L'Obscurial

Chapitre 21 : Un dernier regard

935 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2020 11:55

AUDREY


J'échangeais un dernier regard avec Tina pour lui intimer de rester près de Norbert, de prendre soin de lui et j'entrais dans la chambre. Dès que j'eus franchi la porte des vagues de peur m’assaillirent. Je sentais la tempête causer d'étranges picotements sur chaque centimètre carré de ma peau qui était à découvert. A chaque pas que je faisais je sentais la brume se contracter encore plus de terreur. Le picotement s'intensifiait à en devenir désagréable. Derrière moi, Norbert grogna puis il y eu un bruit mat. Je me doutais qu'il devait avoir essayé de se relever mais que Tina l'en avait empêcher mais je n'osais pas regarder et continuais à avancer.

Lorsque je fus arrivée à la hauteur à laquelle Norbert s'était effondré j'avais l'impression d'avoir des milliers de fourmis juste sous la peau qui grouillaient dans tous les sens. La brume n'était plus qu'à quelques mètres de moi. Marcher devenait de plus en plus difficile. Il me semblait qu'une force invisible me repoussait toujours vers l'arrière.

Un pas. La sensation était à présent franchement douloureuse. Un autre pas. De minuscules gouttes de sang commençaient à couvrir mes mains et à n'en pas douter mon visage aussi. Elles me faisaient l'effet d'innombrables aiguilles venant me piquer la peau partout où elle pouvait l'atteindre. Mes vêtements étaient dans le même état de lambeaux que ceux de Norbert. Mes bras étaient à présent totalement nus, comme mes pieds, et mon pantalon était de plus en plus court. Maintenant chaque pas était aussi marqué d'une trace ensanglantée au sol. Je tachais de ne rien montrer de la douleur qui était de plus en plus insupportable tant pour Tina et Norbert que pour Croyance mais aussi pour moi-même. Chaque pas était un combat, contre moi-même pour lutter contre la douleur, et contre cette force qui n'arrêtait pas de me pousser vers l'extérieur.

Les plaies de mes mains s'étaient allongées en grandes stries profondes. Je sentais mon sang couler même dans mon dos qui était la partie de mon corps la plus protégée. Les petites aiguilles qui abîmaient ma peau s'étaient changées en poignards qui lacéraient sans remord mes chairs. Mais Croyance n'était plus qu'à un mètre. Je fis un pas de plus et tendis ma main vers la fumée. Retenant un hurlement de douleur mes doigts se refermèrent sur quelque chose de dur. Un bras. Je le voyais à présent clairement. Le bout de bras que j'avais attrapé flottait dans la fumée. Mais je détournais vivement le regard car à son contact l'extrémité de mes doigts avaient été comme pelée et à certains endroits je voyais mes os.

Le bras de Croyance émergeait de plus en plus de la fumée mais je sentais avec une douleur terrible que sur tout mon corps commençaient à s'arracher des lambeaux de chairs. Je sentais Croyance frissonner.

- Tu peux le faire Croyance. Ça marche.

Bien que j'en eus tout sauf envie j'envoyais mon autre main saisir une autre partie de la fumée presque contacte. Cette fois-ci ma poigne se referma sur son flanc juste en dessous de ses côtes. Sa peau était blanche immaculée que je tachais de sang. La brume se compactait encore. Je voyais presque les contours de son visage apeuré mais il était toujours fait de fumée noire là où je ne l'avais pas attrapé. La douleur était si forte je ne parvenais plus à penser. Je chancelais en ayant l'impression que mon corps était partout rongé jusqu'à l'os. Je tombais à genoux. Dans un dernier geste désespéré je passais mes bras autour de lui et le serrait contre moi. J'aurais voulu hurler mais j'en fus incapable.

Sous mes yeux un homme sortit intégralement de la brume. Ses traits étaient grossiers, son dos voûté et son visage ruisselait des larmes qui coulait de ses yeux où tournoyaient encore la brume noire. Je m'effondrais totalement et ses bras blancs m'allongèrent maladroitement sur le sol. Il était penché au dessus de moi. La sensation de tempête me clouait au sol mais même sans cela j'aurais été bien en mal de me relever. Je ressemblais mes dernières forces pour tendre une main vers son visage d'enfant épeuré et posais mon doigt osseux et sanglant sur sa paupière puis laissais tomber mon bras qui émit un drôle de bruit flasque en percutant le sol.

Lorsqu'il rouvrit son œil marqué de sang la brume avait disparut et avait laissé place à une sclérotique rougie par les larmes et des yeux profondément bruns. D'un battement de cil l'autre fut de nouveau normal aussi. La tempête disparut brusquement mais pas la douleur. Je ne m'étais pas trompée en me disant que mon immobilité de devait rien à la force qui me poussait à terre. J'avais encore la vision de ma main qui ressemblait plus à un squelette auquel était encore attaché des morceaux de chairs, qu'un corps où l'on voyait les os. Tina apparut dans mon champ au dessus de moi. Je voyais qu'elle aurait tout donner pour pouvoir détourner le regard.

Elle n'avait pas sorti sa baguette. Elle devait sentir aussi bien que moi qu'aucune magie ne pourrait réparer les dégâts. Son regard était interdit. J'entendis alors une longue plainte derrière elle. Une plaine qui fendait le cœur. Elle frissonna violemment. Ce cri de douleur quasi-inhumain, c'était Norbert.  


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