Qui tu es

Chapitre 3 : Bataille nocturne

7537 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/01/2018 10:57

– Chapitre III –

                                                     

Faisant les cents pas dans sa chambre, Marinette se rongeait nerveusement les ongles en attendant l’heure fatidique. Elle ne parvenait toujours pas à croire qu’elle avait pu donner rendez-vous à Chat Noir ce soir, au sommet de la Tour Eiffel, c’était juste tellement impensable ! C’était la première fois qu’elle faisait une telle chose, mais, d’un autre côté, c’était également le seul moyen de clarifier sa relation avec son partenaire. Il le fallait bien, de toute façon : un jour ou l’autre, il serait forcé d’apprendre la vérité, et Marinette – enfin, Ladybug – préférait mettre son coéquipier au parfum le plus rapidement possible, plutôt que de le laisser espérer une relation amoureuse qui n’arriverait jamais. Elle ne supportait pas de blesser les gens. Autant se débarrasser de cette affaire le plus vite possible, quoique cela n’eût rien d’évident : elle appréciait réellement Chat Noir, peut-être valait-il mieux attendre encore un peu, avant d’agir ?


L’adolescente s’affala dans sa chaise à roulettes rose fuchsia en soupirant, et se laissa glisser jusqu’à son grand bureau d’angle blanc en bois verni, dont une partie était occupée par un ordinateur à l’écran volumineux, ainsi qu’une boîte de rangement à plusieurs tiroirs et quelques livres – parmi lesquels se trouvait son journal intime, que Chloé lui avait dérobé, une fois. Cette fille ne reculait décidément devant rien ! Elle a toujours été comme ça, songea la jeune fille en haussant les épaules. Et dire que c’est elle qui a le rôle principal dans la pièce…


A cette pensée, le regard de la franco-chinoise se posa sur plusieurs feuilles qui s’éparpillaient sur le plan de travail devant elle. Sur l’un des papiers, les contours grossiers de ce qui ressemblait à des vêtements de garçon avaient été dessinés. Il manquait de la couleur, et plusieurs autres petits détails, pour parfaire la tenue, qui était sans doute loin d’être complète pour autant. Marinette attrapa machinalement un crayon à papier, dans le pot en plastique vert situé à sa gauche, et commença à travailler plus en profondeur le croquis. Le crayon s’agita frénétiquement sur la feuille, alors que l’adolescente affichait une mine concentrée. Elle ne se laissait jamais distraire, lorsqu’elle dessinait quelque chose. De sa concentration dépendait la qualité de son travail et, même quand elle se dévouait toute entière à la tâche, il lui arrivait parfois de ne pas être satisfaite de ses créations. Au bout de quelques minutes, elle posa le crayon, et souleva la feuille, bras tendus, pour observer le résultat.


Mouais.


Elle pouvait faire mieux.


-         Ton dessin est très réussi, Marinette, la complimenta sa kwami en volant à ses côtés, observant à son tour le dessin.   

-         Merci, Tikki. Mais j’ai l’impression qu’il manque quelque chose. C’est censé être le costume qu’Adrien portera pour la pièce de théâtre, alors je veux qu’il soit parfait…


Elle reposa la feuille sur le bureau, et posa sa tête entre ses deux mains, laissant échapper un soupir rêveur. Les posters du mannequin prenant la pose pour divers magazines tapissaient intégralement chaque mur couleur pêche de sa coquette chambre. Elle se souvenait d’ailleurs encore du moment où elle avait dû tous les cacher en catimini, parce qu’Adrien venait s’entraîner chez elle aux jeux vidéos, dans le cadre du tournoi Ultimate Mecha Strike III. Heureusement, il n’avait rien vu, et c’était bien mieux ainsi. Et s’il venait chez elle pour l’exposé en Français sur Victor Hugo… Il ne me reste plus qu’à tout décoller des murs encore une fois… pensa-t-elle, en enfouissant sa tête dans ses mains, rouge de honte. D’un autre côté, elle avait de la chance de se retrouver avec lui pour ce travail, Alya avait vraiment bien manœuvré, ses stratégies étaient parfois tellement évidentes qu’on pouvait se demander comment le blondinet n’avait pas encore remarqué que la rousse ne cherchait qu’à le faire se rapprocher de Marinette.

Cette dernière se concentra de nouveau sur ses croquis. En rentrant du collège, sur le coup des trois heures, elle s’était rapidement occupée de s’avancer dans ses devoirs, pour en avoir le moins possible à faire, par la suite ; après quoi, elle avait commencé à réfléchir aux divers costumes de la pièce. Et cela s’avérait plus complexe qu’elle ne l’aurait cru. D’habitude, elle ne manquait jamais d’inspiration, c’était même tout le contraire, elle en avait toujours trop ! Lorsqu’elle commençait à dessiner, elle ne s’arrêtait plus. Même Adrien l’avait complimentée sur ses croquis !  

Mais avec Roméo et Juliette, elle sortait de sa zone de confort. Déjà, elle n’avait jamais conçu de vêtements pour le théâtre, et ensuite, elle peinait à les dessiner. Le drame se passait dans la Vérone du seizième siècle, mais l’adolescente n’avait aucune idée de la mode à cette époque ! Sauf que quelque chose de trop moderne ne passerait sans doute pas ; il fallait trouver un style simple et élégant à la fois, un style intemporel, surtout. L’apprentie styliste voulait que tout fût parfait, mais le fait de commettre la moindre erreur la paralysait. Elle avait pourtant encore du temps, avant le spectacle, cela lui laissait le temps de confectionner les habits et de les retoucher, si elle n’était pas satisfaite. Et pourtant, elle stressait quand même terriblement. Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir l’assurance de son alter ego, lorsqu’elle était sous sa forme civile ? Ce n’était pas possible, qu’elle pût manquer d’assurance à ce point, alors qu’elle était une super-héroïne.


-         En attendant, si tu ne te dépêches pas, c’est ton rendez-vous avec Chat Noir que tu vas manquer, lui rappela Tikki en se posant sur le bureau.


Marinette consulta rapidement l’heure, dans le coin inférieur droit de son ordinateur – dont le fond d’écran représentait encore et toujours l’amour de sa vie prenant la pose –, et poussa un cri de panique en constatant qu’effectivement, elle approchait de l’heure fatidique. Connaissant ses parents, ils regardaient probablement un film comique à la télévision, et il y avait peu de chances pour qu’ils vinssent la voir dans sa chambre, ce soir. Elle ne partirait de toute façon pas longtemps, et espérait être de retour avant que qui que ce fût ne remarquât son absence. Dès lors, elle n’avait plus de temps à perdre, autrement elle serait vraiment en retard. Elle se releva de sa chaise avec énergie, et inspira un grand coup.


-         Tikki, transforme-moi !


Aussitôt dit, aussitôt fait : la petite créature intégra les boucles d’oreilles de Marinette, et, dans un éclat de lumière rose, la jeune adolescente laissa la place à la super-héroïne que Paris connaissait si bien, avec son joli costume de coccinelle et son assurance hors du commun. Décrochant son yoyo de sa taille, elle tenta de joindre son partenaire, mais n’eut cependant aucune réponse, ce qui tendait à prouver qu’il ne s’était pas encore transformé, et donc, qu’elle pouvait se rendre tranquille au rendez-vous. Elle sortit rapidement de sa chambre, se retrouvant de fait sur le toit transformé en terrasse de la boulangerie. Il avait été agréablement aménagé, et comportait une table basse ronde en bois, un transat blanc rayé de rose, ainsi qu’une guirlande lumineuse et des plantes vertes – Marinette appréciait particulièrement la jardinière blanche où fleurissaient les roses, accrochée à la rambarde du balcon. Avec agilité, elle lança son yoyo magique au loin ; une fois que l’objet fut solidement accroché à une attache, elle tira un bref coup sur le fil, prenant la direction de la Tour Eiffel. 


 

***

 


Du côté du manoir Agreste, Adrien était en train de regarder les dernières nouveautés du Ladyblog sur son iPad, confortablement installé dans son grand lit double à la couette bleu marine bien chaude. Il n’y avait aucune information nouvelle, si ce n’était qu’Alya avait posté la scène du combat entre Électrika et les deux super-héros sur le Ladyblog, ce qui surprit le blondinet : il ne se rappelait pas avoir vu la journaliste en herbe sur le terrain, ce midi ; comment avait-elle pu filmer toute la scène ? C’était incroyable, Alya était partout, et elle se moquait visiblement bien du danger. J’espère qu’elle fait attention. Je ne voudrais pas qu’il lui arrive quelque chose de grave, songea l’adolescent, inquiet. Elle se mettait parfois dans des situations vraiment périlleuses, comme cette fois où un pharaon avait bien failli l’offrir en sacrifice aux dieux égyptiens ! Ladybug et Chat Noir l’avaient heureusement sauvée de justesse.


D’ailleurs, c’est cette fois-là que Ladybug avait laissé tomber un manuel d’Histoire. Alya lui avait demandé son âge, et elle avait répondu qu’elle était bien trop vieille pour être collégienne… Mais le top-modèle en était quasiment sûr, elle ne pouvait pas être plus vieille que lui à ce point. Ils faisaient la même taille – il la dépassait légèrement même – et peut-être que finalement, l’idée qu’ils fussent dans le même collège n’était plus si saugrenue que cela. C’est vrai que je pourrais demander à Plagg, puisqu’il l’a vue, lui, pensa Adrien en regardant son kwami se goinfrer de camembert, mais ce ne serait pas loyal. Je suis sûre que j’aurai les réponses à mes questions ce soir !

De toute façon, l’amitié sincère de sa partenaire de combat était déjà amplement suffisante, il ne voulait surtout pas la forcer, ce n’était pas digne du gentleman qu’il était. Il voulait juste… le bonheur de sa coéquipière, rien de plus. Et si elle tenait pour cela à conserver une petite part de mystère qui la rendait si irrésistible, alors Chat Noir accepterait dignement ses souhaits, tout félin qu’il était. Rien que de voir simplement sa Lady lui suffisait Néanmoins, il avait toujours l’espoir que sa coéquipière lui ouvrît quelque peu son cœur… à commencer par ce soir, par exemple ? De toute façon, cela ne servait à rien de se presser. Ladybug et Chat Noir étaient les deux héros de Paris, et rien ne pourrait les séparer.     


Il éteignit en soupirant sa tablette, qu’il posa à côté de lui, avant de passer une main dans ses cheveux. Il prendrait bien soin de ne pas être trop insistant, ce soir. Il voulait juste discuter avec sa partenaire, rien de plus. Il était l’heure, il ne fallait pas traîner. Son kwami engloutit sa dernière portion de camembert, fusionnant l’instant d’après avec la chevalière argentée d’Adrien. Transformé en Chat Noir, ce dernier s’éclipsa promptement de sa chambre – non sans avoir mis au préalable une musique de piano sur son smartphone, pour faire croire qu’il répétait – et s’élança agilement sur les toits de Paris, avec son bâton extensible, afin de gagner la Tour Eiffel, où sa jolie partenaire l’attendait déjà probablement. Cela aurait été très impoli de sa part, de faire attendre la demoiselle, d’autant qu’il remarqua qu’elle avait déjà tenté de le joindre. Il fallait se dépêcher.


Il gagna l’édifice assez rapidement, et en atteignit le sommet sans trop de difficultés. Tout en haut, assise sur le rebord de la plateforme et les pieds se balançant dans le vide, Ladybug regardait le ciel étoilé avec nostalgie. Elle avait essayé d’éviter au maximum ce genre de discution entre eux, mais cela n’était plus possible. Ce n’était finalement peut-être pas une si mauvaise idée que cela, de parler avec son partenaire, même si elle ne pouvait pas lui laisser de chance, contrairement à ce que lui avait conseillé Tikki, parce qu’elle aimait déjà quelqu’un d’autre. Pourtant, elle reconnaissait à présent qu’elle avait sans doute très mal jugé Chat Noir : il avait beau être dragueur, elle avait parfaitement conscience qu’elle n’était absolument rien sans lui. Il était son meilleur ami ! Et elle ne pouvait pas faire souffrir un ami inutilement, elle refusait de jouer avec les sentiments des gens. Elle était honnête, et mentir à son coéquipier n’était plus possible.


-         Bonsoir, ma Lady. Content que tu sois venue.


L’intéressée sursauta brusquement, poussant un cri, et se retourna. Le félin s’avançait lentement vers elle, et elle le suivit du regard, comme envoûtée ; il avait de ces yeux… ! Pour un peu, elle aurait été certaine de les avoir déjà vus quelque part, tellement ils étaient sublimes. Mais ce n’était pas possible, elle et Chat ne pouvaient pas se connaître sous leurs identités civiles, les probabilités étaient bien trop faibles pour cela, n’est-ce pas ? Il vint s’asseoir tranquillement à ses côtés, laissant pendre ses jambes dans le vide, et elle baissa la tête, un sourire nerveux en coin. Sacré Chat, il lui avait vraiment fait peur ! Toujours là où l’on ne s’y attendait pas ! Il pouvait être vraiment surprenant des fois, et, au fond, cela permettait à la Coccinelle de sortir de son quotidien, et de lui faire oublier ses soucis. Cela faisait du bien de pouvoir se voir en-dehors des attaques d’akumas. Leur job de super-héros et leur vies civiles leur laissaient si peu de temps libre !    

Qu’est-ce que je vais lui dire ? Ce n’était décidemment pas facile de lui expliquer la situation ; il avait toujours été si présent, pour elle ! Elle ignorait comment réagir, et le sourire charmeur du félin ne l’aidait pas vraiment non plus. Elle… se sentait déjà assez mal-à-l’aise comme cela, sans qu’il ne la dévorât ainsi du regard, c’était très… gênant ! Enfin bon, ils pouvaient discuter sans soucis, comme deux associés, il n’y avait aucun mal à cela, n’est-ce pas ? Le tout était de garder leurs identités secrètes, c’était la règle que Ladybug s’était toujours imposée, et elle ne transigerait pas là-dessus. Aussi adressa-t-elle un doux sourire à son coéquipier, et répondit calmement :


-         Salut, Chaton. C’est moi qui t’ai donné rendez-vous, je n’allais pas te fausser compagnie.

-         J’imagine que tu n’as toujours pas changé d’avis ? Je veux dire, à propos de qui on est réellement.

-         Tu sais bien que non. Écoute, il faut que je te dise… Il y ce garçon… Je ne savais que tu étais vraiment amoureux de moi, à ce point-là je veux dire, mais je te–


Elle étouffa un cri de surprise et ses joues rougirent légèrement, lorsque Chat posa doucement un doigt griffu sur ses fines lèvres rouges, l’interrompant avant qu’elle n’eût pu finir sa phrase. Il la regardait avec un air qui se voulait assuré, comme si cela ne l’avait pas atteint, mais la tristesse voilait son si doux visage. Même lorsqu’il retira son doigt, Ladybug ne reprit pas tout de suite la parole ; elle se sentait un peu gênée d’avoir commencé à parler tout de suite d’amour, alors qu’ils venaient tout juste de commencer leur rendez-vous ; elle avait voulu entrer dans le vif du sujet sans attendre, c’était sans doute très indélicat de sa part. Son camarade était peut-être sensible quant à cette question, même s’il ne voulait rien en laisser paraître, par virilité, sans doute. Elle ne savait pas quoi faire pour arranger les choses ; si seulement il n’y avait pas eu Adrien ! Tout aurait pu se dérouler bien différemment ! Elle se racla nerveusement la gorge, préférant se taire, plutôt que de dire une ânerie qu’elle allait très certainement regretter par la suite.


-         Tu n’as pas à te justifier, c’est moi qui m’excuse d’avoir été aussi insistant. Je ne savais pas… J’espère au moins que ce prince charmant te traite avec respect, et qu’il te rend heureuse, sinon, il aura affaire à mes griffes, parole de chat !

-         Euh… oui, ne t’inquiète pas, c’est le bonheur, entre nous !


Elle ponctua ces paroles d’un rire vraiment très faux, déclenchant un haussement de sourcils perplexe de la part de son partenaire. Ses joues commençant dangereusement à prendre de la couleur, elle détourna sciemment le regard, et fit mine de se concentrer intensément sur les constellations qui emplissaient le ciel, priant pour que Chat Noir ne lui posât pas de questions, alors qu’elle aurait pourtant dû s’inquiéter pour lui et le consoler après ce qu’elle venait de lui dire. Franchement, elle était une très mauvaise comédienne. Mais elle n’avait absolument pas envie de lui tout expliquer.


Elle n’avait pas envie d’expliquer à son allié que, non, c’était loin d’être le paradis, côté cœur, parce que le garçon qu’elle aimait ne l’avait jamais remarquée, et qu’il ne la remarquerait de toute façon jamais. Elle courait après un garçon dont elle était désespérément amoureuse, alors que c’était sans doute perdu d’avance. Le plus cruel était qu’elle était totalement incapable de lui déclarer sa flamme, elle n’arrivait pas à parler correctement en sa présence, c’était vraiment très dérangeant. Elle s’évertuait à courir après Adrien, alors qu’il ne faisait même pas attention à elle. Mais quelle idiote était-elle donc, pour s’accrocher autant à lui ? Ce doit être le même sentiment qui anime Chat par rapport à moi, songea-t-elle en regardant son partenaire qui la fixait d’un air étrange. On n’a vraiment pas de chance, en amour. Et Marinette était habituée à ne pas avoir de chance.


Elle tenait à tout prix à garder son identité secrète, surtout parce qu’elle avait peur que de révéler qui elle était sous le masque ne mît son coéquipier en grand danger ; elle voulait désespérément le protéger de toute menace potentielle. En outre, elle craignait terriblement sa réaction, s’il découvrait que sous son masque, elle était maladroite, banale, avec un manque de confiance en elle terrible. Son partenaire n’avait pas idée à quel point il l’idéalisait. Elle l’admirait pour l’assurance et la grande confiance en lui qu’il dégageait. Pourquoi n’était-elle pas comme lui ? Si seulement elle avait eu le courage de Ladybug en tant que civile, elle aurait depuis longtemps déclaré sa flamme au garçon de ses rêves, à cause de qui elle n’en dormait plus la nuit.

Chat Noir, en voyant l’air aussi dépité de la jeune fille, allait s’apprêter à lui demander si quelque chose n’allait pas, mais ses oreilles se redressèrent brusquement, et son attention cessa aussitôt de se focaliser sur Ladybug, pour regarder en direction de la ville immense, qui s’étalait devant eux, toute lumineuse à cause des lampadaires qui éclairaient les trottoirs. Il venait d’entendre un son, il en était certain. Un son qui ne lui plaisait pas. Ses oreilles frémirent, et ses membres se crispèrent. Ses poils se seraient très certainement hérissés, s’il avait été un véritable chat.


-         Quelque chose ne va pas, Chaton ? demanda la Coccinelle, en sentant soudain son partenaire sur le qui-vive.

-         J’ai entendu quelqu’un appeler à l’aide.


Ladybug se raidit à son tour. Chat Noir avait une vue et une ouïe très perçantes. S’il avait capté un appel de détresse, alors c’était assurément vrai, il n’y avait pas à douter une seule seconde – il ne lui avait jamais menti, qui plus était. Et en général, cela n’annonçait rien de bon. Il semblait que la petite discussion dût malheureusement s’arrêter là pour le moment. La Coccinelle avala sa salive, inquiète. La nuit promettait d’être très mouvementée.


-         Un akuma, tu crois ? demanda-t-elle, en fronçant les sourcils.

-         J’en suis même sûr. On a du travail, ma Lady.

-         C’est le deuxième en une journée ! C’est pas possible d’être un peu tranquille ? bouda-t-elle, croisant les bras sur sa poitrine.

-         Tu parleras de tout ça au Papillon quand tu le verras, répondit le félin d’un ton moqueur. En attendant, on ferait bien d’y aller.


Ils échangèrent un regard entendu, comme ils savaient si bien le faire, et se dirigèrent, grâce à son yoyo pour l’une et à son bâton extensible pour l’autre, vers le neuvième arrondissement de la capitale. D’après Chat Noir, les cris provenaient de la place de la rue Richer, près des Folies Bergère. Et effectivement, sitôt les deux héros arrivés sur les lieux, ils se heurtèrent à une foule de parisiens paniqués qui couraient dans tous les sens, et tentaient d’échapper à l’akumatisé. Ce dernier ne se fondait pas trop mal dans la foule, si bien que les deux acolytes eurent tout d’abord du mal à le repérer. Les cheveux bruns bouclés et les yeux verts, il était vêtu d’un costume noir en velours que les deux héros identifièrent rapidement comme appartenant à ceux que portaient les anglais sous la période élisabéthaine au seizième siècle – Marinette était fan de mode, et Adrien en connaissait également un paquet sur le sujet, son père étant l’un des stylistes les plus réputés au monde. Son pantalon en toile était très ample, et ses bottes en daim claquaient contre le pavé de la capitale.


-         Timéo ! Tu vas regretter de m’avoir volé le rôle principal ! C’est moi qui ferai Othello, et qui embrasserai Emma !


Ladybug et Chat Noir se regardèrent, ahuris. Étaient-ils en train de rêver, ou bien… ?


-         Je suis Shakespeur, tremblez devant ma colère ! Personne ne me volera mon Emma– ma Desdémone ! rugit le super-vilain.


D’accord, ils étaient bel bien dans la réalité.

Visiblement, le méchant de ce soir paraissait être un acteur déçu. Sans doute avait-il été pressenti pour jouer le rôle principal d’Othello, avant d’être finalement relégué à un autre poste, remplacé par un autre comédien qui prendrait donc sa place aux côtés d’Emma – la fille qui incarnerait Desdémone –, Emma dont le super-vilain semblait être fou amoureux, au point qu’il ne supportait pas qu’elle jouât avec quelqu’un d’autre que lui, même si c’était « pour de faux ». Mais Shakespeur ? Vraiment ? C’était sans doute pour faire le lien avec Shakespeare, le dramaturge, mais quand même… Le nom n’avait rien d’effrayant. Quelle coïncidence ! songea Ladybug, amusée. Dire qu’en cours, elle–


Elle sortit de ses pensées lorsque Chat Noir l’attrapa brusquement par le poignet, la forçant à venir se cacher avec lui derrière un mur voisin. Le vilain ne les avait pas encore vus, c’était le moment ou jamais d’élaborer une stratégie, efficace si possible. Le problème était que, pour l’instant, aucun des deux n’avait repéré où pouvait bien se cacher l’akuma. Il allait falloir retourner observer le super-méchant de plus près. Le félin se proposa immédiatement pour faire diversion. Sa partenaire refusa dans un premier temps, mais accepta finalement, faute d’autre proposition. Chat Noir lui fit un clin d’œil malicieux, censé la rassurer, avant de quitter son refuge et de partir à l’assaut du super-vilain, déterminé et plein d’énergie. Le bougre attaquait les citoyens à coup de produit pulvérisé, par une bombe qu’il tenait dans sa main, sur ses victimes. Les personnes touchées avaient les muscles du visage complètement paralysés, et se retrouvaient affublées de masques d’argile typiques du théâtre antique grec ; il fallait que cela cessât, et rapidement.


-         Eh, l’artiste ! On t’a jamais dit qu’il ne fallait pas réveiller le chat qui dort ? Crois-moi, chat va mal se passer !


Le super-héros attrapa son bâton extensible argenté dans son dos, et le déploya, prêt à passer à l’attaque. Le méchant se retourna, et regarda son adversaire d’un air féroce. Bien, c’est le moment, décida le garçon, en s’élançant vers son opposant. Mais à peine avait-il couru quelques foulées, qu’il se retrouva presque aussitôt en difficulté : le super-méchant le bombardait avec des pieux en bois dont les extrémités métalliques étaient pointues et acérées comme des mâchoires. L’un d’entre eux lui frôla la joue, l’égratignant au passage. Pour se protéger, il mit son bâton devant lui, et le fit tournoyer, en mode bouclier. C’était manifestement assez pour repousser les pieux, et il continua sans tarder sa course ; il se rapprochait de Shakespeur de seconde en seconde, il était presque sur le point de l’atteindre !

Un appui mal posé de son pied suffit à le déséquilibrer. Profitant de cette aubaine, le méchant envoya deux pieux en bois qui foncèrent droit sur Chat Noir ; ils allaient si vite qu’ils emportèrent le héros – qui lâcha son bâton sous le choc – avec eux, jusqu’à un mur un peu plus loin derrière. Leur vitesse fut suffisante pour qu’ils s’enfonçassent dans le béton. Le félin se retrouvait ainsi cloué au mur par les deux puissants pieux de chaque côté de sa tête. Il s’agita comme un beau diable, pour tenter de se libérer, mais rien n’y faisait. Il hésita un instant à utiliser son Cataclysme, mais cela impliquerait qu’il dût laisser sa Lady seule comme il se détransformerait, alors qu’elle avait besoin de lui ; et il n’arrivait pas à atteindre les pieux, de toute façon.


-         Eh bien, darling, c’est ce qui s’appelle apprendre les good manners ! se moqua le vilain en prenant un faux accent britannique. Mais peu importe. Tu as quelque chose qui m’appartient…     


Chat Noir ouvrit de grands yeux terrorisés en apercevant le super-vilain dangereusement s’approcher de lui, prêt à lui ôter son miraculous. Le jeune garçon ferma les yeux et serra les dents, tentant une dernière fois de se débattre, mais il constata que tout espoir était perdu, lorsqu’il sentit l’anneau lentement glisser le long de son doigt. Shakespeur était sur le point d’avoir l’un des deux bijoux les plus puissants au monde, la bague du Chat Noir ! Ce n’était pas possible, le félin ne pouvait pas concevoir que tout s’arrêtât maintenant, après tous ces akumas que lui et sa partenaire avaient combattus ! Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, alors qu’il sentait petit à petit la magie le quitter. Sa force hors-norme l’abandonnait, et son masque commençait progressivement à disparaître, alors que le rire cruel du super-méchant résonnait dans la ruelle.


Puis, soudain, la chevalière cessa de glisser le long du doigt de Chat Noir. Voyant qu’il ne se détransformait pas, ce dernier ouvrit les yeux.

A sa grande surprise, le vilain était étalé de tout son long devant lui, ses deux pieds soigneusement ligotés par un fil… de yoyo. Non loin, Ladybug, une main sur ses hanches, souriait à son partenaire. C’était moins une ! songea le félin, en s’efforçant de remonter sa bague qui était descendue dangereusement bas, sur son doigt. Sa coéquipière dut user de toutes ses forces pour le libérer des pieux en bois qui le retenaient solidement cloué au mur. Une fois libre de ses mouvements, il épousseta quelque peu sa combinaison, avant de remercier sa jolie Lady d’un grand sourire ; elle lui rendit dans la foulée son bâton, qu’elle avait récupéré. Malheureusement, ils n’eurent pas le temps de s’étendre dans les politesses, car Shakespeur s’était libéré de l’emprise du yoyo, et n’avait plus pour seul objectif que de les détruire… après s’être emparé de leurs bijoux. Les deux super-héros se dépêchèrent de quitter la rue, et de trouver un endroit un peu tranquille où se réfugier ; le garage resté entrouvert d’une vieille maison se révéla être une bonne cachette.


-         Je suis arrivée au bon moment, on dirait ! s’exclama Ladybug. Par contre, je ne sais toujours pas où se cache l’akuma.

-         Dans son mouchoir.


Sa partenaire le regarda avec des yeux ronds, l’invitant à poursuivre.

-         Il a un mouchoir dans la poche de sa veste ; dans Othello, il y a toute une mise en scène visant à manipuler Othello pour qu’il croie sa femme Desdémone coupable d’adultère, expliqua-t-il.


-         Eh bien, tu as l’air de t’y connaître, en tragédies shakespeariennes !

-         Plus que tu ne le crois, ma Lady. En tout cas, on ferait bien d’y retourner, avant que cet akumatisé ne fasse encore plus de dégâts.


La Coccinelle acquiesça. C’était le moment ou jamais d’utiliser son Lucky Charm, sinon, ils n’arriveraient à rien, et Paris allait subir de terribles dommages. D’un air résolu, elle suivit donc son coéquipier, la main instinctivement posée sur son yoyo, prête à repartir à la charge. Ils n’avaient plus le droit à l’erreur, désormais. C’était quitte ou double.

Le super-méchant errait dans une ruelle adjacente, le duo le retrouva donc aisément. Ladybug n’attendit pas davantage pour utiliser son sort de création, mais déchanta rapidement lorsqu’un ventilateur blanc gros modèle retomba dans ses mains gantées. Génial, encore un nouvel objet incongru dont elle n’avait aucune idée de comment s’en servir. Pourquoi n’avait-elle jamais de mode d’emploi ?


-         Ca tombe bien, j’avais besoin d’un peu d’air frais, plaisanta Chat Noir.


Ignorant les plaisanteries douteuses de son coéquipier, la jeune femme analysa son environnement. Son yoyo clignotait, ainsi que le ventilateur, le super-méchant… et une borne à incendie située à quelques mètres du duo. Il n’en fallut pas plus à l’héroïne pour établir une stratégie. Elle avait une idée de comment agir.

Sûre d’elle, elle demanda à son partenaire d’aller détruire la borne à incendie avec son cataclysme. Aussitôt, l’eau jaillit en direction du ciel dans un jet surpuissant. Le ventilateur permit de faire passer le jet d’une position verticale à une position horizontale, et le super-méchant se retrouva aspergé d’eau, ainsi que tout le sol de la rue. Furieux, Shakespeur poussa un hurlement de rage en se précipitant vers les deux héros, mais glissa lourdement sur le sol mouillé. Grâce à son yoyo, Ladybug le ficela et le ramena jusqu’à elle d’un geste sec, avant de s’emparer du mouchoir brodé qui se trouvait effectivement dans la poche de sa veste, et de le déchirer. Quelques instants plus tard, l’akuma était purifié.


-         Bien joué ! s’exclamèrent les deux héros en cognant leurs poings, alors que le parisien, désormais redevenu normal, reprenait doucement connaissance.


Les deux héros se regardèrent longuement.


-         Bon, ben, j’aurais aimé discuter davantage, mais il ne nous reste plus beaucoup de temps avant de nous détransformer… déclara l’héroïne. Et je sais pas pour toi, mais une journée pénible m’attend, demain.


Ladybug grimaça en pensant à Chloé qui allait forcément vouloir s’accaparer Adrien pour elle seule. Elle allait surjouer, faire son intéressante et se comporter comme une vraie petite peste, la jeune super-héroïne n’était pas sûre de pouvoir supporter cela. Pourquoi avait-il fallu que ce fût la fille du maire qui eût obtenu le rôle principal ? Franchement, il y avait des choses vraiment injustes, dans ce monde. Et dans ces moments-là, elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander si Chat Noir avait lui aussi quelques déboires dans sa vie personnelle. Elle ne savait rien de lui, mais cela ne l’empêchait pas, quelques fois, de se laisser aller à un peu d’imagination. Elle était d’ordinaire très inventive, ayant tendance à se faire des films de tout et de rien, ce qu’on lui reprochait d’ailleurs assez fréquemment.


A en juger par la mine assez contrite de son partenaire, elle en déduisit que la journée de demain ne s’annonçait visiblement pas plus radieuse pour lui non plus. Elle lui sourit, pour lui remonter un peu le moral, avant qu’un bip pressant de leurs miraculous respectifs ne les ramenassent tous deux à la réalité. Comme d’habitude, ils se séparèrent sans traîner, Ladybug en lançant son yoyo au loin pour regagner la boulangerie où elle vivait, Chat Noir en déployant son bâton extensible pour rejoindre le manoir – il était plus exact de dire prison – où il était cloîtré.


-         Elle aime quelqu’un d’autre… souffla Adrien après s’être détransformé.


Il éteignit la musique de piano sur son smartphone et s’allongea sur son lit, le revers de sa main posé sur son front, tandis que Plagg, nullement concerné par les histoires de cœur de son choisi, engloutissait d’un coup trois camemberts bien odorants, piochés dans sa réserve spéciale. Après quoi, il se lécha longuement les babines, sous le regard désabusé de son porteur, qui poussa un long soupir indéchiffrable.


-         Je t’avais prévenu, ironisa le kwami. Avec une bonne part de camembert, au moins, on n’est jamais déçu.

- J’ai pas de peine de cœur, Plagg. Parce que je suis certain qu’un jour, elle m’aimera autant que je l’aime.


Un sourire rêveur se forma sur les lèvres du jeune homme, et il ferma les yeux. Cette nuit avait été bien plus mouvementée qu’il ne l’eût cru : quelle coïncidence, tout de même, de se retrouver face à un akumatisé sur le thème de Shakespeare, alors le blondinet devait justement jouer une pièce du même auteur, pour le spectacle de fin d’année ! Peut-être que le Papillon l’avait fait exprès ? D’ailleurs, en parlant de lui, il s’en était fallu de peu pour qu’il parvînt à mettre la main sur le miraculous du Chat Noir. Il devenait plus puissant, c’était du moins le sentiment d’Adrien, et ce dernier en était arrivé à une seule conclusion.


Il fallait trouver qui était le Papillon.


Il devait bien y avoir un moyen d’accéder à sa cachette secrète, un moyen de trouver son repère ! Ce n’était pas le tout de combattre des akumas, il fallait également mettre hors d’état de nuire celui qui en était à l’origine, parce que sinon, Paris ne cesserait jamais d’être en danger. Et pour peu que Ladybug et Chat Noir eussent des empêchements du fait de leurs vies civiles respectives, il n’y aurait plus personne pour protéger la capitale. Mais trouver où se cache exactement le Papillon risque d’être compliqué, songea Adrien, abattu, on ne l’a jamais vu en vrai, et on ignore comment se rendre à sa cachette ! Il devrait parler de tout cela avec sa Lady dès qu’il la verrait, la prochaine fois. Elle avait toujours d’excellentes idées, après tout.


Il jeta un coup d’œil à la tablette posée à côté de lui, sur la couette, pour constater qu’il était neuf heures et demie passé. Autrement dit, il était temps de se mettre au lit, s’il voulait être en forme pour répéter, demain. Cela allait s’annoncer compliqué, surtout avec Chloé. Elle avait beau être une amie pour Adrien, il regrettait profondément qu’elle ne fît pas plus d’efforts pour paraître agréable aux yeux des autres et s’intégrer à la classe. Elle avait perdu sa mère, victime d’un cancer, très jeune, ce qui l’avait encore plus rapprochée du jeune adolescent, puisque lui aussi avait perdu sa mère, l’année précédente. Il fallait espérer que tout se passerait bien, et qu’aucun akuma ne viendrait perturber le bon déroulement des répétitions.

Adrien se promit d’être très vigilant.


 

***

 


En ce qui concernait Ladybug, elle regagna le commerce familial sans encombre, atterrissant souplement sur sa terrasse extérieure. Elle eut tout juste le temps de raccrocher son yoyo autour de sa taille, qu’une pluie de paillettes roses accompagnée d’un vif éclat de lumière la fit redevenir la simple et ordinaire Marinette Dupain-Cheng. Tikki voletant à ses côtés, l’adolescente s’empressa de regagner sa chambre ; visiblement, ses parents n’avaient heureusement pas pris la peine de monter vérifier qu’elle dormait bel et bien, et c’était tant mieux, dans un sens ; elle avait déjà suffisamment de mal à justifier ses absences extrascolaires, il ne manquait plus qu’elle dût aussi répondre de ses disparitions nocturnes ! Si seulement elle avait pu expliquer à ses parents qu’elle était une super-héroïne qui protégeait la ville ! Ils auraient certainement été beaucoup plus compréhensifs. Quelle situation injuste… pesta-t-elle, en venant s’asseoir à son bureau.


Elle jeta un coup d’œil aux croquis sur lesquels elle avait travaillé avant d’aller retrouver Chat Noir. Ils étaient très sommaires, sans compter qu’elle n’avait pas encore fait les esquisses des costumes de tout le monde. Dans l’idée, elle comptait demander à ses camarades s’ils avaient des désirs particuliers ; comment, concrètement, ils voyaient leurs costumes, histoire de satisfaire les besoins de tout le monde, même si, déjà, l’apprentie styliste imaginait des couleurs plutôt chaudes, et qu’elle voyait bien la robe de Chloé en jaune.


L’adolescente laissa échapper une grimace. Elle n’avait aucun doute quant au fait que demain, à la première heure, la fille du maire n’allait pas se gêner pour lui pourrir affreusement la vie, et ce au-delà du domaine du supportable. A commencer par sa tenue, donc. Cela n’allait pas louper, elle allait sûrement exiger quelque chose d’époustouflant, de sublime, orné de perles précieuses ou de joyaux, bref, impossible à réaliser. En somme, un vêtement extravagant destiné à la mettre une fois de plus en valeur, elle et uniquement elle, alors qu’elle n’était pourtant pas la seule qui jouerait dans la pièce. Le plus injuste était qu’en tant que personnage principal, elle avait son mot à dire, concernant ce qu’elle allait porter, la tenue devait lui plaire un minimum, mais ce serait l’occasion de faire tourner Marinette en bourrique. Profondément irritée à cette idée, cette dernière prit rageusement un crayon à papier, et commença à s’attaquer à la tenue de Chloé ; au moins la fille du maire aurait-elle un aperçu de sa tenue de scène dès demain, ce qui laisserait le temps à la franco-chinoise de gérer la liste sans doute très longue des exigences auxquelles elle devrait faire face.


-         Tu devrais aller dormir, Marinette, conseilla sa kwami en venant se frotter contre sa joue. Tu ne seras pas en forme demain, autrement.

-         Ne t’en fais pas Tikki. Il n’est pas si tard que ça, et puis, je veux pouvoir au moins présenter les croquis de leurs tenues à Chloé et Adrien, parce que ce sont les personnages principaux. J’avance dans mes dessins, et après j’irai me coucher, c’est promis.


La petite créature soupira, l’air las, et vint se poser sur le bureau, observant sa porteuse donner des coups de crayons énergiques sur sa feuille. L’adolescente était très bornée, la kwami savait qu’elle ne parviendrait pas à la faire changer d’avis. Tout ce qu’elle pouvait faire était donc d’encourager la jeune fille du mieux qu’elle pouvait, en espérant que cette dernière ne passât pas la soirée à travailler sur ses tenues.


Mais en fin de compte, ce fut Tikki qui s’endormit la première, et la nuit était déjà bien avancée lorsqu’une Marinette écroulée de fatigue se résigna finalement à gagner la chaleur d’un bon lit douillet.

 

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