Beyond the Stars

Chapitre 38 : Chapitre trente-huit

8366 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/11/2016 20:24

Chapitre trente-huit

Quelle galère. Quelle merdier. Plus il s’enfonçait dans le front, plus c’était le chaos.

« EDI, reporte l’énergie du boulier kinétique central sur les côtés. La défense sera plus équilibrée.

— Affirmatif. Proposition réaliste. »

Cela changeait des coups de sang du pilote. A ce stade des choses, il fallait à tout prix préserver le vaisseau et son énergie. Joker demandait régulièrement un état des lieux du Core. Lui demander trop en même temps n’était pas une bonne idée.

Un vaisseau Geth le prit en chasse. Encore un. Encore un qui allait sans doute se casser les dents face à la rapidité et la souplesse du Normandy. Joker soupira et se mit en mode poursuite. Cela devenait limite lassant.

EDI signala un appel de Hackett. Le cœur de Joker manqua un battement. Se pouvait-il que…

« A tous les vaisseaux qui peuvent encore m’entendre. » C’était très mauvais au niveau du son, mais on comprenait chaque mot prononcés par l’Amiral, mots que Joker écoutait avec une attention particulière tout en cherchant à semer son poursuivant, qui décidément, était plus coriace qu’il ne le pensait.

« Signal transmis. Je répète. Signal terrestre transmis. »

Le rythme cardiaque du pilote s’accéléra. Alors, ça y était. Elle l’avait fait. Ils l’avaient fait.

« Unités de toutes les Flottes en position pour l’Assaut. »

Wrex allait être content. Il allait pouvoir se dégourdir les jambes. Joker connaissait la suite du protocole. Il devait ouvrir le passage sur Terre avec la Flotte d’Orinia. Toujours en position d’éclaireur.

Étant actuellement pris en tenaille entre Quarians et Geths, il n’avait pas vraiment noté de revirement immédiat de situation. Pas de débandade dans les troupes, chacun étant bien occupé à tirer copieusement sur l’autre.

« Il commence à me courir, ce Geth ». Marmonna-t-il avant de programmer un tir destiné à se débarrasser du gêneur. Il n’avait pas le temps de faire mumuse avec la piétaille. Il y avait maintenant plus important à faire. Retourner sur Terre. Foutre la pâtée aux Reapers. Retrouver Shepard et les autres.

D’ailleurs…

Il contacta Wrex, avec qui il avait plus d’affinités, afin d’avoir des nouvelles du Commander. Il préférait poser la question à quelqu’un qui lui répondrait franchement, sans lui dire de se mêler de ses affaires et qu’il n’avait pas utiliser les canaux de transmission pour autre chose que la mission.

Le Krogan n’en savait rien. Il le laissa en plan le temps de prendre des renseignements. Il ajouta tout de même qu’il s’agissait de Shepard. Il ne s’inquiétait pas.

Joker, lui, ne partageait pas son optimisme. La joie et l’excitation d’apprendre que le signal fonctionnait avait laissé place à une sorte de pressentiment. Oui, c’était de Shepard dont on parlait. Justement. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle avait donné le tout pour le tout, sachant la situation. Et comme c’était une tête brûlée, une casse-cou… Dans cette situation extrême, il devinait bien qu’elle avait dû prendre des décisions radicales. Et comme elle avait un sens du devoir incomparable, il n’aurait pas été étonné qu’elle prenne le plus de risques pour préserver les autres. Et c’était bien ce qui lui faisait peur.

« Pas de nouvelles de l’équipe Shepard » répondit le Krogan.

Calme-toi. Calme-toi.

Cela ne voulait sans doute rien dire. Avec le bordel ambiant et les comms buoy à moitié HS, les communications avec la Terre n’étaient sans doute pas possibles.

Oui. Sûrement ça. Ils finiraient sans doute par réussir à contacter Shepard, ou bien Kaidan. Au pire Garrus. Enfin… l’un ou l’autre à terre. Quelqu’un de l’équipe. Qui leur dirait ce qu’il en était. Et puis, on l’enverrait, lui, comme toujours récupérer la joyeuse troupe. Et on donnera tout encore, pour achever l’ennemi. Pour terminer, enfin. Et tout sera fini.

Il vrilla, toujours cherchant à se débarrasser de cet enquiquinant suiveur. Il avait vraiment envie d’y passer, celui-là. Tant pis pour lui. Signalant à l’ingénierie la situation exacte, il demanda un tir de courte portée. Cela suffirait.

Et cela suffit.

Enfin libéré de cette gêne, Joker se mis en quête des autres vaisseaux de la Flotte qu’il était supposée accompagner. La zone attribuée à la Flotte d’Orinia était l’Europe. Celle d’Anderson s’occuperait des Amériques. Le Pacifique avait été attribué aux Hanars. L’Asie serait le terrain de jeux de Kirrahe. Le Salarian serait donc celui chargé d’assainir le terrain où se trouvait l’équipe Shepard. Toutefois, Joker restait persuadé qu’on l’enverrait la chercher. C’était toujours comme cela que ça se passait, non ?

« Orinia à Normandy ».

La Turianne était plus audible que l’Amiral Hackett. En prime, il y avait même le visuel. On ne se refusait rien. Joker lui jeta un coup d’œil distrait. Les femmes Turiennes lui laissaient un sentiment étrange. Elles semblaient très féminines, pour des Turians, mais en même temps, il sentait qu’elles étaient dangereuses. Tiens, cela lui rappelait quelqu’un.

« Je vous reçois bien, Primarch. » dit-il avec déférence. Il savait qu’il ne fallait pas faire le mariole avec elle. De toute façon, ce n’était pas dans l’air du moment. La Primarch lui demanda d’effectuer un vol de reconnaissance au dessus de leur zone attribuée afin de faire le point sur la présence ennemi. Rien de plus normal. Il s’exécuta donc. Comme la Flotte commençait à faire le ménage, parvenir dans l’atmosphère terrestre serait beaucoup plus simple que lors de son premier aller-retour. Il n’y avait donc pas la même appréhension, la même adrénaline. Mais cela lui faisait quand même quelque chose. Il allait voir. Il allait vraiment voir dans quel état était la Terre. Pour déposer Shepard en vitesse dans l’Himalaya, il n’avait pas pris la peine de regarder ce qu’il se passait. Là, il était vraiment en reconnaissance, ce qui impliquait une attention particulière au paysage. Il sentait bien que ça n’allait pas être joli-joli.

Il perça la stratosphère et il la vit. La Terre. Cette fameuse planète bleue, nostalgie de son défunt père. Ce dernier avait tellement aimé la Terre, d’où il venait qu’il avait souvent eu le mal du pays. Sur Arcturus, point de forêts, d’océans et de montagne. Que le métal de la station orbitale, chevron technologique à la pointe de son époque de construction. Cette nostalgie n’avait pas été pourtant suffisamment grande pour que son père retourne sur sa planète natale. Il était resté sur Arcturus, y ayant fait fortune avec son entreprise de construction de vaisseaux civils. Mais, son attachement pour la Terre, il l’avait exprimé chez lui, en faisant construire la Villa et son jardin artificiel, un luxe suprême pour un habitant d’une station. Joker se rappelait bien de cet éden, cet oasis de verdure dans la gangue de métal. Ce jardin que son père entretenait chaque jour, au risque d’en délaisser ses propres enfants. Il s’était toujours demandé ce qu’il faisait là-bas pendant des heures. A quoi pensait-il ? Que lui apportaient ses fleurs et ses arbres ? C’était sa fierté, son bonheur. Mais c’était fini, tout cela. Son père était mort et sa mère avait sans doute laissé pourrir le jardin. Elle n’avait jamais partagé la passion de son mari pour le jardinage. Et n’avait pas vraiment la main verte.

Penser à sa mère donna quelques frissons à Joker, ce qui lui rappela ses côtes légèrement fêlées. La douleur lui remit les idées en place, c’est-à-dire, focalisées sur ce qu’il se passait sous lui. Il en avait vu des scènes éprouvantes, des invasions en tout genre. Il avait assisté à la prise de Tuchanka, à la bataille de Menae, mais, il fallait être objectif, ce n’était rien à côté de l’état de la Terre. C’était comme s’il ne restait pratiquement rien. L’Europe était une sorte d’immense champ de ruines. Villes rasées, cratères nauséabond où se tassaient des cadavres, terre grise, en feu et en cendres… Et des Reapers… des Reapers partout. Aucune activité détectée selon les senseurs d’EDI. C’était étrange de voir désormais ces grandes masses noires immobiles, qui ne vomissaient plus par milliers des vaisseaux. Rien qu’en Angleterre, il en localisa dix. Le reste du continent ne s’annonçait guère mieux. Y avait-il au moins des rescapés ? Anderson avait parlé de résistance à terre, mais au vu de ce qu’il avait sous les yeux, Joker n’était pas très optimiste quand à sa survie.

Il avait le cœur à ne rien dire. Juste une boule au ventre. Il commença à énoncer son rapport à Orinia. C’était difficile à sortir, ça s’étranglait dans sa gorge. Quel carnage. Quelle horreur. Comment maintenant pouvoir dire que tout ceci n’avait pas eu grande importance. Comment ne pas se sentir coupable de ne pas avoir pu intervenir plus tôt ? On avait beau dire que la situation était extrême, qu’on n’avait pas pu faire autrement, cela mettait mal à l’aise de voir le résultat s’étaler sous ses yeux. Le constat était douloureux, amer. Même lui, il en avait la bile à la gorge. Bien sûr que la Terre n’avait pas été la seule victime,mais sûrement le plus touchée. Pourquoi ? Pourquoi ? Il en eût presque une poussée identitaire raciale. Être humain. Voilà sans doute la réponse.

La liaison avec Orinia était toujours aussi mauvaise. En plus du crachotis perpétuel dû aux pertes de nombreux relais de communications, il y avait désormais des interférences avec les autres Flottes qui faisaient leur descente sur Terre. Ainsi, Joker eut vent de ce qui se passait ailleurs, mais surtout… il attrapa le nom de Shepard au vol. Il n’avait pas rêvé, il savait qu’il avait bien entendu le nom de la jeune femme.

« EDI, isole le canal asiatique, si tu peux. »

L’IA promit de faire de son mieux. Et elle avait sacrément intérêt. Su coup, Joker avait quelque peu perdu le fil de sa propre mission. Orinia lui demanda si tout allait bien.

« Oui… Oui… » répondit-il distraitement. Maintenant, il avait une partie de son esprit qui était ailleurs. Avait-on retrouvé le Commander ? Où ? Comment allait-elle ? Il tentait de garder son calme mais il bouillait d’impatience d’en savoir plus. EDI n’allait pas assez vite à son goût. Et toute cette friture, ces crachouillis ! Merde ! Pourquoi n’avait-il pas été envoyé avec la Flotte des Salarians ?

EDI finit par nettoyer le signal et obtenir quelque chose de stable.

« Docteur Solus localisé. Blessé. » énonça une voix inconnue. Un Salarian, toutefois, à entendre sa manière de couper les phrases et de parler vite. Mordin blessé… Ça commençait mal.

« Se trouve dans station de relais. Humain Jacob Taylor est avec lui. Sujet Zéro identifié. »

Et ça s’arrêta là. Le Salarian ne continua pas la liste, dressant l’état du lieu où se trouvaient les trois rescapés. Et Shepard ? Où était-elle ? Pas de Garrus ? Et Kaidan, Liara, Legion ? Comment se faisait-il que ces trois-là seulement étaient là où se trouvait l’objectif ? Quid des autres ?

Joker commençait à sentir une sueur froide lui dégouliner dans le dos. Le silence. Il crut qu’EDI avait perdu le signal. Non, un autre Salarian prit la parole.

« Terrain difficile d’accès. Éboulements. Accidenté. Envoi équipe récupération. »

Quoi ? Non ! C’était à lui d’y aller, c’était son rôle.

« Lieutenant Moreau ? » Il avait perdu le fil de sa conversation avec Orinia. Il ne répondit pas. Il était en attente, le souffle court, en attente d’entendre que Shepard était en visuel, qu’elle était là… Qu’elle…

« EDI, réactive le radar. Je veux voir si on peut localiser tout le monde. » A cette distance, c’était possible. Oui, c’était possible.

« Je ne peux pas, Jeff. Trop de saturations dans les signaux, trop d’interférences. La portée de leur est trop courte, le signal ne passe pas. »

Il passa une main sur son visage. Alors ? Alors ? Mais qu’est-ce qu’ils foutaient ces Salarians ?

Encore une fois, il entendit Orinia l’interpeller. Il marmotta quelque chose et se força à continuer sa mission de reconnaissance. Mais il n’était plus aussi concentré. Maintenant, la majorité de ses pensées étaient orientées vers ce qu’il se passait là-bas, dans l’Himalaya. Attendre. Attendre d’y voir plus clair. Entendre qu’ils avaient Shepard. Qu’elle était là, prête à en découdre pour la dernière bataille. Mais rien. Il n’aimait pas cette histoire d’éboulis. Les éboulis et Shepard, ça n’avait jamais fait bon ménage.

Si seulement, il pouvait aller voir sur place.

« Avons récupéré Solus, Taylor et Sujet Zéro. »

Les Salarians toujours aussi efficaces. Il savait qu’il n’aurait pas accès à ce que les trois rescapés allaient dire. Il attendit encore, continuant distraitement à informer Orinia sur l’état des lieux. Elle allait bien finir par se douter de quelque chose. D’ailleurs, elle lui fit la remarque qu’il avait l’air absent. Il répondit qu’il était un peu remué. C’était suffisamment vague pour qu’elle l’interprète comme elle le voulait.

Allez.

Allez. Dites quelque chose.

« Quarians dans la zone. Compte rendu de l’Amiral Tali’Zora vas Normandy. Zone nettoyée et couverture aérienne pour permettre la mission. Bombardements. Dommages collatéraux inévitables. Le Dr Solus a expliqué qu’il y avait une avarie sur l’antenne. Shepard partie seule pour réparer. Mise en route manuelle. Succès. »

Mais ?

Il y avait sûrement un mais. Sinon, il ne sentirait pas la tension dans la voix du Salarian qui continuait d’énoncer les infos à grande vitesse. Mentalement, il essaya de comprendre ce qu’il s’était passé. C’était évident. Shepard avait voulu sortir en solo pour préserver les autres. Sans aucun doute. Et avec ces bombardements…

Ah. Il n’y tenait plus !

« Shepard MIA. »

Autrement dit. Aucune trace de Shepard. Shepard avait tout simplement disparu. Et ces bombardements… Et ces éboulis. Shepard ne faisait pas bon ménage avec les éboulements.

« EDI, change les coordonnées de vol. »

L’IA ne prit même pas la peine de protester. Savait-elle que c’était inutile, ou bien approuvait-elle l’initiative ?

Au diable la mission. Au diable l’Europe. Orinia et tous les autres. La zone ne représentait pas de danger immédiat pour les vaisseaux Turians et Krogans. Qu’ils se démerdent.

« Moreau ? Vous me recevez ? » Si ce n’était pas de l’agacement, il ne savait pas ce que c’était.

« Désolé, Primarch. Zone hors de danger immédiat. Pouvez y aller. »

Ce n’était pas très réglementaire mais il s’en contrefichait. Là, maintenant, il ne voulait qu’une chose, mettre le cap vers Shepard.

« Ne viens pas me chercher. »

C’était ce qu’elle avait dit. Qu’il la laisse. Quelque soit la situation. Mais il n’était pas foncièrement utile, là. Quelqu’un d’autre pouvait prendre sa place. N’importe qui. Elle l’avait fait, ils avaient maintenant le contrôle de la situation, il n’y avait plus qu’à éliminer les Reapers de manière plus conventionnelle. Cela durerait longtemps. Même muselés, ils restaient coriaces. Leur structure était difficile à endommager. Cela prendrait du temps. Et il faudrait attendre que tout soit terminé pour qu’il s’occupe d’elle ? Non. Ça, hors de question.

Ce n’était pas la première fois qu’il n’en faisait qu’à sa tête. Ce n’était pas la première fis qu’il était livré à lui-même. Certes, il désobéissait clairement à son ordre direct. Mais il avait les circonstances pour lui.

Et puis, peu importait les conséquences. Homme de Shepard, il devait aller là où était Shepard. Point. La mission à terre était finie, c’était le temps de la récupération. Et ce coup-ci, c’était lui qui décidait du moment. Parce que c’était comme ça. C’était dans ses tripes. Il ne voulait pas y réfléchir. Quand elle lui avait dit de ne pas venir la chercher, il n’avait pas cru que cela puisse si mal se passer. Certes, c’était dangereux, très dangereux. Mais il y avait toujours eu une partie de lui qui disait que ça se passerait bien. Qu’elle disait juste ça pour la forme. Parce qu’elle devait lui dire.

Et là, ça se passait mal. Comme quand elle était la dernière à quitter la base des collecteurs. Il n’avait pas réfléchi non plus quand il avait quitté son siège et qu’il avait cherché à la couvrir de tirs aléatoires. Quand elle avait sauté et qu’il avait tendu sa main, tout en sachant que cela allait être impossible pour lui de la remonter seul. Il n’avait pas réfléchi. Là, non plus, il ne voulait pas réfléchir.

Orinia l’interpela encore. Elle avait vu qu’il quittait la zone.

« Lieutenant Moreau ? Que faites-vous ? Vous devez continuer la mission de reconnaissance !

— Désolé, Primarch. Mais j’ai quelqu’un à aller chercher. »

Il calcula la trajectoire suivante, vérifia les niveaux d’énergie du vaisseau.

« Laissez les Salarians se charger de Shepard. Vous êtes sous mes ordres ! Retournez sur zone ! »

La Primarch s’énervait assez vite. Elle devait avoir compris qu’il ne l’écouterait pas.

« Moreau ! Retournez sur zone ! »

Non.

Hors de question.

« Lieutenant Moreau. Vous avez été assigné aux ordres d’Orinia. » Voilà qu’Anderson s’y mettait. La Turianne n’avait pas mis longtemps avant d’aller pleurer dans ses jupes.

« La situation est suffisamment compliqué pour que vous n’en fassiez qu’à votre tête. » Comme s’il ne le savait pas. Que c’était compliqué. Mais il ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas comprendre que ses tripes hurlaient, qu’il était dans un état de stress si intense que chacun de ses os le faisait désormais souffrir. Il n’était plus que douleur et expectative. Il voulait se rendre sur place. Il voulait être là pour voir, pour savoir. Il voulait voir de ses propres yeux. Il ne pouvait se résoudre à l’idée qu’elle était coincée sous des rochers, qu’elle avait simplement disparu. Il voulait aller la chercher.

« Le Normandy est le vaisseau de Shepard. Nous sommes l’équipage de Shepard. Je ne fais qu’aller là où se trouve notre Commander. » Rejoindre le chef. Rejoindre Shepard. Aller là où était leur place.

« Ne soyez pas ridicule, Lieutenant. Vous avez reçu l’ordre du Commander Shepard de rejoindre la Flotte. Vous faites preuve d’insubordination ! »

Et après ? il s’en foutait royalement. Les conséquences ? Peu lui importait, maintenant. Là, ici, tout de suite, il ne voyait pas plus loin que ce que lui dictait tout son être : voler plus vite, traverser le continent et la retrouver.

Anderson continua ses injectives jusqu’à ce que Joker demande à EDI de couper le canal. Il n’avait pas besoin qu’on lui rabatte les oreilles de propos qu’il n’écouterait pas. Rien ni personne ne le ferait changer d’avis.

« Vaisseau Geth à dix heures. »

Il venait d’entrer dans la zone asiatique. En effet, les Quarians étaient sur place. Aux prises avec leur ennemi de toujours, les Geths. Et là, encore, ça tirait de partout. Un vrai bordel. De plus, les Salarians n’avaient pas eu la prudence mesurée du Primarch. Ils avaient commencé à bombarder allègrement les Reapers. En clair, c’était encore une fois un joyeux bordel qui se dressait entre lui et Shepard. Il inspira profondément. Il passerait. Coûte que coûte.

Elle essayait de résumer la situation.

A bien y réfléchir, il n’y avait qu’un mot pour qualifier ça.

Merde.

Elle était vraiment dans la merde.

Elle avait beau prendre le problème par n’importe quel bout, la conclusion était sans appel. Elle était coincée. Coincée sous des roches, dans une bulle d’air providentielle qui ne tarderait pas à s’épuiser si on ne la sortait pas de là. Et comme la situation devait sûrement être chaotique dehors, elle devait s’attendre à finir ici.

Crever de cette façon grotesque ne lui plaisait pas du tout. Elle aurait préféré finir aplatie par les éboulis, si elle avait eu le choix entre l’un ou l’autre. Là, elle se retrouvait face à face avec elle-même et la seule chose qu’elle pouvait faire, c’était de se noyer dans ses pensées en attendant la fin. Ou bien, elle avait toujours la possibilité d’en finir de manière expéditive. L’idée lui traversa furtivement l’esprit.

Elle soupira. Se cala un peu mieux dans le recoin qui lui servirait de cercueil. La douleur de son bras était à peine supportable. Sa jambe gauche n’avait pas l’air en très bon état non plus. Elle ne savait plus très bien comment elle s’était débrouillée pour ne pas finir écrasée par une roche. L’instinct de survie fait parfois faire de drôles de choses. Pourtant, elle aurait pu s’arrêter là. Après tout, elle avait fait ce qu’on attendait d’elle.

Elle se demanda ce qu’il se passait dehors. Elle ne savait même pas si ça avait fonctionné. Elle n’entendait rien. Rien. Juste le silence. Et la pulsation de son sang à ses tempes. Elle soupira de nouveau. Elle se sentait si lasse. Fatiguée… Elle tenta de bouger à nouveau son bras pour se remettre dans une position plus confortable mais elle stoppa net son geste à cause de la douleur. Merde. Elle pesta entre ses dents.

C’était étrange. Elle n’était même pas paniquée. Elle se sentait plutôt…sereine. Comme si elle était en paix. Le Commander avait tout donné. Ce qui se passait au-dehors n’était vraiment plus de son ressort. Elle eut un rire un peu fou. Oui, tout à fait. Elle n’était pas vraiment indispensable.

Elle fit tout pour ne pas penser à Jeff. Elle l’avait prévenu. Il savait qu’elle risquait de ne pas revenir. La jeune femme n’avait même pas de sentiment de révolte. Ils avaient passé des bons moments ensemble et elle ne regrettait pas de les avoir vécu. A la limite, cela rendait l’idée de sa mort prochaine plus supportable.

C’était étrange, cette sensation de tranquillité. Cela ne devrait pas être ainsi, elle devrait se battre, tenter de sortir. Mais elle savait que c’était de l’oxygène inutilement gâché. Gâché… Comme s’il fallait l’économiser. A quoi bon ? De toute façon, le bordel était sans doute maître à la surface. On ne s’occuperait d’elle qu’après et c’était bien normal. Après tout, elle avait montré qu’elle était capable de s’en sortir seule. Elle était même revenue d’entre les morts… Sa réputation, enfin, celle qu’on avait construite pour elle la rendait invincible.

Elle eut encore un rire. Qui se prolongea, qui s’intensifia. Elle perdait la raison. L’oxygène était donc devenu déjà si rare qu’elle avait déjà les premiers signes d’un manque ? Elle n’arrivait même pas à avoir une pensée cohérente.

Le cliché de la vie qui défile devant les yeux avait toujours été une connerie pour elle. T’as pas le temps quand tu te prends une balle ou quand tu es happée dans le vide et que l’alimentation en oxygène est percée. Et que tu étouffes. Vite. Tu te débats et finalement. Plus rien. Elle ne savait plus.

Là, elle allait finir par sentir ses sens s’engourdir, ses pensées dérivées, se mêler, sa respiration se fera plus difficile. Elle savait comment cela allait se passer. Quelques semaines plus tôt, cela l’aurait angoissée, rappelant sa courte agonie dans l’espace.

Non, là, elle se sentait bien. Comme dans un cocon. Elle se roula en boule, entourant ses genoux. Se repliant sur elle-même. Elle ferma les yeux. Elle écouta simplement les battements de son cœur. Le sang qui circulait dans ses tempes. Le bruit de ses entrailles qui gargouillaient doucement.

Et puis un grattement.

Imperceptible.

Qui devenait de plus en plus fort.

Ca se rapprochait.

Elle retint sa respiration un instant afin de focaliser toute son attention dans son ouïe.

Les grattements continuaient. Ca venait du dessus.

Non, elle ne rêvait pas. La douleur de son épaule et de sa jambe étaient si présents qu’elle était bien sûr qu’elle ne rêvait pas. Elle n’était pas en train de délirer et d’imaginer ces bruits. Elle ne nourrissait pas l’espoir fou qu’ils existaient. Elle attendit donc.

Elle attendit simplement. Parce qu’elle n’avait que ça à faire, parce qu’elle n’avait plus la force de se secouer,de pousser vers le bruit. Parce qu’elle voulait rester concentrée sur ces grattements. Être certains qu’ils existaient.

La poussière commença à lui tomber dessus et quelques cailloux la rejoignirent. Allons, bon, en fait, c’était simplement le sol qui s’effondrait sur lui-même. Elle soupira. Plongea la tête entre ses genoux.

Elle sentit l’air de l’extérieur en premier. Puis cette voix…

« Vous croyez que c’est le moment de faire un somme ? »

La surprise était telle qu’elle releva la tête brutalement. La douleur fut immédiate et elle poussa un cri entre ses dents serrées.

A travers un trou qu’il avait creusé lui-même, Garrus la regardait d’un air soulagé.

Shepard voulut crier son nom mais ce fut une quinte de toux qui fit surface entre ses lèvres sèches. Elle reprit son calme, inspira et expira plusieurs fois cet air nouveau. Cela lui redonna un second souffle.

« Qu’est-ce que vous faites là ? » fut la première chose qui lui vint à l’esprit.

Comment avait-il pu savoir qu’elle était terrée ici, prête à accueillir la mort dans ce trou minuscule ?

« Disons que votre balise est toujours active et que je passais dans le coin. »

Il commença à déblayer les roches autour du trou qu’il avait réussi à faire tout en lui expliquant qu’il avait fini par atteindre la station, non sans mal. Mordin lui avait fait un rapide récapitulatif. Jacob lui avait fait part de son inquiétude à son sujet. De toute façon, il avait déjà pris la décision d’aller à sa rencontre quand Mordin lui avait dit qu’elle était dehors. Il avait rapidement retrouvé le chemin indiqué par le Salarian. Puis, il avait vu le Reaper. Faisant fi du bon sens, il avait y continué sur sa lancée au lieu de se mettre à couvert. Son intuition lui avait dit que la cible de ce Reaper-là ne pouvait qu’être une menace directe pour sa survie. Autrement dit, le Reaper visait clairement Shepard. Il ne se préoccuperait pas du tout d’un Turian qui faisait de l’alpinisme. Une fois la distance entre lui et le Commander réduite, il avait réussi à récupérer son signal. Il n’y avait plus qu’à suivre. Et puis, tout s’était effondré. Le Reaper avait tiré une dernière salve avant que Mordin n’active le module de Presalia. Puis, l’immense structure s’était immobilisée. Comme figée. C’était quelque chose d’impressionnant. Garrus avait d’ailleurs attendu quelques instant, sans oser respirer, de peur que le Reaper s’anime de nouveau. Il avait ensuite retrouvé le signal de Shepard.

« Et j’ai donc trouvé une occupation pendant que nos amis Quarians et Salarians bombardent allègrement la zone et s’attaquent au Reaper. »

Il retira encore une roche. Elle n’était pas si profondément enterrée que cela, en fait. Cependant, Garrus avait dû user d’explosifs avant d’arriver si facilement à retirer les blocs. C’était toujours utile, les explosifs dit-il avec un rictus. Shepard n’osait pas bouger pour l’aider. Elle avait peur que le moindre faux geste ne fasse tout capoter. Elle attendit donc patiemment que Garrus ait fini de son côté. Ce faisant, il devisait avec humour, comme si rien de particulier ne se passait autour d’eux. Moyen pour lui, savait Shepard, d’évacuer son inquiétude et son stress. Elle devinait qu’il avait eu peur de ne trouver que son cadavre.

« Vous devriez pouvoir vous faufiler. » dit-il au bout d’un moment. L’ouverture semblait assez large, en effet. Elle tenta donc de s’extraire de sa retraite. La douleur de son épaule était fulgurante. Sa jambe blessée l’handicapait. Elle fit une première tentative mais ne put que hurler de douleur quand elle chercha à se hisser.

« Merde. » pesta-t-elle entre ses dents. C’était pire qu’elle ne le croyait. Si elle ne pouvait pas tenir debout, c’était fini pour elle. Garrus comprit qu’elle avait besoin d’assistance. Il déblaya encore un peu l’ouverture, afin de pouvoir y passer les bras. Shepard se leva de nouveau, s’engagea dans le trou, prit appui du mieux qu’elle pouvait sur les roches qui se trouvaient autour. Le Turian la hissa, arrachant encore quelques cris de douleurs qu’elle ne parvenait pas à retenir. Puis, elle fut délivrée.

Ce n’était pas profond. Au jugé, il n’y avait au jugé que deux mètres de rochers au dessus d’elle. Elle n’avait pas été recouverte par des mètres cubes. Garrus aurait eu plus de mal à la trouver. Il avait commencé par faire un gros trou avec ses explosifs puis plus minutieusement s’était échiné à bouger les amas de pierres qui se trouvaient au dessus d’elle. Un vrai travail qui lui avait pris un bon moment. Elle avait tellement perdu la notion du temps dans son trou qu’elle ne savait plus vraiment. Le Reaper gisait sur le flan, désarticulé. Elle n’avait même pas entendu sa chute. Délirait-elle à ce moment là ?

La tête lui tourna et elle dut s’asseoir pour reprendre ses esprits. Elle avala tout l’oxygène qu’elle put dans ces conditions extrêmes. Son casque était perforé, inutilisable. Elle s’en débarrassa. Au vu de sa condition physique, elle ne sentait qu’une grosse gêne à cette altitude. Mais cela l’affaiblissait. Avec ses blessures, c’était à la limite du supportable. Elle serra les dents. Il fallait tenir. Encore un peu.

Garrus la regardait. Il avait vraiment l’air soulagé. Las aussi. En même temps, il avait du parcourir un chemin sinueux en montagne, trouver un moyen de rallier l’objectif seul dans des conditions difficiles. Et puis, il était venu la chercher. A bien y réfléchir, cela ne l’étonnait pas. Elle avait toujours su qu’elle pouvait compter sur lui. Ensemble, dès le début. Elle n’hésitait jamais à lui confier sa vie. Un véritable ami.

La jeune femme chercha à se lever de nouveau. Ce n’était pas le moment de faire du sentimentalisme. Sa jambe la lançait encore. Avec son armure, elle ne pouvait pas vraiment voir ce qu’elle avait. Juste qu’elle était enfoncée au niveau du mollet. Pas bon. Pas bon du tout. Il n’y avait pas de sang qui suintait, c’était déjà ça. Mais elle ne pouvait pas dire si la protection de son mollet avait perforé la chair ou non. Elle avait juste un mal de chien.

Garrus se précipita. Il n’y avait pas d’autre alternative que d’accepter son assistance pour se mouvoir. Ils allaient être des cibles faciles, là, avançant en clopinant au milieu du tumulte. Le Reaper était tombé mais les Geths continuaient leur cirque avec les Quarians. Shepard leva la tête. Elle voyait le ciel de manière plus dégagée. Les vaisseaux de la Flotte Nomade soutenus par ceux des Salarians.

« Kirrahe, hein ? dit-elle.

— Il semblerait bien. »

A force de regarder, Shepard se rendit compte qu’il y a avait aussi des Geths de leur côté. Contre leur propre camp, qui était devenu l’ennemi. Comment pouvaient-ils encore soutenir le combat alors que les Reapers semblaient être enfin en position de faiblesse ? L’hérésie. Legion lui avait bien expliqué comment fonctionnaient les Hérétiques. Ce serait jusqu’au bout. Jusqu’à la destruction. Leur programme était bien trop corrompu. Il n’y avait plus rien à faire pour eux que de les éliminer. C’était finalement pas mieux que les Husks et autres horreurs crées par les Reapers. Shepard regarda les tirs échangés, les bombardements qui embrasaient le ciel. C’était comme une sorte de purge. oui, c’était ça… à présent, il fallait nettoyer.

Elle sentit son esprit s’embrumer petit à petit. Garrus lui donna un petit coup d’épaule.

« Restez avec moi. »

Elle hocha la tête. Oui.. Il fallait qu’elle ne sombre pas. Elle avait si mal. Mais elle devait tenir.

Encore un peu.

Shepard leva à nouveau la tête pour observer le ciel. Les tirs de Blasters résonnaient à ses oreilles. Mélange de vaisseaux hétéroclites. Bataille désordonnée. Elle ne savait pas où poser les yeux. Elle savait que Tali était là haut. Est-ce que Kirrahe avait récupéré les autres ? Qu’en était-il de l’équipe de Kaidan ? Tout cela s’emmêlait dans sa tête. Trop de choses, trop de choses à demander. Et elle savait que Garrus ne pouvait pas lui répondre. Tout ce qu’ils pouvaient faire tous les deux, c’était avancer. Avancer jusqu’à trouver une présence amie à terre. Où qu’un vaisseau allié les repère. Mais les vaisseaux semblaient trop occupés à combattre là-haut.

Soudain, son regard accrocha quelque chose. Un vaisseau qui filait à travers le ciel, telle une météorite qui tombait droit vers la Terre. Une silhouette que le Commander aurait reconnu entre mille. Son cœur manqua un battement. La vitesse, l’angle de pénétration dans l’air… Tout cela n’était pas normal. Le Normandy ne se faufilait pas à travers la bataille.

Non.

Le Normandy obliquait droit vers le sol.

Des images du passé, des souvenirs qu’elle croyait avoir enfouis au fond de sa mémoire lui revinrent à toute vitesse. Le Normandy attaqué par les Collecteurs, sa carlingue fissurée dans un grand éclat de lumière et de flammes déchirant les lettres peintes de son fier nom, filant à toute vitesse vers sa première fin, s’écrasant sur le sol d’Alchera.

Aucune capsule de sauvetage ne semblait avoir été larguée, ce qui laissait penser que tout l’équipage était encore à l’intérieur du vaisseau. L’esprit du Commander se dirigea tout droit vers son équipage, sans doute ballotté par les vibrations causées par le frottement de l’air. Pourquoi n’y avait-il pas eu d’évacuation ? Et surtout que faisait le Normandy ici ? Elle ne savait pas qu’il avait été mis avec les Salarians. D’après ce qu’elle se souvenait du plan, le vaisseau devait accompagner la Flotte d’Orinia.

Elle comprit vite qu’une fois encore, Jeff n’en avait fait qu’à sa tête.

Il était venu la chercher.

Il n’avait pas pu s’en empêcher.

C’est alors que Shepard aperçut un vaisseau Geth qui arrosait le Normandy d’un feu nourri. Le vaisseau fonçait comme une étoile filante, sa trajectoire dangereusement oblique. Le rythme cardiaque de Shepard augmenta. Y avait-il encore quelqu’un de vivant à l’intérieur ? Son cerveau hésita avant de penser : le pilote était-il encore en vie ?

Garrus reporta son poids sur son épaule, ce qui la fit revenir à leur propre situation. Non loin d’eux, un amas de rochers éclata. Tir perdu. Ils étaient à découvert, obligés de traverser un espace dégagé pour continuer. Leur marche était lente à cause de sa jambe blessée. Mais le geste de Garrus n’était pas qu’une question de confort. Sans s’en rendre compte, la jeune femme s’était arrêtée.

« Ne restons pas là, Shepard. » insista le Turian. Il la tira vers un amas rocailleux qu’ils avaient avisé quelques instants auparavant. Shepard se laissa guider, cherchant d’un regard angoissé son vaisseau dans le ciel enflammé.

Le Normandy redressa miraculeusement sa trajectoire, serré de près par le vaisseau Geth. Malheureusement pour l’ennemi, le pilote n’avait pas l’habileté de Joker. Il s’écrasa au beau milieu d’un défilé de rochers aux arrêtes saillantes. Le Normandy ne s’en tira pas sauf, hélas. Elle disparut derrière une montagne. Il était facile de deviner ce qu’il allait se passer.

« Non ! » fut le seul cri misérable qui s’échappa de la gorge de Shepard.

La configuration du terrain n’était pas idéale pour un atterrissage forcé. Le vaisseau avait dû éclater, brisé en morceaux, répandant son contenu épars… Des images horribles commençaient à se former dans l’esprit de la jeune femme. Elle ne voulait pas penser à son équipage, coincé sans doute de la carlingue et surtout, elle ne voulait pas penser à lui, prisonnier de son cockpit, incapable de s’en sortir seul…

Sa respiration s’accéléra brutalement, chaque souffle lui déchirait la gorge. Elle sentait qu’elle perdait contrôle d’elle même. Elle ne parvenait plus à penser, elle fixait le ciel où s’était trouvé le Normandy quelques instants auparavant. Plus aucun son ne lui parvenait. La douleur de ses membres s’estompait. Son esprit s’atténuait. Tout devenait trouble. Elle ne sentait même pas que Garrus la secouait doucement en l’appelant. C’était comme un trop plein. Un trop plein qu’elle n’arrivait pas à gérer. Ce n’était pas le moment.

Il fallait qu’elle se ressaisisse. Mais elle n’arrivait pas à se focaliser sur autre chose. Juste cette respiration erratique, bruyante.

Une attaque de panique.

Et elle ne parvenait pas à se calmer.

Même Garrus ne pouvait pas la faire revenir.

Trop.

Blessée.

Physiquement.

Psychologiquement.

Fatiguée.

Court-circuit du cerveau.

L’ouïe qui s’éteint. Plus aucun bruit ne lui parvenait.

Le toucher qui s’estompe. L’armure ne pesait plus rien.

L’odorat qui disparaît. Elle se sentait plus l’odeur de pourriture.

Le goût qui s’efface. La cendre dans sa bouche était sans saveur.

La vue qui se trouble. Elle ne voyait plus rien que le ciel en flammes.

Mise en veille pour éviter l’implosion.

Perte de connaissance.

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