Fusions

Chapitre 7 : Epilogue

Chapitre final

3677 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/06/2020 15:01

Logée dans le plafond de la cabine du commandant, la pale d'aération tournait doucement dans un bruit feutré. Toute la journée elle avait expulsé de l'air frais pour empêcher son unique occupant de transpirer, et puis le Normandy avait quitté son orbite pour rejoindre un relai et l'air éjecté était devenu tiède. Cela faisait maintenant plusieurs heures qu'aucune étoile n'était venue réchauffer la coque du vaisseau plongée dans le vide spatial. L'atmosphère à l'intérieur était en train de se refroidir sous les capteurs attentifs de l'IV. Progressivement elle commença à inverser ses programmes afin de les adapter au changement de température. Une partie des flux du dissipateur thermique du réacteur fut déviée vers les salles occupées et la pâle d'aération se mit à expulser de l'air chaud.

Le souffle se propulsa discrètement du plafond jusqu'au lit du commandant situé dessous, sans toutefois se faire remarquer par ses deux occupantes.

Les gémissements et les soupirs s'étaient tus il y a plusieurs heures déjà. Seul le silence régnait désormais dans la cabine, accompagné des lueurs rouges du tableau de bord qui éclairaient faiblement le couple sous la couette.

L'endroit était très confortable, idéal pour dormir. Sauf pour Liara, cette nuit-là.

Couchée sur son flanc gauche, l'asari observait le radio-réveil posé sur la table de nuit. Une nouvelle minute, aux allures d'heure, venait de s'écouler et elle ne dormait toujours pas. Contrairement à Shepard.

Lovée derrière elle, l'humaine respirait profondément contre sa nuque tout en la maintenant contre elle à l'aide de son bras posé sur ses seins. Un geste possessif qui tranchait résolument avec son comportement distant lorsqu'il faisait jour. Liara avait décidé d'en profiter, estimant qu'il était bien plus plaisant de se retrouver dans ce lit, les jambes entrelacées avec celles de l'humaine assoupie, plutôt que sur le terrain, paniquée, après que cette dernière ait jugé bon de l'envoyer en première ligne avant un assaut krogan.

Liara s'adaptait même si leur relation lui semblait toujours aussi étrange. Elle n'était personne, une archéologue asari sans nom sur l'échiquier galactique, et Shepard était Shepard, une humaine bien trop charismatique pour passer inaperçue. Et pourtant leurs deux esprits s'imbriquaient parfaitement ensemble, tout comme leurs corps nus à cet instant. Liara avait fait des recherches et en était arrivée à la conclusion romantique qu'elle et Shepard devaient partager la même signature hormonale. Une signature qui avait réussi à franchir la barrière de leurs deux espèces. Ce qui expliquait pourquoi elle aimait tant se retrouver contre elle, ou sur elle, ou même en dessous.

Une nouvelle minute s'écoula sur le réveil et Liara sentit la militaire se blottir un peu plus contre elle. Même endormis ses muscles ne déméritaient pas, ils protégeaient fermement le corps de l'asari avec une telle conviction qu'elle se sentait capable de surmonter n'importe quelle folie. Comme se battre contre plusieurs Spectres ingénieurs et les écraser avec sa force biotique. Ou bien passer la journée avec le lieutenant Alenko et l'écraser également, avec ses mots ou bien sa force biotique aussi. Cela ne dépendrait que de lui.

- "Arrête de réfléchir."

L'ordre venait d'être murmuré contre sa nuque, l'air chaud lui chatouilla la peau.

- "Je ne réfléchis pas.

- J'entends tes pensées d'ici", maugréa Shepard avant de lui déposer un baiser paresseux contre son omoplate nue. "Lâche prise, ferme les yeux et dors.

- Je vais essayer."

Et Liara essaya pour de vrai en éloignant les pensées qui la maintenaient éveillée. Elle se concentra sur le tableau de bord et ses lumières rouges simulant la nuit, tout en calquant sa respiration sur celle de la militaire qui se rendormait déjà.

Inspiration... expiration...

Lâcher prise...

Ne pas la réveiller une seconde fois...

Dans combien de temps devait-elle partir déjà ?

Elle regarda le réveil et fut rassurée. Il lui restait plusieurs heures avant que l'équipe du jour ne se lève. Elle pouvait encore profiter du commandant avant de la quitter pour rejoindre le dortoir commun, pour la bonne cohésion du groupe d'après l'humaine, et aussi pour maintenir son autorité à bord du vaisseau. Shepard appelait ça du professionnalisme, Liara de l'hypocrisie mais ce n'était pas très important. L'asari était patiente. Shepard finirait par accepter son côté sombre. Tout comme elle l'avait fait.

Elle ferma de nouveau les yeux et se laissa bercer par leurs deux respirations jumelles, blottie dans les bras chauds qui l'enserraient.

Le réveil afficha une nouvelle minute dans un silence complet. Et Liara rouvrit les yeux.

- "Je crois que ton équipage me déteste."

Shepard s'agita contre son dos, son bras quitta ses seins pour se poser sur son ventre.

- "S'il te plaît... Li.

- Ils se moquent de moi."

Ce n'était pas un problème nouveau. Et il ne pouvait pas être résolu, à moins de transformer la timide et sérieuse asari en aventurière de l'espace maniant le second degré aussi bien que les levés de coude dans les bars. Shepard traita donc l'information du mieux qu'elle put.

- "Mmmh.

- Je n'arrive pas à comprendre ce que je fais de travers.

- Mmmh.

- Shepard ?

- Je t'écoute", bredouilla la militaire en dissimulant son agacement. "Il s'est passé quelque chose aujourd'hui ?"

Une ouverture. Liara n'attendait que ça. Elle se retourna dans les bras humains pour lui faire face, et accessoirement pour l'empêcher de feindre son intérêt pour son problème existentiel. Bien joué, pensa Shepard, ça lui apprendra à poser des questions idiotes au lieu de faire semblant de dormir.

- "J'ai croisé le lieutenant Alenko ce midi dans le hangar", expliqua sérieusement l'asari. "Il regardait un match en holo avec l'assistant de l'ingénieur Adams, celui qui porte du verre sur les yeux.

- Carter.

- Oui voilà. Ils m'ont vue et le lieutenant m'a demandé si je m'intéressais à ce sport humain, celui que tu aimes bien et qui se joue avec une balle et un gant.

- Baseball.

- J'ai répondu que j'aimerais bien m'y intéresser mais que je ne connaissais pas les règles. Carter s'est proposé pour m'apprendre mais Kaidan lui a dit que c'était inutile car je savais déjà voler les bases. Et puis ils se sont mis à rire."

Shepard soupira tout en essayant de garder les yeux ouverts. Les militaires n'étaient pas réputés pour être très fins mais elle leur laissa tout de même le bénéfice du doute, l'asari ayant la fâcheuse tendance de surinterpréter la moitié des interactions sociales qu'elle subissait sur le vaisseau.

- "Qu'est-ce que Kaidan t'a dit exactement ?

- Que je savais déjà voler les bases et qu'il n'avait rien à m'apprendre.

- Et c'est tout ?

- Non, il a ajouté que les asaris étaient très fortes à ce jeu."

Un cliché xénophobe. Le dossier s'alourdissait.

- "Qu'est-ce que c'est qu'une base ?"

Liara la fixa avec son air contrarié et son regard intensément bleu, ceux des grands jours lorsqu'elle n'arrivait pas à comprendre quelque chose. Et Shepard se résigna à assouvir sa curiosité en lui donnant un cours improvisé d'EPS. Elle dormirait plus tard, dans le mako par exemple.

- "C'est un genre de support en forme de carré qu'on pose au sol, on marque des points en marchant dessus.

- Et ça se vole ?

- Pas au sens littéral mais oui, c'est une technique de jeu.

- Une technique... plutôt positive ?

- Très positive mais très risquée. Il faut que le joueur coure vers la base suivante dès que la balle est lancée, sans attendre qu'elle soit frappée par le batteur. S'il est suffisamment rapide et qu'il arrive à l'atteindre, alors on dira qu'il l'a volée.

- Je ne comprends pas bien le rapport avec moi."

Contrairement à Shepard qui comprenait très bien. Elle parlerait avec son lieutenant demain pour mettre les choses au clair, avant que la base en question ne lui colle un avertissement.

- "Kaidan n'a toujours pas digéré ton aide au sujet de notre pari", esquiva-t-elle en réprimant un bâillement. "Il a perdu gros ce jour-là, ignore-le le temps qu'il fasse son deuil.

- Et Carter ?

- C'est un bon gars, il n'a certainement pas voulu te blesser. La prochaine fois, parle-lui de Tito Alvarez, tu deviendras sa meilleure amie.

- Tito Alvarez", répéta l'asari songeuse alors que Shepard s'installait sur le dos, la main droite sous l'oreiller. "Ce nom me dit quelque chose.

- Bonne nuit Liara.

- Il n'a pas fait gagner son équipe en 2167 en réalisant un home run ?"

Shepard tourna la tête vers elle.

- "Heu... si. D'où tu sors ça ?

- Je ne sais pas... j'ai dû le lire quelque part.

- Tu as une sacrée bonne mémoire alors, c'est un joueur très peu connu sur Terre."

Liara fronça les sourcils en signe d'une concentration intense.

- "C'est étrange", marmonna-t-elle. "J'ai l'impression de le connaître.

- Tu ne veux vraiment pas dormir, en fait.

- Brun, très grand et avec un bijou en forme de croix sur l'oreille."

Un silence déroutant s'installa, à tel point que Shepard fut obligée d'admettre l'anormalité de leur conversation. Elle ne pouvait plus faire semblant, les connaissances de l'asari devenaient vraiment trop bizarres.

- "Et... tu sais d'autres choses comme ça ?

- Que je l'adore... non attend... c'est toi qui l'adores. Tu avais caché une de ses photos sous ton oreiller à l'orphelinat, tu ne voulais pas qu'un des autres enfants ne te la vole. C'était ton trésor... offert par une des surveillantes, une femme obèse qui aimait vous tricoter des bonnets de laine même en plein été... par la déesse, comment je peux savoir tout ça ?

- Tu as dû le voir lors d'une de nos fusions.

- Non Shepard, je ne me suis jamais permis de fouiller dans ta mémoire sans ton autorisation. Excepté le soir où... avec Aria... mais je ne suis pas remontée bien loin, quelques heures tout au plus. Jamais je n'aurai été plus loin. Même ivre."

L'appréhension de Liara était palpable et Shepard la rassura aussitôt en déposant un rapide baiser sur ses lèvres. Elles avaient déjà clarifié tout ça, il était évident que l'asari ne lui mentait pas.

- "Donc si je résume", se moqua la militaire de bonne volonté malgré l'heure tardive. "Tu sais qu'Alvarez a réalisé un home run en 2167, mais tu ne sais pas ce qu'est une base. Tu sais ce qu'est un home run au moins ?

- Non.

- Et tu pourrais citer l'équipe d'Alvarez à cette époque ?

- Encore moins.

- Tu te drogues ?"

La blague tomba à plat, Liara ne l'écoutait plus. Comme frappée par la pomme de Newton, elle venait de se redresser subitement sur le lit pour s'asseoir en tailleur, le buste tourné vers Shepard. La couette suivit le mouvement et se retrouva sur ses épaules, découvrant entièrement sa partenaire qui râla aussitôt... dans le vide, l'asari étant déjà ailleurs.

- "Peut-être qu'à force de fusionner", supposa-t-elle en schématisant à l'aide des ses mains. "Quelques morceaux de souvenirs se sont involontairement dupliqués dans le cerveau de l'autre. Comme une impression mémorielle, ou des réminiscences de souvenirs parcellaires qui ne sont reliées à rien, faute de connexion avec d'autres morceaux de mémoire.

- Si tu le dis.

- J'en avais déjà entendu parler mais je ne pensais pas ça possible avec une non-asari. Le phénomène doit fonctionner dans les deux sens, tu dois avoir des choses dans la tête qui ne t'appartienne pas, qui sont à moi.

- Peut-être."

Ou peut-être pas. Shepard était fatiguée et elle avait froid. Elle ne ferait pas d'effort supplémentaire pour encourager la nouvelle lubie scientifique de Liara. Cette dernière étant désormais de toute façon trop surexcitée pour en avoir réellement besoin.

- "Est-ce que tu connais la matriarche Jolenne ?

- Non

- C'était ma directrice de thèse. Peut-être le docteur Char Karshan ?

- Ça ne me dit rien.

- Et Saadi Telem ?"

Shepard hocha horizontalement la tête.

- "Les humains n'ont peut-être pas un cerveau capable d'imprimer ce genre de truc mémoriel", dit-elle en espérant ne pas avoir à subir la lecture de tous les noms connus par l'asari. Jamais elle ne passerait autant de temps dans le mako pour compenser.

- "Ou peut-être que le phénomène est totalement aléatoire et qu'il ne touche pas forcément les souvenirs les plus importants. Tu pourrais te rappeler de choses insignifiantes me concernant.

- Comme quoi ?

- J'ai 106 ans, il va m'être difficile de t'énumérer tous mes souvenirs insignifiants.

- Ton premier baiser ?"

L'enthousiasme de Liara s'éclipsa soudainement au profit d'une adorable couleur sombre sur les joues.

- "Shepard.

- Quoi, ce n'était pas insignifiant ?"

Liara détourna le regard avant de se murer dans le silence. Visiblement l'humaine venait de toucher un point sensible, sans le faire exprès. Et elle s'en voulut aussitôt.

- "Li ?", hésita-t-elle après s'être assise en face d'elle, sur le lit. "Désolée, je n'aurais pas dû insister.

- Je me rappelle du tien.

- Du mien ?

- Elle s'appelait... Michelle. Elle était humaine et professeur d'histoire... ta professeur d'histoire.

- Encore un de ces trucs mémoriels ?" se vexa le commandant au cerveau incapable d'en faire autant.

- "Comme pour Tito Alvarez, j'ai l'impression de la connaître comme s'il s'agissait de mon souvenir. Je la vois en train de me donner des cours, je la vois me sourire, me toucher et puis je la vois... oh."

Et Liara s'arrêta de parler pour fixer Shepard d'un air profondément peiné.

- "Elle t'a brisé le coeur", murmura-t-elle tout en ressentant le poids du vieux souvenir dans sa poitrine.

Shepard haussa des épaules. Parler de sa première fois lui était égal, l'épisode était ancien et oublié depuis longtemps. Elle était en revanche bien plus troublée par le fait que Liara puisse posséder autant de fenêtres ouvertes sur son passé. Et qu'elle puisse en parler si simplement et librement.

Shepard n'appréciait pas ce genre de moment, où le fossé culturel et idéologique entre leurs deux espèces devenait soudainement évident. Et où Liara s'éloignait d'elle. Parce que si l'échange de souvenirs était une chose naturelle chez les asaris, il en était autrement pour les humains et leur individualisme exacerbé. Au fil du temps, Shepard en avait pris conscience, au point de comprendre la véritable signification de la fusion. Ce que les humains pensaient être un simple mode de communication asari, dans le meilleur des cas, et dans le pire, un mode de reproduction bizarre, était en réalité la définition même d'une relation sérieuse et authentique dans leur culture.

Fréquenter intimement une asari revenait littéralement à fusionner avec elle, dans tous les sens du terme et pas seulement dans la chambre à coucher. À terme il ne pouvait plus y avoir d'individualisme. Ni de vie privée.

- "Maintenant tu sais pourquoi je ne fréquente plus que des asaris", plaisanta Shepard en ramenant la couette sur ses épaules. "Michelle m'a vaccinée.

- Tu... l'as revue depuis ?

- Non. L'année d'après je portais officiellement l'uniforme de l'Alliance, celui tant apprécié par les civiles. Je l'ai vite oubliée.

- Charmant", grimaça Liara avant de la repousser de la main alors qu'elle tentait de l'embrasser. "Tu devais être une étudiante exécrable.

- En histoire oui, j'étais nulle, et ça s'est pas arrangé quand j'ai appris que ma prof se tapait une autre étudiante."

Shepard se rapprocha une nouvelle fois et Liara n'eut pas le courage de la repousser encore. Leurs lèvres se rejoignirent tandis que la militaire la replaquait doucement sur le dos, son corps au-dessus du sien.

- "J'aurai adoré t'avoir comme prof", souffla-t-elle contre sa bouche.

- "Je n'enseignais pas l'archéologie aux militaires.

- Je t'aurai supplié", susurra l'humaine en glissant une main entre ses cuisses. "Et tu m'aurais appris comment creuser plus profondément et plus efficacement."

Liara se mit à rire en imaginant la scène.

- "Je t'aurais surtout prise au sérieux en te donnant une liste des meilleurs outils de minage sur le marché."

Shepard l'imita en pouffant à son tour avant de capter une réflexion fugace et de se figer. Quelque chose n'allait pas avec ses pensées. Elle releva la tête et lança un regard noir à l'asari.

- "Shepard ?" s'inquiéta cette dernière, toujours en riant. "Ma phrase n'était pas correcte ?

- Si elle l'est, mais... j'ai une référence bizarre en tête... un laser de minage Carlson and Peeters de modèle huit."

Et le visage de Liara s'illumina.

- "Tu t'en es déjà servi ?

- Non.

- Et tu sais ce qu'il a de si spécial ?"

Liara venait de poser brusquement sa main sur la sienne, l'empêchant d'aller plus loin dans ses investigations personnelles.

- "Shepard, concentre-toi. S'il te plait."

Et la militaire soupira.

- "Il possède un système de visée trilatéral breveté par Eldfell-Ashland Energy ? Et tu as essayé d'en voler un sur Thessia."

Une seconde s'écoula et l'humaine se retrouva sur le dos, poussée par sa partenaire qui venait de se lever d'un bond.

- "C'est absolument remarquable", s'écria-t-elle en ne tenant plus en place.

- "Evidemment", râla Shepard. "J'ai hérité de tes souvenirs les plus chiants."

Elle avait tellement espéré autre chose. Mais une fois de plus, Liara ne l'écoutait plus.

- "C'est fantastique", répéta-t-elle. "La fusion permet également de transférer des connaissances en plus des souvenirs. Je pourrai faire de toi une scientifique. Par la déesse, peut-être même une collègue ? Et tu pourrais me transférer ton expérience au combat et m'apprendre à me battre, comme toi.

- Je ne vais rien transférer du tout", déclara Shepard, pas très pressée d'avoir la tête de nouveau envahie par des lasers de minage à chaque fois qu'elle essaierait de coucher avec l'asari. "J'ai déjà assez à faire avec mes propres connaissances, je n'ai pas envie de me retrouver à trier tes trucs prothéens en plus.

- Je comprends", répondit distraitement Liara tout en enfilant son pantalon, sa veste déjà sur elle. "Ne bouge surtout pas, je reviens.

- Tu as écouté ce que je viens de dire ?

- Je vais aller chercher quelques datapads au laboratoire, dans des langues anciennes pour voir si tu sais les lire. Je pourrais même prendre quelques outils, pour vérifier si tu sais t'en servir.

Shepard baissa les bras. L'asari était à deux pas d'atteindre le sas, il était désormais inutile qu'elle s'échine à lui expliquer à quel point elle ne souhaitait pas travailler dans l'immédiat. Aussi passa-t-elle directement aux menaces.

- "Liara, je te préviens, si tu quittes cette cabine maintenant, tu n'y remettras plus les pieds."

L'avertissement porta ses fruits, la scientifique se retourna lentement, avant de montrer vaguement de la main une zone au-dessus de la table de nuit.

- "Shepard, il est l'heure que je parte.

- Je sais."

Elle ne le savait pas. Liara venait de le lui apprendre.

Pourquoi diable n'avait-elle pas regardé le réveil avant de la menacer ? L'équipe du jour était en train de se réveiller, Liara devait absolument partir pour ne pas enfreindre la règle. Sa règle.

- "J'ai peur de ne pas bien comprendre", hésita l'asari. "Tu me demandes... de rester ?

- Heu... je ne veux pas qu'on se précipite... à propos de ses souvenirs involontaires. Nous verrons ça à un autre moment.

- D'ac... d'accord. Et donc tu veux que je parte ?"

Dit comme ça, avec cet air déçu, Shepard passait définitivement pour une garce. Il s'agissait d'un non-dit entre elles, à l'heure convenue Liara partait d'elle-même, il n'y avait pas besoin de l'exprimer à voix haute. Ni de le placarder sur les murs de la cabine comme l'asari venait de le faire.

- "Tu dramatises encore les choses.

- Je ne les dramatise pas", se défendit Liara. "Je les assume.

- Tu recommences.

- Et toi tu ne sais pas te décider.

- Bon sang Liara, arrête ton cirque et reviens dans le lit."

Shepard se mordit la langue, ce n'était pas vraiment ce qu'elle voulait dire mais elle ne pouvait plus rejeter explicitement l'asari sans la blesser, voire l'humilier.

Liara la regarda intensément avant de se mettre en mouvement. Elle enleva alors sa veste et son pantalon et retourna se coucher.

- "Tu as hésité", grommela Shepard contre son dos une fois qu'elle fut installée dans ses bras.

- "Seulement quelques secondes.

- T'es pas croyable. Tu n'essayes même pas de nier."

Liara esquissa un sourire invisible avant de prendre sa main et d'entremêler leurs doigts. L'humaine se laissa faire tout en sentant ses muscles se crisper. La situation était exceptionnelle, elles ne devaient pas s'y habituer. Il n'y aura pas de précédent. Dès la nuit prochaine, Liara retournera au dortoir, que ça leur plaise ou non.

Son professionnalisme ne sera pas (plus) compromis.

Laisser un commentaire ?