Transcendance

Chapitre 0 : UN SOLDAT

703 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/10/2023 16:53

L’air qui puait la sueur et le renfermé, il pouvait gérer. Les tics nerveux des autres soldats aussi. Tout comme la coquille métallique dans laquelle il se trouvait, un navire amphibie de classe Wasp. Mais la traversée États-Confédérés / Grande-Bretagne, il commençait à en avoir plein les pieds. Une foutue tempête lui avait remué l’estomac le sixième jour et depuis, il vivait avec une nausée permanente.  

 Ce long cauchemar allait bientôt prendre fin, songea Brian, qui essaya de penser que l’histoire allait s’écrire aujourd’hui, comme le martelaient ce foutu président Spencer Grailingstream et leur foutu amiral Cook depuis leur départ des États-Confédérés. Malgré tout, il avait plutôt l’impression qu’ils allaient faire une énorme connerie. Enfin, il fallait croire qu’attaquer une nation sous prétexte que le fils du président avait perdu son Don était quelque chose de légitime, et Brian ruminait trop longtemps, il finirait par devenir dingue. D’ailleurs, ça faisait bien longtemps qu’il avait arrêté d’essayer de deviner les motivations des politiciens. C’était mieux pour sa foutue santé, avait dit le médecin 

 Il songea qu’il aurait peut-être dû prendre sa retraite. Jouer les envahisseurs, ça n’était plus de son âge, mais il avait besoin de sa solde, sans compter que l’opération s’annonçait facile. L’amiral Cook pensait la mener en dix jours, selon les rumeurs. C’était pas si con, parce que la Grande-Bretagne n’avait plus de Don et aucune armée digne de ce nom. Ces stupides Egaux avaient pratiquement démantelé leurs forces militaires il y avait un siècle, comptant sur leurs pouvoirs pour se défendre.  

 Brian essaya de s’imaginer ce qui se passait dehors. Leur navire devait fendre la nuit, protégé par les navires antiaériens et les destroyers. Mais pourquoi tout était si calme? A l’heure qu’il était, les navires de guerre et les avions britanniques auraient dû être en train de les canarder. Il y avait bien eu quelques secousses, mais si peu… Les rumeurs semblaient se confirmer… La Grande-Bretagne était réellement sans défense, comme un fruit mûr prêt à la cueillette. Ou alors, ils fonçaient droit dans un piège.  

 Le vieil homme passa le pouce sur le canon de son M-4; un geste machinal, qu’il avait accompli un bon milliers de fois. Une manière de se préparer au début du combat. Il avança au pas avec les gars de sa rangée, s’installa sur le chaland qui leur servirait à débarquer. C’était la procédure habituelle: prendre le port par la terre, avec l’appui des bombardements maritimes et aériens.  

 Plus qu’une dizaine de minutes avant le débarquement.  

 Soudain, l’estomac du soldat se retourna. Pas à cause de l’immense vague qui venait de secouer le navire, non. C’était quelque chose d’autre. Quelque chose qu’il n’avait senti qu’une fois dans sa vie, quand un policier Doué avait arrêté une manifestation d’un seule geste, les mains crépitantes de son foutu pouvoir. Il regarda les gars autour de lui, la nuque dégoulinant de sueur. Son instinct lui hurlait de fuir. Mais fuir où? Il se répéta que la Grande-Bretagne avait perdu son Don, ce qui n’empêcha pas ses entrailles de se liquéfier. La menace était imminente. Les yeux fous, il regarda les parois métalliques du navire amphibie, comme s’il pouvait les transpercer. Les gars commençaient à s’agiter, ressentant apparemment le même malaise. Brian agrippa son fusil.  

 Puis l’impossible se produisit. Même dans ses pires cauchemars, le vieil homme n’aurait pas pu imaginer une horreur pareille.



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