Ponykrieg

Chapitre 1 : Prologue

Catégorie: T

Dernière mise à jour 20/03/2012 20:32

Le soleil chauffait la ville de Sarajevo en ce mois de juin.
La foule de badauds, en tenue d'été s'était massée nombreuse pour tenter d'apercevoir l'illustre hôte de la ville, l'archiduc François-Ferdinand, l'héritier de la Double Couronne d'Autriche Hongrie ainsi que son épouse.
Après tout, ce n'était pas tous les jours que la noblesse austro-hongroise quittait Vienne pour se rendre aussi loin au sud, dans les Balkans, presque à la frontière de l'Empire.

Et puis la foule était curieuse de voir le futur empereur, qui, disait-on, serait prêt à donner plus d'importance au peuple serbe une fois assis sur le trône de la Double Monarchie.
Les curieux n'avaient pas été déçus : l'archiduc était apparu dans un magnifique uniforme militaire bleu et son épouse portait un chapeau à plume mauve qui ferait des envieuses pendant longtemps dans les cercles de la bonne société bosniaque.

Mais une surprise de taille attendait la foule venue voir François-Ferdinand : trottant aux côtés de la voiture impériale, les habitants de Sarajevo et ceux qui avaient fait le déplacement, purent découvrir une jument de grande taille, d'une couleur blanche comme la neige, aux puissantes ailes repliées sur le flanc et dotée d'une corne sur le front.
Chez les badauds, on murmura, on détailla et on se pinça. Est-ce que c'était une illusion collective ?
Qu'il y ait des chevaux dans l'escorte de l'archiduc, pourquoi pas mais enfin, un animal aussi étrange ?
Avec des ailes et une corne ? Et une crinière multicolore, qui semblait danser dans les airs alors qu'il n'y avait pas de vent, comme si elle était faite de gaz ?
Soit les yeux de tous les spectateurs leur jouaient un mauvais tour à tous en même temps, soit les garçons de café de la ville avaient eu la main lourde sur la bière ce matin !
Quelques rumeurs traversèrent la foule, se déformant et s'amplifiant au fur et à mesure qu'elle passait d'une personne à l'autre. On disait que c'était un cadeau exceptionnel offert par la ville à l'archiduc ou au contraire, que c'était François Ferdinand lui-même qui venait apporter cet extraordinaire présent au maire de Sarajevo en guise de récompense pour sa fidélité à la Monarchie Danubienne.

L'animal était hors du commun mais après tout, on était au XX° siècle !
La science faisait des pas de géant chaque jour ! Peut-être était-ce une nouvelle espèce de cheval que l'on venait de découvrir à peine ?
Quelques spectateurs, les plus proches du convoi impérial, affirmèrent avoir entendu la jument s'adresser en allemand, au couple archiducal.
On rit franchement. C'était sûrement une gigantesque plaisanterie !
On avait maquillé cette jument pour en faire une licorne ailée et un ingénieux système devait donner l'illusion qu'elle parlait. Tout ça dans le but de jouer un tour à la foule. En son temps, Louis II de Bavière était connu pour ses coups de folie.

Ca ne serait pas la première fois que la noblesse faisait part d'excentricité pour impressionner son peuple.
On rit moins quand on vit une bombe tomber droit sur la voiture impériale, rebondir sur sa capote et atterrir dans le véhicule qui suivait l'archiduc avant d'exploser dans un fracas assourdissant.
Le temps sembla brusquement se figer dans Sarajevo et dans l'Empire tout entier. Une bombe.
Quelqu'un avait lancé une bombe sur l'archiduc !
Mouvements de foule.
 
Cris, pleurs, hurlements des blessés. Pourtant, une fois la fumée dissipée, on s’aperçut que l'héritier austro-hongrois était sauf et le convoi repris sa route.
Les policiers arrêtèrent un jeune homme qui s'était jeté dans le fleuve juste après l'attentat, sur la base de plusieurs témoignages qui le désignaient comme le lanceur de l'engin explosif.
Pour l'heure, toute la ville oublia la mystérieuse jument.
Près de trois quart d'heure plus tard, après une halte à la mairie, François Ferdinand et sa femme étaient remontés dans leur voiture et le convoi s'était ébranlé vers l'hôpital, le couple souhaitant se rendre au chevet des blessés de l'explosion.

Près du pont Latin, alors que le convoi ralentissait pour permettre au chauffeur de tourner, un jeune homme parvint à ratrapper la voiture, à franchir l'escorte, à pointer son pistolet et à tirer à trois reprises.
Trois coups de feu simples, tirés avec une petite arme de poing.
La première balle atteint l'archiduchesse au ventre, la seconde frappa François Ferdinand au cou et la dernière alla se loger, en rebondissant sur la portière de la voiture, en plein dans le cœur de l'étrange jument.
Les blessés portèrent respectivement mains et pattes à leurs blessures alors qu'on se précipitait pour les aider et que l'on se saisissait du tireur.
On transporta en catastrophe le couple archiducal à la résidence du gouverneur mais c'était peine perdue : François Ferdinand et son épouse succombèrent à leurs blessures quelques minutes plus tard. La mystérieuse jument elle, fut tuée sur le coup.

En cette matinée du 28 juin 1914, à Sarajevo, il ne faudrait pas plus de ces trois coups de feu pour embraser l'Europe et la précipiter dans la plus formidable guerre qu'elle n'avait encore jamais connue.
Au sang versé par l'archiduc et de sa femme, ferait écho celui d'un continent tout entier.
 
Et par celui de sa souveraine Celestia, tuée par hasard dans l'attentat, la Principauté d'Equestria allait se joindre à la danse macabre du grand suicide européen.

Laisser un commentaire ?