Les Aventures de Kyo - Partie 1 : les Huit Héritiers élémentaires

Chapitre 8 : Les dangers du Sai

2475 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/04/2017 13:08

En arrivant à Vekaura, Kyo s’attendait à trouver une immense ville avec des rues bondées et bruyantes, à la manière de Bel’Zhun. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit un amas de ruines , en partie en reconstruction. D’après les informations qu’il avait obtenues de Shamara, ainsi qu’avant son départ de la ville côtière, cette cité dont il ne restait que quelques amas de pierres il y a encore quelques mois avait ressurgi des sables récemment, grâce – ou à cause – du retour à la vie d’un Empereur vieux de plusieurs siècles au moins. Mais ce qu’il voyait là, c’était comme si l’ancienne Shurima ressuscitée était de nouveau retournée à la poussière.

Il s’approcha d’un ouvrier qui marquait une pause dans son travail – il aidait à monter des pierres pour élever un mur – et demanda :

- Bonjour, brave homme !

Le maçon se tourna vers le jeune aux cheveux marron et, après un instant passé à l’examiner, lui répondit :

- Étranger, hein ? Qu’est-ce qui t’amène ?

- Je recherche une personne dans l’immensité de Shurima, mais dites-moi plutôt : que s’est-il passé ici ?

- Eh bien, comme tu peux l’voir, on a été attaqué par une armée, commandée par un type aux pouvoirs étranges... Heureusement, le grand Nasus est v’nu à not’ secours, et un truc bizarre a protégé tout l’monde quand la ville s’est effondrée…

Au nom du combattant, l’argilan frémit. Même dans sa ville éloignée, on avait entendu les contes des guerriers légendaires, mi-hommes mi-dieux, qui protégeaient Shurima à l’époque de sa grandeur impériale. De savoir que de tels monstres étaient encore en vie l’emplissait de peur à la seule idée qu’il puisse se retrouver en face de l’un d’eux. Sa curiosité n’en était cependant pas altérée, et il poursuivit la conversation :

- Quel genre de phénomène était-ce ?

- Les pierres se sont, enfin, comme dressées pour nous empêcher de nous faire écraser…ouais, un truc comme ça…

Kyo se redressa vivement. Se pourrait-il que l’origine de ce phénomène soit… ?

- Savez-vous par où est parti le dénommé Nasus ?

- Pas sûr, mais ‘l’est sûrement retourné vers la capitale…Vous faudra traverser Vekaura et continuer Sud-Est…ouais…

- Merci bien, brave homme, dit Kyo en lançant une pièce d’or à l’intéressé qui, après l’avoir examinée longuement, haussa les épaules et la glissa dans ses vêtements en retournant au travail. Si le guerrier à tête de chacal était présent au moment de l’attaque, il serait sûrement au courant pour la fille qui contrôle la pierre… De plus, avec un tel pouvoir, il y avait de fortes chances pour qu’elle se trouve à la capitale impériale, peut-être travaillait-elle même pour l’empereur en personne…

Kyo parcourut donc la ville, non sans difficulté car le dromadaire qu’il avait acheté encombrait beaucoup les rues étroites de la cité, tout en se préparant mentalement à ce qui l’attendait. En effet, entre Vekaura et Shurima s’étendait le Sai, réputé comme étant le désert le plus dangereux de Runeterra. Et cela, tant à cause de sa chaleur et de son immensité que des créatures qui le peuplait en certaines régions. Ayant épuisé les deux tiers des provisions qu’il avait achetées avant son départ de Bel’Zhun, il refit également ses réserves de nourriture et d’eau. Il observa également les nombreuses destructions qui, maintenant qu’il était au cœur de la ville, lui paraissait beaucoup plus imposantes. Parmi les débris, au centre, s’élevait ce qui devait avoir été une tour, sans doute à usage religieux. Le jeune homme essaya également de comprendre comment s’organisait la reconstruction des bâtiments, mais il atteignit la bordure de la ville sans y être parvenu, et en vint à la conclusion que les constructeurs choisissaient les travaux à effectuer sans s’accorder ni suivre de logique précise.

Il enfourcha sa monture, à présent son seul compagnon de voyage pendant les prochains jours, puisqu’il ne pensait pas croiser quiconque durant sa traversée de l’océan de sable.



Après quatre journées sous les rayons intenses du soleil shurimien, Kyo était miné par la chaleur assommante du Sai. Il était légèrement découragé à l’idée qu’il lui restait encore deux ou trois jours avant d’atteindre la capitale, mais il se remontait le moral en se disant qu’au moins il avait parcouru plus de la moitié du trajet. Si toutefois il ne s’était pas perdu…

En fin d’après-midi il trouva une oasis, bien à l’abri du vent derrière une grande dune, et décidé donc de se reposer ainsi que le dromadaire, qui après tout n'avait eu que de courtes périodes de repos depuis leur départ de Bel'Zhun.


La nuit venue, Kyo ne parvenait pas à trouver le sommeil. Il contemplait les étoiles dans le ciel parfaitement dégagé du désert. Il songeait à tous les événements récents qui changeaient complètement sa vie – sa quête, sa décision de partir, les lieux qu'il a découverts, sa rencontre avec Hank... Pensant à ce dernier, il étendit le bras pour toucher la garde de son épée, Homyo. Comment pourrais-je jamais le remercier ? se disait-il. Épuisé par le voyage, il finit par s'endormir.

Cette nuit-là, il rêva. Ou plutôt, il se sentait conscient dans un rêve, comme à chaque fois qu'il avait une prémonition. Sauf que...il ne voyait rien. Seul le vide sombre et profond. Il essaya bien de crier ou de se mouvoir, mais rien n'y faisait. Il était comme privé de ses sens.

Le matin venu, il se réveilla en sueurs, et après avoir calmé son cœur qui battait comme après une course à pied, s'interrogea sur la signification de cette nouvelle vision. Après quelques minutes de réflexion, n'étant parvenu à aucune conclusion vraisemblable, ni même à une hypothèse acceptable, il secoua son dromadaire – qu'il avait d'ailleurs baptisé Argil, en référence à sa ville natale – qui somnolait encore, et ils se mirent en route.


Cependant, après trois heures de route environ, Kyo se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Il ne saurait dire depuis combien de temps, mais il sentait une certaine tension dans l'air, comme si quelqu'un – ou quelque chose – éprouvait de l'animosité pour lui. Il se retourna pour la énième fois, pour constater de nouveau que personne n'était en vue à l'horizon. Il pivota de nouveau pour regarder devant lui, et pour la première fois depuis l'oasis, il crut apercevoir quelque chose. Il plissa les yeux pour observer ladite chose, mais elle semblait n'avoir été que le fruit de son imagination.

Mais soudain, un hurlement strident retentit, et une masse sombre jaillit du sol sur la droite du jeune homme. La forme encore indéfinie renversa Argil, et l'argilan fut projeté à terre, apprenant à ses dépens que chuter sur du sable lisse pouvait faire mal. Il se redressa aussi vite qu'il le put, et fit face à l'assaillant, qui se révéla être une étrange créature : la première chose qu'il remarqua fut sa tête, elle ne semblait pas dotée d'yeux, mais l'orifice qui lui servait apparemment de bouche, d'après les traces de sang qui s'y trouvaient, était encadré de mandibules pointus qui s'agitaient. Deux bras aussi gros que la tête de la bête étaient appuyés sur le dromadaire agonisant pour le maintenir en place, tandis que le monstre arrachait des morceaux de viande à l'animal, ce qui provoquait des cris de plus en plus faibles de la part de ce dernier. Les membres avant comme le crâne de la créature étaient recouverts d'une carapace bleutée par dessus son corps violet, et le bas de son corps, de taille plus petite, possédait plusieurs rangées de pattes. Malgré le fait qu'elle ait renversé un dromadaire et été capable de le maintenir fermement au sol pendant qu'il se débattait, elle n'était pas plus grosse qu'un chien de grande taille, ce qui laissait présumer une grande force en accord avec son apparence d'insecte.

Tout cela, Kyo l'enregistra en quelques secondes, avant que le monstre ne relève la tête vers lui, semblant le remarquer pour la première fois. Le jeune homme n'attendit pas l’agression et dégaina sa rapière, dont le fourreau était accroché dans son dos. Il commença à lentement s'éloigner de la carcasse morte d'Argil, en essayant de se concentrer sur la créature, oubliant peur, colère et tristesse. Il ne put cependant s'empêcher de tressaillir lorsque l'insecte géant s'écarta lui aussi de son repas, et se tourna vers sa nouvelle proie. Le monstre ne perdit pas un instant et sauta sur l'argilan avec un nouveau cri. Celui-ci esquiva de justesse l'assaut, notant que son adversaire était rapide en plus d'être puissant. Il se retourna, juste à temps pour voir la créature lui foncer à nouveau dessus, avec une étonnante vitesse compte tenu de ses pattes arrières lui servant à se déplacer. Cette fois, il n'essaya pas d'esquiver et tenta de percer la carapace de l'animal, afin de tester sa solidité. L'épée ne fit que déraper, ce qui faillit bien le faire chuter. Il parvint à se stabiliser et, alors que la bête lui lançait un coup avec sa patte avant droite, il bloqua cette dernière de sa lame avant d'asséner un violent coup de pied juste sous la tête de son adversaire, ce qui le propulsa en arrière. Kyo souffla, profitant de ce bref moment de répit pour calmer son pouls afin de garder la tête froide. Il ne parviendrait pas à briser les solides protections du monstre, plus résistantes qu'une cuirasse en acier. Il devait donc viser les parties découvertes de son corps. Alors qu'il songeait cela, la créature s'enfouit sous le sable. Le jeune homme se doutait qu'elle tenterait de l'attaquer en jaillissant du sol, comme elle l'avait fait précédemment.

Il attendit donc, prêtant attention au moindre bruit qui trahirait la position du chasseur. Mais l'assaut ne vint pas, et Kyo se demandait si le monstre avait finalement prit peur. Il esquissa un mouvement, mais à peine eut-il posé un pied devant l'autre qu'un cri retentit, et il eut l'impression que le sable explosait derrière lui. Quelque chose le heurta dans le dos, se révélant être la source de ce chaos : l'insectoïde s'abattit sur lui et le plaqua au sol. Mais l'argilan avait eut un réflexe qui contribua à lui sauver la vie : il avait tenté de mettre un coup d'épée par-dessus son épaule gauche, et la créature vint s'empaler dessus : la lame vint se planter dans son membre avant gauche et la douleur lui fit se relâcher un instant. Kyo, bien que semi inconscient à cause du choc, sentit la pression sur son dos diminuer et parvint tant bien que mal à se dégager en se débattant. Il rampa vers ses affaires, éparpillées non loin de là par la chute d'Argil, tandis que le monstre tentait de déloger l'imposante rapière de son épaule. Il s'acharnait dessus avec son membre valide, car son bras gauche ne répondait plus. Il parvint finalement à arracher, non sans douleur, le pénible instrument qui restreignait ses mouvements, et vit que sa proie s'était éloignée, toujours à terre. Avec un cri perçant, il lui bondit dessus, mais vit avec surprise le petit être faiblard se retourner et qui, tout en faisant une petite glissade dans sa direction, effectua un mouvement horizontal de son bras droit alors qu'il allait lui tomber dessus pour l'écraser. Le massif insecte sentit un froid vers le bas de son corps, et s'écroula un peu plus loin que ce qu'il avait prévu. Il tenta de se relever, mais ne parvint pas à bouger.

Et pour cause, Kyo, après avoir rampé sur quelques mètres, avait fouillé dans ses bagages et retrouvé son ancienne arme, celle qu'il avait prise dans l'arsenal de son père avant de quitter Argilapolis, et il s'en était servi pour trancher en deux la bête, profitant de la force avec laquelle cette dernière s'était projetée en avant. Il se releva péniblement, et marcha lentement et avec précaution vers la créature qui gisait près de lui, se débattant vainement pour essayer de se remettre debout. Il leva sa lame, et en prenant soin d'éviter la carapace de l'animal, transperça sa tête de part en part. Le monstre émit un cri strident qui faillit rendre sourd l'argilan, s'agita encore quelques instants et rendit finalement l'âme – si tant est qu'il en ait une.

Kyo alla récupérer Homyo, arracha un morceau de tissu de ses vêtements qui de toute manière étaient en grande partie déchiquetés, et nettoya la lame avant de la ranger dans son fourreau. Il retourna ensuite s'affaler sur ce qui restait de ses affaires, et prit un instant pour se reposer avant de penser à la suite du voyage. Le soleil était encore haut dans le ciel, et le combat n'avait pas contribué à une bonne régulation de la température corporelle du jeune homme qui suait abondamment. Il était encore en train de se demander comment il allait poursuivre son voyage, ou plutôt quels bagages il allait abandonner, quand il sentit le sol vibrer sous lui. Il leva la tête et aperçut avec horreur des formes obscures fendre le sable, à la manière des requins qu'il avait parfois vus dans la mer autour de sa ville natale. Il sentit des sueurs froides lui descendre dans le dos à mesure que les formes se rapprochaient. Elles ressemblaient effectivement à des ailerons de requins, mais de couleur sombre et émettant des lueurs violettes.

Kyo, sachant ce qui allait se passer, se redressa et dégaina de nouveau Homyo. Il se mit en garde, en sachant à quel point son action était futile, et se prépara à faire face. Alors que le premier insecte jaillissait du sable, il songea : C'est donc ainsi que tout s'arrête...?

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