L'Obscurial

Chapitre 22 : Tout part en fumée

1087 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2020 12:02

NORBERT


Le cri était sortit sans que je le veuille mais sans que je le retienne. Il ressemblait à s'y méprendre à la lamentation d'un Augurey. Dès que la puissance magique avait disparu Tina m'avait lâché. Je m'étais relevé sans m'en rendre compte et j'avais senti quelque chose dans ma poitrine qui se déchirait. D'abord je n'avais pas voulu croire puis j'avais voulu vomir et enfin j'avais crié. Tout ça en une seconde à peine.

Croyance était là. Son corps était maigre, blanc et totalement nu mais je ne suis pas sûr de l'avoir vu. Tina était agenouillée devant …. devant une masse informe de chairs, devant Audrey. J'avais été incapable de me relever alors je m'étais traîné moitié rampant jusqu'à elle. Je ne pouvais pas le croire. De son petit corps il ne restait pas une partie indemne. Les os de ses mains et de sa poitrine étaient mis à nus. Son corps aurait été semblable si elle s'était faite dévorée par une bande d'animaux sauvages. Mais elle était encore vivante.

Je levais ma baguette et commençais à psalmodier toutes les formules médicinales que je connaissaient. Tina me regardait avec pitié. Elle ne comprenait pas. Audrey avait promis. Elle ne pouvait pas mourir, elle avait promis. Mais aucune formule ne parvint ne serait-ce qu'à la faire arrêter de saigner.

Surgit alors de nul part ce que n'importe qui aurait prit pour un fox-terrier mais son allure et sa queue fourchue ne trompèrent pas Norbert une seule seconde. Il s'agissait de leur vieux Croup qui était censé être dans la valise restée chez Queenie. Il courut jusqu'au corps et se mit à hurler à la mort. Queenie arriva quelques secondes après lui. Elle était à bout de souffle lorsqu'elle vit la scène elle s'arrêta de respirer. Elle resta là immobile comme une statue les yeux fixés sur le corps palpitant qui essayait de dire quelque chose mais ses cordes vocales avaient été réduites en lambeaux. Queenie devait penser comme sa sœur mais Audrey n'allait pas mourir. Elle avait promis. « Et que vais-je faire sans elle ? » demanda une petite voix dans ma tête. Je la chassais au loin. Il n'y aurait pas de sans elle, il ne pouvait pas y en avoir.

Et soudain sa voix s'éleva de nulle part. Surpassant les hurlements du Croup, les sanglots de Croyance et le tambourinement des pas de Jacob qui arrivait dans le couloir.

- Une promesse est une promesse.

Il me sembla voir passer dans ses yeux un éclat doré qui s'évanouit aussi rapidement qu'il était apparut. Dans mon dos j'entendis vaguement la voix de Queenie.

- Tu devrais t'écarter, Norbert …. Norbert …. Écartes toi !

D'un coup de baguette elle me repoussa violemment contre le mur. Le choc troubla ma vision. J'aurais voulu lui crier dessus. Un cri qui aurait été plein de colère mais aussi de peur. Comment avait-elle pu m'éloigner ne serait-ce qu'une seule seconde d'Audrey ! Et puis tout explosa. La lumière fut si intense que je dus me couvrir les yeux. Une immense chaleur me brûla presque la peau. Le Croup avait arrêté de hurler. J'écartais les doigts pour voir ce qui se passait.

Audrey était en feu. Son corps était en train de brûler ! Je me rapprochais le plus possible et brandis ma baguette. « Aquamenti ! ». Comment avaient-elles osées faire ça ! Si elles croyaient pouvoir faire quelque chose de bien en la brûlant elles se mettaient le doigt dans l’œil. « Aquamenti ! ». Mais pourquoi cela ne fonctionnait-il pas ? Pourquoi étais-je incapable de venir en aide à Audrey ? Comme j'avais été incapable de l'aider un peu plus tôt lorsqu'elle était entrée dans cette pièce.

- Norbert !, c'était Queenie et vu comme elle criait cela ne devait pas être la première fois qu'elle essayait d'attirer mon attention. C'est un feu magique tu ne peux pas l'éteindre.

Mais avant que je puisse répondre le feu cessa ne laissant d'Audrey qu'un tas de cendres rougeoyantes. Elle avait promis. Pourquoi est-ce que quelqu'un avait-il mis feu à son corps ? Elle serait revenue, elle avait promis. C'était les seules pensées que j'étais capable d'avoir. Je m'étais effondré à côté des cendres, pleurant, reniflant et répétant ces pensées tout mon saoul. Pourquoi ? Elle avait promis. Et soudain la futilité de la promesse d'une enfant de douze ans sans le moindre pouvoir magique me frappa. Audrey n'avait rien à voir là dedans. Si elle se retrouvait réduite à cela s'était ma faute. J'avais besoin de quelqu'un autant qu'elle. Je l'avais chargé de responsabilité bien au delà de ce que pouvait en supporter son âge et je l'avais convaincu (autant que moi-même) qu'elle pouvait le faire. Tout était ma faute. Une autre lamentation s'échappa de ma gorge. Un petit pépiement y répondit. Ce léger son innocent me serra le cœur.

- Norbert ….

Queenie s'approchait de moi mais je ne voulais plus rien entendre de personne. Je me relevais difficilement et après avoir vacillé je me dirigeais d'un pas chancelant vers la porte.

- Norbert ….

Avec ce ton implorant plein de pitié rien de ce qu'aurait pu dire Queenie n'aurait pu me faire me retourner. Elle allait sûrement se justifier pour l'avoir brûlé ou me dire que rien n'était ma faute. Quoi qu'elle put trouver dans mon esprit rien ne pourrait me faire me sentir mieux, plus jamais. Le pépiement retentit encore une fois dans l'étrange silence, comme un appel. Je me figeais sur place sans savoir pourquoi, puis me retournais lentement prenant bien soin de ne regarder ni Queenie, ni Tina ou Croyance.

Il était là. Au milieu des cendres. Il agitait ses petits semblants d'ailes avec frénésie. L'oisillon minuscule n'avait rien de beau. Ses yeux étaient beaucoup trop gros pour sa tête et il semblait qu'il est trop de peau pour couvrir son corps sans faire de plis. Il était totalement dépourvu de plumes et les quelques poils éparts sur le sommet de son crâne ne lui donnait pas plus d'allure. Je regardais l'oisillon sans comprendre ce qu'il faisait là mais je ne parvenait pas à le quitter des yeux. Du coin de l’œil je voyais Queenie se laisser aller à un grand sourire. 


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