Iron Man : Fresh Start

Chapitre 1 : L'éveil

4773 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/03/2023 19:53

Tony Stark se réveille en sursaut. La sueur perle sur son front, scintillante à la lumière de la lampe éclairant son visage. Il est allongé sur une longue plaque de métal, le torse nu et rouge, du sang éparpillé sur son abdomen. Il relève la tête. Il est dans une grotte. La roche autour de lui ne laisse pas de place au doute. Du sang tâche certains coins de la grotte. Tony essaie de se relever, mais une vive douleur à la poitrine le fait immédiatement se rallonger. Les battements de son coeur s'accélèrent, en même temps qu'un nombre incalculable de questions lui submergent l'esprit. Que s'est-il passé ? Où est-il ? Quelle est cette douleur insoutenable ? Est-ce son propre sang, là, étalé sur son ventre ? Il continue à regarder autour de lui. Ce qu'il pensait être une simple grotte ressemble finalement à un atelier. Des plans de travail, des outils sont dispersés un peu partout. Il commence à avoir mal à la tête. Le monde tourne. Tony ferme les yeux et prend une grande inspiration. Il lève à nouveau la tête, et regarde mieux son corps. Il porte un pantalon noir et crasseux, troué un peu partout. Le sang sur sa peau semble avoir coulé depuis un seul et même endroit, il suit le coulis rouge jusqu'à arriver pile entre ses deux pectoraux. Un trou. Il a un énorme trou dans le torse. Il s'évanouit.


Ce sont des petits cliquetis qui font ouvrir les yeux de Tony. Sa vision floue s'éclaircit pour laisser apparaître un vieil homme chauve, portant ce qui ressemble à une blouse salie par la crasse et le sang, en train de manipuler des outils, eux aussi plein de sang. Toujours paniqué, mais ravi de voir quelqu'un, Tony sait que le moment est venu d'avoir des réponses à ses questions... quand il pourra parler, car il n'arrive qu'à produire un faible gémissement.


-"Oh, monsieur Stark. Ne vous agitez pas, il faut que ça cicatrise"


Tony, d'un simple regard, fait comprendre à l'homme la détresse mentale dans laquelle il se trouve. L'homme sourit, d'un sourire évocateur : ce n'est pas sa première fois. Tony ne sait pas encore à quel point, mais cet homme est un psychopathe qui fait des trous dans les poitrines des gens.


-"Oui. Tout le monde a la même réaction, en arrivant ici. J'avais personnellement conseillé d'installer un espace de réveil plus accueillant, mais, vous savez, c'est parfois difficile de s'imposer."


L'homme regarde Tony un instant, d'un regard dans lequel Tony est sûr de déceler du mépris.


-"Enfin. Qu'est-ce que je raconte, vous êtes Tony Stark. S'imposer n'a jamais été un problème pour vous."


Tony donne un faible coup de poing sur la plaque en métal. S'il avait eu plus de force, c'est l'homme qu'il aurait frappé.


-"Ils n'ont pas voulu me donner de brancard ni de table de chirurgie. J'ai fait de mon mieux."


Tony fronce les sourcils. Est-ce que cet homme se montre réellement compatissant, ou est-ce qu'il se moque ouvertement de lui ?


-"Ce que vous avez dans le torse, c'est trois éclats de missile prêts à atteindre votre coeur. J'ai dû stopper l'avancée."


La panique s'intensifie. Tony commence à gigoter dans tous les sens. Ce vieux fou lui a fait péter un missile dans le coeur. Il faut partir, maintenant. L'homme prépare une seringue. Et ça, ça empire la panique monstre dans laquelle Tony se trouve.


-"Calmons nous, monsieur Stark, votre coeur a besoin de repos..."


L'homme plante la seringue dans le cou de Tony, qui s'éteint immédiatement.


Quand Tony rouvre les yeux, l'homme est assis à côté de lui, souriant. Le même sourire qu'un père aurait en voyant son fils se réveiller le matin. Cet homme est sénile, il a besoin d'une correction.


-"L'opération est terminée. Donnez-vous quelques minutes, et vous vous sentirez mieux."


Et en effet, quelques minutes passent et Tony est capable de se mettre en position assise. L'homme est-il digne de confiance ? Il regarde son torse, là où il y avait un trou il y a désormais un cercle en métal. Non, ce vieil abruti n'est en aucun cas sain d'esprit, il vient de transformer Tony en cyborg.


- "C'est la première fois que je fais quelque chose comme ça. Et j'en ai fait, des choses ici."


- "Où... où on est ?" Demande Tony, toujours aussi confus.


- "En Chine. Au sud-est de Datong."


- "Et vous êtes ?"


- "Je m'appelle Ho Yinsen. Je suis médecin."


- "Yinsen... vous pourriez, s'il vous plaît, me dire ce que signifie tout ce bordel ?"


- "Quelle est la dernière chose dont vous vous souvenez ?"


Tony fait une grimace. Il aimerait pouvoir répondre.


- "Pourquoi il faut toujours que cette question arrive..."


- "Parce que ce genre de chose vous arrive souvent ?"


- "Laissez tomber."


Tony se met debout, et commence à parcourir la grotte. Alors qu'il observe les outils et les bouts de métal posés sur les tables, il reconnaît certains schémas.


- "Ce sont... des armes ? Des missiles, vous fabriquez des missiles ?"


- "Qu'entendez-vous par “vous“ ?"


L'expression de Tony démontre à quel point sa confusion grandit. Il va vraiment falloir que cet homme arrête de jouer au plus malin.


- "Ils m'ont dit d'attendre votre réveil pour que nous puissions y travailler ensemble." Explique le docteur.


- "Ils veulent que je vous aide à fabriquer des missiles ?"


- "N'est-ce pas là votre domaine de prédilection ?"


Tony baisse la tête. Il a une soudaine envie de vomir. Il a l'impression d'être dans un manège à sensations fortes, mais sans le plaisir. Yinsen reprend la parole.


- "Je ne sais pas plus que vous comment vous êtes arrivé ici. Mais Wong-Chu veut des missiles, et vous n'aurez qu'une infime chance de sortir qu'une fois que -


- "Attendez, répétez ce nom ?"


- "Wong-Chu. C'est le chef -


- "Des guérilléros."


- "Oh. Vous avez été présenté."


- "Je lui vends des armes."


Tony regarde le missile en fabrication en face de lui.


- "Visiblement, il a épuisé son carnet de chèques." constate Tony, l'air dépité.


- "On ne peut pas vraiment espérer de franc commerce de la part de ce genre de personnes, monsieur Stark."


- "En dix ans, jusque là, j'avais pas eu de problème. Il se passe quoi ? Ils entrent officiellement en guerre ? Il avait jamais demandé quelque chose d'aussi gros qu'un missile."


- "Je crois qu'il en a assez d'attendre que le gouvernement se plie à ses demandes, oui."


- "Si Wong-Chu entre en guerre, il fera pas bon de vivre dans ce pays, l'ami."


- "Il ne fait bon de vivre nulle part aujourd'hui, monsieur Stark. Et vous en êtes en partie responsable."


- "Pardon ?"


- "Vous créez ces armes. Votre famille alimente les conflits armés de la planète depuis plus d'un demi-siècle !"


- "Ou alors on les empêche d'empirer."


- "Ah. Voilà donc. C'est ça qui vous permet de dormir le soir. C'est ce que vous vous dites."


- "Vous me sauvez la vie pour ensuite me cracher à la gueule ? Vous êtes quoi, sadique ? Ça vous fait plaisir d'avoir quelqu'un sur qui balancer votre colère ?"


- "J'ai prêté le serment d'Hippocrate. C'est la seule raison pour laquelle vous êtes encore en vie."


Tony pousse un petit rire. Il a rarement autant haÏ quelqu'un.


- "C'est ballot, docteur. Mon serment à moi, c'est de tuer ceux qui veulent en tuer encore plus que moi."


- "Vous permettez la naissance d'esprits comme ceux de Wong-Chu."


- "Peut-être. Mais ça veut pas dire qu'il n'y en aurait pas sans moi. J'étais pas là en 40. Il faut bien que quelqu'un agisse contre ces gens là. Mon père a décidé d'agir à l'époque, je ne fais que suivre l'exemple. Blâmez-moi pour votre emprisonnement aujourd'hui, mais remerciez-moi pour les milliers de vie épargnées parce que j'ai eu la putain de bonté de fournir des armes à ceux qui voulaient défendre le peuple !!"


Yinsen secoue la tête. A chaque mot que sort l'un ou l'autre, le mépris grandit dans les yeux du vieux docteur.


- "Décidément. Un sommeil de plomb, que vous devez avoir."


- "Ok Ho, on va -


La respiration de Tony est coupée. Il essaie de parler, mais rien ne sort. Il entend son propre coeur battre. Ses jambes le lâchent, et il se tient à un des plans de travail pour ne pas s'étaler à terre. Il commence à tousser. Yinsen court vers lui. Il lui parle, mais Tony ne comprend rien des mots du docteur. Sa tête tourne à nouveau. Il distingue à peine Yinsen qui lui fait signe de respirer. Et alors qu'il essaie de reprendre une respiration normale, la roche en face de lui semble bouger. Tony est effrayé, et échoue à réguler sa respiration. Yinsen regarde en direction de la roche, puis recommence à parler. Ce n'était pas une hallucination. Une porte était incrustée dans les rochers, et un homme, grand, les cheveux longs, en tenue militaire, portant des lunettes de soleil sur un visage crasseux et une longue barbe partant de son menton pour atteindre le milieu de son torse, suivi de plusieurs soldats, entre dans la pièce. L'homme s'adresse à Yinsen. La panique de Tony est telle que le plan de travail ne suffit plus, il tombe. Allongé par terre sur le dos, il regarde ce plafond de rochers semblable à tous les autres murs de la grotte dans laquelle il est coincé. Terrible grotte. Il va probablement mourir ici, il le sait maintenant. Quelles chances lui reste-t-il ? Lassé de lutter, Tony commence à fermer les yeux. Mais c'est alors que l'homme barbu arrive au-dessus de lui et lui envoie une gifle qui aurait réveillé n'importe quel mort.


- "Debout. Tu as du boulot."


Les yeux grands ouverts, entre la surprise, la peur et la confusion, Tony est immobile. L'homme soupire, le prend par le bras et le relève. Il sent étonnamment bon vu son apparence. Il le regarde, comme s'il attendait une réaction.


- "Wong-Chu va attaquer dans un peu moins de trois mois. S'il n'a pas le missile à ce moment là, Stark, tes proches vont avoir de sérieux problèmes."


- "Pour sa santé, je préconise un peu de repos." annonce Yinsen, timidement.


L'homme regarde sévèrement Yinsen. Il se retourne lentement vers Tony. L'empathie est évidemment un sentiment étranger à cet homme.


- "Le docteur pense qu'il te faut du repos. Bien. Ça veut juste dire qu'il faudra travailler deux fois plus vite une fois reposé. Les délais restent inchangés."


Plusieurs militaires entrent également dans la pièce, portant tous ensemble un énorme sac. Tony reconnaît ce qui se trouve dans ces sacs. Il en déjà vu. Yinsen, lui, a l'air plus intrigué.


- "Qu'est-ce que c'est ?"


- "Des mines.", répond l'homme barbu. "Le gouvernement a encore envoyé un régiment, hier. On va s'assurer qu'on ait pas à sortir la prochaine fois."


- "Ils sont au courant que vous détenez Tony Stark ?"


"Sûrement. C'est pour ça qu'ils redoublent d'efforts. Ils ne tarderont pas à prévenir les États-Unis."


Tony se calme. Si son pays est prévenu, ils viendront le sauver. Il a confiance en eux. Ils se battent avec les armes qu'il a lui-même créé, après tout.


- "Et c'est quel type de missile qu'il lui faut, exactement ?" demande Tony en tentant de paraître sûr de lui. L'homme sourit, heureux que Tony ait arrêté de croire qu'il y avait autre chose à faire que d'obéir aux ordres.


"Le docteur vous donnera les détails. Ne nous décevez pas."


Le barbu et ses hommes se dirigent vers une autre porte cachée dans la roche. Quelques secondes passent, Tony et Yinsen se détendent.


- "Votre dernière création en date, c'est ça qu'ils veulent. Le missile dont vous avez fait une démonstration le mois dernier."


- "Bordel, y a des portes !"


- "Effectivement."


- "Réveillez-vous, doc, c'est littéralement notre porte de sortie !"


- "Non. Elles sont constamment surveillées. Tentez de sortir par un de ces portes, vous serez instantanément fusillé."


- "Ils ne me tueront pas. Sans moi, ils ne peuvent pas construire ce missile."


- "Oui, mais ne pas avoir ce missile serait moins gênant pour eux que de vous laisser filer alors que vous connaissez leur position. Et puis, une fois sorti, que ferez-vous ? Nous sommes dans une montagne !"


- "Mon gouvernement va être prévenu, le Père Fouettard l'a dit. Ces enfoirés, ils doivent avoir des moyens de communication."


- "J'apprécie l'espoir que vous portez en vous, mais sincèrement, monsieur. Cela va faire deux ans que je suis coincé ici. Je pense que j'ai eu ma dose de fausses tentatives."


- "Deux ans ? Mais pourquoi ils vous gardent ici, vous êtes qui exactement ?"


- "Avant d'être médecin, j'étais dans la même branche que vous. J'étais un expert en armement. Et un jour... quand ma famille a été tuée par ces mêmes armes que j'aidais les militaires à concevoir, j'ai arrêté tout ça, et ai décidé de me consacrer à quelque chose de plus utile."


- "Et alors ? Dans votre cabinet, est-ce que vous avez constaté une baisse de la mortalité depuis que vous avez arrêté de fabriquer des armes ?"


- "Non. Mais une baisse de culpabilité, oui."


Tony ressent à nouveau une vive douleur à la poitrine. Il s'assoit. Ce médecin l'agace, mais il est probablement son seul allié ici.


- "Et vous, n'êtes-vous pas assez lucide pour constater là qu'il s'agit de votre punition ?" demande le vieil homme en affichant un rictus. Tony regarde Yinsen. Pourquoi ne pourrait-il pas l'envoyer se faire voir comme n'importe lequel de ses employés ?


- "C'est quoi exactement que vous m'avez fait, comment ça fonctionne ?"


- "C'est un électro-aimant."


- "Vous avez pas été trop bête sur ce coup là."


- "C'est parce que je ne suis pas trop bête sur tous mes coups que je suis encore de ce monde."


- "Qu'est-ce qui l'alimente ?"


- "Lui-même, pour le moment. Mais dans quelques jours, il faudra le recharger."


- "Hors de question que je vive comme ça."


Yinsen rigole. Du mépris, encore.


- "Si vous saviez le nombre de fois où j'ai entendu cela. On s'habitue toujours, au final. Même un homme comme vous doit faire des concessions un jour. Terminé, de vous réfugier dans votre cocon. Il est temps de faire face à la dure réalité."


Tandis qu'il écoute les mots de Yinsen, le visage de Tony s'illumine. Une idée lui est parvenue, de celles qui vont provoquer le changement radical de toute une vie.


- "Et si on joignait l'utile au doublement utile ?"


D'après l'expression de son visage, Yinsen ne comprend pas.


- "Écoutez. Je peux et me fournir une alimentation durable, et nous faire sortir d'ici. Vous êtes avec moi ?"


Environ une heure plus tard, l'homme barbu et ses soldats repassent par l'atelier. Ils trouvent Tony et Yinsen en train de travailler, donner des coups de marteau sur du métal.


"Si jamais il vous manque des matériaux Stark, dites le à Yinsen, il nous en informera.", marmonne le barbu en passant.


- "Noté."


Ils passent l'autre porte et le duo est à nouveau seul. Ils continuent de travailler.


Quelques heures plus tard, ils sont chacun allongés dans leurs couchettes. Tony regarde ce plafond rocheux sans nuance. C'est la première chose qu'il a vu à son réveil, mais c'est comme s'il le voyait continuellement, tant chaque mur est identique à ce plafond. Terrible grotte uniforme. Sa maison aux murs différents lui manque.


Les jours passent, et le duo continue sa fabrication. Si Yinsen fabrique l'armature d'un vrai missile sous les directives de Tony en face des caméras, à l'abri de la vision celles-ci, Tony créer son véritable projet : une armure faite avec le métal de la plaque sur laquelle Yinsen l'a opéré. Parallèlement à cela, ils ont également fabriqué un discret système d'alarme visuelle, qui les informe de chaque passage de l'homme barbu ou de ses hommes. De cette manière, ils peuvent camoufler l'armure en fabrication à l'approche des soldats. Et le soir, Tony fixe le plafond. Et il voit à présent qu'il n'est pas sans nuance, il parvient à distinguer les différences avec le mur. Certaines lignes sont moins droites, certains creux plus profonds. Chaque soir, il trouve de nouvelles différences. Cette grotte est-elle si terrible ?


Un jour, alors qu'il arrive presque à l'achèvement de son armure, Tony se sent faible. Il se pose sur sa couchette, respire profondément. Yinsen jette un coup d'oeil dans sa direction avant de dire :


- "Je peux utiliser une batterie pour recharger l'aimant..."


- "Non. Ça me donnerait le droit de ralentir. Il faut qu'on sorte d'ici. Demain au plus tard."


- "Vous êtes conscient que l'attaque de Wong-Chu n'est prévue que dans deux semaines ? Nous avons encore le temps de -


- "Pas moi. J'ai pas le temps. Ok, Yinsen ? J'ai pas le temps. Pas du tout. Trois jours de plus, et je crève ici."


- "Oh. Ce n'est pas l'aimant qui vous cause cette douleur."


Tony essaie de se calmer tandis que sa tête commence à tourner. Yinsen vient s'assoir à côté de lui. L'opinion de Tony sur le médecin a changé. Il est vieux jeu, mais il n'est pas mauvais.


- "J'ai connu cela. Après la mort de ma famille. On croit qu'il n'y a plus qu'une seule manière de survivre... mais je vous assure que c'est une chimère. Il y a d'autres moyens de s'en sortir." dit Yinsen sur un ton sage et apaisant.


- "C'est pas comparable."


- "La base n'est pas toujours le deuil, mais il y a toujours quelque chose qui -


- "Je ne suis pas en deuil, Yinsen. Ni dans aucune des situations que vous imaginez."


Les sourcils de Yinsen se froncent tandis qu'il commence à déceler la noirceur dans les yeux de Tony. Il ouvre la bouche pour parler, mais une des portes s'ouvre pour faire entrer un homme très corpulent, asiatique, un bouc fin encadrant un sourire mauvais et calculateur. Il porte une tenue de général militaire, trop serrée pour lui, plusieurs sacoches alignés en croix sur son torse. Tony le connaît bien, celui-là. Le fameux Wong-Chu.


- "Alors, mes petits ? Comment se passe la fabrication de mon missile ?"


- "Je vous ai connu moins dur en affaires, mon vieux." répond Tony, déjà agacé.


- "Votre capitalisme a atteint un niveau que je ne veux plus cautionner. J'espère que vous comprenez, à présent, monsieur Stark, ce que les nôtres subissent dans les usines pour fabriquer ce qui fait votre souveraineté. Sans nous, il vous serait impossible de téléphoner à tous vos acheteurs, de passer vos transactions... les américains croient pouvoir profiter du reste du monde sans rien faire en contrepartie. Terminé."


- "Vous me rappelez à quoi va servir ce missile ?" ironise Tony. Wong-Chu s'avance vers lui et le frappe de son gros poing d'un coup qui l'envoie par terre.


- "On ne pourra pas travailler si vous l'affaiblissez encore plus !" scande Yinsen.


- "C'est un grand garçon. Je l'ai vu affronter bien pire. N'est-ce pas, monsieur Stark ?"


Tony crache du sang avant de péniblement se relever et regarder Wong-Chu dans les yeux. Finalement, c'est là, qu'il n'a jamais autant haï quelqu'un.


- "Je préférais quand c'était Billy Gibbons qui venait nous surveiller."


Wong-Chu attrape le cou de Tony. Il commence à le serrer de plus en plus fort. L'air ne passe plus. Le coeur s'accélère. Yinsen recommence à scander.


- "Je ne pourrais pas fabriquer le missile sans lui !"


Souriant, Wong-Chu ne relâche pas son emprise. Le visage de Tony devient rouge. Quand les yeux commencent à se fermer, Wong-Chu jette Tony contre le plan de travail.


- "Deux semaines."


Le criminel de guerre repart. Tony est assis par terre, la respiration haletante. Yinsen avance timidement vers lui, comme s'il avait peur que Tony explose s'il allait plus vite.


- "Comment va votre coeur ?"


Tony prend le temps de respirer, sans prononcer le moindre mot. Puis il lève la tête vers Yinsen.


- "On part ce soir."


Tony et Yinsen se remettent au travail. Ils terminent l'armure ainsi que le réacteur qui l'alimente. C'est une grosse armure grise, faite sur les mesures du corps de Tony. Et tandis qu'il s'installe à l'intérieur, Yinsen effectue les différents branchements qui vont alimenter le coeur de l'armure.


- "Vous aurez une autonomie assez conséquente. Mais le problème redeviendra le même une fois que vous aurez épuisé cette énergie."


- "Non. Quand je serais rentré chez moi, j'aurais des alternatives qui me faciliteront la vie."


- "Par pitié, ne vous faites pas exploser le coeur. Ça voudrait dire que tout ça n'est qu'une gigantesque perte de temps."


Tony rigole. Yinsen est amusant.


- "Aucun risque. Stark Industries a des ressources qui dépassent l'imagination du grand public."


Tony regarde Yinsen se dépêcher de faire les branchements. C'est agréable de travailler avec lui. Il doit lui demander :


- "Ça vous plairait ?"


- "Quoi donc ?"


- "Bosser à Stark Industries. Vous êtes doué. Vous pourriez y faire de grandes choses."


Yinsen reste fixer Tony, comme s'il venait de prononcer une aberration.


- "Je vous ai déjà donné mon avis sur -


- "Une fois que je serais rentré, ce sera différent. Je vais tout changer dans l'entreprise. Je vais vraiment aider les gens."


Yinsen sourit. Il termine le branchement, l'armure commence à charger.


- "Alors nous passerons un entretien. Vous me présenterez votre nouveau plan d'action, et je tâcherai d'y réfléchir. Mais je dois avouer que les États-Unis m'ont toujours attirées."


- "Je vous loge, s'il faut."


- "N'abusons pas. Je ne voudrais pas devenir l'enfant pourri gâté que vous êtes."


Les deux hommes rigolent ensemble. Le chargement de l'armure arrive à son terme. Mais soudain, la porte s'ouvre.


- "Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi on a pas vu le signal ??" s'étonne Tony. Yinsen regarde en direction de là où se trouvait la diode qui les informait de la venue des soldats. Elle n'est plus là.


- "Quelqu'un a retiré notre système !"


Wong-Chu, l'homme barbu et plusieurs soldats entrent dans la pièce.


- "C'était donc ça." réalise Wong-Chu. "C'est une alternative au missile, Stark ? Une armure de guerre pour mes hommes ?"


L'armure arrive à pleine puissance. Tony se lève lentement, Wong-Chu ordonne le feu. Les tirs fusent et Tony protège Yinsen. Il utilise le lance-flammes intégré à l'armure pour tirer des vagues de feu sur ses ennemis, qui commencent à prendre la fuite. La panique s'installe dans la grotte. Quand Tony cesse d'envoyer des flammes, il voit que la plupart des soldats sont partis, ne reste que l'homme barbu qui s'était caché derrière la porte pour éviter les flammes. Mais derrière lui, Tony sent qu'il n'y a pas que Yinsen, il y a quelqu'un d'autre.


- "Rends-toi, Stark. C'est un conseil plutôt qu'un ordre."


Tony se retourne. Wong-Chu, une partie du visage brûlée, tient Yinsen, le coude du criminel bloquant le cou du docteur, un couteau pointé en direction de son ventre.


- "Lâches le et on en reparle." annonce Tony.


- "Tu oublies dans quel sens ça fonctionne. Tu es dans MA base ! Encore une fois, l'américain veut tout s'approprier."


- "Expliques moi un truc, gros tas de merde. En quoi balancer un missile sur ton pays va aider ton peuple ?"


- "Les enjeux te dépassent. Tu crois encore que je mène la même guérilla qu'auparavant. Mes ambitions ont évoluées. Ma vision aussi. Bientôt, si tu daignes enfin obéir, tu pourras être témoin de la grandeur des évènements qui se pré -


- "Oh, la ferme."


Tony se sert de son autre bras pour envoyer un jet d'huile dans le visage de Wong-Chu, qui lâche Yinsen. Et alors que le docteur se réjouit, son expression change du tout au tout juste après que Tony ait entendu un coup de feu. Il se retourne, et voit que l'homme barbu vient de tirer sur Yinsen.


- "Non !!" crie Tony avant d'envoyer des flammes sur le barbu, qui jette un dernier regard à Stark avant de partir en courant. Wong-Chu se ressaisit et rattrape Yinsen, Tony se retourne mais avant qu'il puisse faire quoi que ce soit, le guérilléro tranche la gorge du médecin. Tony hurle, et fait brûler toute la pièce. Wong-Chu prend une des portes pour s'enfuir, Tony le suit. Mais alors que son ennemi court, Tony peine à aller vite dans son armure encombrante. Mais il finit par arriver dehors. Ébloui par la lumière du soleil, il prend quelques instants avant de voir clair et distinguer Wong-Chu en train de courir au milieu de ses hommes, qui regardent tous Tony l'air ahuri. Il remarque alors qu'ils se tiennent à côté d'explosifs, de missiles... sur lesquels il est marqué Stark Industries. Tony envoie un jet d'huile à proximité puis envoie des flammes. Tout explose. Aucun soldat n'est épargné par la déflagration. Tony enclenche les propulseurs placés sous ses pieds et s'envole, quittant la montagne qui commence à s'effondrer sous l'importance de l'explosion. S'il arrive à se maintenir dans les airs quelques instants, le poids de l'armure rend la stabilité hasardeuse, et il sent qu'elle commence à perdre de l'énergie. Il commence doucement à descendre en altitude. Il remarque bientôt un village, vers lequel il se dirige. Dans quelque chose qui se situe entre l'atterrissage et le crash, Tony perd quelques morceaux de son armure. Faible, il se dirige vers la maison la plus proche et toque.


Quelques instants plus tard, Tony est à table, encore mouillé de la douche qu'il vient de prendre, des habits neufs sur le dos : une chemise à fleurs bleues et un short beige. Il est dans une petite cuisine dont Tony apprécie la variété des murs, tous plus colorés les uns que les autres. Un homme, de taille moyenne, le visage transpirant la gentillesse et très agité, une femme de petite taille avec un visage plus dur essayant de calmer son mari et leur fils hypnotisé par l'armure, parlent à Tony en chinois, il ne comprend donc rien, mais il continue de leur sourire pour exprimer sa gratitude. Il regarde son armure posée dans un coin du salon, que le petit touche, comme s'il était capable de la réparer. Tony demande un téléphone en s'exprimant comme il le peut, avec des signes et des mots très articulés. Le père de famille lui en tend un. Tony saisit immédiatement un numéro.


- "Secrétariat de Stark Industries bonjour, que puis-je pour vous ?"


- "Pepper ?"


- "To... Tony ? C'est vous ??"


- "Oui. C'est moi, je..."


- "Oh mon dieu ! Qu'est-ce qui s'est passé, où êtes-vous ??"


- "Il faudra qu'on reparle des évènements de ces trois derniers mois. Je suis à Datong, c'est un petit village en Chine..."


- "Tony. Ne me dites pas que... c'est vous, tout ça ? La montagne, Wong-Chu ??"


- "J'ai dit qu'il faudra qu'on en reparle. Vous pouvez prévenir Rhodey ?"


- "Bien sûr, je m'en occupe."


- "Génial. Merci beaucoup, Pepper. J'ai hâte de vous retrouver."


- "Mais Tony... je n'ai jamais pu... enfin, j'ai pas eu le temps de... enfin, mes condoléances."


- "Pour ? Vous connaissiez ce médecin ?"


- "Qui ?"


- "Ho Yinsen, le médecin..."


- "Non, qui est-ce ?"


- "Mais... de qui vous parliez ?"


- "De vos parents, Tony..."


- "Quoi ?"


- "Ils sont décédés le soir de votre disparition... vous ne le saviez pas ?"


Tony lâche le téléphone.


- "Allô ? Tony ? Ça va ? Vous êtes là ?"


Le coeur de Tony s'emballe. Sa vision devient floue. Son ouïe perturbée par un long sifflement insupportable. Et il s'effondre, là, au milieu du salon.

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