Coeur de loup

Chapitre 1 : L'étoile maudite

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 03:28

 

Chapitre 1
L’étoile maudite
 
 
 
Shizuru porta lentement son thé à ses lèvres alors que la porte de classe s’ouvrait brusquement. Natsuki, essoufflée, referma la porte et se posta devant la présidente du conseil des élèves qui n’avait même pas daignée relever la tête.
 
-En voilà une surprise, finit par dire Shizuru en reposant calmement sa tasse sur le bureau.
 
-Il faut que je te parle Shizuru.
 
-Je t’écoute.
 
-C’est… Natsuki soupira et alla s’appuyer contre un mur, la tête baissée. C’est à propos de la Sears…
 
Shizuru se leva soudainement et enlaça son amie qui, ne s’y attendant pas, rougit et essaya d’abord de se dégager. S’enfuir dans ce genre de situation… c’avait toujours été son premier réflexe…
 
-C’est finit à présent. Le festival est terminé, nous ne sommes plus obligées de nous mêler de cette histoire, ne nous sommes plus obligées de nous battre. Tu entends Natsuki ? Souffla la présidente à son oreille.
 
La nommée détourna son regard pour fixer un point invisible au fond de la classe, les joues toujours en feu, elle hocha la tête. Après tout Shizuru avait raison. Pourquoi avait-elle continué à faire des recherches sur l’organisation Sears ? Pour se venger ? Se venger de quoi ? Ils avaient tué sa mère. Cette mère qui l’avait vendue, abandonnée… En y repensant, Natuski sentit son cœur se serrer. Tout ce qu’elle avait trouvé n’était qu’hypothèse, alors pourquoi ? Pourquoi se tourmentait-elle encore ? La jeune fille ferma les yeux, sentant une larme couler le long de sa joue. Elle n’allait pas pleurer, non, pas devant Shizuru qui avait tant fait pour elle. Elle finit par se détendre. Elle se sentait bien. Elle se sentait bien dans ses bras…
 
La belle brune se colla un peu plus à son aimée.
 
-Shizuru…
 
Elle passa délicatement ses doigts sur les lèvres de Natsuki pour l’empêcher de continuer. Elle en avait assez de jouer, d’attendre, d’espérer, d’aimer, de souffrir… Elle était sur de ses sentiments, c’était d’ailleurs bien la dernière chose dont elle était sur dans le chaos qu’était devenu sa vie. La jeune fille baissa la tête devant les yeux émeraude qui la fixaient avec appréhension. Elle fronça les sourcils. L’ex-propriétaire de Kyo Hime avait longuement pensé à cet instant, et bien qu’elle le regrette, elle savait que le seul moyen d’être fixé était de confronter Natsuki à la réalité. Son amie était un louveteau abandonné, une petite bête blessée dont elle avait péniblement gagné la confiance. Il avait fallu déployer des trésors de patience pour l’approcher sans l’effaroucher et elle s’était sentie tellement heureuse lorsqu’elle y était parvenue. Mais les loups ont des crocs. Et elle le lui avait rappelé. Tous ces instants de bonheur et de tristesses, de patience et de reconnaissance pouvaient en quelques secondes être anéanties ou au contraire être récompensés. Shizuru ferma les yeux un instant pour se vider la tête et pour laisser son cœur guider ses gestes.
 
-Shizuru, attend…
 
Mais elle ne l’écoutait déjà plus. Elle prit les mains de la solitaire, les plaquas contre le mur pour l’empêcher de s’enfuir et s’empara pleinement de sa bouche. Natsuki, surprise, laissa échapper un gémissement qui permit un léger accès à ses lèvres dont Shizuru profita. Alors que la jeune fille répondait timidement à son baiser, la présidente glissa lentement sa main le long de sa cuisse et souleva légèrement un pan de sa jupe.
A contre cœur, Shizuru brisa leur baiser pour reprendre de l’oxygène, Natsuki saisit l’occasion et la repoussa gentiment.
 
-Shizuru attend, si je suis ici c’est parce que j’ai quelque chose d’important à te dire…
 
-Moi aussi Natsuki.
 
-Je voulais te dire que…
 
-Non, la coupa Shizuru, laisse moi parler la première. D’habitude si calme, la présidente dû prendre une grande inspiration pour obliger les battements de son cœur à reprendre un rythme normal. Je… Je t’aime Natsuki.
 
La concernée se figea, les yeux écarquillés. Shizuru sentit un frisson glacé lui parcourir tout le corps en la voyant. Elle se maudit intérieurement. Pourquoi avait-il fallu qu’elle veuille changer les choses ? Maintenant, elle avait perdue Natsuki, sa Natsuki, pour toujours, sa réaction ne laissait aucun doute…
 
-Shizuru… murmura Natsuki.
 
-J’ai… elle secoua la tête en signe d’impuissance. J’ai compris Natsuki, désolé de t’avoi…
 
-Vient près de moi, doucement… souffla Natsuki dont le ton baissait de plus en plus.
 
Le cœur de Shizuru se remit à battre la chamade. Acceptait-elle ses sentiments ? Natsuki deviendrait-elle sa petite louve ? Elle sentit un poids au fond d’elle s’envoler, un poids présent depuis des mois. Elle soupira tant son soulagement était grand.
 
-Natsuki…
 
- COUCHE-TOI !
 
La bikeuse se jeta sur son amie qui s’étala de ton son long sur le carrelage de la classe.
 
-Qu’est ce que… ?
 
Shizuru n’avait pas besoin d’explication, elle comprit en voyant le mur où était appuyée Natsuki quelques instants plus tôt dégoulinant d’une substance étrangement visqueuse. Avec son calme habituelle, la présidente réfléchissait à toute allure au moyen de se sortir de là alors qu’un grognement sourd retentissait en écho dans toute la pièce. Elle se releva avec rapidité et souplesse, empoignant son amie au passage pour l’aider à s’éloigner le plus possible de cette « chose ». C’était quoi d’ailleurs, cette « chose » qui venait tout gâcher alors qu’elle était si près du but ? Une bouffée de colère monta en Shizuru mais elle la maitrisa vite pour se préoccupé juste de sa fuite à elle et à Natsuki. La présidente jeta un coup d’œil à son amie en lui désignant le bureau réservé aux professeurs, d’un hochement de tête elle lui fit comprendre qu’elle était d’accord. Dans une synchrose parfaite, elles attrapèrent chacune un bord du bureau et l’envoyèrent en direction du monstre qui l’évita, laissant apparaître un passage jusqu’à la porte comme l’avait espéré la brune. Elle attrapa la main de la solitaire qui fixait la créature et l’entraina dans le couloir en défonçant la porte d’un coup de pied. Les deux jeunes filles coururent main dans la main et s’arrêtèrent seulement en sentant que leurs cœurs allaient éclater si elles faisaient un pas de plus. Shizuru vérifia que le monstre ne les suivait pas et se laissa tomber dans l’herbe fraiche, suivie de Natsuki.
Tout était calme dans le parc de l’école, seuls les grillons rompaient le silence avec leur chant. La nuit était tombée sans que Shizuru ne s’en rende compte. Essoufflée, elle ferma les yeux et attendit de reprendre sa respiration. Bercée par leur chant, elle se mit à somnoler.
 
-J’ai cru que j’allais étouffer, finit par dire Natsuki.
 
-Si ça avait été le cas, je t’aurais fait du bouche à bouche Na-tsu-ki ! Répondit Shizuru sur un ton moqueur, un sourire aux lèvres.
 
La bikeuse tourna la tête en rougissant, un air énervé sur le visage.
 
-Shizuru… la réprimanda gentiment Natsuki.
 
Elles profitèrent toutes les deux de ce semblant de calme, laissant l’adrénaline retombée. Juste être côte à côte, ensemble, oublier la Sears, oublier les autres, oublier le monde. N’exister que l’une pour l’autre, encore quelques minutes…
 
 
 
-Et pourquoi tu ne nous a rien dit plutôt ? S’énerva Mai en frappant la table du plat de sa main. Tu croyais pouvoir gérer le problème seule ? Le festival des HIMEs ne t’as-t-il rien appris ?
 
Natsuki se releva pour faire face à la rouquine. Pour qui se prenait-elle ? Elle s’apprêtait à riposter lorsqu’elle sentit une main la tirer en arrière.
 
-Calmez-vous toutes les deux, soupira Midori. Elle a raison Natsuki, tu aurais dû nous en parler, mais le problème n’est pas là. Un Orphan est apparu et a attaqué deux des anciennes himes, un peu gros comme coïncidence non ?
 
-Et ce n’est pas tout, ricana Nao assise un peu à l’écart du groupe.
 
-Quoi ? répondit Mai exaspérée en se laissant retomber sur sa chaise.
 
La jeune fille regarda tout le groupe composé de six anciennes himes, un sourire arrogant aux lèvres. Elle leva un doigt vers le haut en baillant, comme si cette histoire ne la concernait en rien.
D’un même mouvement, les filles relevèrent la tête et un silence pesant s’installa. Aucune n’arrivait à détacher ses yeux du ciel, sauf peut être Mikoto qui n’avait pas su détacher les siens de son bento.
 
-Sérieusement, pas une ne l’avait remarqué jusqu’ici ? se moqua Nao.
 
-Non… Natsuki fut la première à briser le silence, dont la voix désespérée ne fit que confirmer à chacune ce qu’elles voyaient. Elle est revenue… C’est impossible, non !
 
Elle se précipita dehors, sentant des larmes, non pas de tristesse mais de rage, lui brûler les yeux.
 
-Natsuki !
 
Shizuru se leva brusquement et tenta de rattraper son amie.
 
-C’est super… Vraiment super… lâcha Mai en se prenant la tête entre les mains, au bord de la crise de nerf.
 
-Depuis combien de temps elle est apparue Nao ? Questionna Midori.
 
-Je l’ai remarquée il y a 40 minutes environ.
 
-Comment ça se fait qu’elle apparaît tout à coup ? Aniki n’y est pour rien ! défendit Mikoto en jetant un regard inquiet à Mai.
 
-Non, nous l’avons battu, nous savons toute que ce n’est pas lui, rassura la rouquine en posant une main protectrice sur la tête de son amie. Même si j’y ai songé… pensa-t-elle.
 
 
-Natsuki attend ! cria la présidente à bout de souffle.
 
La nommée jeta un coup d’œil en arrière et se décida à s’arrêter. Shizuru la rejoignit quelques secondes plus tard, posa une main sur l’épaule de son amie et regarda son visage crispé. La louve serrait ses poings en fixant le sol, des flammes dans les yeux.
 
-Gomen, Shizuru… Je ne savais pas que c’était grave à ce point.
- Explique-moi ce qui se passe Natsuki, qu’as-tu découvert ? Pourquoi l’étoile est-elle réapparue ?!
 
Natsuki se retourna et enlaça la jeune fille aux cheveux bruns.
 
-Ne t’inquiète pas, Shizuru, chuchota-t-elle à son oreille. Je vais faire disparaître l’étoile et cet Orphan, je te le promets.
 
Natsuki embrassa rapidement son amie sur la joue et s’enfuit.
 
-Natsuki, non…chuchota Shizuru au bord des larmes, craignant le pire. Faits attention à toi, ma Natsuki…

Laisser un commentaire ?