Foxhound : Les débuts de Solid Snake

Chapitre 6 : UNE VIEILLE CONNAISSANCE

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:53

Chapitre 6

 

 

Les détonations résonnèrent aléatoirement, les rafales de douilles s’éparpillant au sol avec une résonnance semblable à des pièces de monnaie lâchées sur du carrelage. Le Stand de tir était un complexe à la dimension impressionnante. De part et d’autre du bâtiment, caché sous la surface, on pouvait comptabiliser une trentaine de box séparés de fines cloisons.

 

Près de l’entrée, une immense armurerie, disposait un rangement ordonné de différents types d’armes de poing comme des conceptions américaines, italiennes, chinoises et russes. Cette incroyable armada s’étalait sur toute la largeur du lieu, et présentait les plus beaux modèles.

 

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« Cette arme est légèrement désaxée… c’est mon jour de chance… » Constata Franck terminant tout juste sa propre série de mitraille. Il grimaça alors qu’il déchargeait d’un geste d’habitué le SOCOM mal réglé. Ne rencontrant que le silence en guise de réponse, sa tête dépassa alors la cloison qui le séparait de David afin de l’observer dans son activité. Ses yeux menthe bordés en coin de petites rides annonçant l’étape proche de la quarantaine, se plissèrent en une expression de surprise, appréciant la concentration extrême du jeune homme décidément imperturbable.

 

« Un vrai robot ce type… »

 

Snake tendait ses deux bras, maintenant avec fermeté un BERETTA 92. Voilà maintenant près de trois quarts d’heure que l’arme assenait de puissants et précis impacts  au vu du petit rond noir central complètement effacé par les multiples trous. Il accusait le recul du pistolet, tel que celui-ci semblait être un prolongement même de son corps. Entre ses doigts, l’arme devenait un outil de mort d’une efficacité effrayante.

 

Une fois son chargeur de quinze balles vide, il frappa de la paume de sa main, un  bouton rouge situé sur la tablette murale démarrant un mécanisme qui souleva la plaque pour la remplacer presque immédiatement.

 

Snake se saisit de munitions, les engrangèrent sans attente dans le support avant de s’isoler à nouveau dans les détonations espacées que de quelques millièmes de secondes. La présence de Grayfox ne s’était même pas faite remarquée. Ce dernier qui à présent, se tenait juste derrière ses talons, les mains dans les poches, le dos légèrement appuyé contre la séparation.

 

Après quelques instants d’observation, Grayfox s’adressa enfin à David.

 

« Pas mal… pour un bleu… »  Déclara t’il d’une intonation supérieure à la moyenne, sa voix partiellement couverte par les tirs de part et d’autre.

 

Snake qui perçut la présence de son ami, s’arrêta net, appréciant rapidement le résultat de sa dernière salve. Il ne s’était pas retourné, occupé à séparer le Beretta de son chargeur.

 

« Un bleu… » Répéta le jeune homme dans un murmure presque inaudible, soufflant son dépit. « Je ne suis pas un novice Franck ! je te le rappelle…»

 

« Peut-être mais tant que tu n’auras pas rempli ta première mission en tant que membre de FOXHOUND … pour moi tu resteras un bleu… Un bizut quoi… » Renchérit l’agent avec un air satisfait.

 

« Et pour me faire monter en grade, il faut qu’elle consiste en quoi cette mission ? À te sauver la peau ? » Répliqua avec ironie le jeune homme décidément doté d’une répartie sans faille.

 

« Ah ah ah… » Se moqua Grayfox « rêve pas… ce n’est pas demain la veille que je solliciterai tes services… »

 

« Dommage, et moi qui comptais en profiter pour te piquer ta place ! » s’exclama Snake en remontant fièrement le menton. Toujours le dos tourné à son acolyte, il rangea à présent son établi et frappa une dernière fois le bouton du mécanisme de la cible pour la faire disparaître

 

« Ouais c’est ça… avant que ça n’arrive… il faudrait que j’échoue…or, je n’échoue jamais ! » Franck se désigna lui-même d’un pouce pointé sur sa personne, arrogant comme un paon.

 

Snake gloussa intérieurement, ne se permettant aucun commentaire supplémentaire. Décidément ces pics envoyés étaient devenus routine, et le fait d’un peu mieux connaitre Franck lui autorisait d’en savoir les limites.

 

Cinq semaines s’étaient écoulées à Foxhound, David avait en effet pu participer en sa compagnie, à diverses simulations de prises d’otages dans le désert du Mojave, ainsi que des exercices d’infiltration en équipe, organisés avec une efficacité maniaque telle que les soldats se voyaient presque confondus avec des acteurs. Lors de ces manœuvres, Grayfox s’était révélé aux yeux de Snake, en un homme tout autre que celui qu’il affichait au quotidien. Son rôle chaque fois joué à la perfection, montrait toute son expérience et toute cette dépendance au combat qui lui transformait parfois ce visage avenant en un visage de guerrier, une folie malsaine se devinant presque sur ses traits.

 

Compte tenu de cette personnalité troublante, Snake s’interrogeait parfois sur le passé de l’agent qui restait un sujet épineux vu la réticence de l’intéressé. Seule sa participation à la guerre civile de Rhodésie dans les années 1980 avait été référencée dans les dans ses états de services, ses missions attribuées par le biais de Foxhound restaient quant à elles, classées secret défense.

 

Franck avait seulement confié de lui-même qu’il était issu d’un métissage américano-vietnamien, alors que son physique n’avait rien révélé sur ce détail. En effet, il tirait surtout sur ses origines occidentales, bien trop pâle pour un asiatique, un visage ne trahissant pour sa part, aucune appartenance ethnique particulière. Selon ses dires, son pays s’avérait être l’Amérique, pourtant avait-il toujours vécu sur ce territoire ?

 

Certes, Franck n’était pas du genre à se confier facilement mais ses passions, elles, étaient au centre de tout débat. Une fois abordées, elles éclairaient ses yeux d’un éclat plein d’enthousiasme, comme un enfant devant ses cadeaux de noël. Ses connaissances sur les armes blanches étaient fabuleuses, tout autant que celles concernant ses aptitudes au combat.

Il était capable de citer toutes les armes blanches japonaises avec une précision presque surnaturelle notamment pour les katanas dont il démontrait toute sa fascination.

 

« De toute façon que je t’appelle comme ça ne change rien, tu es comme moi, tu n’as pas de nom… » Poursuivit Grayfox.

 

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« Un nom ? A quoi ça sert ? » La personne qui s’initia soudain à la conversion fut Big Boss. Il surprit les deux hommes qui ne s’étaient pas doutés d’être écoutés. « Sur le champ de bataille, il te suffit d’une semaine pour ne plus en avoir… »

 

Snake et Franck se retournèrent en même temps sur le borgne qui les toisait sévèrement. Big Boss semblait vraiment d’humeur massacrante au vu de son expression crispée. Depuis le début de la séance, il avait déambulé dans le couloir, les bras croisés contre sa poitrine, de faibles grognements lui échappant de temps à autre tandis qu’il ne s’intéressait pas à l’exercice de ses soldats, marchant la tête baissée. A tout point de vue, il semblait préoccupé…

 

L’agent de Foxhound se pinça les lèvres lors d’une réflexion personnelle, il était rare de voir Jack avec une telle anxiété. Qu’est ce qui pouvait bien le mettre sur les nerfs comme ça… il donnait l’impression d’être prêt à exploser, et ce, depuis qu’il fut appelé pour ce coup de fil surprise en début de matinée… Il s’était extrait par la suite de son bureau avec une pâleur signifiant rien de bon.

 

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« Jack !! »  Interpella Roy Campbell en pénétrant au même moment dans le complexe. « Il est en approche » De son doigt, il désigna le plafond.

 

« Déjà ? » s’étonna Big Boss en soufflant d’ennui. Avant de quitter la pièce et de rejoindre son second déjà reparti vers l’extérieur, il se tourna vers David tout en s’adressant à lui.

 

« Tu devrais venir aussi… Snake !» malgré la formulation subjective, elle sonnait plus comme un ordre. David regarda silencieusement Grayfox avec une certaine incompréhension. Ce dernier qui n’en savait pas plus, lui fit juste signe de s’en aller et de le suivre, ce que s’empressa de faire le jeune homme qui se dépêcha de rejoindre son supérieur. Tous deux prirent un ascenseur qu’avait fait patienter Roy.

 

Lors de la remontée, son regard passa de Big Boss à Campbell, les deux situés de chaque côté de lui. Le Chef de l’unité collait son œil sur l’écran défilant les étages, il semblait implorer une panne.

 

Dehors, une tempête de sable faisait rage et offrait une visibilité plus que réduite.  Le tourbillon de sable avait créé un brouillard ocre, presque irrespirable. La chaleur omniprésente accentuait cet effet d’étouffement, il n’était pas possible d’y voir à 10 mètres.

 

« Comment peuvent-ils faire voler un hélicoptère par un temps pareil ? » Hurla Big Boss pour se faire entendre retenant son manteau d’une main calée au col.

 

« J’ai eu le pilote… la tempête les a surpris mais il était déjà assez près de Foxhound ! » répondit Campbell sur le même volume.

 

« Elle est malade de venir ici par un temps pareil… ! Complètement givrée ! » S’exaspéra le vieux en levant la tête au ciel dans l’espoir d’y apercevoir quelque chose alors qu’il était impossible de le différencier du sol.

 

Elle ? se répéta Snake en surveillant  à son tour au dessus de sa tête, se protégeant le visage par les fouets incessant du vent.

 

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Soudain un grondement non localisé, se rapprochant peu à peu de leur position d’abord avec un bruit diffus, qui devint plus en plus distinct. Une longue minute plus tard, le tournoiement des palmes d’hélice annonça l’imminente présence d’une masse noire qui transperça le brouillard, se préparant à un atterrissage sur un stationnement prévu à cet effet. L’hélicoptère ballotté par les courants, avait quelques difficultés à amorcer sa descente. Le pilote semblait lutter pour maintenir l’appareil vertical au sol. Le souffle qu’il produisit, ajouté à la tempête, perdit les trois hommes dans un nuage de poussière.

 

Enfin stabilisé sur la terre ferme, le moteur coupé, l’élan des hélices se réduisit peu à peu. Une silhouette n’attendit pas l’extinction de celles-ci pour s’extraire de l’engin. Elle emprunta un marchepied et sauta sur le sable. Une longue veste grise recouvrait tout son corps, un foulard cachant ses cheveux et son bas visage virevoltait quant à lui au gré du vent avec une puissance qui obligea sa propriétaire à le retenir d’une main, l’autre cramponnant une petite valisette noire. Elle s’arrêta un moment pour rechercher une présence humaine puis aperçut les trois hommes qui se hâtèrent de la rejoindre. La petite forme féminine s’éloigna de l’assourdissant vacarme en leur compagnie, vite menée vers l’intérieur.

 

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L’inconnue souffla de soulagement lorsque les battants du bureau de Big Boss se refermèrent, apportant enfin un silence bienvenu. Alors que son vêtement lui cachait encore le visage, elle analysa de ses yeux marron les trois individus, un sourire se devinant sur ses lèvres.

 

« Bonjour Jack ! C’est quoi cette tête ? Tu espérais que mon hélico s’écrase…» S’exclama-t-elle soudain avec sarcasme alors qu’elle déliait son foulard pour faire découvrir un visage situé dans la cinquantaine. En effet, ses pommettes remontées en un rictus bien prononcé, étaient cernées de rides profondes, ses yeux pétillants de bonne humeur bénéficiaient quant à eux, d’un soigneux maquillage qui malgré tout ne dissimulait  pas les traits déjà creusés par le temps. Sa chevelure auburn retenue d’un catogan, semblait être teintée, au vu des racines retrouvant peu à peu leur couleur grise.

 

De petite taille, la femme ne devait pas dépasser le 1 mètre 63, ses chaussures plates n’améliorant en rien son élancement. Elle se distinguait d’une tenue classique, un pantacourt en synthétique noir et d’une chemisette violine à manches courtes.

 

« Je ne te cache pas que j’y ai songé ! » grommela le vieux en se renfrognant derrière une grimace amère. « Snake… je ne te présente pas… Le Docteur Clark… Eileen Clark… »

 

« On se connait… » Sourit la femme médecin en tendant sa main au jeune homme.

 

« C’est elle qui gère mon fichier médical depuis mon intégration dans l’armée… » Il lui rendit sa poignée de main, une profonde sympathie éclairant son visage « Comment allez-vous Docteur ? »

 

« Très bien David ! » Elle repoussa une mèche qui était retombée sur son front « Je ne t’ai pas revu depuis au moins… » Faisant mine de réfléchir, elle adopta une moue, tordant son visage sur le côté.

 

« 4 ans… » S’empressa de répondre le jeune homme « Depuis que j’ai été envoyé au Koweit… »

 

« Le Koweit…Oui… » Son visage s’obscurcit un instant d’une ombre de tristesse, elle regarda de ses yeux attendris le soldat, se disant à quel point il avait prit de la carrure depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu. Perdue dans ses pensées, elle réalisa soudain quelque chose. « Snake ? » répéta t’elle d’un faible murmure en écarquillant des yeux « Attends une seconde Jack, tu lui as donné ton… »

 

« Docteur Clark ! Ravie de vous revoir » se formula à son tour Roy avec précipitation « J’ai eu écho de votre récente récompense reçue par la ville de Seattle… vous êtes l’inauguratrice du premier corps des Paramedics…  initié en 1970 si je me souviens bien…  le temps passe vite…»

 

L’experte médicale souffla de dédain « Oui, le temps passe vite… trop vite même… et pourtant encore tant de choses à faire… »

 

 Big Boss peu touché par ces retrouvailles, vint se positionner face au Docteur Clark, bousculant presque Campbell. Son œil glacial s’accompagna d’une certaine agressivité. Il l’attrapa par le poignet et l’éloigna des deux hommes.

 

« Alors comme ça on te fait intégrer de nouveau Foxhound… Laisse moi deviner… c’est Zéro qui t’envoie… ? » Murmura le commandant  avec amertume.

 

« Oh !!! Salut Eileen, comment ça va ? Qu’est ce que tu deviens ? Ça ne fait que 23 ans que nous ne nous sommes pas revus…» Railla le médecin en posant ses mains sur ses hanches, sa voix exagérément enjouée. « Tu pourrais commencer par me dire bonjour Jack… » Termina t’elle avec un peu plus de sérieux.

 

« Réponds à ma question ! » ordonna le Chef de l’unité peu amusé par la réplique de son invitée.

 

« OUI… j’ai été assimilée à nouveau à Foxhound… NON… ce n’est pas Zéro qui en est à l’origine… t’es content ?»

 

« … »

 

Tous deux se fixèrent de longues secondes… une tension à l’extrême… Puis soudain, contre toute attente, Le Docteur Clark détendit l’atmosphère :

 

« Rendez-vous à 12h sous le clocher…, nos révolvers décideront de nos vies ! » déclara t’elle d’une voix grave, forçant ses cordes vocales à feinter une tonalité virile.

 

« Hein ? » s’exclama Big Boss en arquant un sourcil de manière dramatique.

 

« Relax Jack… je citais juste une réplique d’un Western que j’ai revu au ciné il n’y a pas longtemps… » Elle laissa échapper un rire moqueur face à l’agacement de son acolyte « C’est juste la façon dont tu me regardais… ça m’a fait penser à la scène quand John Wayne et… »

 

Le vieux plissa des yeux, son impatience poussée à sa limite.

 

« Oh ça va… ok… tu es irrécupérable ! Je renonce à te faire apprécier un bon film…» Elle passa devant Big Boss sans demander son reste et examina rapidement les lieux, en froissant le nez. « Ouah… alors c’est ça ton bureau… il reflète bien ta personnalité je dois dire… vide et peu accueillant. »

 

« C’est mon bureau, je l’aménage comme je veux… de quoi je me mêle d’ailleurs… » Se vexa le vieux en la dévisageant.

 

Mais l’experte médicale l’ignora, embêtée par une odeur qui lui chatouilla les narines.

 

« Snif… mais ça sent la cendre froide ou c’est moi ? Jack tu fumes encore des cigarettes ? »

 

« Ah tu ne vas pas recommencer !!!  Pour la énième fois ce ne sont pas des cigarettes mais des CIGARES !!! »

 

« C’est la même chose ! »

 

« CE N’EST PAS LA MÊME CHOSE !! »

 

« Ca pue donc c’est la même chose ! »

 

« Ne parle pas de truc que tu ne connais pas ! Un cigare n’a rien à voir avec…»

 

« Oh ça va ! la FERME ! »

 

« Que… QUOI ? ! » Big Boss avait-il bien entendu ? Elle venait de lui dire la ferme ?

 

« Ce n’est pas bon pour toi et tu le sais… » Contra la femme médecin avec une autorité évidente.

 

« T’es pas ma mère ! Ma VIEILLE ! » Gronda plus fort Big Boss en baissant son regard sur la femme d’une tête de moins que lui. Les deux cinquantenaires (révolus) se confrontèrent durement.

 

« Pourtant tu aurais besoin d’être materné MON VIEUX ! » rétorqua t’elle en jetant un œil au bureau archicomble du Chef de l’unité « Bonjour le Bazard ! »

 

« Tu as décidé de revenir pour me pourrir le peu de vie qu’il me reste ! »

 

« Oh pas besoin de moi pour ça Jack, tu te la détruis tout seul… »

 

« T’occupes… ! » cracha Jack en guise de  réponse.

 

« Dis tu ne veux vraiment pas qu’on discute en privé… tu sais, tous les deux ! » Murmura-t-elle au vieux bougon en regardant furtivement ses deux compagnons qui avaient assisté sans mot dire à la querelle.

 

Snake et Campbell restaient désabusés… ces deux là se chamaillaient comme des gosses de 12 ans. Le contraste était amusant, il fallait avouer. David fut surtout surpris par la véhémence des propos d’Eileen Clark, ne se doutant point que le docteur côtoyé depuis son adolescence pouvait avoir un caractère si trempé.

 

Quoique…

 

Le jeune homme se remémora le jour, où il lui avait confié lors d’un contrôle médical, qu’il fumait… l’horreur ! Elle l’avait bloqué pendant plus d’une heure dans son cabinet en lui faisant tout un exposé sur le cancer… il avait du promettre de ne plus fumer pour être libéré de cet enfer… Bien sûr il recommença à consommer des cigarettes, en augmentant même son accoutumance… Bilan, ne jamais lui parler de sa santé…

 

Le jeune soldat s’interrogea quant à la relation électrique que nouait ces deux-là. En tout cas, il était certain qu’ils se connaissaient depuis un certain temps… mais pourquoi cette attitude revêche de la part de son supérieur… ?  la considérait-elle comme une ennemie… ?

 

« Dites, vous pourriez… » Ordonna Big Boss en donnant un coup de tête rapide vers la porte. 

 

« Oui Jack, je comprends…» Répondit Campbell avec un pauvre sourire. « Snake… on y va… »

 

« J’ai été ravi de vous revoir Docteur… J’espère que vous aurez d’autres récits de films à me raconter… Je dois dire que ça m’a manqué ! » S’exclama David en rejoignant son Commandant en second.

 

« Compte sur moi ! » Répondit-elle d’un large sourire. « Fais-moi penser à te parler d’un film de science fiction que j’ai vu il y a peu… L’Odyssée de l’espace… c’est l’histoire d’un robot et d’un… »

 

Big Boss fit acte de présence en raclant sa gorge.

 

« Enfin, nous en parlerons plus tard si tu veux bien… » Termina le médecin en lui faisant un clin d’œil.

 

« Compris… A bientôt Docteur ! » Salua Snake

 

La porte se referma lentement sur les deux cinquantenaires.

 

 

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« Ne me dis pas qu’il est aussi Cinéphile que toi ? Qu’il aime comme toi toutes ces bêtises, de monstres, d’extraterrestres, d’autres mondes, de loups-garous, et de…. de… de… enfin tu sais… ! »

 

« Tu ne voudrais pas dire…. VAMPIRES par hasard ? » Ricana diaboliquement le médecin en agitant ses mains au dessus de sa tête.

 

« … »

 

« Vampires… bouhouuu… »

 

« … »

 

« Dracula… le méchant et vilain pas beau Dracula…»

 

« … »

 

« Tu n’as plus peur de Dracula… ? »

 

« … »

 

« C’est bien Jack, t’es devenu un grand garçon ! » félicita le Docteur avec ironie en pistonnant un faux coup de poing au niveau de l’épaule de son interlocuteur.

 

« Ca va ! Assis !! » Commanda le vieux en tirant un fauteuil. « Tu veux parler, on va parler…»

 

Le médecin s’exécuta et prit place, Big Boss s’installa à son tour dans son siège en cuir, extirpant son étui à Cigare. Il alluma l’objet, fuma une bouffée et ne se gêna pas pour expirer son contenu droit sur la femme qui, à réception du retenir sa respiration.

 

« La fumée ne te dérange pas ? »

 

« Très drôle Jack ! » dit-en en essayant d’éloigner la fumée par de petits gestes de la main.

 

« Parfait… commençons alors… »

 

Eileen croisa ses jambes, posa ses avant-bras sur ses genoux. Dans cette attitude, elle parut plus mature que précédemment.

 

« C’est fou ce qu’il te ressemble avec le temps… » dit-elle en balançant sa tête vers la porte « David… »

 

« T’es la mieux placée pour le savoir, après tout, tu l’as créé… ! » répliqua Big Boss d’un ton étrangement calme.

 

« Jack… »

 

« T’es venu surveiller ton travail ? » Le vieux la fixa durement mais n’attendit pas sa réponse « Ou est ce moi l’objet de cette surveillance ? »

 

« Arrête ! » s’offusqua la femme médecin en fronçant ses sourcils.

 

« Je me doute bien que ta visite n’est pas anodine Eileen. »

 

L’experte médicale baissa la tête, fermant un instant ses paupières.

 

« Tu m’en veux tellement Jack… ta haine envers moi ne s’est pas dissipée avec les années à ce que je vois… » Constata t’elle à grande peine.

 

« C’est vrai… ce n’est pas grand-chose après tout de voler l’ADN de quelqu’un » Big Boss écarta les bras de manière dramatique « Mais tu espérais quoi ? Que je t’accueille chaleureusement comme si de rien n’était… »

 

« Je n’ai fait qu’obéir aux ordres ! » se défendit la femme en ne le lâchant pas des yeux.

 

« Les ordres… » Le vieux se leva promptement, se forçant à sortir un rire guttural « LES ORDRES ?... » Il contourna son bureau et s’approcha du médecin, se penchant près de son oreille. « Chère PARAMEDIC… Ne me fais pas gober ça… pas à moi… je connais ta raison de vivre… la science… Non tu n’as pas été obligée… tu as accepté de ton plein gré de collaborer… »

 

L’experte médicale n’osa pas bouger. Malgré le murmure prononcé comme un souffle, elle ne se sentit pas assez courageuse pour lui faire front. Le ressentiment derrière ses mots était tel qu’il la heurtait dans l’effet d’une claque en plein visage. Que répondre à cela… ? Pourquoi sa bouche refusait-elle de s’exprimer ? Était-ce parce qu’il touchait à la vérité ?

 

« Comment as-tu pu Eileen… ? »  Partagé entre la trahison et les regrets, Big Boss ne put s’empêcher de cacher un instant sa tristesse évidente. « Je te faisais confiance… »

 

« Jack… » Se décida-t-elle « Je sais que ce que nous avons entrepris est impardonnable à tes yeux, mais nous pensions à l’époque que c’était  la meilleure chose à faire… » Le Docteur Clark essaya de poser sa main sur le visage barbu de l’homme, celui-ci se dépêcha de la stopper dans son mouvement d’un geste ferme, son unique œil, jetant presque des éclairs de fureur. « Je ne pouvais pas reculer devant une telle occasion ! J’ai pensé à la science oui, j’ai pensé aux possibilités que ça pouvait apporter !!! » Elle laissa retomber son bras le long de son corps, les yeux humides, retenant avec difficulté les larmes qui commençaient à se perler.

 

« Tu n’as pas pensé à moi…» 

 

« Si Jack… si… d’une certaine manière je l’ai fait pour toi… ! »

 

Le vieux se retourna dos à elle, les poings si serrés, qu’il se planta les ongles dans ses paumes. Il était impossible pour son acolyte de deviner à ce moment l’expression de ses traits.

 

«… léguer à ce monde un peu de toi … ! »

 

A ces mots, Big Boss se retourna si rapidement qu’il la fit sursauter, le visage empourpré.

 

« Pourquoi es-tu là… ? »

 

Eileen se leva à son tour.

 

« Je suis docteur… Je ne suis là que pour faire mon boulot… » 

« Non je parle de ta vraie raison ! »

 

« … »

 

Le Docteur Clark n’affronta pas son regard azur, elle se saisit de sa valisette pour la poser sur le bureau. Une fois ouverte, elle tata sa main à l’intérieur pour en extirper une enveloppe blanche.

 

« Si tu veux discuter de mon affectation, je te prierai de le faire avec le secrétaire de la défense… Pour l’instant je reste ici… que tu le veuilles ou non… alors Jack…. Vas-tu me diriger vers mes quartiers ? »

 

Arrachant l’ordre de convocation de ses doigts, Big Boss fit mine de le lire, sans réellement y prêter attention.

 

« Soit !… ca risque d’être intéressant finalement… » Il froissa le document et le jeta dans la corbeille avec une expression sournoise qui le métamorphosa radicalement « Je vais demander qu’on t’accompagne… » Le Chef de l’unité appela sa secrétaire depuis l’interphone. Celle-ci arriva de suite.

 

« Cathy, vous voulez bien emmener le Docteur Clark dans ses logements, Section B365… merci. »

 

« Bien Monsieur… » Avait répondu la jeune femme en invitant le médecin à la suivre. Avant de se retourner vers la sortie, Eileen eut le besoin de prononcer ces mots…

 

« Jack… ca m’a fait plaisir de te revoir… que tu le crois ou non… » Elle souleva ensuite son bagage et traina des pieds pour rejoindre son guide.

Elle disparut enfin, laissant Big Boss dans ses pensées… Paramedic avait toujours eu cette tendance à vouloir toucher du doigt l’impossible, se laissant croire qu’un jour la science rattraperait l’imagination de scénaristes farfelus dont elle était tant l’admiratrice.

 

Les monstres… les démons… ces créatures qui sortaient tout droit des fictions les plus folles étaient-elle une si grande passion pour qu’elle en vienne à vouloir rivaliser avec le cinéma et se décider à en créer elle-même.

 

Il la maudissait pour son arrogance… Mais elle n’était pas la première… elle ne sera pas la dernière…

A suivre…

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