L'Obscurial

Chapitre 23 : De la cendre et des larmes

811 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2020 12:09

QUEENIE


Norbert était là, les bras ballants. La colère et la tristesse avaient momentanément laissé place à la surprise. Je regardais aussi avec étonnement le brillant magizoologiste fixer l'oisillon sans comprendre alors qu'il aurait dû être le plus à même de saisir la situation. Son esprit ne cherchait même pas une explication il restait là, fasciné et intrigué.

- Norbert …., cette fois-ci il tourna la tête vers moi, je sais qui sont les parents d'Audrey.

Ses yeux s'agrandirent comme si je venait de proférer la pire des insultes. Je savais qu'il me pensait coupable de la combustion du corps mais je ne pus m'empêcher d'être attristée par cette réaction. Malgré cela je savais que quoi qu'il en laisserait paraître il m'écouterait.

- Sa mère était une sorcière de sang-mêlé. Je ne sais pas son nom. Et son père …. son père était un phénix.

Norbert qui avait détourné les yeux de moi revint lentement me fixer, partagé entre la stupeur et la colère de ce que je pouvais dire sur Audrey. Je voyais que dans son esprit rien n'était encore connecté.

- Je l'ais vu, dans son esprit. La plus ancienne trace de son esprit est marqué par ses parents. Ses défenses étaient au plus bas j'ai tout vu quand je suis entrée dans la pièce. Norbert je n’aie aucune idée de la façon dont cela fut possible mais Audrey est une Cracmolle et une sorte d'Animagus phénix depuis sa naissance. C'est pour ça que les Augureys, les phénix écossais, l'ont accepté, c'est pour ça qu'elle est si forte, c'est pour ça que tu n'aie pas mort de la balle, c'est pour ça que ce soir au lieu de mourir elle a brûlé.

Je sentais que Norbert hésitait entre m'étrangler, fondre en larmes ou crier de joie. Alors qu'il s'apprêtait à faire un pas vers moi l'oisillon battit frénétiquement de ce qui serait plus tard des ailes en poussant de petits cris. Norbert se figea sur place. Ses yeux étaient toujours ancrés dans les miens. C'était comme s'il refusait de se tourner.

- Je l'entends, Norbert, aussi clairement que je t’entends toi. Elle s'excuse.

Je jetais un rapide coup d’œil autour de moi car j'étais persuadée que Norbert venait de se prendre un sort. Il était tombé lourdement à genoux, le regard vide dirigé vers le sol. Croyance s'était approché par derrière et avait pris délicatement l'oisillon dans sa main pour le déposer devant Norbert. Celui-ci sans oser toucher le minuscule phénix posa sa main à plat à côté de lui. L'oisillon s'agita alors de toutes ses forces et vint, tant bien que mal, se réfugier dans la paume offerte. Une grosse larme s'écrasa alors sur sa petite tête chauve et l'oisillon s'ébroua, indigné. Tina s'était accroupie à côté de lui et avait passé un bras réconfortant autour de son épaule. Queenie se racla la gorge visiblement assez mal à l'aise.

- Audrey dit que maintenant que c'est arrivé elle se rend compte que s'était inévitable. Elle dit qu'elle aurait aimé que ça se passe autrement mais que maintenant que c'est arrivé elle pense que c'est bien comme ça.

- Mais comment je vais faire moi ?

La voix de Norbert se brisa. Il se plaqua une main sur le visage et éclata en sanglots bruyants. Ses épaules étaient violemment secouées. Le magizoologiste semblait s'affaisser sur lui-même. Croyance s'était retiré dans un coin de la pièce avec un regard terrifié comme s'il s'attendait à ce que Norbert lui saute à la gorge. Mais celui-ci était bien trop occupé à se vider de toutes les larmes de son corps en poussant des gémissements déchirants. Tina frottait son dos mais cela semblait une bien maigre consolation à son chagrin qui semblait sans limite.

L'oisillon s'agita alors et poussa quelques pépiements timides puis un chant s'éleva, légèrement éraillé au début mais prenant peu à peu de l'assurance. Il était difficile de croire qu'un chant si profond venait du minuscule phénix encore chauve qui se blottissait dans la paume de Norbert. J'avais beaucoup entendu parler du fameux chant du phénix sans jamais l'avoir entendu mais je compris immédiatement que tout ce que l'on racontait sur eux était vrai. C'était un son qui prenait aux tripes et qui embaumait le cœur. C'était comme si tous les ennuis s'en allaient au loin même Norbert avait arrêté de pleurer. Il regardait l'oisillon les yeux mouillés avec une expression stupéfaite. Et puis comme si c'était infiniment douloureux ses lèvres se tordirent en un sourire. 

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