, tous ses adversaires n’étaient pas morts. Un autre approchait encore. Sa lame fila sans même qu’il n’en prenne conscience.

Il ne sut jamais ce qui avait arrêté son geste. La force de son inconscient ? Ses yeux avaient-ils été capables de la percevoir malgré les entraves de ses sens ?

La pointe de son épée s’arrêta à un centimètre de la gorge d’Erika.

La jeune fille était paralysée, seule sa poitrine se soulevait par saccade.

– Tryndamere ? gémit-elle, la voix rendue chevrotante par la terreur. C’est moi, Erika.

Les larmes embrumaient sa vue. Allait-elle mourir maintenant, de cette façon ?

Les mains de Tryndamere se crispèrent sur son arme, ses bras tremblaient. Au bout d’un moment qui parut infini, comme l'issue d’un puissant conflit interne, il ouvrit ses doigts et l’arme se planta dans la neige. Sans oser prononcer le moindre mot ni effectuer le moindre geste, Erika regarda Tryndamere s’éloigner tête baissée. Elle encaissa le choc sans comprendre et retourna auprès du reste du groupe. Personne ne dit quoi que ce soit sur ce qu’il venait de se passer. Il n’y avait rien à dire. Ils avaient besoin de Tryndamere.

Arne tira sur la main d’Erika.

– Erika. J’ai froid.

Le petit garçon était anormalement pâle. Erika s'accroupit à sa hauteur.

– On ne peut pas faire de feu ici, c’est trop dangereux. Mais ce soir, dès qu’on s’arrêtera, on te fera une tisane avec des herbes médicinales pour t’aider à aller mieux, d’accord ?

Arne hocha la tête, s’agrippant toujours fermement à Erika.


La neige avait retrouvé sa blancheur. Tryndamere avait retrouvé ses esprits. Il avait failli tuer Erika. De ses propres mains. Il était censé les sauver, pas les achever. Il était un fardeau plus qu’autre chose, il ne pouvait pas leur venir en aide. Tout ce qu’il voulait, c’était tuer cette créature qui avait fait de lui ce monstre incontrôlable et assoiffé de sang.

Il réalisa soudain qu’ils se trouvaient toujours en plein territoire ursidé et que le moment était mal choisi pour les états d’âme. Erika et les autres avaient un traîneau qu’ils ne pouvaient pas tirer. Les quitter maintenant les abandonnait à une mort certaine, rester avec eux les livrait à une mort probable. Le choix était fait.

Il nettoya le plus gros du sang qui le recouvrait avec de la neige, pour se rendre à peu près présentable et rejoignit le groupe.

Ils le fixèrent tous du regard, sans dire un mot. Tryndamere esquiva soigneusement celui Erika et se rapprocha du traîneau. Puisqu’il avait retiré le sang sur lui, chacun pouvait constater son absence totale de plaie, bien qu’ils l’aient tous clairement vu se prendre des coups. Encore un fait dont ils ne parleraient pas.

La jeune fille ne se démonta pas et, après une brève hésitation, déposa sa main sur la poigne du guerrier.

– Tu nous as sauvés.

Pour l’instant.

Il savait qu’Erika essayait de le réconforter mais la réalité était là. Sa rencontre avec la créature l’avait profondément changé et il représentait désormais un danger pour ses proches. Il devait réussir à repousser sa rage jusqu’à ce qu’ils trouvent Avarosa. Ensuite, il partirait tuer la créature ou mourir en essayant. Seul.

Il repassa les sangles du traîneau autour de sa taille.

– Remettons-nous en route.


Ils réussirent à quitter le territoire des ursidés avant la fin de la journée, sans faire d’autre mauvaise rencontre. L’ambiance était tendue après les événements de la journée, mais Svenja, avec son optimisme à toute épreuve, réussit à l’alléger et même Tryndamere quitta un instant son air sombre qui le caractérisait désormais.

A peine installés pour la nuit, Erika mit de la neige à chauffer sur leur petit feu pour Arne, auquel elle ajouta quelques herbes médicinales. Elle était désemparée de n’avoir que ça à lui proposer, mais c’était tout ce dont ils disposaient, et leur connaissance en soin étaient plus développées dans le traitement des blessures que celui des maladies.

Arne en fut néanmoins apaisé et tomba rapidement dans un profond sommeil. Le lendemain, malgré la nuit de repos, son état ne s’était pas amélioré, il commençait au contraire à endurer des maux de tête.

La petite Tora fut contrainte de marcher sans répit les trois jours suivants, puisqu’Arne, trop affaibli, monopolisait le dos d’Erika. Celle-ci faisait de son mieux, avec l’aide des aînés, pour le faire reprendre des forces, lui faire repousser le mal dont il souffrait. Ils lui laissaient tout le temps qu’il lui fallait pour se reposer, l’autorisaient à manger sans tenir compte des rationnements, l’abreuvaient de mixtures médicinales…

Sans succès.

Il perdait ses forces, tremblotait en permanence, et délirait même par moment. La phytothérapie calmait temporairement ses symptômes avant qu’ils repartent de plus belle. Erika aurait donné tout ce qu’elle avait pour lui venir en aide, mais elle était démunie. Ni elle, ni les adultes du groupe n’avaient de solution au mal d’Arne et ils étaient contraints d’observer, impuissants, son état se dégrader.

Le stade critique arriva une nuit. Arne était plongé dans un état d’inconscience agitée, respirant avec difficulté. Erika resta à son chevet sans fermer l’œil, serrant sa main gelée entre les siennes, murmurant des prières à tous les dieux du Freljord. Son petit corps abdiqua finalement face à la maladie et Arne rendit son dernier souffle dans les bras d’Erika.

Ses larmes déferlèrent. Celles qu’elle versait pour Arne, mais aussi toutes celles qu’elle avait enfouies tout au fond d’elle depuis la nuit du massacre, parce qu’elle s’était interdit de lâcher prise, parce qu’elle devait tenir bon. Celles pour la mort de ses parents, pour la perte de sa tribu, pour avoir été arrachée à son foyer, pour l’abandon de Frideborg, pour le sort cruel qui s’acharnait sur eux… Toutes se mêlaient les unes aux autres, dans un flot incontrôlable d'émotions, canalisées par la tristesse infinie face à la perte du petit Arne. Elle passa le reste de la nuit à pleurer en serrant contre elle le corps sans vie.

Le lever du jour la laissa vidée de toutes émotions et de toutes larmes. La main de Tryndamere sur son épaule lui fit comprendre qu’il était temps de se remettre en route. Elle fit ses adieux silencieux à Arne et se résolut finalement à le relâcher. Du coin de l'œil, elle vit qu’un petit bûcher avait été préparé.

Comme un automate, Erika se releva et se prépara pour une nouvelle journée de marche. Elle reprit Ulf à Svenja. Il gazouillait joyeusement. Sentir sa chaleur contre elle lui apporta du réconfort. La vie continuait. Toujours.

Laissant derrière eux le brasier qui emportait Arne vers un monde meilleur, ils continuèrent leur quête vers Avarosa.


Ce fut Svenja qui, comme à son habitude, remonta le moral d’Erika. Elle avait mille et une histoires à raconter pour distraire la jeune fille et lui permettre de s’évader un instant de la terrible réalité. Svenja sut qu'elle avait réussi sa mission quand Erika laissa échapper un petit rire à l'évocation de la légende du berger de poro. Erika lui en fut reconnaissante, même si elle savait au fond, qu’elle ne serait plus jamais comme avant. Une partie d’elle était morte en même temps qu’Arne.


La nuit était tombée, la tente avait été montée et le feu crépitait, offrant chaleur et réconfort au petit groupe. D’après les dires d’Almar sur la réincarnation d’Avarosa, il était censé leur rester encore dix jours de marche.

Ce soir-là, Almar raconta l'histoire des Trois sœurs : Lissandra, Serylda et Avarosa. Hormis la petite Tora, ils la connaissaient déjà tous par cœur, mais Almar la narrait avec tant d’entrain et de passion qu’ils en furent absorbés.

Tryndamere avait cessé de remettre en doute la réincarnation d’Avarosa. Au fil des jours et des épreuves traversées, elle était progressivement devenue une certitude dans son esprit. Elle avait été leur cap, la force qui leur avait permis d’avancer. Elle représentait une promesse d'avenir. Elle existait. Elle devait exister. Il ne pouvait pas en être autrement.

Gunhild grignotait en silence son petit morceau de viande séchée. Leur réserve de vivre avait été achevée quatre jours plus tôt, et ils survivaient désormais uniquement grâce à ce qu’Erika ou Tryndamere parvenait à chasser de temps à autre. Mais l’hiver approchait et les proies se faisaient rares. Ils étaient donc contraints de s’imposer un rationnement strict et la faim venait s’ajouter à la fatigue qu’ils accumulaient. Gunhild avait terminé sa part et lorgnait sur leur maigre réserve en prévision des jours suivants. Erika savait à quel point l’envie immédiate de calmer la faim était puissante face à l’anticipation du lendemain, surtout pour des enfants. Elle-même n’avait mangé qu’une bouchée de sa ration pourtant elle tendit le reste sans hésiter à la petite fille. Gunhild lui lança un regard surpris, mais son ventre presque vide lui fit accepter le sacrifice d’Erika sans se faire prier.

Le pire pour Erika était quand elle prémâchait la viande pour Ulf. La longue mastication qu’elle effectuait préparait son estomac à la réception d’une pitance qui n'arriverait jamais. Le jus de la viande se mélangeait à sa salive, le goût envahissait ses papilles. Pourtant elle résistait sans faillir à l’envie de l’avaler et, une fois que sa bouché était soigneusement réduite en bouillie, elle la recrachait pour la donner au nourrisson.

Almar observait sa part encore intacte avec hésitation, tête baissée, plongé dans ses pensées. Au bout d’un long moment, et après un soupir résigné, il offrit son morceau de viande à Erika.

La jeune fille secoua la tête.

– Non, ne t’en fais pas. Ça ira pour moi. Tu en as plus besoin que moi.

– Il se peut en réalité que je n’en ai plus jamais besoin.

De ses mains fripées, il remonta les vêtements sur sa jambe droite, dévoilant sa cheville noircie par la gangrène.

– Cela fait plusieurs jours. Ça remonte jusqu'au genou maintenant. Je suis désolé, j’aurais aimé être aussi courageux que Frideborg et renoncer plus tôt, pour ne pas gaspiller vos vivres inutilement. Mais je voulais croire que je pourrais m’en sortir. Je voulais tellement rencontrer Avarosa. J’étais si proche.

Il rabaissa ses vêtements sur sa cheville.

– Je dois me rendre à l’évidence maintenant.

Il tendit à nouveau sa ration à Erika, qui finit par l’accepter.

– Merci.

Elle ne savait pas quoi dire d’autre. Son optimisme naïf qui lui avait fait croire un instant que Frideborg aurait pu s’en sortir avait définitivement disparu, remplacé par une brutale perception de la réalité.

Almar croisa le regard de sa sœur, étonnamment dépourvu de stupeur ou de surprise.

– Tu le savais, comprit-il.

– Tu croyais vraiment que tu pouvais cacher quoi que ce soit à ta grande sœur ? répondit Dagmar dans une maladroite tentative d’humour, qui visait surtout à camoufler sa peine face à l’inévitable.

– Tu rencontreras Avarosa pour moi ?

– Je te le promets.

Almar prit une grande inspiration et se releva, à moitié courbé à cause du toit de la tente. Maintenant qu’il n'essayait plus de la cacher, sa boiterie était flagrante.

– Je vais vous quitter maintenant, tant que j’en ai encore le courage.

Dagmar se leva à son tour.

– Tu permets que je t’accompagne ?

Pour toute réponse, il passa son bras autour de ses épaules pour s’appuyer sur elle. C’est ainsi, Dagmar en soutenant son frère, Almar en claudiquant, qu'ils sortirent de la tente pour disparaître dans la nuit.

Dagmar revint bien plus tard, seule. La pénombre dissimulait ses yeux rougis.



Le sort mit un drüvask isolé sur leur route le lendemain, comme un miracle après des jours de privatisation. Sa viande leur permit de se nourrir à leur faim et d’assurer des réserves jusqu'au terme du voyage. Ils poursuivirent leur route, les derniers jours qu’ils leur restaient jusqu'à la vallée supposée d’Avarosa leur paraissant si longs et si peu à la fois.

L’appréhension s’emparait d’eux alors qu’ils s’approchaient de leur objectif. Une idée tenace ne pouvait s’empêcher de s’insinuer dans leur esprit. Et si la réincarnation d'Avarosa n’avait jamais existé ? Si cette hypothèse se révélait exacte, cela sonnerait leur glas. Ils pourraient au moins se dire qu’ils auraient fait tout leur possible.

Arriva le moment où, dépassant le tout dernier col, ils mirent enfin les pieds dans la vallée. De là, ils aperçurent un village, bien trop petit pour accueillir celle qu’ils cherchaient mais où ils pourraient obtenir des informations.

La méfiance disparaissait des regards sur leur passage, quand les villageois constataient que le petit groupe était constitué pour plus de la moitié d’enfants. Une femme s’avança à leur rencontre, vraisemblablement la cheffe de tribu.

– Qu’est-ce qui vous amène ici ?

Personne n'osa poser la question fatidique. Ils se tenaient devant un gouffre. Après toutes ces épreuves affrontées, une simple réponse scellerait leur destin. Tous leurs espoirs de survie reposaient sur l’existence d’une légende. Ils pensèrent à Almar, à sa passion pour l’histoire des Trois sœurs, à sa foi indéfectible dans la réincarnation d’Avarosa. Avaient-ils eu raison d’y croire ?

Devant leur silence, la cheffe reprit :

– Enfin, à vous voir ainsi, je suppose que vous êtes venus chercher la clémence d’Ashe.

Ce nom raviva la lueur d’espoir qui leur avait fait parcourir tout ce chemin.

– Ashe ? demanda Tryndamere.

– Vous venez donc de si loin pour ne pas la connaître ? Qu’est-ce qui vous a guidés jusqu’ici dans ce cas ?

– La réincarnation d’Avarosa.

– Alors je peux vous dire que votre voyage touche à sa fin. Beaucoup en effet voient en elle la réincarnation d'Avarosa, moi comprise. Il vous reste encore une journée de marche jusqu'à la capitale des Avarosans. Je peux vous offrir de passer la nuit dans une grange, c'est tout ce que j’ai à vous proposer.

La journée étant déjà bien avancée, ils acceptèrent sans se faire prier. Dormir dans du dur était un luxe auquel ils n'avaient pas eu le droit depuis bien longtemps. Ils apprirent que la cheffe de guerre Ashe avait une influence étendue et qu’elle réunissait bon nombre de clans et tribus sous la bannière des Avarosans, dont celle où ils se trouvaient, ce qui expliquait l’hospitalité bienveillante dont leur cheffe avait fait preuve.

Ils repartirent dès les premières lueurs du jour le lendemain, impatients d’atteindre la capitale et prêts à affronter leur ultime étape : prouver leur valeur pour se faire accepter parmi les Avarosans. Ne sachant comment obtenir une audience auprès de quelqu'un d’aussi haut placé, Tryndamere trouva pour seul moyen de provoquer en duel tous ses guerriers volontaires. Il ne perdit pas un de ses combats, alors qu'il ne se donnait pourtant pas à fond pour éviter de réveiller sa rage, et il parvint finalement à attirer l’attention de la cheffe de guerre. Ce jour-là, les survivants de la tribu de Tryndamere furent définitivement mis à l’abri du danger.

Ils venaient d'être intégrés au peuple des Avarosans.


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