Les Ombres et les Murmures
L’hôpital t’avait relâchée sous condition : repos strict. Allongée dans ta chambre à Nevermore, tu te sentais comme prisonnière de tes propres murs. Mais, à chaque visite, les élèves tentaient d’adoucir ton quotidien.
Les sirènes déposaient des fleurs dans des vases, Ajax t’apportait des livres, et même les plus discrets passaient te glisser un mot d’encouragement.
Tu les remerciais d’un sourire doux.
— « Vous n’êtes pas obligés, vous savez… »
Mais ils insistaient.
Tu étais devenue, malgré toi, le cœur battant de Nevermore.
Une nuit, Tyler entra discrètement dans ta chambre. Il s’installa à ton chevet, glissant un oreiller sous ton dos pour t’installer plus confortablement. Ses mains étaient tremblantes mais pleines de tendresse.
— « Tu n’as pas idée comme j’ai eu peur de te perdre… » souffla-t-il.
Tu lui serrais la main, émue par la sincérité dans sa voix.
Il continua, les yeux brillants :
— « Je n’ai jamais connu ça. Quelqu’un qui m’accepte, qui m’apaise. C’est toi et personne d’autre. »
Un silence doux s’installa, brisé seulement par ton souffle et le tic-tac de l’horloge. Pour la première fois depuis longtemps, tu te sentais… en sécurité.
Pendant ce temps, ailleurs dans Nevermore…
Wednesday, assise dans le jardin de pierres, fut soudain traversée par une vision.
Elle vit ton bébé, ses yeux brillants fixés sur Tyler, et au lieu de chaos et de sang, elle vit… de la lumière.
Un équilibre fragile, mais réel.
Un lien qui sauvait Tyler du monstre en lui.
Quand la vision s’éteignit, Wednesday resta figée. Pour la première fois, elle doutait de son jugement.
Et ce doute attira une ombre familière.
Morticia Addams, vêtue de noir, s’approcha de sa fille. Ses yeux étaient sombres mais doux.
— « Tu savais, Wednesday. Tu as vu la vérité. Pourquoi l’as-tu cachée ? »
Wednesday baissa les yeux, chose rare.
— « Parce que je pensais que ce bébé était une menace. Et parce que… je n’aime pas perdre. »
Morticia soupira, posant une main élégante sur l’épaule de sa fille.
— « La véritable menace, ma chère, c’est de refuser l’évidence : cette enfant n’est pas un danger. Elle est une bénédiction. Pour Tyler. Pour Nevermore. Et peut-être même pour toi. »
Wednesday détourna le regard, mais ses yeux brillaient d’un éclat inhabituel.
Le lendemain, Enid vint te voir, un panier de fruits dans les bras. Elle s’assit timidement à côté de ton lit.
— « Tu sais… c’est moi qui ai parlé à Morticia. Je ne voulais plus que tu sois seule. Tu as déjà trop perdu. »
Tu te raidis. Les souvenirs te traversèrent : ta mère disparue trop tôt, ton père absent, et cette vieille tante qui t’avait toujours rejetée à cause de ton pouvoir. Ce don étrange qui te reliait aux autres, comme Paige dans Charmed — capable de guider, d’apaiser, de ressentir au-delà du visible.
Tu essuyas une larme en regardant Enid.
— « Merci… je n’ai jamais vraiment eu de famille. Tyler… et vous tous… vous êtes tout ce qu’il me reste. »
Enid sourit faiblement, et pour la première fois depuis longtemps, tu sentis un véritable pardon entre vous.