La folie nous guette

Chapitre 1 : La folie nous guette

Chapitre final

2046 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/06/2020 19:27

Cette fanfiction participe aux Défis d’écriture du forum Fanfictions . fr : Songe d’une nuit d’été (juin - juillet 2020).




Ses pieds nus s’enfonçaient dans ce sol mou. Les grains de sable tièdes s’infiltraient entre les orteils. La brise effleurait son visage. Toute cette adhérence lui était agréable.

Le ciel à moitié dégagé, il contemplait les étoiles qui se reflétaient dans l’eau noir. La lune quasi inexistante, ses yeux s’habituaient aux ténèbres.


Des tentacules émergeaient - silencieusement - de temps à autre. Il aimerait tant y plonger. Découvrir l’abysse. Une voix profonde susurrait dans son oreille : « Plus tard ».


L’océan se noyait dans son mutisme. L’homme est de nouveau isolé. Loin de tous ses problèmes.

Il vagabondait à travers l’étendue boisée. Il emprunta - le seul et unique - chemin tortueux. Ses doigts s’amusaient à frôler l'écorce d'un arbre. Ce contact brut l’apaisait. À la lisière, se trouvait des collines.


L’air purifiant de la nuit lui donnait un regain d’énergie encore inconnu jusqu’à là. L’obscurité paradisiaque le rassurait. Il n'était pas seul sur cette terre défraîchie.


Un amas de carcasses s’éparpillaient sur ces tertres, maculés de sang de ces créatures maritimes, méconnaissable pour certaines.


Les petites particules vertes - plus luisante que des lucioles - indiquaient la voie à suivre. Il déambulait - heureux - sans se retourner.

Une maisonnette l’attendait - façonnée de plusieurs espèces de ramures, parsemées de lierres et de brindilles - au sommet du plus haut tumulus. Un épais nuage verdâtre encerclait le pavillon, ne laissant libre accès qu’à la porte d’entrée.


La brume condamnait toutes les autres issues.


Avant d’entrer, il inhala la fumée verte qui chatouillaient son nez depuis un long moment. Une odeur putride s’insinuait dans ses narines. Rien d’inquiétant.


L’intérieur était bien plus grand, qu’il ne se l’était imaginé de l’extérieur.


L’été succombait à la froideur de l’hiver. Des pierres remplaçaient le plancher et les murs, qu'il croyait être fait de bois.


Les mèches de bougies s’embrasaient - sous le feu mentholé - à mesure que le trentenaire avançait. L’éclairage s’intensifiait du côté de l'aile droite.


Un délicat parfum de poisson citronné errait dans les couloirs. Son estomac criait famine. Sans attendre, il se dirigea à l’endroit exact d’où provenait cette fragrance.

Personne dans la cuisine. La table décorée d’une multitude plats chauds - recouverts de saleté mêlé à des entrailles - lui donnait l’appétit.

L'homme s’installa. Il se sentait chez lui. Soulevant le couvercle devant lui, il dévora le contenu de l’assiette. La viande avarié - un peu plus loin - lui donnait l'eau à la bouche. Il dégustait ensuite sa sauce pourpre.


Des chuchotements s’élevaient. Cette étrange langue l’envoutait. Une force invisible l’entraînait doucement au premier étage.

Des symboles jonchaient toute l’enceinte. Il enjamba le cadavre humain à la peau fraichement découpés. L’effluve l’importunait, sans plus.


Dans la nouvelle pièce se trouvait un bureau en pagaille. Une feuille atterrit à ses pieds. Impossible de lire. Sa vue se brouillait sous ces lignes indescriptibles.

Ses yeux se posaient à présent sur le sol. Quelqu’un, à l'aide d'une craie, avait dessiné - au centre du cercle - un drôle de pentacle avec des traits déformés. À l’intérieur de l’étoile, un signe plus mystérieux y figurait.

De nouveaux murmures l’appelaient. La porte du balcon était grande ouverte. Un voile blanchâtre parfois nuancé de bleu et de vert - masquait l’extérieur. Il pénétra sans problème cette barrière.

Le voilà de retour au point de départ.


✧ ✬✯✬ ✧


« Howard… Howard… HOWARD ! ». Les secousses m’obligèrent à ouvrir les paupières, encore alourdies par la fatigue. Alyson n’hésitait pas à me frapper le crâne pour activer mes neurones plus rapidement.

Depuis notre arrivé à Dunwich - un lieu purifiant et ressourçant - j’étais en phase d’hypersomnie, avec l’impression de vivre continuellement dans un univers fantasmagorique, incarné dans un autre corps.


Une vie antérieur ou seulement une imagination débordante ? Toujours les mêmes rêves…. Cette soirée, autour de ces flammes envoutante, m’emportait - sans que je m’en aperçoive - dans un tourbillon d’insanité.


Tout le monde autour de moi semblait suspect, mais pour quelle raison ? Les habitants de Dunwich se montraient accueillant et chaleureux. Particulièrement les parents d’Alyson, accueillant notre groupe d’ami et moi, à bras ouverts, toujours au petit soin.


Seul Julian connaissait mes craintes, mais il bayait aux corneilles - depuis trois jours, dirais-je - altéré dans un espace temps bien à lui.

Depuis combien de temps étions-nous ici maintenant ?


✧ ✬✯✬ ✧

Ce soir, le groupe prévoyait de faire une petite sortie improvisée dans l’ancien quartier portuaire, en dehors de la ville. Excités par ce petit plan minutieusement concocté par Aly, je restais isolé dans mon coin, avec l’intime conviction qu’il était préférable d’écourter nos vacances dans cette étrange ville.

Je ne pouvais pas dire à Alyson que je trouvais le comportement de sa famille de plus en plus anormal. Que pouvait-ils bien faire dans cette accoutrement bizarre, datant de quelques siècles ? Qui les accompagnaient ? Où allaient-ils ?


Le calme plat. L’ouïe fine, j’entendais le craquement des vieux arbres. Un frisson me parcourut l’échine. Cette sensation désagréable d’être en danger me contrariait.


Une lueur inexplicable sillonnait les yeux noisettes de ma petite-amie. À croire qu’un esprit la possédait, forcé de constater qu’elle aussi agissait de façon inaccoutumé. 


Nous arpentions la cime pour déceler l’ancien phare encore intact, malgré les grosses marées et plusieurs cycles lunaire passés.


Les vestiges de ce port demeuraient sous la mousson, englués dans les algues.


À une autre époque, une végétation luxuriante, où la faune régnait en maître avoisinait la ville.Plutôt l’ancien village. Aujourd’hui, un bon gros pavé de bétons recouvrant cette terre sauvage. 


✧ ✬✯✬ ✧


Des fantômes erraient, mais ne nous voyaient pas. Mes amis non plus.


Que se passait-il ? 


Le vide. Me voilà de nouveau dans la réalité.

Je regardais derrière moi, persuadé que quelque chose nous suivait. Ces bruits d’un animal rampant sur le sable paraissaient tellement réaliste. Rien.


Je rattrapai le groupe, toujours aussi insouciant. Excepté Alyson, comme possédée. « Tu es le prochain sacrifice ». Ses yeux brillaient intensément, avant de continuer « Je rigole, je racontait encore une fable qui accompagne ce merveilleux endroit ».


Des rumeurs circulaient que les villageois - pratiquants la consanguinités - sacrifiaient les étrangers au nom des anciens. Ces mythes plus glauques les uns que les autres, me filait la gerbe.


✧ ✬✯✬ ✧


Toujours dans la peau du même homme. Les mêmes lieux, la même pensé, les mêmes gestes… Aucun contrôle. 


« Sauve toi… Fuis ! ». 


Mes terreurs nocturnes ressuscitaient une ancienne angoisse. Devenu une obsession. Évaporé dans le temps. La lyssophobie.


Le peu de vêtements couvrant mon corps se collaient à ma peau. La sueur dégoulinait de mon front jusqu’à la voûte plantaire. 


À peine je sortais de la tête de l’eau, que quelque chose m’entraînait au fond du précipice. Des Comment me dégager de là ?!


« HOWARD ! » La voix d’Aly m’extirpa de ce cauchemar sans fin. 


Au petit déjeuné, les individus autour de la table jetaient des coups d’œils inquiet. Pendant notre petite escapade nocturne - d’après Jess’ - j’étais rentré dans une trans assez effrayante, proférant un dialecte étrange. 


Je ne me souvenais de rien. 


Une chose et sûr, c’est qu’en ce jeudi - non vendredi - tout semblait normal. Pas d’oppression ou de conduites excentrique de la part des citadins.


Je gambergeais tout le long du chemin avant de rentrer dans la petite librairie du coin. À l’intérieur, pas de tables, seulement des livres accumulés et entassés de part et d’autre. Cet endroit regorgeaient de grains de poussières. À peine que l’un d’entre eux bougeait qu’il emportait les autres, picotant l’intérieur de ma voie nasale.


Un tableau représentant la rivière Miskatonic ornait le mur délabré.


Contre ce même mur, trois consoles d’exposition. Une dague. Un livre. Une photographie : L’université de Miskatonic se situant dans l’immense ville d’Arkham.

Ce symbole sur le livre. Il me disait vaguement quelque chose. Bien sûr ! Ce pentacle ! C’était le même que dans mon rêve. 

— Puis-je vous aidez ? 

Le voix grave m’ôta de mes songes. Sans crier gare, l’homme tout prêt de moi, me scrutait, analysant mon âme.

Les poils de sa barbe ressemblait à des tentacules. Une vision d’horreur accapara mon cerveau. La moitié du visage du vendeur se pourvoyait d'un épiderme écailleux et biscornu. 


Une secte autour de lui. Les autres individus portaient un masque - avec des tentacules blanches peint - en bois, le vénérant. Le même costume que portaient les parents d’Alyson.


Paniqué, je m’enfuis à l’extérieur du magasin pour retrouver l’air convivial de la ville. La vie reprenait son cours. De l’extérieur, la librairie semblait vraiment banal. 



Ces vacances d’été allaient me rendre fou. Je devais à tout prix partir d’ici, mais comment convaincre les autres ?



✧ ✬✯✬ ✧


— Comment ?

— Oui, ils sont partis à la plage, il y a peine quinze minutes. Nous pouvons t’y amener en voiture si tu le souhaite.

— Non merci. Me dégourdir les jambes me fera le plus grand bien…

Les parents d’Alyson insistèrent pour m’y conduire. Je risquais de me perdre en chemin, sachant qu’une bonne heure de route séparait l’océan et Dunwich.


Arrivé à destination, me voilà abandonné sur cette fameuse plage. Personne. Le ciel s’assombrissait. 


Quelle heure était-il ?


Je regardai mes mains. Rien d’anormal. 

Mes soupçons se fondaient. Pied nu dans la sable, j’expérimentais pour la première fois mon rêve en plein éveil. 


Cette fois-ci, l’homme - mon ancêtre peut-être - n’étais pas au rendez-vous. Je reconnai les empreintes de mes doigts différentes de ce dernier. Pas de cicatrices apparentes.


Je combattais mon anxiété du mieux que je pouvais. Contrairement à ma chimère, je contrôlais pleinement mes faits et gestes. 


Hors de question d’aller là bas.


Des chuchotements grondaient dans l’eau. Je refusais obstinément de suivre ses ordres. Le silence aspirait mes cris.


Je fermai les paupières, paralysé. Je sentais cette couche visqueuse me palper, ramper progressivement autour de moi. Je suffoquais sous l’étreinte de cette queue gluante.


Projeté, je me réveillai dans la forêt. Je priais pour que cela cesse. Toute ces hallucinations depuis le début me rendaient dingue.


Encore libre de choisir mon chemin, je détalait comme un lapin dans le sens inverse.

Alors que je me croyais loin de tous problèmes, je me retrouvai au point de départ. Impossible de franchir les murs invisible, contraint à rebrousser chemin et faire perdurer ce mauvais rêve une énième fois.


✧ ✬✯✬ ✧


Je ne comptais plus le nombre de fois que je vivais ce cauchemar, jusqu’à ce que je sois ligoté sur ce brancard. 


« Faux ! Je n’ai tué personne. Ne vous fiez pas à ces habitants, monsieur le détective. Je connais toute l’affreuse vérité maintenant.

Tous ces mythes, ces légendes sont authentique. La fin est proche. Je les vois défiler sous mes yeux. Les anciens sont là. » 

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