Les Ombres et les Murmures

Depuis le soir où la Source avait frappé, Nevermore n’était plus le même.

Tyler restait des heures dans le silence, Junior blotti contre lui. Ses yeux, rouges d’avoir trop pleuré, fixaient le vide. Pourtant, quand Mercredi s’asseyait à ses côtés, il sentait un apaisement étrange.

Elle, qui avait toujours rejeté l’amour et la tendresse, se surprit un jour à caresser la joue de son fils. Un sourire, minuscule, mais réel, se dessina sur ses lèvres. Tyler, ému, la regarda longuement.

— Tu vois, souffla-t-il, il a besoin de toi. Comme moi.

Mercredi détourna les yeux, mais sa main resta posée sur Junior. Et peu à peu, entre silences et nuits partagées à veiller sur leur enfant, un lien se recréa. Glacial parfois, tendre à d’autres moments, jusqu’au jour où leurs lèvres se retrouvèrent. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne s’y opposa pas.

Ainsi, Tyler et Mercredi se rapprochèrent à nouveau, unis par leur fils.

Pendant ce temps, Enid passait ses journées à pleurer ta disparition. Elle se sentait coupable de n’avoir rien vu venir, de ne pas avoir été là pour toi. Mais quand elle vit Mercredi, vulnérable auprès de Junior, quelque chose changea. L’ancienne amitié reprit doucement, fragile, mais réelle.

Bianca, elle, n’y croyait pas. Ses yeux fixaient souvent Tyler, puis Mercredi, comme si elle cherchait une fissure dans ce tableau. Elle se confia un soir à Ajax :

— Il y a un truc qui cloche. Liv n’est pas morte. Je le sens.

Ajax, lui aussi, avait ce doute. Mais il ne savait pas si c’était l’espoir… ou la vérité.

Au manoir Halliwell, la vie suivait son cours. Pénélope riait entre les bras des sœurs, et moi, j’apprenais chaque jour à canaliser mes pouvoirs. Paige m’entraînait, Phoebe m’apprenait à écouter mes visions, Piper m’enseignait la discipline.

Mais mon cœur, lui, restait tiraillé. Je savais que Tyler vivait sans moi. Et qu’il n’avait pas le droit de me voir, sauf lorsque Léo ou les Fondateurs l’autorisaient.

Ces rares fois, il venait au manoir, croyant s’adresser à mon esprit, comme s’il parlait à une projection, à une ombre.

Je restais cachée, le regardant en silence depuis une autre pièce, mon cœur se brisant à chaque mot qu’il prononçait.

— Liv… tu me manques, murmurait-il à chaque fois. Mais je dois avancer. Junior et Mercredi ont besoin de moi.

Je détournais les yeux, des larmes silencieuses coulant sur mes joues.