Les Aventures de Kyo - Partie 1 : les Huit Héritiers élémentaires
Le bruit des vagues, les cris des marins et des oiseaux, le vent gonflant les voiles des navires, tout cela emplissait Kyo d'émotions indescriptibles. Il était à la fois heureux et triste, enthousiaste et déjà nostalgique.
Il s'était préparé au départ, revêtant la tenue qu'il portait pendant ses entraînements à l'épée, puis était allé chercher quelques équipements afin de pouvoir se défendre. Il avait choisi une armure légère, car porter une lourde cotte de maille comme son frère Sanders le handicapait plus qu'autre chose, et une épée longue et fine, qui lui assurait une maniabilité parfaite. Son style de combat était plutôt basé sur l'esquive et les coups rapides et précis que sur des coups puissants et destructeurs et les oppositions de force. Malgré tout il n'avait que peu d'expérience en combat et se savait désavantagé en cas de duel avec un adversaire ayant déjà connu le combat réel.
Quelques heures plus tard, il avait fait ses adieux à sa famille. Son père lui avait fait porter des provisions pour une dizaine de jours, et lui avait remit l'équivalent de trente mille pièces d'or. Kyo lui avait bien fait remarquer que cette somme était excessive, mais quand Alexander Charlie avait décidé de quelque chose, pas même l'empereur de Shurima ne pouvait le faire changer d'avis. La seule ombre au tableau de cette réunion de famille était Alex, resté en retrait et qui, pour une raison qui échappait à Kyo, arborait un air encore plus renfrogné qu'à son habitude. Il s'était dit que son frère le plus âgé serait celui qui se réjouirait le plus de son départ, car il n'avait pas raté une seule occasion de lui montrer qu'il ne l'aimait pas, d'aussi loin que ses souvenirs remontent.
Le cœur lourd mais sans se retourner, le jeune homme avait quitté le domaine familial.
La douleur dans sa poitrine avait cependant vite laissé sa place à l'émerveillement. En effet, Kyo avait passé la majeure partie de sa vie sans sortir des terres de son père : il y avait grandi, étudié aussi bien l'histoire et l'économie que l'art et le combat, et les rares fois où il était sorti se résumaient à accompagner son père pour une affaire ou sa mère à une rencontre mondaine.
Se balader librement en ville était donc quelque chose de nouveau pour lui, même si depuis sa majorité l'an passé il sortait plus souvent. Pour lui, les banalités quotidiennes d'Argilapolis offraient un spectacle sans pareil et il ne pouvait s'empêcher de regarder partout autour de lui, s'interrogeant sur tout ce qu'il voyait. Il avait même demandé à une habitante pourquoi elle accrochait son linge à un fil en travers de la rue, ce qui lui avait valu un regard biaisé.
Il arriva finalement au port. Il avait décidé de se rendre tout d'abord à Piltover, car s'il y avait bien une ville où il trouverait des informations, c'était celle-là. Il se renseigna donc auprès de plusieurs contremaîtres, qui supervisaient l'embarquement de marchandises, sur la destination des navires dont ils avaient la charge. Il trouva ainsi un navire qui levait l'ancre environ une heure plus tard. Après avoir été payer son voyage, il décida donc de s'acheter un repas en ville, car le soleil était déjà haut dans le ciel, et il n'avait pas encore mangé de la journée. Il choisit un plat typique de la ville, l'entrecôte de buffle au fruit de Nirpooti, sachant qu'il n'en trouverait probablement pas pendant son voyage. Après un délicieux repas – peut-être le dernier avant plusieurs semaines, songea-t-il – Kyo se dirigea vers la passerelle d'embarquement du bateau qui le mènerait à la Cité du Progrès, espérant ne pas avoir à souffrir du mal de mer dont il avait entendu parler par son père, qui voyageait beaucoup pour son travail.
Une fois embarqué, il s'appuya sur le bastingage. Pour l'instant, le tangage faible du navire ne le gênait aucunement. Il regarda les différents passagers embarquer et, quelques minutes plus tard, le voilier était prêt à quitter le port. Kyo se tourna pour observer, peut-être pour la dernière fois, sa ville natale. Jamais il ne l'avait vue ainsi, et il la trouvait plus belle que jamais. Il regarda le manoir de sa famille, et pensa à sa famille.
Il se détourna en prenant conscience de l'importance de sa mission. Il ne faisait pas ça pour lui, ou pour le monde : il se battrait pour protéger sa famille et sa ville, pour qu'il puisse revenir et ressentir le bonheur qu'il avait en les voyant jusqu'à la fin de sa vie. Il sauverait le monde, quel que soit l'ennemi.