L'Obscurial

Chapitre 16 : Et la fête continue

828 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2020 11:17

NORBERT


Audrey et Tina étaient penchées sur moi et me regardaient mi-pleurant, mi-souriant sans que je sache bien si c'était de joie ou de peur. Queenie avait une expression assez similaire mais Jacob quant à lui paraissait totalement déboussolé, son regard sautait de moi à Audrey pour revenir sur Queenie mais personne ne daignait lui expliquer ce qui se passait. Non pas que nous le snobions de quelque manière que ce soir mais, tout sorcier que nous étions, nous n'y comprenions rien non plus.

Je ne pouvais pas arrêter de passer mes doigts sur cette portion de peau qui quelques instants auparavant était encore douloureusement déchiquetée. La situation m'apparut alors dans toute son étrangeté. J'étais là, à terre, haletant dans cette petite salle encore toute décoré pou le mariage. Il n'y avait plus aucune trace de ce qui venait de se passer en dehors de l'homme raide comme une planche à terre.

Tina et Queenie me fixaient à présent comme si je pouvais leur expliquer la situation de façon claire et précise mais j'en étais bien incapable. Je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle j'étais encore en vie. Audrey était bien trop contente pour chercher une explication. Elle pleurait à chaudes larmes lorsqu'elle m'aida à me relever. Je n'avais aucune force, pas tant à cause de la blessure que du choc, mais alors même qu'elle m'arrivait à peine à la poitrine elle parvenait à me tenir fermement debout. Je lui en étais silencieusement très reconnaissant. Même lorsque Tina se jeta sur moi pour m'écraser les côtes avec une force que je ne lui aurais pas soupçonné, Audrey ne flancha pas.

- On ne devrait pas prévenir la police ou quelque chose comme ça ?

Jacob avait demandé cela d'une voix mal assurée comme s'il craignait de dire quelque chose qui n'aurait pas du tout cours dans le monde magique.

Je sentis desserrer son étreinte un instant puis se tourner vers Jacob.

- Je ne pense pas. Nous serrions obliger d'exposer les circonstances de l'attaque et le MACUSA, le gouvernement magique, n'est pas du tout favorable aux unions mixtes. On peut même dire que de telles unions sont prohibées. Et puis il ne nous reste plus aucune preuve des dommages que cet homme a causé.

Sa sœur l'approuva d'un signe de tête. Je me tus, j'avais entendu que les relations entre la communauté magique et moldue en Amérique était bien plus tendue qu'en Grande-Bretagne. Tina en savait beaucoup plus que moi à ce sujet je me rangeais donc à son avis. Tina et sa sœur échangèrent alors un regard entendu. Queenie se retourna vers l'homme. Elle pointa sa baguette sur lui et déclara hautement et clairement « Oubliette » avant de tourner lentement son poignet puis elle lui rendit ces mouvements. L'homme, le regard hagard, sortit de la pièce sans demander son reste.

Nous restâmes à nous regarder en silence pendant quelques minutes, personne ne sachant plus quoi dire ou faire. Puis Jacob silencieusement Jacob ralluma la musique et invita sa femme à danser. Au début nous les regardions tourner tout proche l'un de l'autre au son lent de la mélodie, je pris alors mon courage à deux mains et tendis une main tremblante vers Tina. Nous rejoignîmes alors timidement le couple sur la piste de danse pour nous balancer doucement comme les notes qui emplissaient la salle avec harmonie. Rien ne nous parvenait de dehors et je ne faisais même plus attention à ce qui se passait dans le reste de la salle savourant simplement un contact tiède dont, moins d'une heure auparavant seulement, j'avais crus ne jamais plus pouvoir profiter.

Petit à petit les musiques changeaient, devenant plus entraînantes et rythmées et nous cessions de simplement apprécier notre proximité pour enfin nous lâcher un peu. Les rires et les sourires fleurirent de nouveau dans la salle et correspondaient beaucoup mieux aux décorations. Du coin de l’œil j'avais remarqué qu'Audrey s'était absentée tout un moment dans la valise, heureusement qu'elle était là car c'était bien la première fois depuis des années je n'avais pas envie de descendre pour m'occuper d'eux, alors qu'ils me servaient habituellement de prétexte idéal pour éviter tout contact humain prolongé. Mais ce contact là j'aurais voulu qu'il dure toujours. Engourdi par la musique et par les rires mais aussi par les jeux de lumières magiques qui illuminaient la salle, j'étais heureux. Non pas que je sois habituellement malheureux mais ce sentiment était à ce moment précis la seule chose qui emplissait tout mon être d'une agréable chaleur. Je jetais un regard à Audrey assise au coin de la salle et qui même si elle ne dansait pas paraissait prendre autant de plaisir que moi, un grand sourire s'étalant sur son visage. Et ce sourire paracheva mon bonheur.


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