L'amour n'est pas un long fleuve tranquille

Chapitre 12 : Une étouffante culpabilité

9772 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/10/2020 22:49

Chapitre XII : Une étouffante culpabilité.


           Du ciel, à la couleur opaline, commence à tomber de la neige. Les flocons virevoltent sur nous poussés par le vent glacé de l'hiver. Tony se tient droit devant moi, et a enfin détourné les yeux de la tombe de ses parents. Il me fixe d'un air pénétrant, et j’ai l'impression qu'il peut lire en moi sans la moindre difficulté. Comme s'il avait déjà compris ce que je voulais lui dire. Mais comment cela serait-il possible ? Comment pourrait-il deviner ce que je m'apprête à lui avouer ? Si j’ai bel et bien l'intention de le lui dire, les mots restent, cependant, coincés dans ma gorge. Je sens ma détermination faillir, tandis que, le brun commence à perdre patience. Il finit par me demander :

–     Quoi ? Tu es amoureux de Barnes, c'est ça que tu veux me dire ?

           Je fus surpris par cette question. Même si, réflexion faite, j'aurais préféré devoir lui avouer que j'avais des sentiments pour Bucky. Plutôt que...de devoir lui dire que, celui que je considère comme un frère, a tué ses parents. Je me contente de contester cette idée d'un simple geste de la tête, n'ayant pas le courage de parler. Depuis quand suis-je devenu aussi couard ?

–     Qu'est-ce que tu as ? Demande Tony qui se rapproche tout doucement de moi l'air inquiet. Tu commences à me faire peur...

           J'attrape ses mains dans les miennes. Je peux sentir que ses doigts sont glacés, et me semble en contraste avec mon corps qui semble bouillant. Je pris alors une grande inspiration : Je vais lui dire. Seulement, avant que j’aie eu le temps d'ouvrir la bouche, un bruit sourd se fit entendre derrière moi. Ce vacarme fut si assourdissant que l'on aurait presque cru qu'il s'agissait d'un coup de tonnerre. Cependant, ce son, je pourrais le reconnaître en mille. Et pour cause, je suis un soldat, et le bruit d'un coup de feu ne m'est pas étranger. Alors que je tourne la tête pour voir d'où cela pouvait provenir, je sens le corps de Tony venir s'écraser contre le mien. Je le rattrape de justesse avant qu'il ne s’effondre sur le sol, et à ce moment-là, mon cœur se serre. Je compris qu'il avait été touché. Blessé au torse, celui-ci commence à se maculer de sang, alors que j’appuie dessus afin d'arrêter l’hémorragie. Je tourne la tête afin d'apercevoir le tireur, mais je n’aperçus qu'une silhouette, qui disparut derrière un brouillard de neige. Je demande à J.A.R.V.I.S d'appeler une ambulance au plus vite, alors que son maître est inanimé dans mes bras. Heureusement pour moi, le milliardaire a toujours une montre interactive qui est liée à l'IA, toujours prête à agir, dès qu'on le lui demande. Ainsi, je peux continuer les premiers soins sans perdre de temps à appeler une ambulance. Les secours arrivent rapidement, afin d'embarquer mon amant. Ils me proposent de monter avec eux, et je fus pris d'un dilemme. Ma présence auprès de Tony me semble indispensable, et s'il se réveille, je ne veux pas qu'il le fasse seul. Toutefois, si je ne pars pas à la poursuite du tireur maintenant, il se pourrait qu'on ne le retrouve jamais, et qu'il tente à nouveau sa chance. Si bien sûr, il s'avère que mon amant survive. Mais c'est à cette pensée que je me décide de partir avec lui. Tony n'est pas un super soldat, il n'a pas de sérum qui lui permet de guérir plus vite. Non, ce n'est qu'un être humain qui pourrait succomber à une telle blessure. Et si jamais cela doit arriver, je ne tolérerais pas qu'il meurt seul, sans qu'au moins une personne soit auprès de lui. C'est pourquoi, je grimpe dans l'ambulance avec eux.


           Le trajet jusqu'à l'hôpital me semble interminable tant l'état de l'ingénieur semble préoccupant. Les secouristes sont penchés au-dessus de lui, et s’affaire pour que leur patient ne passe pas l'arme à gauche. Une fois à clinique, le milliardaire fut transféré aux soins intensifs, tandis que, l'on me demande de patienter dans un couloir non loin de là. Angoissé, je profite tout de même de ce moment de latence pour prévenir les autres Avengers, ainsi que les proches de Stark, de ce qui s’est produit. Clint, qui est toujours en compagnie de Natasha et Banner, m'explique que lui et l'espionne vont partir enquêter sur le tireur. Ils me tiendraient au courant dès qu'ils trouveraient quelque chose. Une fois tout le monde prévenu, je n’ai plus qu'à attendre le médecin, afin d'avoir des nouvelles de mon partenaire.

           Dans ce couloir, le temps semble s'étirer au point d'en devenir interminable. Perdu dans mes songes, je ne parviens, cependant, pas à imaginer que mon amant puisse s'endormir à jamais. Ce n'est pas que je ne veux pas l'envisager, non, c'est plus fort que cela. Il m'est inconcevable que Tony meure. Rien que de penser à cela, mon corps tout entier s'engourdit. J’ai l'impression d'être lourd, comme si j’avais un poids énorme qui m’oppressais. C'est alors que Rhodes et Happy s’approchent de moi, en quête d'information.

–     Bonjour Steve, comment va Tony ? Vous avez des informations ? Me demandent-ils en chœur.

–     Pas pour le moment, avoue-je, Il est toujours en soin intensif, et aucun médecin n'est encore sorti du bloc. Je ne suis pas un expert, mais cela ne me semble pas bon.

–     Pas vraiment, confirme Happy.

–     Mais que s'est-il passé ? S'enquit Rhodes.

–     Nous étions au cimetière sur la tombe des parents à Tony et...un homme lui a tiré dessus. Avec la neige, je n'ai pu qu'apercevoir une silhouette...Je...j'étais trop inquiet pour Tony pour pouvoir le poursuivre....

–     C'est normal, me soutenu Rhodes, quand il se réveillera, il sera content de vous avoir à ses côtés. Votre présence compte énormément pour lui, vous savez.

           À ces mots, je sens ma détermination faiblir, et des larmes me montent aux yeux. Je sais qu'il est important pour Tony que je sois à ses côtés. Mais, aurait-il pensé la même chose si le tireur avait appuyé sur la détente quelques minutes plus tard ? Si je lui avais dit ce que j'ai découvert sur Barnes, et la mort de ses parents. Je n'en suis pas certain. À l'inquiétude omniprésente, se mêle un sentiment de culpabilité profond. Ce tourbillon d'émotion m'accable, au point que, je sens des larmes couler le long de mes joues. D'un geste bref, j'essuie mon visage, et je tente de contrôler ma peine. Toutefois, cela ne passe pas inaperçu auprès des deux amis de Stark. Happy se porte volontaire pour aller nous chercher un café, afin de nous apporter un peu de réconfort. Une fois seul avec Rhodes, celui-ci me tapote dans le dos, avant de me dire :

–     Captain, vous ne devriez pas sous-estimer Tony, vous savez, il est plus fort qu'il en a l'air. Il ne faut pas oublier qu'il a survécu à l'explosion d'une mine, où il fut soigné dans une grotte afghane. Et il faut bien avouer que les soins dans les grottes sont, quand même, d'une qualité bien inférieure à ceux prodigué dans cet hôpital.

–     Je le sais bien, mais, je n'ai pas pu le protéger. Dis-je en ravalant un sanglot. J'étais à ses côtés, et je suis tout de même un super soldat...

–     Vous ne pouviez pas prévoir. Me rassure-t-il.

–     Pourtant, j'ai entendu le coup de feu. Et aux vues de la distance à laquelle il a été tiré, si j'avais été concentré, j'aurais pu pousser Tony à temps...

–     Captain, vous ne pouviez pas savoir. Vous étiez là-bas pour vous recueillir, vous ne pouviez pas savoir qu'il y avait un tireur embusqué. Ni que celui-ci viserait Tony, et non vous. Vous savez, on ne peut pas toujours être sur nos gardes. Surtout pas avec un énergumène comme Tony, il est du genre déconcentrant.

–     On peut dire ça oui...

           Au fond, je sais qu'il n’a pas tort. Malgré mon sérum, je ne peux pas toujours être sur mes gardes. Et il est vrai que Tony peut s'avérer être un élément perturbateur. Mais à ce moment-là, ce n’est pas vraiment lui qui me bouleversait. Même si dans un certain sens, il était très lié à ce qui m'embrumais l'esprit. Mais, ce qui parasitait mes pensées, je ne pouvais en parler à Rhodes. Ni à personne par ailleurs. Pour le moment, seul l'état de santé de l'ingénieur devrait compter. Ce qui s'est produit il y a vingt-huit ans ne devrait pas me hanter maintenant.

           J'essuie mes sanglots, tout en m'excusant auprès de Rhodes d'être aussi faible. Celui-ci me rassure en m'expliquant qu'il est tout à fait normal que je sois affecté par ce qui vient de se produire. Avant que j’aie eu le temps de répondre quoique ce soit, Happy revient avec les cafés, mais également avec Pepper. La présidente de Stark Industrie s'excuse pour son retard, et nous demande tout de suite des nouvelles de son ancien compagnon. Nous lui expliquons que nous n'avons encore aucun diagnostic de la part des médecins, et je prends soin de lui expliquer ce qui s’est produit un peu plus tôt dans l'après-midi. À la fin de mon récit, Pepper s'effondre avant de déclarer :

–     Je savais qu'Iron Man le tuerait...

–     On n'est pas sûr que ce soit lié à Iron Man, tu sais, la réconforte Rhodes.

–     Bien sûr que c'est lié à Iron Man, le contredit-elle. C'est toujours lié à cette putain de machine !

           Rhodes tente de la calmer, quant à moi, je me demande si nous avons des nouvelles du tireur. Je jette un coup d’œil à mon téléphone, toutefois, je n’ai aucune nouvelle ni de Clint, ni de Natasha. Pour le moment, sans le sniper, il nous est difficile de déduire le motif de l'attaque. Tony est quelqu'un qui se fait de nombreux ennemis, que ce soit en tant que PDG de Stark Industrie, d'Iron Man ou tout simplement de Tony Stark. Sa personnalité excentrique, son arrogance, mais surtout son génie pouvait tout aussi bien expliquer à elle seule que l'on veuille s'en prendre au milliardaire. Les motifs d'un tel geste pouvaient être nombreux, c'est pourquoi, nous devons trouver le tireur afin de les connaître. J’espère d'ailleurs pour lui que ce soit quelqu'un d'autre que moi qui lui mette la main dessus. Je n'ai jamais été pour la vengeance, mais après avoir vue Tony tomber sur moi ainsi, je crois bien que j'aurais du mal à me contrôler si je me retrouvais en sa présence.


           Au bout de plusieurs heures d'attente, un médecin finit enfin par venir nous voir pour nous donner des nouvelles de Tony. L'homme a un air grave sur le visage, ce qui n'augure rien de bon. Il nous explique que la balle s’est logée non loin de l'artère pulmonaire. Elle a, au préalable, perforée un poumon. Ce qui a provoqué une hémorragie interne assez grave, mais qui est pour le moment maîtrisée. Cependant, il nous souligne bien que l'état de Stark est sérieux, et que le pronostic vital est engagé. Bien qu'il soit toujours plongé dans le coma, cet état ne devrait pas durer encore longtemps. Aux vues de cet état de fait, le médecin nous conseille d'aller nous reposer, en soulignant cependant, que sa petite amie pouvait aller le voir si elle le voulait. Après qu'on se soit échangé un regard gêné, j'explique au médecin que ce serait moi qui resterais à ses côtés. Et ce fut visiblement surpris que le médecin nous quitte afin d'aller s'occuper de ses autres patients. Après avoir échangé quelques mots avec les amis de Stark, ceux-ci me laissent aller retrouver mon amant.

           Je m'approche doucement de la chambre de Tony alors qu'un sentiment de peur m’étreint. L'angoisse, que j’ai de le voir, se concrétise lorsque je l'aperçu étendu sur le lit d'hôpital avec un masque à oxygène. La pâleur de son visage tranche avec le brun de ses cheveux en bataille qui retombent sur ses yeux clos. Le silence de la pièce n’est interrompu que par l'électrocardiogramme qui bipe de façon régulière. Je m'installe dans le fauteuil juste à côté de son lit, avant de prendre sa main dans la mienne. Je la saisie, toutefois, avec précaution, puisqu'un cathéter est apposé dessus afin de faciliter les soins. Puis je reste de longues heures ainsi, à le regarder respirer difficilement, perdu dans mes pensées. Je ne peux m'empêcher de ressasser tout ce que j’ai appris ces derniers jours. Et encore une fois, l'émotion m’étreint, mais cette fois, je craque totalement. Je fonds en sanglot tout en m'excusant auprès de l'homme que j'aime pour toutes les erreurs que j'ai pu commettre dernièrement. Finalement, à bout de force, autant physiquement que nerveusement, je fini par m'endormir sur le siège, la tête avachie sur lit.


           Ce fut une infirmière qui me réveille le lendemain matin. Elle m'explique qu'elle devait apporter des soins à Stark, et qu'il serait préférable que je sorte. Je m'exécute, décidant de profiter de ce moment pour prendre des nouvelles de la traque du trieur. Au bout du fil, Natasha m'explique qu'ils tiennent une piste, qu'ils sont encore en train de remontrer. D'ici la fin de la journée, elle doit avoir découvert son identité, et me promis de me prévenir dès que ce serait le cas. Mais alors que je suis encore au téléphone, je vois Sam accompagné de Vision, Banner, Happy et Rhodes avancer dans ma direction. Les quatre Avengers sont venus prendre des nouvelles de leur ami qui ne s’est malheureusement pas réveillé. Cependant, lorsque l’infirmière sort de la chambre, elle nous rassure un peu sur l'état de Tony. En effet, sa tension est stable, son pouls est régulier, et ses blessures sont propres. Même s'il n'est pas encore tiré d'affaire, son état s'est grandement amélioré selon elle. Puis, elle nous explique que le médecin passerait en fin de matinée, afin de faire le point avec nous. Happy, Rhodes, Banner et Vision, m'ont proposé de veiller sur Tony pendant que Sam et moi allions prendre un petit-déjeuner. Même si je n’ai aucune envie de quitter mon amant, leur insistance me pousse à agir selon leur guise.

           Installé avec Sam à une petite table dans la cafeteria de la clinique, je petit-déjeune sans grande motivation. Le Faucon pris de mes nouvelles, me demandant comment je me sens, et surtout si j'arrive à tenir le coup. Je mens, en disant que cela allait, et que j’ai simplement hâte que Tony se réveille. Même si je ne vais pas bien, je n’ai aucune envie de l'inquiéter inutilement. Malgré tout, je vois sur son visage que mon mensonge est vain. Après avoir avalé rapidement mon plateau repas, je m'en retourne auprès du milliardaire. Je n’ai aucune envie de m'en séparer trop longtemps, surtout si celui-ci reprend connaissance. De retour à ses côtés, et en compagnie des Vengeurs, la matinée se déroule relativement rapidement. Comme nous l’a dit l’infirmière, le médecin qui suit Tony vient en fin de matinée afin de nous faire un bilan de l'état de santé de mon amant. Il nous explique qu'il y a de fortes chances pour que Tony reste dans le coma encore quelques jours, mais que son état s'est tout de même amélioré. Malgré tout, une rechute n'est pas à exclure, c'est pourquoi il fera l'objet d'une surveillance stricte. Bien qu'optimiste, ce diagnostic ne me rassure pas vraiment. Je suis inquiet pour lui, et je prie pour qu'il se réveille au plus tôt.


           L'après-midi s’est écoulé, tandis que, les Avengers sont tous repartis les uns après les autres. En fin d'après-midi, alors que le médecin est en train d'apporter des soins au génie, je reçu un coup de téléphone. Au bout du fil, la Veuve Noire m'explique qu'elle a retrouvé le tireur et qu'on pouvait l'intercepter. Il s'agit d'un tueur à gage connu sous le nom de Bullseye dont l'identité est inconnue. Je lui demande les coordonnées de celui-ci avant de me décider à les rejoindre. Je me penche au-dessus de mon amant, et après lui avoir déposer un baiser sur le front, je lui murmure :

–     Tony, je ne sais pas si tu m'entends, mais sache que je reviens aussi vite que possible. Je vais retrouver celui qui t'a fait ça, et il va regretter de s'en être pris à toi, je te le promets.

           Je me rends ensuite jusqu'au lieu de rendez-vous, où je trouve Natasha qui m'attend déjà. Elle m'explique qu'elle a réussi à trouver l'emplacement de la prochaine cible de Bullseye, ce qui nous permettrait de l'arrêter. Cependant, nous devons agir vite, sans quoi, il risque d'accomplir sa tâche. Il doit abattre le PDG d'une multinationale. Décidément, son employeur semble vouloir se débarrasser de concurrents gênants. L'espionne m'explique qu'elle doit cette information au diable de Hell's Kitchen. Un héro solitaire, dont elle taira l'identité secrète, qui a eu des déboires avec notre proie. Elle m'explique que l'équipe est en place, et que nous devons juste attendre le signal de Daredevil avant de pouvoir agir. Quelques minutes plus tard, une voix, que je ne connais pas, donne alors le signal, et tout le monde intervient promptement afin de neutraliser le mercenaire. Rapidement, celui-ci se trouve encerclé par la Veuve Noire, Hawkeye, Daredevil et moi-même. Toutefois, l'homme ne semble pas se démonter pour autant, et nous attaque. S'il n’est pas aussi rapide que moi, ses réflexes, ainsi que son agilité, sont néanmoins supérieurs à celle d'un être humain normal. Mais c'est surtout sa capacité à utiliser des armes qui le rend redoutable. Malgré cela, et grâce à notre excellente coordination, nous parvenons à l'arrêter sans qu'il ne puisse causer trop de dégât, sauvant par la même occasion la vie de sa proie. Ensuite, je laisse le soin à Natasha de l'interroger, tandis que, je vais saluer notre nouveau coéquipier.

–     Merci de votre aide, dis-je en lui tendant la main.

–     De rien, répondit-il en me serrant la main. C'est un plaisir d'avoir pu vous aidez à arrêter cet homme.

–     Votre aide fut précieuse ce soir, et vos capacités sont excellents. Sachez que pour des hommes comme vous, il est toujours possible d'avoir une place au sein de l'équipe des Avengers.

–     Je vous remercie de la proposition, déclare-t-il. Toutefois, mon quartier a besoin de moi, et je fais déjà parti d'une équipe.

–     Vraiment ? Demande-je surpris.

–     Oui. Mais je n’exclurais jamais une collaboration avec vous.

–     Ravi de l'entendre, réponds-je en souriant.

           Natasha vient nous interrompre avec son éternel sourire sensuel sur le visage.

–     Alors on fait connaissance les garçons ?

–     Alors Natasha, demande-je, as-tu réussi à le faire parler ?

–     Il refuse de parler, cependant, il m'en a dit bien plus que ce qu'il pense.

–     Comment ça ? Demande-je.

–     Vous savez Steve, que je sais faire parler mes proies, et obtenir d'eux ce que je veux. Son employeur n'est autre que Justin Hammer qui cherche à éliminer la concurrence, et ses ennemis par la même occasion.

–     L'homme qui avait engagé le Spymaster ?

–     Tout à fait, confirme la jeune femme. Visiblement, voler une machine à Stark Industrie n'était pas suffisant, il devait aussi en éliminer le concepteur.

–     Je vois, dans ce cas, nous devons rendre une visite à ce Hammer. Dis-je sur un ton sombre. On va appeler Fury pour qu'il vienne récupérer Bullseye.

–     Ne t'en fais pas pour ça, s'exclame Natasha en posant sa main sur mon torse avant de rapprocher son visage très près du mien, il part directement en enfer.

–     Autrement dit, reprit Daredevil, je m'en occupe. Il a des comptes à rendre aux habitants de mon quartier.

–     Bien, dans ce cas, je vous souhaite bonne chance.

           Je serre la main au héro masqué qui disparut en compagnie du tueur à gage. Quant aux Vengeurs restants, et moi, nous prenons la route de la villa privée de Hammer. Suite à ses agissements lors de la Stark expo, il a été condamné à rester trois ans enfermés dans sa villa privée aux abords de Miami. Une condamnation qu'il doit très certainement à sa fortune, puisqu'il a ainsi évité d'être incarcéré dans un pénitencier. Lui laissant ainsi la possibilité de fomenter ses plans, et recruter des hommes. Même si techniquement sa peine a pris fin il y a deux ans de cela, il continue de vivre dans cette villa avec des hommes de mains qui la sécurise. Natasha me prévient qu'il y a certains mercenaires qui seront dangereux, mais que Hammer lui, ne constitue pas un risque en lui-même. Ce n’est pas un combattant, il n’est qu'un riche qui utilise son argent pour financer des organisations criminelles. Il n'opposera donc pas de résistance futile.


           Une fois sur l'île, nous nous introduisons aussi discrètement que possible, afin de ne déclencher aucune alarme, et de ne pas prévenir Hammer de notre présence. En effet, s'il s'aperçoit que nous sommes ici, il risque de prendre la poudre d'escampette, et de nous filer entre les doigts. Or, il est hors de question que cela arrive. Grâce à l'habilité de Natasha, ainsi que de Clint, il nous fallut moins d'une trentaine de minutes pour parvenir jusqu'au bureau de l'homme d'affaire. Je défonce la porte avec mon bouclier avant d'atteindre en quelques pas l'industriel qui lève déjà les mains vers le ciel.

–     Je me rends, dit-il sur un ton hautain.

–     Vous n'avez pas tellement le choix, réplique Natasha

–     En fait, j'ai le choix d'appeler la police, nous menace-t-il avec un sourire narquois. Vous êtes entrés par effraction chez moi, sans aucune raison.

–     Aucune ? Vous avez engagé Bullseye pour tuer Tony Stark, n'est-ce pas une raison suffisante ? Siffle-je.

–     Avez-vous la moindre preuve de ce que vous avancez ? S'exclame-t-il l'air toujours aussi sûr de lui.

–     Nous venons tout juste d'arrêter ce tueur à gage, il a donné votre identité à la Veuve Noire.

–     Je n'ai jamais rien fait de tel, et je refuse de vous suivre tant que mon avocat...

           Avant qu'il n'ait eu le temps de terminer sa phrase, je lui décroche un coup de poing si violent qu'il tombe de sa chaise. Si j’ai contenu ma force, ce geste de rage doit tout de même être un tantinet douloureux pour Hammer. Après tout, je suis un super soldat avec une force de frappe largement supérieure à celle d'un être humain normal. Je le hisse ensuite jusqu'à ma hauteur, avant de lui dire d'une voix sombre :

–     Vous avez mis la vie de Stark en danger, si vous êtes encore en vie, c'est uniquement parce que j'ai pour principe de ne pas tuer les hommes sans défenses. Mais, à votre place, je ne me risquerais pas à voir si ce principe est infaillible...

–     Je....je suppose...que les rumeurs sur vous deux...Sont donc vrais...Dit-il avec un sourire ensanglanté.

           En réponse à cette nouvelle provocation, je le plaque contre le bureau en chêne avec force ce qui fissure celui-ci. J'écrase ensuite mon bouclier juste à côté de son visage ce qui lui fit pousser un hurlement de terreur. Afin de lui parler un peu plus convenablement, c'est avec panache que je le rapproche de moi et c'est l'air menaçant que je le somme de me dire la vérité. Avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, Natasha me dit d'une voix sérieuse :

–     Steve, je t'en prie, ne le tue pas. On n'en a déjà parlé, cela n'en vaut pas la peine...

–     Réponds-moi, dis-je en ignorant les propos de la Veuve Noire, tu l’as engagé ?!

–     Vous...vous ne pouvez pas me faire du mal...Dit-il la voix tremblante.

–     Personne ne serait capable de m'empêcher de vous faire du mal, le menace-je.

–     Pitié, dit-il à Natasha.

–     Steve, je sais que tu veux le tuer, mais ce n'est pas raisonnable...

–     Natasha, tais-toi ! Lui hurle-je ne comprenant pas pourquoi elle me dit cela car elle sait très bien que je ne le tuerai jamais. Dites-moi la vérité, ou je vous jure que vous allez regretter le jour où vous vous êtes pris à Stark.

–     Oui, oui, je l'ai engagé, avoue-t-il enfin l'air terrifié.

–     Vous allez payer pour ça, réponds-je furieux.

–     Qu'avez-vous fait de l'EMP ? L’interroge Natasha.

–     L'EMP ? Répète-t-il surpris.

–     L'electromagnetic Pulse, mis au point par Stark et Banner, ne me dites pas que vous ne savez pas ce que c'est, reprend Natasha sur le même ton, vous avez demandé au Spymaster de le voler pour vous.

–     L'EMP ? Pour moi ?

–     Ne faites pas l’innocent ! Votre suffisance commence à m'énerver !

–     Je ne fais pas l’innocent ! S'empresse-t-il de me répondre, j'ai bien demandé au Spymaster de voler des plans d'armure à Tony, mais pas d'EMP. Ce n'était pas moi.

–     Vous êtes un terrible menteur. De toute façon avec la tentative de meurtre, cette fois-ci vous ne vous en tirerez pas facilement.

–     Au contraire, répond-t-il sûr de lui, Je ne risque pas plus que la première fois.

           Agacé par ces derniers propos, je décide de l’assommer avant d'appeler Fury. Je lui assène donc un puissant coup de poing dans les dents ce qui décroche quelques-unes. Ce qui, au passage, me fit le plus grand bien. Il viendrait le récupérer, et par la même occasion, j'espère qu'il le fera réellement enfermer. Quelqu'un d'aussi malveillant que lui devrait être en prison. Et non pas sur une île avec toute sa fortune ! Natasha s'avance vers moi, et posa une main sur mon épaule, avant de me demander d'une voix douce :

–     Comment tu te sens, Steve ?

–     Natasha, dis-je quelque peu dépité par sa réaction de toute à l'heure, tu sais que je n'allais pas lui faire du mal, n'est-ce pas ? Je ne suis pas devenu fou... Je voulais juste lui faire peur...

–     Je le sais très bien, souligne-t-elle avec un sourire malicieux. Mais lui, il l'ignorait.

–     Tu veux dire que...

–     Oui, je lui ai fait peur. S'il pensait que j'avais peur pour sa sécurité, mais que je n'interviendrais pas pour sa défense, il allait parler plus facilement.

–     Hey, Natasha n'était pas la meilleure interrogatrice du SHIELD pour rien, Steve, s'exclame Clint tout en me faisant un clin d’œil.

–     Tu as raison, reconnu-je. Tu es vraiment une actrice de talent, même moi j'ai cru que tu le pensais.

–     N'est-ce pas ? J'aurais quand même appris deux ou trois choses intéressantes par le passé. En tout cas, tu peux être sûr d'une chose, Steve. Ce n'est pas lui qui a récupéré l'EMP.

–     Vraiment ? Sincèrement pour ma part, je pense qu'il nous ment.

–     Détrompe-toi, il ne mentait pas. Il était surpris lorsque je l'ai mentionné, cependant, je pense qu'il a une forte idée de la personne qui s'est servi du Spymaster pour voler l'EMP. Je l'interrogerais une fois qu'il sera au SHIELD.

–     Bien, tu me tiendras au courant.

–     Bien entendu, confirme-t-elle.

–     En attendant, dit Clint, Natasha et moi, on va rester ici pour fouiller sa maison, pour trouver des preuves compromettantes. Quant à toi...

–     Tu devrais rejoindre Tony, il pourrait se réveiller, ajoute la plantureuse rousse.

–     Mais, prends quand même le temps de te reposer, s'inquiète Clint.

–     Merci de vous inquiéter, je vais me reposer un peu, puis j'irais le retrouver. Mais prévenez-moi tout de même s'il y a du nouveau. Je veux être le premier informé.

–     Bien, Captain, disent-ils en chœur.


           Par la suite, je rentre donc jusqu'à la base des Vengeurs, afin de prendre une douche, ainsi que du recul sur cette situation. Bullseye, Hammer, le Spymaster, toutes ces pièces d'un même puzzle qui n'ont pas encore pris formes. Si Hammer a engagé le Spymaster pour voler des plans à Tony, avant d'enrôler Bullseye pour l'éliminer. La question qui demeure est de savoir qui a engagé le Spymaster pour voler l'EMP ? J'espère que la Veuve Noire, ainsi que Hawkeye, arriveront à avoir des réponses. Car, la disparition de cet appareil peut avoir des conséquences graves, surtout si on ignore entre quelles mains il est tombé. Épuisé par cette journée, je me couche dans mon lit, espérant quérir un peu de sommeil, avant de retrouver mon amant le lendemain matin. Malgré le fait que je suis éreinté, mes pensées se sont tournées vers l'ingénieur. Son état de santé me préoccupe, et j'espère qu'il ne tardera pas à se réveiller. Mais... une fois qu'il allait sortir du coma, je n'aurais d'autres choix que de lui dire ce qui s'est passé avec Barnes... Même si, bien sûr, je ne pourrais pas lui dire tout de suite. Je dois d'abord attendre qu'il se sente mieux...Oui, j'attendrais qu'il se sente mieux pour le lui dire. Je ne peux pas lui infliger cela alors qu'il est en convalescence. C'est en songeant à cela, que je fus fauché par le sommeil.

           Cependant, je ne dormis pas longtemps, puisque J.A.R.V.I.S me réveille à peine une heure plus tard. Il m'informe que Stark, suite à une insuffisance cardiaque, vient de faire un œdème pulmonaire. Les médecins ont dû l’emmener pour se faire opérer d'urgence afin de faire sortir le liquide contenu dans ses poumons. À cette nouvelle, je me redresse d'un bond avant de foncer jusqu'à ma moto, et de me rendre aussi vite que possible jusqu'à l'hôpital où est interné Tony. Il ne peut pas mourir, pas maintenant...


           Lorsque j'arrive devant la clinique, Vision vient me rejoindre. Il m'annonce que l'état de l'ingénieur s’est stabilisé, et qu'il est de nouveau dans sa chambre. C'est soulagé que je me rends à son chevet. Cependant, sur le chemin, Vision me fait part de ses craintes sur l'état de santé particulier de mon amant. Il souligne le fait qu'un arrêt cardiaque, s'il doit se produire, serait sûrement fatal à cause du réacteur ARK. La présence de celui-ci autour du cœur à Tony, afin d'empêcher les éclats de Shrapnel d'y pénétrer, est aussi ce qui empêche les médecins d'y accéder. Ainsi, tout massage cardiaque devient totalement impossible. Une information qui est loin de me rassurer.

           Une fois au chevet du milliardaire, je constate que celui-ci a encore plus mauvaise mine que lorsque je l'avais quitté. Sa peau est devenue translucide, et a revêtue une teinte légèrement bleutée. Selon Vision, cette couleur est dû à l’œdème pulmonaire qu'il vient de faire. Ses cheveux toujours en bataille lui tombent sur ses yeux cernés. Il porte toujours un masque respiratoire, et seuls les bips qui s'élèvent lentement de l'électrocardiogramme rompent le silence qui s'installe progressivement dans la pièce. Je demande à l'être artificiel si c’est normal que son cœur batte aussi lentement. Le vengeur m'explique que Stark souffre d'arythmie cardiaque, c'est-à-dire que son cœur bat de façon irrégulière. C'est ce qui a provoqué l’œdème pulmonaire, si son cœur s'est pour le moment stabilisé, il reste néanmoins en bradycardies. Autrement dit, son cœur bat très lentement, cependant, il me rassure en m'expliquant que ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Tant que les battements restent réguliers, il vaut mieux qu'ils restent plutôt lents plutôt que trop rapides. Car s'il passe en tachycardies, il risque de faire un arrêt cardiaque, ce qui provoquerait très certainement sa mort. Suite à ces informations, je reste comme interdit durant un long moment. Vision s’éclipse pour me laisser seul avec Tony. Je me réinstalle dans le fauteuil à ses côtés tout en tenant sa main dans la mienne. Je lui murmure que je resterais à ses côtés jusqu'à ce celui-ci se réveille.


           Seulement, Stark ne repris pas connaissance tout de suite. Si son état reste stable durant une semaine, il commence à s'améliorer au bout de la deuxième. Les médecins considèrent que son état est de mieux en mieux, et qu'il pourrait se réveiller à tout moment. Ils lui enlèvent le masque à oxygène pour le remplacer simplement par un tuyau. Durant tout ce temps, je reste à ses côtés, ayant quasiment emménagé dans sa chambre. Ayant été échaudé par l’œdème pulmonaire qu'il a fait pendant mon absence, je n’ai plus aucune envie de me séparer de mon amant. Je ne l’ai fait que lorsque les Avengers, ou les amis de Stark m'y ont contraint. Ils sont venus, notamment, le jour de Noël et m’ont proposé de le passer avec eux au Manoir. Si j’ai fini par accepter, c’est uniquement afin de ne pas faire de scandale au sein de la clinique, même si je n’ai aucune envie d'obtempérer.

En parlant de collaboration, Hammer a rendu les plans qu'il a dérobé chez Stark, et il a également reconnu avoir engagé Bullseye dans le but de l'éliminer. Toutefois, il nie le fait d'avoir volé l'EMP, et malgré toutes les recherches de Natasha et Clint, ils n’ont pas retrouvé l'appareil chez lui, et il n'en est fait mention dans aucun document en sa possession. Y compris dans les échanges qu'il a eus avec le Spymaster. Et même si Natasha et le SHIELD ont interrogé l'industriel sur celui qui aurait commandité ce vol, l'homme reste muet. Affirmant avec force qu'il n’a aucune idée de la personne qui a pu mettre la main dessus, et qu'il n’a eu de contact avec le Spymaster que pour ses propres affaires. Selon lui, il n'aurait aucune idée des autres employeurs de l'espion, et il ne connaissait pas non plus sa véritable identité. L'homme ayant toujours paru masqué devant lui. En attendant d'avoir le fin mot de cette histoire, le PDG de Hammer Industrie est derrière les barreaux en attente de son procès.


           Le temps me semble interminable à l'hôpital. J’ai l'impression que celui-ci ne cesse de s'étirer. L'ambiance y est de plus en plus étouffante, et je commence à me sentir oppressé. Malgré la présence quasi-journalière des amis à Stark, et des Avengers, j’ai tout de même l'impression d'être seul. En proie au doute, et à la peur, je commence à déprimer. Finalement un soir, je sens une main me caresser les cheveux en douceur. Lorsque j'ouvre les yeux, je vois Tony qui me fixe l'air affaibli. Je ressens un soulagement indescriptible envahir tout mon corps tandis que des larmes de joie me montent aux yeux.

–     Pas la peine de pleurer, me dit-il d'une voix rauque.

–     Tony...mon dieu...je suis tellement soulagé de te voir...

–     Tu aurais dû rentrer te reposer, souligne-t-il en caressant ma barbe naissante.

           Je souris à cette déclaration, tout en réalisant cependant, que je ne dois pas être très beau à voir. Suite à mes journées à l'hôpital, je n’ai pas tellement eu le temps de prendre soin de moi. Enfin, le temps j'en ai, c’est plutôt l'envie qui m'en manque. De ce fait, je n’ai pas pris le temps de me raser, et une barbe de plusieurs jours a poussée. De même, n’étant pas allé chez le coiffeur depuis deux semaines, mes cheveux ont poussés, et j'avoue n'avoir pas pris la peine de les coiffer. Je dois donc avoir l'air fatigué, mais aussi négligé.

–     Désolé, je ne dois pas être beau à voir...m'excuse-je bêtement.

–     On dirait un délinquant avec tes cheveux longs et ta barbe, dit-il en rigolant.

           Seulement, le fait de rire le fit tousser, ce qui semble le faire souffrir. Je me lève pour appeler les médecins, mais mon amant m'arrête d'un geste.

–     Attends, Steve, que s'est-il passé ? Dit-il l'air soudainement sérieux.

–     Hammer avait engagé Bullseye pour t'éliminer Tony, mais ne t'en fais pas, ils sont hors d'état de nuire, tous les deux. Tu ne risques plus rien...

–     Hammer hein...Fit-il l'air perdu dans ses songes. Cela fait combien de temps que je suis ici ?

–     Deux semaines...Réponds-je avec une mine déconfite.

–     Incroyable, déclare-t-il soudain avec un sourire remplie de malice, ta barbe pousse incroyablement vite.

–     Ça te choque à ce point de me voir avec une barbe ?

–     Je te pensais imberbe, répond-t-il du tac au tac.

–     Désolé de te décevoir encore une fois, réponds-je amusé, mais je vais aller chercher les médecins, qu'ils puissent t'examiner. Ainsi que de prévenir nos amis, tout le monde s'est fait un sang d'encre pour toi.

–     Pas la peine de partir, fit-il en désignant une manette à côté de lui. Je peux les appeler moi-même, tu sais.

–     Ah oui, réalise-je, c'est vrai qu'on peut les prévenir avec ça.

–     Et oui, papy, dit-il avec sa voix toujours aussi rauque ce qui l'oblige à déglutir régulièrement. On n'est plus dans les années vingt.

–     C'est vrai, dis-je en me rasseyant à ses côtés. Tu m’as tellement manqué, tu n'imagines pas....

–     J'imagine très bien, tu ne peux pas te passer de moi plus de cinq minutes, et quand je vois à quoi tu ressembles, deux semaines sans moi, ce n’est pas très beau à voir. Me raille-t-il.

–     Je vais aller me raser, réponds-je de façon exagérément dépitée. Sinon, je risque d'en entendre parler longtemps.

–     Oh, le mal est déjà fait.

           Mais alors que j'allais lui répondre quelque chose, le médecin entre en demandant à Tony comment il se sent. Sachant qu'il ne serait pas honnête en ma présence, je décide de m’éclipser, afin de prévenir les autres du réveil de l’ingénieur. Une fois cela fait, j'attends que le médecin sorte de la chambre avant de l'arrêter pour avoir un nouveau bilan. Il m'explique que son état s’est amélioré, et que son réveil est un bon signe. Bien qu'il reste encore faible, et que son état nécessite des soins constants pendant encore au moins un mois. Selon les dires du médecin, cette nouvelle aurait contrarié Iron man, ce qui au fond n'est pas surprenant. Pour lui, savoir qu'il doit rester clouer au lit pendant un mois entier doit être une épreuve insoutenable. Toutefois, ces nouvelles me rassurent, et c'est donc le sourire aux lèvres que je retourne à ses côtés. Un sourire que je n’ai pas arboré depuis trop longtemps à mon goût. En effet, entre notre séparation, ce que j'avais appris sur Barnes et surtout la tentative de meurtre sur Tony, je n’ai pas eu trop de raisons de sourire ces derniers temps. Malgré tout, les choses semblent rentrer dans l'ordre, puisque Tony va mieux, et nous nous sommes réconciliés. Il n'y a que l'histoire avec Bucky qui pèse sur ma conscience, mais de toute manière, Tony est trop faible pour que je lui raconte ce que j'ai découvert. Et avec tous les éléments négatifs qu'il se passe dans sa vie, je ne peux pas lui infliger cela. J'attendrais donc le moment opportun, il se présentera bien un jour.


           Une fois de retour à ses côtés, et comme je m'y attendais, Tony me fit tout un scandale à l'idée de devoir rester ici durant un mois. Même si je tente de lui rappeler qu'il a failli mourir, il y a à peine une semaine, le mécanicien refuse de l'entendre. Heureusement pour moi, ses amis ainsi que les Vengeurs, sont tous venus lui rendre visite. Ce qui anime suffisamment la chambre pour détourner son attention de sa condition. Cependant, je constate assez rapidement que l'ingénieur se fatigue. Son répondant décline, tandis que, sa respiration devient quelque peu irrégulière. De ce fait, c'est aussi poliment que possible que je congédie tous nos amis. Sam et Natasha sont venus à ma rencontre avant de partir, afin de me conseiller de rentrer me reposer, car j'aurais selon eux, une mine affreuse. Après les avoir rassurés, je rejoins mon amant qui semble exténué. Il tourne doucement la tête vers moi avec un air calme, avant de me déclarer d'une voix éteinte :

–     Steve...

–     Oui ? Demande-je après le silence qu'il a instauré.

–     Tu devrais rentrer te reposer et te laver...

–     Je ne vais pas te laisser seul, réponds-je en saisissant sa main. Tu peux te reposer, je vais veiller sur toi.

–     Tu ne comprends pas, dit-il l'air fatigué, je ne pourrais pas me reposer...tant que je saurais que tu es là.

–     Dans ce cas-là, je ne serais pas loin, repose-toi.

–     Non, je veux que tu rentres, grogne l'ingénieur.

–     Tony... je préfère veiller sur toi...La dernière fois que je suis parti, j'ai failli te perdre...

–     Tu as déjà suffisamment pris soin de moi, et puis je vais beaucoup mieux, dit-il en passant sa main sur mon visage, Et tu sais que tu es affreux à voir ?

–     Bien moins que toi, réponds-je en embrassant le dos de sa main.

–     C'est pourquoi, je vais me reposer, répond-t-il pragmatique. Alors va en faire de même, ou je te jure que sinon, demain je suis dehors.

–     Les médecins ne te laisseront pas sortir.

–     Sauf que les médecins ne peuvent me contraindre à rester ici.

–     Bien, bien, je vais rentrer, dis-je en voulant désamorcer le conflit naissant. Et je te promets de revenir tout propre.

–     Je préfère ça, avoue-t-il visiblement soulagé.

–     Repose-toi.

           Je me redresse avant de me pencher au-dessus de son visage afin de sceller, même durant un bref instant, mes lèvres contre les siennes. Il me rappelle qu'il ne veut pas me voir avant le lendemain matin, et que s'il apprend que je suis resté à l'hôpital, il quitterait la clinique. Je promis une nouvelle fois que j'allais rentrer pour me reposer, et c'est ce que je fis. Les Avengers furent surpris de me voir, mais ils prirent tous soin de moi. J’ai presque l'impression d'être le malade dans cette histoire, puisqu'ils m’ont préparé un bon repas, et sont tous au petit soin pour moi. La soirée s'écoule, et je profite de celle-ci pour passer du temps avec les Avengers en tenant d'étouffer ce lourd sentiment de culpabilité qui pèse sur mes épaules.


           Le lendemain, je retourne voir Tony après avoir pris soin de me coiffer correctement, et surtout de raser cette barbe qu'il déteste tant. Sur le chemin de l'hôpital, je décide de m'arrêter afin de lui prendre des chocolats pour l'occuper un peu. Je sais que grignoter l'occupera, et Stark a toujours eu un faible pour les cochonneries. Je pris également quelques fleurs, afin d'égayer un peu la chambre de mon amant, pour qu'elle soit moins morose. Alors que je m'apprête à passer le pas de la porte, j'entends Tony qui discute avec Pepper. Ils semblent avoir une discussion sérieuse, et je peux apercevoir Pepper assise sur le lit de Tony. L'un en face de l'autre, elle a la main posée sur le visage du milliardaire. Et je peux entendre la présidente de Stark Industrie lui dire :

–     Tony, je t'ai quitté, parce que je savais qu'un jour, ça te tuerait. Je pensais que cela serait suffisant pour provoquer un déclic chez toi...

–     Pepper, je sais ce que tu en penses, mais Hammer veut me tuer aussi parce que je suis Tony Stark, alors je fais quoi, j'arrête aussi d'être moi-même ? Dit-il en plaisantant avec sa voix toujours aussi enrouée.

–     Tony...s'il te plaît, ne joue pas à ça... Répond la belle rousse avec une voix serrée par l'émotion.

–     Je ne joue pas, Pepper, dit-il en se redressant autant que possible afin de rapprocher son visage du sien. Tu sais très bien que je ne peux pas arrêter...

–     Je pensais que Captain America arriverait à te protéger...mais j'ai eu tort...

–     Je n'ai besoin de la protection de personne, Pepper.

–     La preuve que si, le contredit-elle spontanément.

–     Pepper, ne t'inquiètes pas pour moi, je vais bien.

–     Tu as failli mourir Tony, je ne crois pas que tu ne réalises...

–     Si je réalise très bien, crois-moi. Je...Je vis déjà en sursis Pepper, et je ne peux pas arrêter de vivre, ou de faire ce qui est juste, parce que je risque de mourir.

–     Mais Tony...supplie-t-elle.

–     Et tu peux encore moins me demander d'arrêter d'être Iron Man, et de protéger ceux qui me sont cher, tel que toi, ma belle.

           J'estime que j'en ai entendu suffisamment, et je décide de frapper à la porte ce qui fit sursauter les deux milliardaires. Pepper se redresse aussi rapidement que possible, et essuie d'un geste vif les larmes qui coulent le long de ses joues. Elle me gratifie d’un sourire poli avant de reporter la conversation sur les fleurs que j’ai amené. Puis, elle prétexte une réunion pour pouvoir s'enfuir avec un air gêné sur le visage. Stark, quant à lui, a regardé la scène et garder le silence tout du long. Ce qui ne lui ressemble pas. Une fois que la belle rousse eut quitter la pièce, il me demande de fermer la porte. Je m'exécute avant de m'asseoir sur le fauteuil en face de lui. Je lui tends les fleurs, ainsi que le chocolat, d'un air désinvolte.

–     Des fleurs ? Demande-t-il l'air intrigué. Tu me prends pour une jeune femme à séduire ?

–     Je les aie prises pour que ta chambre soit plus chaleureuse, l'informe-je.

–     Steve... Qu'est-ce que tu as entendu ? Demande-t-il l'air dépité.

–     Que...

–     Écoute, Pepper était troublée par tout ce qui s'est passé. Elle avait besoin d'être rassurée, et je...

–     Je sais, le coupe-je. Mais elle a raison sur un point...

–     Oh non, fit-il l'air contrarié, tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ?

–     Non, réponds-je devinant qu'il ne voulait pas que je le dissuade d'être Iron Man.

–     Non ? Dit-il surpris.

–     Elle a raison sur le fait que je n'ai pas réussi à te protéger...J'étais à tes côtés quand on t'a tiré dessus... Et je suis un super soldat, j'aurais dû réagir, mais...

           Mais j'avais l'esprit embrumé, et cela je ne peux pas le lui dire. Pas maintenant tout du moins. Ce mensonge commence à m'angoisser et je sens mon estomac se nouer.

–     Mais, tu avais quelque chose à m'avouer, insinue Tony perspicace quant à mon silence.

–     Je voulais juste te dire que... je vais partir à la recherche de Bucky avec Sam. Je ne peux pas le laisser plus longtemps errer comme ça dans un monde qu'il ne connaît plus, alors qu'il est encore sous le contrôle d'Hydra. D'autant plus que des tueurs le recherche...

           Ce que je viens de lui dire n’est pas faux. Je compte sincèrement partir à la poursuite de mon ami afin de le rattraper. Ainsi que de le protéger contre les mercenaires qui le pourchasse. Seulement, j’omets de lui dire ce que j’ai appris sur son père. Il n’a pas besoin de le savoir, cela lui ferait seulement trop de mal. Cela ne changera pas la situation, et cela ne l'aidera ni lui, ni Barnes.

–     Tu vas partir ? Demande-t-il inquiet.

–     Un peu plus souvent, admis-je. Mais, pas tant que tu ne seras pas rétabli.

–     Tant que tu reviens me voir de temps à autres, dit-il d'un air détaché.

–     J'espère revenir un peu plus que de temps à autres, et que cette quête ne durera pas longtemps. Mais, je dois le faire Tony. Je ne peux pas l'abandonner...Dis-je sans jeter ne serait-ce qu'un regard à mon amant.

–     Je ne te demande pas de le faire, fit-il en passant sa main sur mon visage. Tu t'es rasé, d'ailleurs.

–     Tu préfères ? Réponds-je en saisissant la perche qu'il me tend pour changer de conversation.

–     Hum, j'en suis pas certain, avoue-t-il. Avec ta barbe, tu faisais plus sauvage, on aurait dit un homme des bois.

           Je ne pus m'empêcher de sourire à cette comparaison. Un homme des bois ? Décidément, il n'y a que Tony qui puisse dédramatiser une discussion aussi sérieuse que celle que l'on avait. Je suis touché par la compréhension dont il fait preuve envers moi et Barnes. Même si au fond, je sais que cette compassion s'envolerait à la minute où il apprendrait ce qu'a fait le soldat de l'hiver à ses parents. Et même si je me sens coupable, je me convaincu qu'omettre cette nouvelle serait bénéfique pour lui. Après tout, il lui a fallu du temps pour faire le deuil de ses parents, et il commence enfin à être en paix avec ce qui s'est produit. Alors pourquoi viendrais-je remuer le couteau dans la plaie ? Pourquoi raviver des souvenirs qu'il est en train d'enfouir ? Pourquoi détruire ce que nous avions construit tous les deux ? Pourquoi prendre-je le risque de le perdre ? Il a besoin de moi, et je ne peux pas l'abandonner maintenant. Après tout, ne dit-on pas que toute vérité n'est pas bonne à entendre ? Parfois, un mensonge s'impose, et je crois que cette fois-ci, le mensonge s'impose.


A suivre


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Bonjour, Bonsoir,


J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Si tel est le cas, n'hésitez pas à me le dire en commentaire !


Un chapitre qui signe une véritable descente aux enfers pour Captain. Entre la peur viscérale de perdre Tony, la colère contre Hammer, et surtout la culpabilité liée à la découverte des actions de Barnes le plonge dans une véritable dépression. Comment dire la vérité à Tony? Comment faire pour ne pas le perdre?


Sur ce, bonne soirée et bonne lecture !

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