Il pleut des gens

Chapitre 1 : Conséquences

Chapitre final

3077 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/01/2022 17:19

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Rappel de définition (pour ceux qui n'ont pas de repères) : 


Le Snap : est le claquement de doigts de Thanos. Il a fait disparaître la moitié des êtres-vivants de l'univers en quelques secondes. Il a eu lieu en avril 2018 dans la chronologie du MCU. Il évoque surtout le moment où le Monde a perdu, où il n'y avait plus que le deuil des disparus. 


Le Blip : est le claquement de doigts de Hulk le 17 octobre 2023, le jour de la bataille finale. Il a fait réapparaître tous ceux qui avaient disparu 5 ans plutôt. C'est un miracle qu'ont accompli nos héros...


L'Éclipse : fait référence aux cinq années qui se sont écoulées. Le monde s'est reconstruit comme il a pu pendant cette période.


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Conséquences :


    Après le Blip, il pleut des gens. Une soudaine averse fut lourde de conséquences. Soudaine et courte, il ne faut qu'une minute pour passer de l'altitude de croisière d'un avion de ligne à celle du sol. Combien de mètres... Plus on est haut, moins il faut de carburant pour parcourir une grande distance. La faible densité de l'air donne en effet une meilleure portance à l'appareil, mais s'ajoute à l'équation l'énergie dépensée pour atteindre le ciel. Aller au-delà de 10 kilomètre de hauteur serait trop cher. L'altitude de croisière est ainsi un équilibre. Poursuivons les calculs, avant l'Éclipse, chaque jour, plus de 100 000 avions transportaient près de 8,5 million de passagers. L'industrie du trafic aérien était en plein essor économique, une possession permanente des cieux. Il y avait environ 10 000 avions en vols au moment du Claquement, huit cent mille voyageurs. Quand le Snap a été défait, eh bien, ils sont rentrés dans le monde à l'endroit même où ils l'avaient quitté : à l'altitude de croisière.


    Ce n'est pas le pire chemin vers le néant. Le choc dû la différence de pression a fait perdre à beaucoup connaissance, une perte de conscience avant même qu'ils ne ressentent la chute. Les autres ont pu profiter de 45, 17 très longues secondes de chute libre, avant de heurter le sol à plus de 1 500 kilomètres par heure. Qu'ont-ils ressenti ? Le vent d'une renaissance puis l'impact violent d'une fin inéluctable.


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   Près d'un million de personnes ont disparu sur les routes françaises. Combien sur les autoroutes ? Certains d'entre eux ont de la chance, apparaissant lors d'une accalmie de la circulation. Ils ont eu le luxe de prendre le temps de réaliser qu'ils n'étaient plus dans leur voiture, qu'ils étaient tombés sur le bitume, ils ont eu le temps de se précipiter sur le bas-côté avant qu'une voiture n'arrive.


   La plupart malheureusement n'ont pas eu cette aubaine. Ils sont morts, réapparaissant au milieu de la route, aux heures de pointe. Les parebrises se sont brisés, couverts de rouge. Il y a eu des collisions entre les voitures, des accidents, et encore plus de morts. L'A10 a fermé pendant une semaine complète après l'incident. Comment donner un sens à tous ces décès ? Si seulement on avait pu arrêter la circulation...


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 Le bilan est presque aussi mauvais dans les transports en commun. Des meutes de personnes sont apparues dans les tunnels du métro parisien. Ils ont passé quelques minutes à paniquer et à se crier dessus dans le noir. Puis une lumière les a aveuglés et le train a traversé la foule.


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Dans de nombreux foyers américains :


    « Qui êtes-vous ? " a crié un homme.


 Il brandit une arme devant lui. Quelqu'un est apparu d'un coup dans son salon. Bien que les magiciens soient avec les Avengers, les supers attirent toujours le danger. Ils causent la mort.


- "Qui suis-je ? répond farouchement l'intru. J'habite ici ! Putain qui es-tu ?"


L'arme tremble dans les mains de l'homme. Il est terrorisé, le doigt sur la détente. Et à travers la fenêtre, commence à se faire entendre le chœur croissant de sirènes.


- "Sort de chez moi, sort d'ici ! ordonne-t-il. Maintenant ! "


- "C'est MON appartement ! rétorque fortement l'inconnu. Mais putain, Pose ce pistolet ! »


De plus en plus de bruit, il y a vacarme dans la rue. Des cris entrent par les murs. L'effroi parcourt la pièce. L'intru est en colère. L'arme pointée sur lui. Il ne veut plus être dans le viseur. Il fait un pas.  

Le pistolet craque.


C'est le début d'un cauchemar.


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   Les vêtements d'Ondine flottent dans l'eau. Son chapeau de marin s'est envolé lors de son plongeon. Elle peut le voir dériver au loin. À force de nager, elle fatigue, elle a mal.


   Lorsqu'elle a touché l'eau pour la première fois, elle n'est pas seule. Il y avait facilement des centaines d'autres autour d'elle. Tout le monde criait. Il semblerait que le bateau de croisière ait simplement disparu sous leurs pieds. Quelques heures plus tard, la panique s'est transformée en épuisement. Ces parents l'avaient abandonnée au club enfant. Depuis, elle guette partout. Elle ne les voit pas et ses larmes se mélangent au vague.


   Beaucoup ont dérivé, d'autres ont sombré. Elle aperçoit seulement quelques têtes au loin maintenant. Elle entend les flots, une grande vague arrive doucement vers elle. Elle s'agite. Elle s'écrase.

Vite, Ondine secoue les bras, pousse sur ses jambes, se débat, essaie en vain d'atteindre la surface. Mais elle avale une gorgée d'eau. Alors le ciel se teint d'orange et le soleil plonge sous l'horizon. Sa vue devient floue sous les vagues. D'un coup, un frisson la traverse et dans un dernier effort, elle se dirige vers le ciel avant que la nuit ne la rattrape.


   C'était sa première croisière, de belles vacances en famille ! Avant le voyage, son père lui avait appris à lire une carte maritime. Ils avaient regardé ensemble l'itinéraire du voyage et elle aurait adoré rentrer dans la cabine de pilotage pour admirer les radars, les appareils de communication et surtout ces grandes cartes colorées de bleu. "Future captaine" disait sa mère en remettant sa casquette de moussaillon. Quand elle a plongé, elle savait quelques miles près où elle était. Beaucoup sur la terre ferme savait où elle était.


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   Nouveau téléphone, Twitter en ébullition. En tendance, le hashtag #blip. Une façon de normaliser la rupture soudaine de la culture. Une façon de rire de cinq ans de traumatisme de chaque côté.


   James Morgan Wilson, alias JM2050, fait le tour des talk-shows. Les médias sont impatients de parler à l'homme qui a inventé le terme « Blip ». Bon candidat pour une interview : James est charmant, original. Il est Américain. Surtout aucune question ne l'effraie. Il n'a pas peur de parler de lui, de ses cinq années manquantes. Son humour est beaucoup trop présent, jamais dans le mélodrame, toujours dans la moquerie.


« Eh Mec et tous ceux qui regardent, je dois vous avouer un truc ... J'étais sur le point d'échouer mon semestre et de me faire renvoyer de la fac. Et maintenant, regardez-moi je suis à la télé ! J'ai une nouvelle vie, dit-il avec un sourire jusqu'aux oreilles. Je n'ai même pas eu à rompre avec mon casse-pied de petit ami de l'époque. Mes parents me voient maintenant comme Jésus ressuscité et cèdent à tous mes caprices. Ma petite sœur est devenue une meuf baisable. Merde quoi ! s'exclame-t-il. Prendre une pose de cinq ans hors du monde : mais quel pied ! "


   C'en est trop, une femme du public se lève et envoie à James la gifle la plus cyber-célèbre du moment. Elle s'apprête à frapper l'autre joue, mais des agents sécurités sont déjà là. C'est le bordel et les audiences affluent sur le plateau du fameux Late Show. Elle crie en se faisant trainer hors du studio : 


- " Le Blip ? Il a détruit ma vie ! Tu te n'en rends pas compte. Il a détruit nos vies ! ».


   L'incident fera le tour d'Internet. Une image de JM2050 se tenant le visage au côté rouge engendrera plus d'un milliard de mêmes. Et ne parlons pas du gif de la baffe ressorti à toutes les sauces. Les débats ou plutôt les disputes ont enflammé les réseaux. Instantanément des vidéos ont chamboulé l'algorithme YouTube. On tire sur un mannequin à tête de James Wilson, en dessous l'intitulé : « blipicide » ou avec moins de subtilité « Va crever ! connard ».


Blipicide, ce mot fait aussi son chemin.


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   « Madame la présidente ? 


Le ministre de l'agriculture se tient debout dans l'encadrement de la porte. Il hésite une seconde même après avoir obtenu la permission d'entrer. 


- " Christophe ! salue la présidente. Vous allez bien ? Comment vont vos enfants ? "


Ses enfants vont bien. Les deux. La situation est surréaliste, ses jumeaux sont maintenant séparés de cinq ans. Cependant, il ne pourrait pas être plus heureux. Il ne souhaite qu'une seule chose : être rapidement de retour à la maison. Il s'installerait entre ses deux fils et regarderait les dessins animés sur le canapé, enfin réunis.


- " Mes enfants sont parfaits. C'est comme un rêve, souffle-t-il. Mais j'ai peur que nous allons devoir affronter des problèmes bien réels. Je viens vous parler d'approvisionnement alimentaire. La production a diminué au cours des dernières années. Et bien que nous ayons constitué une réserve alimentaire pour les cas d'urgence comme celui-là, il va falloir penser à un plan agricole viable, dit-il d'un air grave."


La présidente le sait bien. Elle a toujours été une implacable pragmatique, même face à un miracle. Même si elle ne peut pas prévoir l'ampleur du problème, elle sait qu'il ne va pas falloir hésiter sur la dépense publique.


- "Bien... déclare-t-elle résolue. Demain matin, tous les ministres sont convoqués pour une réunion d'urgence, le conseil scientifique a déjà été prévenu. Nous discuterons des différentes stratégies alimentaires possibles."


- "Parfait, je préparerai un exposé de la situation. Je pense que nous devons parler de ... de rationnement."


- " De distribution aussi ! Christophe", rétorque Madame la Présidente.


   L'insécurité alimentaire en France n'était pas un problème insurmontable. La réserve de secours tiendra quelques mois, assez pour voir venir. Les denrées non périssables ne manqueront pas, mais la population va paniquer et il y aura forcément des pénuries. De plus, chaque pays va mettre le prix pour s'arracher les fruits et légumes frais. La France comme les autres dépensera beaucoup pour obtenir la production agricole de l'Amérique du Sud, ils vont proposer tellement d'argent que les pauvres pays préféreront laisser leur population mourir de faim. La France et les français d'abord... ne pas regarder ce qu'on laisse derrière.


- "Nous devons aller de l'avant. »


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   Le téléphone de Marguerite Lecomte sonne sans arrêt depuis trois heures. Elle a oublié où était rangées les archives. De toute façon, elle n'a pas le temps de chercher les dossiers de tous les parents qui ont fait garder leur enfant ce jour-là. Autour d'elle que d'agitation, les marmots sont plus nombreux, certains ont pris peur avec l'apparition soudaine des autres et ce maudit téléphone n'arrête pas de sonner. Maudit pas tant que cela. Elle a reconnu les têtes de bambins qu'elle gardait il y a 5 ans. Grand Dieu, ils n'ont pas changé. Alors au bout du fils, elle annonce à des parents en pleurs que leur bout de choux est en vie, qu'il joue miraculeusement avec les autres.

  Bon elle ne se rappelle pas de tous les enfants, encore moins leurs parents. Mais elle veille sur eux.


   Le téléphone sonne. Elle répond : « Garderie St Exupéry, comment puis-je vous aider ? "


Elle s'arrête à la description, pose une main sur le microphone et crie : " Léa Coster ?"

Ce n'est pas un nom qu'elle reconnaît, mais une petite fille aux cheveux roux secoue la tête. Elle se retourne vers le téléphone.


- "Oui je pense que c'est elle. Il faudrait passer pour s'en assurer.... Oui ... Je comprends que ce n'est pas vraiment possible conduire en ce moment... Bien ... Oui, bien-sûr je vous la passe. »


Elle tend le combiné. C'est de loin le jour le plus émouvant de toute sa carrière. Personne n'avait vraiment échappé au Snap sans perte. Aujourd'hui elle assiste à miracle après miracle, alors que les parents retrouvent leurs enfants. Chez elle aussi un miracle devrait l'attendre, elle a hâte, mais il est hors de question de laisser les enfants.


   Malgré le désordre de la circulation et des transports en commun, la plupart des parents parviennent à venir à la garderie. Des enfants, il n'y en a presque plus. Il est déjà 20h. Elle vient de coucher les trois petits qui lui restent. Elle ferme la porte du dortoir sur un Ulysse endormi et sur une tête brune et une blonde qu'elle ne connait pas. Marguerite a eu les parents de l'Angelo le blond, ils ont déménagé et ne peuvent pas venir le chercher ce soir. Ils l'aiment et viendront dès que possible. Alors tout va bien ... pour l'un des trois.


   Un long soupir. Elle connait bien les parents d'Ulysse, sa mère est toujours à l'heure. La puéricultrice commence à répondre machinalement à sa tonne de SMS. Ses larmes coulent. Encore quelques heures s'écoulent, pas de nouvelles. La porte s'entre ouvre derrière elle. Le petit garçon brun sort du dortoir. Ses yeux fatigués trahissent son angoisse.


« Bah alors, mon petit loup que se passe-t-il ? " interroge-t-elle d'une voix douce.


- "J'ai peur, j'ai fait un mauvais rêve... marmonna-t-il en se rapprochant de Marguerite. Je veux maman"


- "Ne t'inquiète pas, les cauchemars : c'est pas réel ! rassure-t-elle en essayant de se convaincre elle-même. Et si au lieu d'avoir peur, on lisait une histoire ? Tu es d'accord. »


Un hochement de tête un peu hésitant lui répond. Elle va dans la salle de jeux, pris un livre sur l'étagère, s'installe dans un pouf et mis le petit sur ses genoux. Elle ouvrir le conte, c'était la merveilleuse histoire de Saint-Nicolas patron de la Lorraine.


   L'histoire raconte que trois petits enfants égarés sont allés se réfugiés chez un boucher. Mais le boucher était méchant, ainsi il découpa les enfants en morceaux et les mis dans un saloir. Au bout de sept ans, Saint Nicolas, passant par-là, rencontra à son tour le boucher et demanda à ce qu'on lui serve la viande de ce saloir, et uniquement de ce saloir. Pris de panique, le boucher s'est enfui. Alors St Nicolas posa trois doigts sur le coffre et miracle : les trois petits sont revenus à la vie en un seul morceau, ils étaient aussi fatigués qu'après un long sommeil.


   La tête brune sur ses genoux était déjà endormie. Marguerite regarde l'horloge. Elle ne s'est jamais posée la question avant ce soir, mais ces trois petits enfants ont dû revenir chez eux après sept ans d'absence. Qu'ont-ils retrouvé ? Elle lut à nouveau les dernières lignes de cette légende. Il est écrit nulle part qu'ils ont revu leurs parents.


Marguerite regarda encore l'horloge. Personne d'autre ne viendra.


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   Un claquement et la moitié du monde s'envole en poussière.


Un claquement et la moitié du monde revient.


Tout le monde s'accorde à dire que cela en valait la peine, mais quand la poussière retombe, ce n'est pas un conte de fées.


   Si seulement on avait été prévenu de ce qui allait se passer. Si seulement on avait su que tout le monde allait revenir. On aurait eu le temps pour les sauver... On aurait bloqué les routes, sécurisé nos maisons, préparé les hôpitaux, envoyé les garde-côtes repêcher les croisiéristes, mis en place des centres d'accueil... Tant de personnes à sauver, et on aurait pu faire tellement de choses si on avait su. 


   Personne ne pouvait prévoir. Personne... sauf un petit groupe d'individus aux pouvoirs surhumains. Les vidéos de caméra de surveillance sont formelles. Il y a une réunion générale des Avengers le 7 octobre 2023. Le 10 octobre Tony Stark est arrivé au nouveau quartier général. Ils ont pris le temps de préparer un plan, le temps de construire des machines. C'est seulement le 17 qu'ils ont utilisé les pierres pour faire revenir tout le monde. Ils savaient que tout le monde pouvait revenir, ils le savaient ! Ils le savaient même 10 jours avant la catastrophe ! Ont-ils seulement pensé à prévenir quelqu'un ? Ne serait-ce qu'un petit coup de fil à n'importe quel guignole du gouvernement ...


   Ils ont signé les accords de Sokovie. D'accord, ces derniers ont été abolis après le Snap. Et oui, s'ils avaient prévenu, les gouvernements auraient été contre. Mais je pensais que les accords les avaient fait réfléchir, qu'ils n'allaient pas commettre les mêmes erreurs. Et tous ces morts et eux, ils étaient au courant.


Et sans les remettre en cause, on les acclame comme des héros. « Vive les Avengers ! »





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PS : merci d'avoir lu ! 


N'hésitez pas à laisser un commentaire, même les retours négatifs me feront plaisir. 

N'hésitez pas à faire des remarques sur cet écrit (cela m'aiderait). 

Vous pouvez aussi juste commenter que oui Marvel a de l'or entre les mains et qu'ils en font de la merde, et que vous aussi ça vous met en colère parce que vous aimez Marvel !


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