Un combat de tous les instants

Chapitre 30 : Comité d'accueil

2790 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/01/2017 21:29

- Et de quinze ! Han han ! s'exclama Mikey en se trémoussant.

- Laisse tomber, tête d'écaille, tu ne me rattraperas jamais. J'en suis à vingt-quatre.

Raphaël ramassa le sai qu'il venait de planter dans un androïde et le remit à sa ceinture. Léo, Marion, Karai et Casey étaient en train d'achever les quelques robots restants qui les avaient suivis dans l'entrepôt où ils se trouvaient, pendant que Marianne, Donnie et April fouillaient les lieux à la recherche d'un portail portatif.

L'endroit était rempli de matériel kraang en tout genre, qu'il s'agisse de soucoupes, d'armes ou d'exosquelettes. Leurs recherches, jusqu'à présent menées au rythme des lasers tirées sur leurs amis, se firent bientôt en silence. Léonardo venait d'abattre le dernier extraterrestre.

- Finalement, il n'y en avait pas tant que ça, commenta Raph. La rousse a surestimé la sécurité.

- La rousse a un prénom, rétorqua Marianne.

- Je ne t'apprécie pas assez pour avoir envie de l'utiliser. Puisque ta sœur c'est la peste, toi, tu seras le choléra.

La jeune femme attendit qu'il lui tourne le dos pour se saisir d'une sphère métallique qu'elle venait de trouver et la jeta sur la tortue. Lorsqu'elle rentra en contact avec sa carapace, elle libéra une décharge électrique dans l'ensemble de son corps. Raph étouffa un hurlement de douleur.

- Que les choses soient claires, lâcha sèchement Marianne. Je ne suis peut-être pas rompue à l'art du ninjutsu, mais moi, j'ai un cerveau, et surtout je sais m'en servir.

Le ninja rouge allait répliquer, mais Donnie secoua la tête pour lui conseiller de renoncer. La rousse n'était pas la sœur de Marion pour rien et elles semblaient l'une comme l'autre mettre un point d'honneur avoir le dernier mot, quelle que soit la conversation.

- J'ai trouvé ! s'écria soudain April, mettant un terme définitif à la querelle.

Marianne sautilla jusqu'à elle sur sa jambe valide pour étudier l'objet octogonale, muni de trois boutons magenta, que l'adolescente tenait entre ses mains. Elle l'examina un court instant, avant de déclarer :

- Il n'est pas programmé. Ça va me prendre quelques minutes pour le paramétrer et rentrer les coordonnées de la planète Terre.

- Qu'est-ce que tu attends pour commencer, alors ? aboya Raph.

- Tu veux le faire, Einstein ? Avec toi, je suis prête à parier qu'on se retrouverait sur Mars ou au sommet de l'Everest.

Marianne entreprit de pianoter l'appareil sous l'œil attentif d'April et de Donnie, qui étaient regroupés autour d'elle. Les autres, pour tromper l'attente, faisait les cent pas dans la pièce, examinant l'arsenal kraang. Ils étaient si bien équipés et si avancés en matière de technologie qu'il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'ils aient réussi à prendre possession de New-York.

La jeune femme œuvrait depuis un court instant sur le portail portatif quand, à l'extrémité de l'entrepôt, une porte s'ouvrit. Au grand dam des tortues et de leurs amis, une nouvelle vague d'extraterrestres afflua à l'intérieur.

- Je croyais qu'on les avait tous eus, maugréa Léo.

- Penses-tu, ces saletés se comptent par centaines, répliqua Raph. Au moins, ça nous offre de quoi nous occuper pendant que petit génie termine.

Les armes à la main, ils chargèrent leurs adversaires. Ils commençaient tous à être exténués et ils espéraient que Marianne achèverait bientôt son ouvrage pour les renvoyer sur Terre, là où ils verraient nettement moins de Kraangs.

- Dépêche-toi, grande sœur ! s'implora Marion alors qu'elle tranchait le bras d'un androïde avec sa rapière.

- Je fais ce que je peux ! Botticelli, appuie sur ce bouton.

- Je m'appelle Donatello, rectifia l'intéressé.

- Ah... Les noms, ça n'a jamais été mon truc. Je suis capable de tout retenir, sauf ça. C'est ma bête noire. Il faut croire que je suis comme ton frère, mais version humaine et pourvue de neurones.

Le ninja mauve pressa la touche que Marianne désignait pendant qu'elle continuait à s'affairer sur les deux autres. Elle pria ensuite April de lui trouver un micro-générateur kraang, car elle craignait que le portail manque de puissance pour les ramener à New-York.

- C'est ça ? demanda la rouquine, après une rapide recherche, une sorte de batterie métallique et rectangulaire à la main.

- Parfait ! Enlève le couvercle et apporte-la-moi.

L'adolescente s'exécuta aussitôt, dévoilant deux câbles élastiques que Marianne s'empressa de relier à l'appareil qu'elle manipulait. L'éclat qui émanait des boutons s'intensifia. Elle esquissa un sourire, qui remplaça le rictus qu'elle affichait depuis le début, et déclara :

- J'ai été un peu injuste avec vous. Vous n'êtes pas inutiles, contrairement à ce que j'ai d'abord cru. Je vous prie d'excuser mon attitude.

- Ne t'inquiète pas, c'est déjà pardonné, affirma Donnie. Et puis, tu as rencontré Mikey en premier, ça ne t'a pas aidé à te faire une image positive de nous.

- Est-ce que tu as terminé ? interrogea April.

Elle ne cessait de jeter des regards anxieux par-dessus son épaule, en direction des autres qui menaçaient d'être submergés par les Kraangs. Marianne pressa de toutes ses forces la touche centrale et un triangle rose, haut de deux mètres cinquante, en jaillit. Il s'agissait d'un portail.

- Oui ! s'exclamèrent-ils en chœur.

- Venez vite ! cria Donatello. La Terre nous attend !

Son cri recouvrit péniblement les bruits du combat, mais leurs amis réussirent à l'entendre malgré cela, car ils battirent aussitôt en retraite. Ils se mirent à courir à leur rencontre, suivis de près par une horde d'androïdes.

- Vite ! leur cria Léo. Traversez tout de suite ! Ils ne doivent pas nous suivre de l'autre côté !

Le trio marqua une légère hésitation, mais s'exécuta. Donnie souleva précautionneusement Marianne pour l'aider à franchir le portail et April leur emboîta le pas. Karai fut la première à arriver sur place et glissa au travers, juste avant que Léonardo l'imite.

- Raph ! cria soudain Marion.

La tortue se retourna pour découvrir que l'adolescente venait d'être attrapée par un robot. Ses doigts métalliques enserraient son poignet et, comme il s'agissait du bras duquel elle maniait son épée, elle ne pouvait pas utiliser son arme pour se libérer. La prise du Kraang était trop forte pour lui permettre de s'arracher à lui.

- Baisse-toi ! ordonna Raphaël.

Son sai frôla de quelques centimètres le sommet du crâne de Marion pour aller s'enfoncer dans celui de l'androïde. La jeune fille massa son articulation endolorie tout en rejoignant le ninja. Raph la saisit par l'épaule pour la conduire jusqu'au portail, mais la relâcha lorsqu'il prit conscience de son geste.

Michelangelo, qui avait lui aussi été alerté par le hurlement de son ami, avait choisi de les attendre plutôt que de traverser le portail. Quand il jugea qu'il fut hors de danger, il traversa le triangle rose, et Marion et Raphaël en firent autant.

Le changement brutal de gravité les déséquilibra sitôt qu'ils furent de l'autre côté. L'adolescente et la tortue au bandeau rouge basculèrent face contre terre, avant de se redresser en grommelant. Mikey, contrairement à eux, avait réussi à tenir sur ses pattes.

Les autres étaient tous rassemblés autour d'eux, dans une ruelle sombre de New-York. La nuit n'était pas encore tombée, mais le soleil couchant ne projetait pas sa lumière par-dessus les immeubles qui les encadraient. Marianne ramassa le portail portatif et le ferma, avant que des Kraangs le traversent.

- Pff... soupira Mikey, une pointe de déception dans le regard.

- Qu'y a-t-il ? s'enquit aussitôt Marion.

- Bah, dans la dimension X, je suis Mikey le génie, alors qu'ici...

- Ici ou là-bas, tu es toujours mon meilleur ami.

L'adolescente lui adressa un sourire éclatant, qui parut le réconforter un peu. Ils se mirent ensuite tous en quête de la bouche d'égout la plus proche, afin de regagner les sous-sols. Éreintés par leurs nombreux combats dans l'univers kraang, ils traînaient les pieds et avançaient sans motivation. Ils ne rêvaient tous que d'une chose : se reposer enfin.

- J'ai hâte de retrouver mon oreiller, annonça Casey. Et, mesdemoiselles, si ça intéresse l'une d'entre vous, on peut tenir dessus à deux, en se serrant bien.

Sa remarque lui valut un coup de poing de Raphaël dans le ventre, qui lui coupa le souffle et par la même occasion la parole, au grand soulagement de la gent féminine. Avec le retour récent de Karai et désormais l'arrivée de Marianne, elles représentaient presque la moitié de l'équipe.

- Je suis tellement fatigué que je veux bien qu'on attende demain pour venir chercher l'écran plasma d'April, affirma Michelangelo dans un bâillement.

Personne ne le contredit. Ils étaient tous en très mauvais état, exténués, blessés par les lasers kraang et avec une jambe brisée en ce qui concernait Marianne. Donatello lui avait prêté son bō pour qu'elle s'appuie dessus et elle était soutenue de l'autre côté par Marion. L'adolescente, à bout de force, doutait de pouvoir la tenir très longtemps.

- Laisse-moi faire, proposa Léonardo.

Marion jeta un regard interrogatif à sa sœur, qui accepta. Ses griefs contre les tortues commençaient à s'estomper au fur et à mesure qu'elle apprenait à les connaître, du moins en ce qui concernait Léo et Donnie. En revanche, elle avait toujours du mal à supporter les deux autres.

- J'avais oublié à quel point cette ville était devenue laide, murmura-t-elle.

- Ne t'inquiète pas. Bientôt, nous bouterons les Kraangs hors d'ici, nous sauverons les habitants de New-York et nous reprendrons une vie normale.

Marion essayait d'avoir l'air convaincue par ce qu'elle disait, mais elle ne parvenait pas à feindre l'optimisme. Ce passage en dimension X lui avait permis de réaliser que les extraterrestres étaient des milliers, voire plus certainement des millions, et ils étaient bien mieux équipés que la Terre. Comment pourraient-ils en venir à bout ?

Les têtes courbées et les épaules affaissées de ses amis lui indiquèrent qu'ils pensaient probablement la même chose. Donnie et Marianne pourraient bien mettre au point du rétro-mutagène, à quoi leur servirait-il s'ils n'annihilaient pas la menace de base.

- Vous entendez ? demanda soudain Léo.

- Quoi ?

Il poussa précipitamment Marianne dans les bras de Marion, qui la rattrapa de justesse, tandis que la tortue saisissait son ninjato. Il para un shuriken qui, à une seconde près, se serait fiché entre ses deux yeux. Il n'eut pas besoin de se pencher afin d'examiner le sigle gravé dessus pour comprendre à qui il appartenait.

- Le clan des Foots ! alerta-t-il.

- Quoi ? s'exclama Marianne. C'est qui, encore ?

- Pas des copains à nous, indiqua Mikey.

- Marion, emmène ta sœur en lieu sûr, conseille Léo. Elle ne peut pas rester ici.

L'adolescente acquiesça. Elle passa un bras autour de la taille de son aînée, lui retira le bō des mains, qu'elle lança à Donnie, puis s'éloigna en supportant le poids de Marianne, pendant que les autres se préparaient à mener un nouveau combat, malgré leur fatigue.

Les Foot-bots sautèrent des toits pour venir les encercler. Immédiatement, les tortues, Karai, April et Casey se tinrent prêts à les recevoir. Les armes, s'entrechoquant, provoquèrent un vacarme assourdissant. Tandis qu'elle repoussait un assaillant, la fille de Splinter déclara :

- Shredder va savoir que vous m'avez rendue mon apparence humaine.

- Il voulait déjà te capturer sous ta forme mutante, indiqua Donnie. Je vois mal ce qu'il pourrait essayer de faire de plus à présent, mis à part recommencer.

Après ce bref échange, ils se turent pour mieux se concentrer sur l'affrontement qui les opposait aux robots de Shredder, à l'exception de Raphaël. La tortue ne parvenait pas à rester focalisée sur son adversaire. Il ne cessait pas de jeter des regards par-dessus son épaule, en direction de la ruelle par laquelle Marion avait disparu. Distrait, il fut même blessé par le sabre d'un ninja artificiel, qui lui coupa le bras.

- Raph, qu'est-ce que tu fabriques ? gronda Léo, qui avait assisté à la scène du coin de l'œil. Ressaisis-toi, mon vieux. Nous sommes tous épuisés, mais ce n'est pas une raison pour se laisser aller.

- Je...

La tortue raffermit sa prise sur ses sais. Il observa ses frères et les trois adolescents, qui se jetaient en avant dans la bataille, puis tourna de nouveau la tête vers l'arrière. Alors que le Foot-bot face à lui s'apprêtait à repasser à l'action, il grogna, remit ses armes à sa ceinture, et s'éloigna en courant.

- Raph ! s'écria Mikey. Eh, où tu vas comme ça ?

L'intéressé avait déjà bifurqué dans la ruelle avant même d'entendre sa question. Après être resté ébahi quelques secondes à cause de l'attitude étrange de Raphaël, lui qui ne refusait jamais un bon combat, le reste du groupe reprit celui qu'ils étaient en train de mener face au clan des Foots.

***

Marion balaya le sol des yeux à la recherche d'une bouche d'égout, qui n'étaient pas toujours très visible. Marianne, calée sur son épaule, essayait de masquer sa répulsion. Les sous-sols putrides de la ville, un clan de robots ninja... Elle regrettait déjà la dimension X, qui lui apparaissait presque comme paradisiaque, en comparaison.

Elles étaient trop loin du combat pour percevoir les bruits que leurs amis émettaient en combattant l'armée de Shredder, mais un autre son leur parvint. C'était celui d'une course effrénée. Quelqu'un les poursuivait. Marion tira sa rapière et se rapprocha d'une maison désaffectée pour appuyer sa sœur contre le mur.

L'épée levée, elle était prête au combat, mais elle abaissa sa lame lorsqu'elle constata qu'il ne s'agissait que de Raphaël. Tandis qu'elle remettait son arme dans son fourreau et repassait un bras autour de la taille de Marianne, elle lui demanda :

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Mikey avait peur pour toi, il m'a demandé de vous rejoindre, mentit la tortue.

- Pourquoi est-ce qu'il n'est pas venu de lui-même.

- Tu crois vraiment que je sais ce qui se passe dans son cerveau racorni, moi ?

- Hum... Non, mais ce qui m'étonne surtout, c'est que tu aies accepté, au détriment d'un combat contre les Foot-bots.

- J'ai passé ma journée à combattre des boîtes de conserve, répliqua Raph. Ce dont j'ai besoin maintenant, c'est d'un vrai adversaire, dans le genre de Fishface, puisque Rahzar est probablement mort noyé.

- Fais attention à ce que tu demandes, tortue. Tu pourrais bien voir tes désirs exaucés.

Le sang de Marion ne fit qu'un tour lorsqu'elle vit une silhouette atterrir devant eux, perchée sur des pattes métalliques puissantes. Le poisson mutant avait patienté sur le toit d'un immeuble, comme les robots, en attendant le meilleur moment pour intervenir. Il leur adressa un sourire mauvais qui dévoila ses dents pointues.

- Ce bon vieux Raphaël, comme on se retrouve... Et toi, tu es la morveuse des égouts, n'est-ce pas ? Quant à toi... Combien vous êtes, en tout ? Vous avez entrepris de vous multiplier, ou quoi ?

- Que veux-tu... La peste et le choléra, ça se propage à vitesse grand V. Maintenant que les présentations sont terminées, si nous passions aux choses sérieuses, toi et moi, face de calamar ?

- J'allais justement te le proposer.

Raphaël fit tournoyer ses sais et Marion, qui regrettait déjà s'avoir rangé sa rapière, s'apprêtait à refermer sa main sur la garde. Le ninja rouge l'en dissuada d'un hochement de tête.

- Tu n'as pas entendu ce qu'a dit Léo tout à l'heure ? Fiche le camp et emmène ta sœur.

Avant que Marion n'ait le temps d'ouvrir la bouche pour protester, Raph s'était déjà lancé dans un affrontement sans merci avec Fishface. Elle songea un instant à ignorer ses ordres, mais un regard sur Marianne la dissuada de prendre part au combat. Son aînée souffrait le martyr et ne tiendrait bientôt plus sur sa seule jambe valide. Elle devait vraiment la mettre à l'abri au plus vite.

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