Les Ombres et les Murmures
Les jours avaient repris leur cours à Nevermore, mais rien n’était plus vraiment comme avant.
Je marchais dans les couloirs, mes livres serrés contre moi, mes pas un peu hésitants. Reprendre les cours après tout ce que j’avais traversé me semblait irréel. Pourtant, je savais que c’était nécessaire.
Pénélope, mon trésor, restait sous la garde des trois sœurs Halliwell. Piper, Phoebe et Paige s’étaient transformées en véritables marraines, veillant sur elle avec une vigilance tendre. Chaque matin, elles m’envoyaient des nouvelles rassurantes, et chaque soir, je retrouvais ma fille dans leurs bras comme si elle n’avait jamais quitté mon cœur.
Tyler, lui, ne me lâchait pas d’une semelle. Dans chaque regard, chaque sourire, chaque geste, il me rappelait à quel point j’étais aimée. Plus amoureux que jamais, il me soutenait dans le moindre détail : mes cours, mes doutes, mes nuits encore hantées par la Source. Parfois, je le surprenais à contempler Pénélope endormie, un éclat d’émerveillement éternel dans ses yeux.
Un après-midi, alors que je sortais de la bibliothèque, je tombai sur Mercredi. Elle me fixa un instant, ses yeux sombres toujours aussi perçants, mais il y avait dans son regard quelque chose de différent. Moins de distance. Moins de dureté.
— Tu tiens debout, dit-elle simplement.
Je hochai la tête.
— J’apprends. Pas seulement à marcher à nouveau dans ces couloirs… mais à vivre autrement.
Un silence s’installa, puis elle détourna légèrement les yeux.
— Ton bébé… elle a de la force. Je la sens.
Je souris faiblement.
— Oui. Et je crois qu’elle tient ça de tous ceux qui veillent sur elle. Même toi.
Mercredi releva les yeux vers moi. Il y avait une surprise dans son regard, comme si mes mots l’avaient touchée plus qu’elle ne voulait l’avouer.
— Je ne promets pas d’être… tendre, dit-elle enfin. Mais… je peux essayer de ne pas être ton ennemie.
Mon cœur s’adoucit. C’était peu, mais venant de Mercredi, c’était énorme.
Tyler nous rejoignit à ce moment-là, son bras glissant naturellement autour de mes épaules. Il échangea un bref regard avec Mercredi, une tension silencieuse flottant encore entre eux. Mais pour la première fois, je sentis que cette tension pouvait s’apaiser.
Et alors que nous marchions dans le couloir, main dans la main, je compris une chose : la lumière revenait peu à peu. Pas parfaite, pas simple… mais bien réelle.