L'amour au-delà de la haine

Chapitre 11 : Quelqu'un m'a dit

6470 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/12/2020 22:54

Chapitre XI : Quelqu’un m’a dit

Ce fut le bruit de quelqu’un qui frappe à ma porte qui me tire péniblement de mon sommeil. Exténué, je mets plusieurs minutes avant d’ouvrir les yeux et de comprendre ce qui se passe. Puis, je me redresse avec difficulté, car mon corps subit encore les contrecoups du poison que m’a administré, la veille, le Spymaster. Légèrement essoufflé en arrivant à la porte, en l’ouvrant je découvre Natasha en tenue d’espionne.

-      Bonjour Steve, je suis désolée de te réveiller. Pas trop fatigué ? Me questionne-t-elle avec une inquiétude palpable.

-      Pour tout t’avouer, un peu. J’ai l’impression d’avoir le corps tout engourdi…

-      Normal, avec le paralysant que t’a injecté le Spymaster, c’est même un miracle que tu sois debout.

-      C’est aussi ce qu’il m’a dit. Mais on ne m’abat pas aussi facilement, dis-je avec un petit sourire.

-      Sinon, pour en revenir aux choses sérieuses, je voulais te dire que nous n’avons rien trouvés de concluant qui relie le Baron Zemo à M.O.D.O.K ou à Hydra.

-      Il n’a pas eu de visiteur ? De complice qui aurait pu s’échapper ?

-      Rien. Il est à l’isolement et il n’a reçu aucune visite. Quant aux gardiens, ils sont sans reproches. M’affirme la belle blonde.

-      Je vois… Pourtant… Tout porte à croire que le Spymaster faisait bien référence à Zemo…

-      Je suis d’accord. C’est pourquoi tu pourras aller le voir dès ce soir. M’explique Natasha.

-      Bien. Tu assisteras à l’interrogatoire ?

-      Oui, derrière les vitres teintées, au cas où quelque chose t’échapperait. En attendant, tu devrais te reposer un peu. Dit-elle en glissant sa main sur ma joue.

J’acquiesce, et même si à mon goût j’ai déjà suffisamment dormi, mon corps lui semble penser l’inverse. Je me laisse retomber dans mon lit en soupirant. Et dans l’optique de connaître l’heure, je saisis mon portable. Et une notification attire mon attention. Je clique sur le message au numéro inconnu :

« Bonjour Steve Rogers, c’est Pepper Potts.

Je suis désolée de vous importuner, mais, j’aimerais que nous puissions échanger à propos de Tony. Je comprendrais que vous refusiez mon invitation, mais je pense qu’il est important que vous sachiez certaines choses.

Aussi, je vous propose de me rencontrer demain soir.

Tenez-moi au courant, mais n’en parlez ni à Tony ni à Rhodes ou Happy.

Je vous souhaite une bonne nuit, à demain »

Je regarde l’heure à laquelle m’a été envoyé le message, et je l’ai effectivement reçu hier soir à une heure assez tardive. Sincèrement, je me demande ce qu’elle me veut… Va-t-elle, comme les autres, me reprocher mon comportement ? Me demander de laisser Tony tranquille ? Me demander de respecter… le couple qu’il forme avec… ce médecin… Mais… Et si… Et si elle veut me dire autre chose ? Je sais que Pepper est une femme avec un bon fond, et qu’elle a toujours pris soin de Tony. Et c’est donc aussi intrigué qu’inquiet que je lui réponds que je suis disponible dès ce soir. Ce à quoi, elle ne tarde pas de me répondre en me donnant le lieu du rendez-vous pour vingt heures.

Et je dois dire qu’après cet échange, je n’ai pas réussi à me rendormir. Après une heure à tourner dans mon lit, je finis par me lever et à me préparer mon premier rendez-vous du jour. Je me rends donc dans la salle des archives afin de consulter les documents que nous avons réunis à l’époque sur Helmut Zemo. Je replonge dans l’histoire de sa famille qui périt suite aux événements qui ont lieux en Sokovie il y a déjà plusieurs années. Mais aussi dans sa carrière de militaire, d’abord, puis de mercenaire. Il a été durant de nombreuses années, un agent accompli de l’Hydra avant de prendre une retraite anticipée suite à la rencontre de celle qui deviendra sa femme.

Cet homme avait donc eu plusieurs vies différentes qu’elle soit emplie d’amour, de haine ou guidée par les plus bas instincts des hommes. Je sais que l’interrogatoire sera difficile avec une telle personne. Il a un passé militaire, et a été un agent d’Hydra, aussi il sera très dur d’obtenir les informations essentielles pour déjouer son plan. Mais, je me dois d’essayer. Et je dois avouer que je suis rassuré que Natasha soit à mes côtés pour ce faire. Car, elle a l’œil pour détecter les indices et les secrets que cachent les individus.

Une fois ma lecture terminée, c’est avec la faim qui me tiraille l’estomac que je décide de prendre le chemin de la cuisine. J’y trouve Sam, seul, en train de se préparer un café. Et c’est avec entrain qu’il me salue avant de me proposer une petite séance d’entrainement comme nous le faisons si régulièrement depuis que nous nous connaissons. Mais je décline son invitation, lui expliquant que je dois me restaurer avant de penser à courir. Aussi, pour ne pas me laisser seul, il s’attable à mes côtés.

-      Tu es prêt pour ton interrogatoire de toute à l’heure ? Me questionne-t-il.

-      Oui. Réponds-je. Même si j’aurais préféré que nous ayons quelques preuves à nous mettre nous la main pour le confondre plus facilement.

-      Ouais c’est sûr que ça aurait été préférable, faut l’dire. Approuve le faucon.

Puis, un petit silence s’installe car je suis perdu dans mes songes. Et comme souvent ces deux dernières années, mes pensées divaguées vers l’homme que j’aime. Plus je pense à lui, et plus l’inévitable conclusion qu’il a raison à notre propos de nous vient me frapper en plein cœur tel un coup de poignard. Si cela me coupe l’appétit, je tente de me forcer un peu pour ne pas inquiéter mon ami.

-      Tu penses encore à lui ? Me demande-t-il dans un soupire.

Ne pouvant lui répondre de vive voix, je me contente d’un signe de la tête en guise de réponse.

-      Il faut quoi pour que tu te l’sorte de la tête ?

-      Aucune idée… Souffle-je. Mais j’espère bien qu’un jour, j’arrêterais de penser à lui constamment…

-      Surtout que lui ne pense pas à toi du tout. Dit-il sur un ton cynique.

-      Pourquoi faut-il que tu sois toujours désagréable ? Lui reproche-je. Je ne vaux pas tellement mieux en ce moment…

-      Tu te dévalue bien trop, me dit-il avec sollicitude.

Bien sûr qu’il ne me dire pas le contraire. Je suis son ami, et il ne sait pas tout ce que j’ai pu faire. Et, je ne crois pas qu’il soit au courant de mon incartade d’hier matin. Puis, effectivement, pour nous changer les idées et remettre mon corps dans de bonnes railles, je pars avec Sam pour un bon footing. Et pendant tout ce temps, nous avons évité d’évoquer le sujet qui fâche.

           Puis, l’heure de mon interrogatoire approchant, je retourne me doucher et me changer. Afin de paraître un peu plus impressionnant, j’enfile mon costume de Captain America. Je dois dire que cela me fait bien bizarre de devoir me vêtir ainsi après deux longues années passées en Nomade. Mais c’est ainsi. Je rejoins alors la jolie espionne jusqu’au Quin Jet qui nous mène à la prison du Raft où est détenue les plus dangereux criminels américains.

           Une fois là-bas, on nous escorte jusqu’à la salle d’interrogatoire. J’y entre le premier, tandis que la jeune femme se glisse derrière la vitre teintée pour observer notre discussion à l’abri des regards. La salle est entièrement bétonnée, et une table en fer trône en plein milieu. Puis, après quelques secondes, les gardes escortent le criminel jusqu’à moi. De force, ils l’installent sur la chaise, et avec des gestes brutaux, il le menotte à la table. Tout cela, sans aucune réaction de la part de notre ancien adversaire. S’il a l’air fatigué avec son teint pâle et ses cheveux rasé, il arbore pourtant un air satisfait sur le visage qui ne me plait guère.

-      Bonjour Captain America. Me salue-t-il en me fixant dans les yeux.

Je m’installe sur la chaise en face de lui tout en conservant mon sérieux.

-      Zemo, le salue-je sans plus de cérémonie.

-      Je dois vous dire que je n’ai pas caché ma surprise quand les gardes m’ont annoncé que vous viendriez me rendre une petite visite, me nargue-t-il avec une petite moue sur le visage.

-      Ce n’est pas une visite de courtoisie, le préviens-je.

-      Oh ça, je n’en ai aucun doute. Que voulez-vous de moi ? Me demande-t-il avec un sourire narquois.

-      Je veux savoir ce que vous manigancez, réponds-je sans détour.

-      Comment voulez-vous que je fomente quoique ce soit enfermé entre les quatre murs de cette prison ? Je vous rappelle, humblement, que c’est vous qui m’avez fait enfermer dans une prison haute sécurité. Ce qui, je dois l’avouer, doit probablement compliquer les choses si on souhaite monter un plan diabolique.

-      Mais vous avez trouvé un moyen, n’est-ce pas ? Le contredis-je avant de tenter de le pousser dans ses retranchements : En même temps, vous deviez fulminer dans votre cellule lorsque vous vous êtes aperçu que nous avions officiellement le droit de revenir, comme des héros, sur le sol américain…

-      Trois longues années… Finit-il par répondre après un long silence.

L’homme se penche en avant pour se retrouver à quelques centimètres de moi seulement. Et c’est dans un murmure qu’il m’explique :

-      Pendant trois ans, j’ai imaginé un plan qui vous détruirais de l’intérieur. Qui ferait s’effondrer comme un château de carte l’empire que vous vous étiez efforcé de bâtir durant toutes ces années. Et je dois vous avouer que lorsque les journaux ont titré que les Avengers étaient enfin réunifiés, j’ai cru devenir fou…

-      Et c’est donc là que vous avez contacté le Spymaster ? Tente-je de lui soutirer quelques informations.

-      Oh je n’ai pas eu besoin de ça, vous savez, pour retrouver ma sérénité. Je vous ai vous.

-      Comment ? Dis-je confus.

-      Vous êtes revenu, mais vous n’êtes pas réunifié et vous ne le serez jamais, n’est-ce pas ? Me provoque-t-il tout en restant très proche de moi.

-      De quoi parlez-vous ?

-      Jamais, ô grand jamais, il vous pardonnera. Au fond de vous, vous savez que votre trahison est bien trop importante.

Furieux qu’il évoque Tony, je serre les dents et les poings pour éviter de m’emporter comme je le fais bien trop souvent ces derniers temps.

-      Vous savez que Tony Stark ne vous pardonnera jamais. Donc vous pouvez venir vous pavaner ici avec votre bannière étoilée, les choses ne seront jamais plus comme avant.

-      Qu’en savez-vous ? Finis-je par rétorquer.

L’homme se rassois dans son fauteuil avant d’écarter grand les bras comme pour faire une démonstration.

-      Voyez-vous, les murs d’une prison sont suffisamment solides pour nous empêcher de sortir, mais suffisamment fin pour que le vent porte aux oreilles attentives les rumeurs sur vous.

-      Quelles rumeurs avez-vous entendu ?

-      Il est parti. Lâche-t-il de but en blanc.

-      Qu’est-ce que cherchais le Spymaster ? Tente-je de réorienter sur le sujet sur la raison de ma venue.

-      Trois longues années, c’est le temps que cela m’a pris pour dénicher toutes les informations sur les Avengers. Sur l’assassinat des parents de Stark par votre meilleur ami. Mais, je dois vous dire que le fait que vous le sachiez, et que vous lui ayez caché, ça… ça c’était un véritable coup de poker. Je n’avais aucune certitude concernant le fait que vous le gardiez pour vous. Vous auriez très bien pu lui dire, et tout mon travail serait tombé à l’eau…

-      Intéressant, mais aujourd’hui, sur quoi travaillez-vous ?

-      Je suis satisfait de ma vie aujourd’hui. Me réplique-t-il. Le but que je m’étais fixé est toujours atteint, et tant que Tony Stark continuera de vous haïr, je n’ai aucune raison de me mettre en action.

-      Pourtant, le Spymaster m’a confié avoir travaillé pour le même homme qu’il y a trois ans. Quelqu’un de patient, de charismatique et de machiavélique. J’ai personnellement trouvé que cela vous ressemblait beaucoup.

-      Merci, dit-il avec un salue de la tête. Mais, l’homme qui s’en prend à vous est bien plus patient que moi. Et probablement plus machiavélique aussi.

-      Vous savez qui c’est ? Demande-je avec surprise.

-      Pour être honnête, j’ai été sollicité pour participer à leur Complot. Mais, j’ai décliné parce que, ma vengeance, elle n’a pas cessé de vous tourmenter.

-      Un complot ? Ils sont donc plusieurs ?

Le sourire aux lèvres, et certain de me dominer, il se penche encore une fois pour que son visage ne soit plus qu’à quelques centimètres du mien.

-      Ils sont tous là, me souffle-t-il en insistant sur le tous. Et il n’y a rien que vous puissiez faire pour les voir venir.

-      Zemo, je peux trouver le moyen de vous faire parler, le menace-je. Dites-moi qui se cache à la tête de ce complot !

A ces paroles, il se met à rire. Avant de me déclarer avec le plus grand des sérieux.

-      Admettons que je vous crois, jamais je ne dirais quelque chose qui puisse vous aider. Je vous ai déjà donné quelques pistes Captain. Dans la vie, il ne faut pas être trop gourmand, vous savez.

-      Zemo, j’ai juste besoin d’un nom.

-      Sur la mémoire de ma femme et mon fils, je ne vous dirais jamais son nom.


Je soupire avant de me lever. Je suis persuadé qu’il ne me dira rien de plus. Toutefois, je suis personnellement convaincu qu’il n’y est pour rien, sans pour autant, en savoir plus sur l’identité de la personne qui s’en prend à nous. Si nous avons réussi à éliminer un suspect, je n’ai aucune idée de la personne qui se cache derrière tout cela. Nous avons affronté tellement d’adversaire, et au-delà de ça, nous nous sommes fait tellement d’ennemi que la liste de personne est longue. Le seul indice que nous avons est qu’il s’agit de quelqu’un qui a déjà agi il y a trois ans de cela. Pendant que nous sommes en plein affrontement contre Zemo… mais aussi entre nous.

Aussi, je retourne voir Natasha derrière les vitres teintées pour connaitre ses impressions et son ressentis. Après tout, elle a peut-être une autre vision des choses que moi. Cependant, elle confirme mes impressions sur l’innocence de Zemo dans cette affaire et n’a pas tellement d’autres pistes à me proposer. Aussi, elle se propose pour lister les individus qui avaient des activités en cours il y a trois ans. Peut-être que parmi eux se trouvera notre adversaire du moment. Aussi n’ayant rien de plus à faire ici, nous reprenons le chemin de notre jet lorsqu’au détour d’un couloir j’aperçois Sharon. Bêtement, je reste figé sur place. Et inévitablement, la jeune femme m’aperçoit et marche vers moi d’un pas décidé. Arrivée à ma hauteur, elle me gifle avant de déclarer :

-      J’ai appris.

Puis elle tourne les talons sans attendre la moindre explication de ma part. Choqué par cette réaction, je ne tarde pas à être envahi d’un puissant sentiment de culpabilité. Je m’en veux de l’avoir traitée de la sorte et elle aurait mérité quelqu’un de tellement mieux que moi. Au fond, je mérite tellement pire qu’une simple gifle pour ce que j’ai fait. Je trouve qu’elle se montre bien trop douce à mon égard. Soudain, je sens la main de Natasha se poser avec sollicitude sur mon épaule :

-      Je suis désolée Steve… J’aurais dû te conseiller de dire la vérité…

-      Ne t’en fais pas Natasha. Encore une fois, ce sont mes mensonges qui me tourmentent… m’exclame-je avant de déclarer d’une voix neutre : On doit y aller, j’ai rendez-vous avec quelqu’un ce soir.

-      Tu as un rendez-vous galant ? Me demande-t-elle visiblement surprise.

-      Oh non pas galant. Je ne pense même pas réellement passer une bonne soirée, en fait… Avoue-je.

-      Qui vas-tu voir ? Me questionna-t-elle.

-      Pepper m’a invité pour parler de Stark… Je… n’ai pas pu décliner…

-      Je serais disponible pour boire un verre après ça si tu veux.

-      Merci…

Je sais qu’elle souhaite me parler de Tony et j’appréhende vraiment cette conversation. Sans doute va-t-elle me demander de le laisser en paix. De ne plus le tourmenter. Et, après ce qu’il vient de se passer, je commence à penser qu’ils ont raison… Que notre relation soit vouée à l’échec et que, non seulement, on se fait du mal l’un à l’autre, mais aussi aux personnes qui nous entourent. Avec cette relation malsaine, j’ai blessé Tony comme jamais personne ne l’a jamais fait auparavant. Mais, ce n’est pas tout. J’inquiète mes amis les plus proches, et il en est sans doute de même pour ceux de Tony. Et aux vues de leurs réactions, cela ne serait pas étonnant. Et, en prime, j’ai heurté les sentiments et la confiance que me portait Sharon. Depuis que nous sommes ensemble, je ne me reconnais plus. Je suis devenu menteur, cachotier, violent. Je ne respect même plus les principes qui sont chères à mon cœur. Des principes auxquels je crois, pourtant, dur comme fer. Et qui, jusque-là, avaient guidés tous mes pas ! Sincèrement, j’aimerais redevenir cet homme et… peut-être que cela ne sera pas possible tant… Je… Je ne peux me résoudre à le formuler aussi clairement dans mon esprit… Je ne suis tout simplement pas prêt… Et… Je ne suis pas sûr d’être prêt, un jour, à accepter cette réalité…

Une fois de retour au GQ, je retourne me changer dans ma chambre. J’ai encore une bonne heure devant moi avant de devoir partir et je décide de coucher par écris la discussion que j’ai eu avec Zemo tant qu’elle est encore fraîche dans mon esprit. Ainsi, cela me permettra de me replonger dedans dans quelques jours, et peut être dénicher des indices qui m’ont échappé jusque-là. Et alors que je suis en train d’écrire, la voix de notre majordome artificiel résonne :

-      Captain America, j’espère que vous êtes au courant que votre interrogatoire a été filmé et que vous pouvez le revoir à tout moment ?

-      Je le sais, avoue-je. Mais coucher sur papier les mots tel que je les aie entendus, et vécus, ont une signification bien plus importante pour moi que de les visionner sur une simple vidéo.

Malgré tout, il y a des choses qui ne changent pas et je suis toujours aussi réfractaire à tout ce qui a attrait de près ou de loin à des technologies nouvelles. Aussi, une fois mon rapport complet, je pars me changer. J’enfile un t-shirt bleu clair avec un jeans foncé par-dessus lequel j’ajoute une veste en cuir noire. Puis, je me dirige vers le garage en quête de ma moto. En effet, avant de partir, j’avais une harley et j’avais le secret espoir qu’elle fut conservée durant ces deux dernières années. Et je fus heureux de la trouver conservée sous une bâche. En bon état, elle fut visiblement bien entretenue pendant tout ce temps et, elle a même de la batterie. Aussi, je la chevauche et je fais ronronner son moteur avec plaisir. Sincèrement, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours adoré les motos, car elle me procure un intense sentiment de liberté.

Avec cet engin, je navigue avec agilité dans les rues de New York et j’arrive rapidement au lieu de mon rendez-vous. Et plus je m’approche, et plus je suis angoissé à l’idée de cette rencontre car je sais déjà ce qu’elle va me dire. Et, même si elle aura sans doute raison, je ne suis pas prêt à l’entendre. Mais j’ai accepté de la rencontrer, au cas où… Au cas où elle me dirait autre chose ou que Tony aurait besoin d’aide… Je ne peux m’empêcher d’éprouver de l’espoir que cette situation se dénoue un jour.

Je me gare devant un restaurant tout fait de pierre subtilement taillée qui lui donnait une allure particulièrement chic. C’est typiquement le genre d’établissement que je n’aurais jamais eu les moyens de fréquenter avant… Et typiquement le genre d’établissement qu’affectionne… mon ancien amant. Et à ce que je peux constater, Pepper et lui ont les mêmes goûts. Aussi, je me présente au maitre d’hôtel qui m’accueil chaleureusement et qui me guide jusqu’à une table située au fond du restaurant. Dissimulée à la vue de tous, nous sommes libres de pouvoir nous entrevoir sans que cela fasse la une des journaux. Étant arrivé le premier, le serveur vient m’apporter un verre pour patienter jusqu’à l’arrivée de la femme d’affaire. Qui, contrairement à son homologue masculin, arrive parfaitement à l’heure et qui trouve juste de s’excuser de m’avoir fait patienter. Vêtue d’un tailleur, elle s’assoit en face de moi, et nous faisons les salutations d’usage. Et ce n’est qu’une fois les plats commandés et servis qu’elle se lance dans le vif du sujet :

-      Monsieur Rogers, je ne vous ai pas fait venir uniquement pour diner en votre compagnie. Même si, elle est agréable, s’empresse-t-elle d’ajouter.

-      Je m’en doute, avoue-je avec angoisse.

-      Je dois vous avouer que j’ai longuement réfléchi avant de vous écrire, et j’avais peur que vous décliniez mon invitation, m’explique-t-elle.

-      Je dois vous avouer que j’ai fortement hésité…

Elle me lance un sourire plein de compassion. Malgré son allure froide, c’est une femme douce et maternelle avec son prochain. Après avoir réfléchis à ses prochains mots, comme si elle a hésité sur ceux qu’elle allait employer, elle finit par me déclarer :

-      Monsieur Rogers, puis-je vous poser une question parfaitement indiscrète ?

-      Allez-y.

-      Est-ce que vous l’aimez ? Me demande-t-elle sans détour.

Je reste interdit quelques secondes, tant je ne m’attendais pas à cette question. Aussi, perturbé, je fini par répondre dans un souffle :

-      Oui…

-      Cela se voit comme le nez au milieu de la figure… Murmure-t-elle avant de reprendre sur un ton plus neutre : Vous savez, Monsieur Rogers, j’étais éperdument amoureuse de Tony durant de longues années. Et, aujourd’hui encore, j’éprouves une immense affection à son égard.

Lorsqu’elle débute son discours, je me suis inconsciemment reculé dans mon fauteuil afin de me préparer à entendre ce qu’elle a à me dire. Prêt à entendre… ce que je ne souhaite pas… écouter.

-      C’est pourquoi, lorsqu’il m’a demandé de venir quelques jours chez moi pour se reposer après… S’arrête-t-elle pour chercher ses mots avant de reprendre avec hésitation : votre altercation avec le Docteur Strange, j’ai accepté. Et, je dois vous dire que contrairement à ce qu’il essaye de laisser paraître, il ne va pas très bien.

-      Je le sais… Dis-je en détournant le regard, honteux.

-      Pour être tout à fait transparente avec vous, je sais à quel point c’est difficile d’aimer quelqu’un comme Tony Stark. Et pourtant, malgré tous ses défauts, lorsque l’on est épris de lui… C’est… Difficile de s’en détacher.

-      Je ne vous le fais pas dire, approuve-je.

-      Écoutez, dit-elle avant que je n’aie eu le temps d’argumenter, je comprendrais que vous refusiez, mais s’il vous plait, ne baissez pas les bras.

-      Pardon ? Dis-je confus.

Ne pas baisser les bras ? Ais-je bien entendu ce qu’elle vient de me dire ? Elle ne souhaite pas que… j’arrête de voir Tony ? Pourquoi ? Je ne comprends pas… Elle tiens un discours à l’opposé de tous les amis de Tony…

-      Tony m’a confié qu’il avait encore des sentiments pour vous, et il n’arrive pas à s’en détacher…

-      Pourtant, quand je l’ai vue la dernière fois… Il… Souhaitait vraiment mettre fin… à nous deux… Pour son bien…

-      Vous connaissez Tony aussi bien que moi, et il a du mal à reconnaitre quand il a besoin d’aide. Et, aujourd’hui, il a besoin de votre aide. M’explique-t-elle en accentuant sur le vôtre.

-      J’aimerais l’aider… Mais j’en suis incapable… Souffle-je avec regret.

J’ai tenté de l’aider, et me faire pardonner cependant je n’ai jamais réussi. Je n’ai fait qu’empirer les choses. A chaque tentative, la situation se dégrade entre lui et moi. Et je fais également souffrir nos proches… Il faut mettre fin à cette situation… Il… faut…Je dois… le faire…

-      Si vous souhaitez l’aider, ne l’abandonnez pas. Parce que s’il vous le fait, je le connais, il va se dire que c’est de sa faute. Et vous savez, il ne vous déteste pas, il a toujours une très haute estime de vous. La seule chose… C’est qu’il pense trahir ses parents s’il venait à se remettre avec vous.

-      Mais comment puis-je le faire changer d’avis sans le blesser ou… heurter mes amis ? Lui demande-je.

-      Si je puis me permettre, commence-t-elle avec appréhension, je pense que vous avez été trop… directif avec Tony. Vous lui avez demander de vous pardonner, et vous ne lui avez offert que cette option… Pourtant, vous le connaissez, quand il se sent acculé… Il réagit… stupidement… Si je puis dire…

Elle n’a pas tort. Et malgré que Tony soit quelqu’un d’impulsif sur l’instant, il est aussi extrêmement réfléchi et sur le long terme, il prend toujours des décisions mûries.

-      Il vous aime, et vous l’aimez, ce serait dommage de tout gâcher… Souffle-t-elle.

-      Vous pensez sincèrement qu’il m’aime encore ?

-      J’en suis persuadée, me confirme-t-elle.

Et si Pepper avait raison ? Et s’il m’aimait encore ? Mais… Est-ce que cela change quelque chose finalement ? Cela n’efface pas sa douleur, ni celle provoquée à mes proches.

-      Et si ce n’était plus suffisant, Pepper ? Et si cela ne changeait plus… Si ce que j’ai fait est impardonnable ?

-      Pensez-vous avoir commis quelque chose d’impardonnable ? Vous avez menti à Tony parce que vous aviez peur de le perdre, et que vous ne souhaitiez pas le blesser, mais aussi parce que vous souhaitez protéger votre ami. Je ne vois rien d’impardonnable là-dedans, me dit-elle avec douceur.

-      Je n’ai jamais eu l’intention de le blesser, confirme-je avec émotion.

-      Et même si Tony ne peut pas vous le dire aujourd’hui, l’intention compte Steve. Il vous pardonnera, il n’est pas aussi rancunier que ce qu’il aime prétendre.

Pour être tout à fait honnête, j’ai toujours pensé que Tony est quelqu’un de particulier rancunier. J’avoue espérer qu’elle ait raison. Ses propos me rappellent ceux du prêtre qui me conseille de m’excuser, non pas pour moi, mais pour lui. Je ne dois pas lui imposer de me pardonner quand je le souhaite, ni même de le faire tout court. Je me dois juste d’être présent à ses côtés, et je ne dois pas baisser les bras. Quand on aime réellement quelqu’un, on doit s’effacer et penser aux besoins de l’autre. Dernièrement, j’ai été égoïste et je n’ai pensé qu’à moi et à mes besoins. Mais, finalement, la seule chose qui m’importe c’est qu’il soit heureux. Que je sois l’homme qui se tienne à ses côtés, ou que ce soit quelqu’un d’autre. Et pour ce faire, je me dois de l’accompagner et non pas de le guider comme je le fais avant.

-      Vous savez… je l’aime tellement que cela m’a rendu… égoïste… Lui confie-je à la limite de la honte.

-      Égoïste ? Me demande-t-elle sans comprendre.

-      J’ai tellement besoin de lui à mes côtés que j’étais prêt à croire n’importe quoi et à ignorer sa souffrance… Je le voulais tellement que j’étais prêt à tout sacrifier, y compris mes amis et… les personnes que j’apprécie, dis-je en pensant à la pauvre Sharon qui est un dommage collatéral dans cette histoire.

-      Vous savez, personne n’aime voir ses amis souffrir… Approuve-t-elle.

-      Seulement, un homme tel que je le conçois doit élever ses proches, et il ne doit certainement pas les faire sombrer. Dis-je avant de reprendre après un silence de quelques secondes : Même si j’en ai eu envie, et que c’est probablement pour le mieux, je n’abandonnerais pas Tony. J’en suis tout bonnement incapable. Renoncer, ce n’est pas dans ma nature.

-      Vous m’en voyez ravie, dit-elle en posant sa main sur la mienne.

-      Vous pensez sincèrement que c’est ce qu’il y a de mieux pour lui ? La questionne-je avec angoisse.

-      Oui, je le pense. Se contente-t-elle me répondre. Je sais que… ce que je vous demande est très égoïste, Monsieur Rogers. Mais, je le fais pour le bien de Tony.

-      Si Tony m’aime encore… Et surtout, s’il a besoin de moi, je ne pourrais jamais l’abandonner. Peu importe ce qu’il m’en coûte, je ne pourrais jamais laisser tomber quelqu’un que j’aime…

-      Je le sais bien, mais je ne peux pas… vous garantir qu’il vous pardonnera même si vous restez à ses côtés.

-      Pepper, je vous remercie, mais cela n’a plus d’importance aujourd’hui s’il ne me pardonne pas. Tant qu’il est heureux. C’est tout ce qui compte pour moi.

Il est évident que j’aimerais qu’il me pardonne et que notre vie redevienne ce qu’elle était. Cependant, ces derniers jours m’ont permis d’ouvrir les yeux sur les dommages que j’ai causés autant à Tony qu’à… mes proches. Et cela ne peut plus continuer ainsi. Je dois changer les choses. Et je ne dois plus me laisser abattre. J’ai toujours été quelqu’un de combattif, et lorsque j’ai foi en quelque chose, je fais tout pour atteindre mon objectif. Je sais que je suis loin d’être parfait, et que parfois, je fais de mauvais choix. Mais, je les fais toujours avec le cœur. Et dans un sens, Pepper a raison. Je n’ai rien fais d’impardonnable en aidant Bucky. Certes, j’ai commis une grave erreur en mentant à Tony, et j’ai ébranlé la confiance qu’il pouvait me porter. Mais, je n’ai fait qu’aider un ami qui a été torturé par Hydra. Et, au fond, je sais que l’ingénieur peut le comprendre. Et s’il ne me déteste pas, et qu’il ne cherche plus à se venger, c’est qu’au fond… Il ne m’en veut plus. Une distinction entre ne plus en vouloir à quelqu’un et le pardonner que je commence seulement à comprendre. Une confusion de mon esprit qui n’ait jamais saisit cette nuance. On peut ne plus être en colère contre quelqu’un, et pourtant ne pas lui avoir pardonné. Et je crains que sans Pepper, j’aurais pu mettre des années à le comprendre et continuer à m’enfoncer dans le mauvais chemin. Et c’est lorsque je quitte le restaurant que je prends une grande résolution : Je redeviendrais l’homme que j’ai toujours été. Quelqu’un de courageux, déterminé, honnête et surtout qui prend soin de ses proches.


A suivre


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Bonjour, bonsoir à tous,

J’espère que ce chapitre vous aura plu ! Normalement, il aurait dû être beaucoup plus long mais j’ai décidé de le scinder en deux parties ! Aussi la suite devrait arriver dans les prochaines semaines !


En tout cas, n’hésitez pas à me faire part de vos impressions, c’est avec plaisir que je les lis et que j’y réponds !


Sur ce, bonne soirée et bonne lecture !


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