L'histoire d'amour de Kakashi Hatake [En réécriture]

Chapitre 54 : Les bactéries de la coalition

7946 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/12/2024 10:13

 Chapitre 54 : Les bactéries de la coalition


Le ciel noir s’éclaircit légèrement par la fenêtre de sa chambre, l’aube approche il faut croire, nous avons donc passé la nuit entière à nous embrasser et à nous câliner…

Nous planons encore comme deux bienheureux, pas loin de nous endormir après cette nuit délicieusement agitée lorsque Hanako me tire un peu du sommeil :

-         Tu as parlé de complications dans ta mission ? se rappelle-t-elle.

Ce sont effectivement les seuls mots que nous ayons échangés hier soir avant de nous sauter dessus. Je rassemble le peu d’énergie qu’il me reste pour lui faire un résumé grossier :

-         J’ai été gravement blessé, ça s’est surinfecté, j’ai déliré sous la fièvre avant qu’Hinari ne m’ouvre en deux sans anesthésiant pour me sauver la vie, j’ai fini par m’évanouir de douleur et j’ai repris conscience plusieurs jours plus tard, marmonne-je machinalement à moitié endormi.

Elle se redresse comme un diable pour me regarder avec horreur :

-         Je t’en supplie, dis-moi que tu plaisantes ?! geint-elle d’une voix aiguë.

-         Je préfèrerais…, soupire-je en passant mes doigts sur sa joue pour la rassurer.   

Je suis déjà distrait par la douceur de sa peau et la sensualité de ses lèvres quand elle me ramène sur terre en me demandant de tout lui expliquer, ce que je fais.

Dès que je termine, elle saute sur ses genoux et place ses mains couvertes de chakra rose au-dessus de mon abdomen.

-         Qu’est-ce que tu fais ? demande-je bêtement.

-         J’essaie d’analyser tes tissus…, répond-elle avec une mine froncée sous la concentration.

-         Sexy…, râle-je en caressant l’une de ses cuisses pour la remettre dans une ambiance plus frivole.

Elle me lance un petit regard sévère et j’arrête tout de suite.

-         Ce n’est pas en mauvais état mais c’est toujours infecté…, murmure-t-elle.

-         Ah…, m’angoisse-je immédiatement.  

Des flashs de mon opération sauvage passent devant mes yeux.

-         Bon sang mais Hinari ne sait pas soigner ou quoi ?! s’énerve Hanako. Je ne sais pas ce qui me retiens de t’ouvrir moi-même immédiatement pour te soigner comme il faut !

-         Euh… moi !! m’exclame-je à mon tour en me redressant violemment et en saisissant durement ses mains que j’écarte de mon abdomen.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine au souvenir de ma « chirurgie », les images sont plus invasives que jamais sur mes paupières et quelques sueurs froides glissent sur ma peau.

Hanako m’observe avec de grands yeux, sans doute surprise par mon geste et ma virulence, ce n’est jamais arrivé que je la repousse de moi comme ça.

-         Je disais ça comme ça, je ne vais pas t’ouvrir là au milieu…, dit-elle.

-         Oui et bien je te signale que c’est ce qu’elle m’a fait ! Elle m’a charcuté comme un steak sans crier gare et sans anesthésiant alors j’en garde un souvenir absolument effroyable. Et crois-moi, il en faut pour me traumatiser, me justifie-je d’un ton fermé et dur.

Elle me regarde avec une petite mine confuse en mordillant sa joue, elle ne pensait vraiment pas me mettre dans cet état et honnêtement moi non plus ! Mais mon cœur bat encore la chamade, mon corps est crispé et je tiens toujours ses poignets légèrement trop fort dans mes mains. Je me trouve ridicule d’un coup, mais j’ai réagi de façon tellement épidermique, je n’ai rien contrôlé :

-         Tu m’as contrarié, dis-je pour dédramatiser la situation en relâchant ses mains.

-         Je suis désolée Kakashi, je ne voulais pas…, répond-elle d’une petite voix.

-         J’ai vraiment, vraiment eu un mal de chien, me justifie-je encore.

-         J’imagine à peine… En fait, je n’arrive pas à croire qu’elle t’ait vraiment fait ça… C’était vraiment indélicat de ma part, mon dieu tu as dû souffrir le martyr…, couine-t-elle.

-         Ce n’est rien, je suis désolé si je t’ai surpris, m’excuse-je.

Ses yeux se remplissent alors de larmes et je me décompose :

-         Je t’ai fait peur ?! m’affole-je.

-         Non… je suis juste… tellement triste que tu aies souffert comme ça… Si j’avais été là, je n’aurais eu qu’à t’endormir en une seconde… J’ai l’impression d’avoir manqué à mon devoir…, sanglote-t-elle alors que les larmes roulent sur ses joues.

Je l’attrape dans mes bras pour la rassurer un moment, jusqu’à ce que ses petites larmes cessent et que nous nous endormions.

*

Je me réveille comme un charme vers midi, j’ai incroyablement bien dormi après une nuit aussi douce mais Hanako est partie pour l’hôpital aux aurores... Je n’y ai pas réfléchi une seule seconde lors de nos câlins, partant du principe ridicule qu’elle serait en repos aujourd’hui comme moi, mais elle ne l’est pas et doit être épuisée… Je ne suis même pas sûr qu’elle ait eu deux heures de sommeil et je me sens coupable.

Je me redresse et ma douleur se réveille dans mon abdomen, bien plus vive qu’hier, d’ailleurs ma peau me semble plus chaude alors je suppose que cette horreur est en train de se réinfecter et je soupire.

 Je commence à en avoir assez de trainer cette plaie depuis des jours et des jours sans guérison complète mais Hanako m’a dit de passer aujourd’hui à l’hôpital pour faire des tests sanguins et une analyse plus profonde de ma blessure alors je sais que tout ça risque de très vite devenir un souvenir entre ses mains de fées.

Après une douche, je file à l’hôpital. Je ne prends même pas la peine de chercher aux autres étages et je monte directement au sien où je la trouve penchée sur le bureau de l’accueil en train de griffonner sur un bloc note en discutant avec la médecin qui est assise au bureau.

 Elle a son chignon désorganisé que j’adore au-dessus de la tête, et je suppose que ça signifie qu’elle est vraiment épuisée puisqu’elle ne le fait qu’à la maison en principe. Je me dirige vers elle et elle m’offre un regard tendre malgré ses beaux yeux fatigués :

-         Bien dormi ? chuchote-t-elle gentiment.

-         Mieux que toi je crois, la taquine-je à voix basse.

-         Arrête… j’ai dormi une heure, répond-elle en baillant.

Je fais un pas pour me rapprocher d’elle en tourant le dos à sa collègue pour nous cacher un peu et je passe discrètement une main dans son dos pour caresser tendrement du bout des doigts sa chute de reins, souhaitant lui apporter un petit soutien. Elle rougit légèrement et nous nous caressons du regard quelques secondes avant qu’elle m’annonce la suite du programme :

-         Il faut que tu remplisses le document d’information, c’est obligatoire. Tu peux le faire avec Saori ? Je dois finir ce que je fais, je suis désolée, murmure-t-elle en me lançant ses yeux les plus amoureux pour s’excuser.

Je me dirige docilement vers la fameuse Saori qui me prend gentiment en charge en m’expliquant qu’elle doit faire un état des lieux de ce qu’il s’est passé avant, pendant et après mon opération sauvage. Elle me pose tout un tas de questions auxquelles je réponds jusqu’à ce qu’elle relève la tête :

-         Donc vous n’avez pas pris de repos après une opération aussi invasive ?! demande-t-elle, très surprise.

-         Si, j’ai dormi quelques jours comme je vous l’ai expliqué…, dis-je.

Du coin de l’œil, je vois Hanako qui sourit de ma réponse et Saori hoche la tête en reprenant :

-         En général, nous préconisons une à deux semaines de repos après une intervention pareille…, m’explique-t-elle.

-         J’étais en mission, il fallait bien que je rentre…, me défends-je.

-         Vous avez été transporté dans une position confortable ou le voyage a pu aggraver votre blessure ? demande-t-elle.

-         Transporté ? Mais je marche…, réponds-je.

-         Vous avez couru toute une journée avec votre blessure ? dit-elle en fronçant les sourcils cette fois.

-         Oui… mais je n’avais plus mal, précise-je d’une petite voix.

Elle pince les lèvres :

-         Ce n’est pas parce que vous n’avez plus mal qu’il faut prendre ça à la légère, ça peut faire des dégâts internes qui conduisent à une dégradation de la guérison. Bon, au moins je suppose que vous avez bien dormi depuis hier soir, vous êtes venus à l’hôpital directement après votre réveil ?

-         Oui, affirme-je.

Elle remet le nez dans mon dossier :

-         Alors… ça nous fait une base d’une quinzaine d’heures de repos suite à la course… bon, ça peut peut-être passer. Comment estimez-vous la qualité de votre sommeil depuis hier soir ?  

Je rougis violemment au souvenir de ma nuit, et je vois Hanako qui fait de même, se cachant derrière sa main posée sur le coin de son front, se tournant presque dos à nous. Je ne sais pas quoi répondre à Saori, je commence à paniquer.

-         Commandant Hatake ? insiste Saori en relevant le nez de ma fiche.

Elle croise mon regard troublé tandis qu’Hanako s’éloigne discrètement, je la dévisage sans réagir, crispé et elle fronce un peu les sourcils : 

-         C’est juste qu’il faut qu’on sache depuis combien de temps la blessure est au repos complet … pour pouvoir analyser les résultats sans être biaisé…, se justifie-t-elle, hésitante.

-         Ça fait six heures, réponds-je.  

-         Vous m’avez dit être rentré hier soir… ? dit-elle en vérifiant ma fiche sans comprendre.

-         Oui, mais vous voulez savoir depuis combien de temps je dors, et bien ça fait six heure, dis-je d’une voix que j’espère assurée.

Elle croise mon regard puis lorsqu’elle comprend, elle rougit violemment en baissant le nez sur sa feuille :

-         Euh je… excusez-moi commandant je suis un peu sotte, j’ai tiré des conclusions je… je suis désolée … mais je dois savoir si vous avez … pu aggraver votre blessure … vous savez… avant les six heures.

-         Oui.

Elle ne sait plus où se mettre et moi non plus. Je détourne la tête pour observer l’étage, bien décidé à ne plus la regarder du tout tandis qu’elle reprend sans relever le nez de son bureau :

-         Ecoutez, vu tout ce que vous venez de me dire, je suis désolée mais je suis obligée de vous conseiller de vous faire hospitaliser pour un repos complet en attendant d’être pris en charge soit par Mlle Toba soit par Mlle Haruno. Votre blessure ne me parait pas être aussi simple qu’un coup de kunaï et avec tout mon respect, vous n’avez pas mis toutes les chances de votre côté non plus pour guérir…, dit-elle.

-         Ça tombe bien je suis disponible, intervient Hanako en revenant.

Je soupire de soulagement en tournant la tête vers elle.

-         Veuillez me suivre commandant ! ajoute-t-elle avec un sourire en coin.

Je la suis sans un regard pour Saori et elle m’emmène dans une petite salle où elle me fait m’assoir sur une table d’examen avant de préparer de quoi me prélever du sang. J’attrape son menton pour la faire me regarder :

-         Vilaine, tu aurais pu me dire que je devais être au repos complet, tu m’aurais évité une situation embarrassante, la taquine-je.

Elle hausse un sourcil :

-         Commence par me dire que tu es blessé en rentrant alors, je n’allais pas le deviner, réplique-t-elle en souriant.

-         C’est vrai… vous marquez un point Docteur Toba, pouffe-je en posant un baiser sur ses lèvres.

 Je ne suis toujours pas rassasié d’elle alors lorsqu’elle se redresse pour me piquer le bras, je caresse sa cuisse de ma main libre en l’observant faire. C’est amusant, quand je pense à toutes les prises de sang que j’ai pu faire dans ma vie… Quel tristesse de ne jamais être tombé sur la médecin qui allait changer ma vie.

Lorsqu’elle termine, elle me lance un regard amusé :

-         Tu veux une sucette pour te féliciter de ne pas avoir bougé ? plaisante-t-elle.

J’attrape sa nuque pour l’attirer contre mes lèvres et l’embrasser tendrement quelques secondes.

-         C’est drôle, ils choisissent tous le baiser plutôt que la sucette…, me taquine-t-elle.

-         J’espère bien que non, rétorque-je en resserrant d’un coup sec mon bras dans son dos.

-         Bien sûr que non, glousse-t-elle avant de m’embrasser plus intensément.

Je m’embrase immédiatement mais elle se recule en riant :

-         Allez, enlève-moi ce haut que je regarde ! lance-t-elle en tapotant ma cuisse.

Je l’enlève et je m’allonge docilement sur la table. Elle passe un moment avec ses mains au-dessus de moi pour analyser tout ça, mais ses sourcils se froncent au fur et à mesure :

-         Ne t’inquiète pas Kakashi, mais je pense qu’il va falloir qu’on te rouvre…, dit-elle doucement.

Mon cœur s’affole, il s’envole même comme un oiseau alors que mes flashback parasitent ma tête une fois de plus. Il faut vraiment que je me calme, je n’ai jamais eu peur des soins qu’on devait me faire et en tant que combattant, il serait très handicapant que ça devienne le cas.

Hanako croise alors les bras, l’air vraiment contrariée :

-         Je vais attendre les résultats des tests sanguins pour être sûre mais je pense qu’il y avait quelque chose sur la lame de ce ninja… quelque chose de très mauvais et surtout très inquiétant pour nos troupes. S’ils se mettent à tous le faire dans la coalition, nous sommes vraiment mal barrés…

-         Tu penses à du poison ? demande-je.

-         Non, une bactérie plutôt. Mais c’est étrange, si tu voyais la différence entre mon analyse d’hier soir et celle-là… Ta blessure s’est anormalement aggravée en si peu de temps, la bactérie doit être très agressive et résistante. Elle récidive même depuis des jours malgré les soins d’Hinari et les antibiotiques… Et en même temps je n’ai jamais vu quelqu’un mettre volontairement des bactéries sur des kunaï, c’est surréaliste…

-         Qui est assez tordu pour penser à un truc pareil…, râle-je.

Au fond de moi, ma conscience me souffle un nom mais je ne veux pas y croire parce que ça briserait le cœur d’Hanako.

Elle insiste gravement :

-         Encore une fois, ça dépendra des résultats… mais vu ce que j’observe pour l’instant de cette supposée bactérie, je pense qu’il va falloir qu’on t’ouvre pour tout nettoyer jusqu’à ce qu’il ne reste plus un gramme de cette horreur en toi. C’est une opération longue et coûteuse en chakra, ce n’est pas à la portée des ninjas médecins ordinaires, et si vous revenez tous avec ce genre de blessures, nous serons complétement débordés avec Sakura. Nous pourrions appeler Tsunade à la rescousse mais ça ne suffirait même pas...

Quand je pense opération, mon cœur repart en sprint, j’ai la vision d’Hinari qui se penche au-dessus de moi et je saisis brusquement le poignet d’Hanako :

-         C’est toi qui t’en chargeras ?! demande-je d’une voix blanche.

-         Bien sûr, ne t’inquiètes pas, répond-elle d’une voix plus douce que du velours en caressant mon bras pour me rassurer.

Je me détends carrément et mon corps retombe sur la table de soin, je n’avais même pas conscience de m’être tendu à ce point et j’entrouvre les lèvres pour reprendre mon souffle.

Elle me regarde de ses yeux aussi soucieux que furieux :

-         Je vais avoir deux mots à dire à Hinari moi…, fulmine-t-elle.

-         Elle me sauvait la vie, la défends-je automatiquement d’une voix faible.

-         Je sais, mais c’est une honte que n’ayez pas eu de plantes avec vous ! C’est quand même la base quand on soigne les autres ! C’est une des premières choses qu’on apprend ! s’énerve-t-elle.

-         Alors assomme-la pour moi, dis-je.

Ma réponse a le mérite de la faire rire et donc de la calmer. Après ça, elle part pour le labo et m’encourage à attendre les résultats dans la salle de repos du deuxième, où je tombe sur Jun, son amie proche. Je m’assois avec elle et elle me sert un café, elle est simple, très gentille, ne me pose pas de questions indiscrètes et ne se comporte pas bizarrement avec moi, je l’aime bien.

Deux femmes entrent alors et me dévisagent avec stupéfaction mais je me sens beaucoup moins mal à l’aise que la dernière fois puisque je ne suis pas seul, ma présence est donc moins étrange. Les nouvelles venues s’installent dans le canapé à l’autre bout de la pièce et gloussent entre elles à mon sujet ce qui m’agace légèrement.

-         Ignore-les, me dit Jun en souriant.

-         C’est un peu fatiguant, réponds-je doucement.

-         C’est un milieu assez triste de travailler avec les blessés, et on est une majorité écrasante de filles… alors tu sais, le moindre petit ragot nous occupe, on tire du positif et du léger de tout ce qu’on peut.

Elle change ma perspective, je n’avais jamais réfléchi à ça.

-         Tu n’imagines pas le foin que tu crées ici à débarquer toutes les cinq minutes depuis quelques temps ! rit-elle.

-         Hanako m’en a un peu parlé…, réponds-je.

-         Elles lui en font baver… Ce matin j’ai bien cru qu’elle allait pleurer de nerf, soupire-t-elle.

-         Je te demande pardon ?! m’inquiète-je.

Elle me regarde avec un drôle d’air, comme si j’aurais dû être au courant, avant de m’expliquer la situation :

-         Quand tu viens ici, Hanako est souvent avec toi, et je pense que ça rend les charognes folles de jalousies. Alors elles embêtent Hanako, elles lui disent de ne pas s’emballer, qu’elle n’est qu’un prétexte à tes yeux pour venir voir la fille qui te plait vraiment, que tu ne voudras jamais d’elle… et d’autres choses blessantes du genre. Ce matin, Hana était vraiment fatiguée, alors lorsque les charognes l’ont embêtée, elle est partie avec les larmes aux yeux…

Une colère noire m’envahit et en même temps je trouve la situation complétement stupide :

-         Mais pourquoi elle ne leur dit pas tout simplement la vérité ?! grogne-je.

-         Elle ne veut pas avoir à se justifier devant les charognes, elle préfère essayer de les ignorer que prendre le temps de leur prouver que vous êtes ensembles alors que ça ne les regarde pas…, répond-elle en haussant les épaules.

J’hausse les sourcils en hochant la tête. Si on m’avait dit un jour que je me retrouverais à commérer sur les ragots de l’hôpital avec Jun, j’aurais sans doute ris. Je suis définitivement plus à ma place au combat.

Je finis mon café et me mets à la recherche d’Hanako.

*

Je la trouve en train de donner des directives à des médecins dans un couloir, petite créature divine et autoritaire qui mène son deuxième étage à la baguette.

Je me glisse vers elle dès que ses troupes se dispersent :

-         Les charognes ? demande-je en haussant un sourcil.

Elle rougit et cache son nez derrière son bloc note :

-         Je te jure qu’elles ne sont vraiment pas sympas sinon je n’oserais jamais les appeler comme ça ! se justifie-t-elle dans un petit couinement.

-         Je n’en doute pas, tu es la personne la plus gentille que je connaisse, dis-je.

Je la tire contre moi pour l’enlacer tendrement et elle rougit encore plus en lançant des regards autour d’elle.

-         Tu ne veux pas que ça se sache ici ? demande-je en la relâchant soudain.

-         Non ce n’est pas ça ! se récrie-t-elle immédiatement.

-         Alors qu’est-ce qu’il y a ? demande-je.

-         Je ne sais pas… Tu as toujours été tellement dans la retenue depuis le début de notre relation, ensuite on a dû se cacher à cause des ordres de Minato, je n’arrive pas à intégrer qu’on puisse se montrer… Et de toute façon ce n’est pas dans ton caractère, ne me prends pas pour une idiote, je suis sûre que tu fais ça en espérant faire taire les pestes qui m’embêtent ! Mais je te préviens tout de suite, elles ne sont pas dans ce couloir.

Je penche la tête sur le côté et elle affiche un petit sourire satisfait de m’avoir percé à jour, elle me connait drôlement bien. J’embrasse quand même tendrement ses lèvres :

-         Ça donne quoi ces résultats ? demande-je ensuite.

-         Ta plaie s’infecte bien à cause de bactéries sacrément résistantes et qui n’auraient effectivement jamais pu se trouver sur un kunaï par hasard. J’ai l’impression que j’ai déjà vu leur forme quelque part avec mon maitre, je chercherai dans mes livres... Les antibiotiques ont sans doute ralenti le processus mais ils sont loin d’être efficaces malheureusement.

Je fronce le nez, ça me répugne d’imaginer que je grouille de bactéries :

-         Tu m’ouvres quand ? demande-je.

-         Quand tu veux, tu te doutes bien que tu es ma priorité.

*

Moins d’une heure plus tard, je suis au centre d’une pièce stérile, avec plusieurs médecins autour de moi. Mon cœur bat la chamade et mes mains transpirent, j’ai plein de réminiscences d’Hinari et de la douleur que j’ai ressentie lorsqu’elle m’a ouvert en pleine conscience. Mon souffle est si rapide que j’halète alors que je suis parfaitement immobile, j’ai même parfois l’impression que la pièce tangue autour de moi et que je vais tomber dans les pommes. C’est déstabilisant d’être comme ça, je n’ai jamais peur, je ne panique jamais et voilà dans quel état je me mets … Foutue opération sauvage.

Hanako se penche au-dessus de moi et caresse ma joue :

-         Tout va bien, tu ne vas rien sentir, je te le promets, m’assure-t-elle.

Je pose vivement ma main sur la sienne, la serrant entre mes doigts pour me raccrocher à elle tout en plongeant dans ses yeux pour y chercher du calme. Elle doit réaliser à quel point je suis en détresse, parce qu’elle enlève ma main de la sienne pour l’embrasser sans quitter mon regard, m’envoyant de l’amour et du calme olympien.

Je vois alors ses yeux luire doucement tandis qu’elle me plonge dans le sommeil le plus lourd de ma vie.

*

Quand je rouvre les yeux, la nuit tombe et je suis dans une chambre classique de l’hôpital. Je n’ai – enfin – plus aucune douleur, je me sens même carrément plus en forme que d’habitude ce qui est le signe qu’elle m’a soignée avec son chakra incroyable. J’enlève mon drap d’un coup de main pour observer mon abdomen sous toutes les coutures, il n’y a plus rien, plus une trace, pas une seule gêne résiduelle, pas une anormalité.

Je m’écroule de soulagement sur mon oreiller car je sais que c’est bien fini cette fois. Depuis que j’ai cette foutue plaie au ventre je ne prie que pour qu’elle me soigne, j’étais sûr qu’elle y arriverait en deux temps trois mouvements et j’avais raison.

Comme je me sentirais en sécurité si je l’avais dans mon équipe sur le terrain, je n’aurais plus peur qu’il m’arrive quoi que ce soit, et en même temps je n’ai pas particulièrement envie qu’elle soit au-devant du danger avec moi. Encore qu’elle se débrouille maintenant tellement bien suite à son apprentissage avec Orochimaru, je ne suis plus sûr d’avoir si peur pour elle. Entre son entrainement au corps à corps, au sabre, sa nouvelle puissance, sa capacité de confusion, ses soins, et son chakra presque démoniaque… Je souris bêtement, fou amoureux. Elle est incroyable, stupéfiante, extraordinaire.

Elle entre dans la chambre à ce moment-là avec un grand sourire :

-         Tu es complétement guéri mon amour ! s’exclame-t-elle joyeusement en venant m’embrasser.

Et en plus, elle m’aime.

-         Merci de m’aimer, dis-je en embrassant ses mains lorsqu’elle se redresse.

-         Je t’ai peut-être sonné un peu plus fort que ce que je croyais ! me taquine-t-elle.

-         Je peux sortir aujourd’hui ? demande-je.

-         Uniquement si tu dors sous la surveillance accrue de ton médecin…, répond-elle avec un sourire en coin.

Je souris mais j’attends qu’elle me donne plus d’informations, ce qu’elle fait en levant les yeux au ciel :

-         Bien sûr que tu peux, avec moi c’est du traitement de choc ! se vante-t-elle.

-         Mais alors pourquoi n’es-tu pas réquisitionnée à tous les services ? demande-je.  

Elle s’assoit sur mon lit avec un air soudain très las :

-         Honnêtement je le suis, c’est pour ça que je suis vraiment fatiguée en ce moment. C’est de la folie depuis que nous sommes rentrés de chez mon maitre, je travaille comme une malade. Je suis normalement assignée à l’étage numéro deux, mais tout le monde vient sans cesse me chercher pour leurs cas sensibles ou des questions. Je me vois mal refuser, je ne vais pas imposer à quelqu’un de rester en convalescence un mois avec des soins quotidiens si je peux le remettre sur pieds en quelques jours, ni même refuser de répondre aux questions de mes collègues qui ont bien compris que j’étais bien plus calée qu’avant mon départ… mais je suis épuisée, geint-elle en se laissant tomber en travers du lit sur mes jambes.

-         Mais prends du repos ! m’exclame-je.

-         C’est fait, j’ai quelques jours, précise-t-elle en fermant les yeux.

Une médecin entre et Hanako ne prend même pas la peine d’ouvrir un œil, la femme me regarde l’air de me demander s’il faut qu’elle intervienne et je rigole :

-         Non tout va bien, affirme-je doucement.

Hanako ouvre un œil et rit avec la nouvelle venue :

-         Tout va bien, c’est mon petit-ami, dit-elle en me couvant des yeux, l’air heureuse de le dire à voix haute.

-         C’est donc bien lui le fameux petit-ami… enchantée, dit-elle gentiment.

-         Enchanté.

Ça me fait un choc de l’entendre le dire à voix haute à quelqu’un et je rougis légèrement en gardant la tête basse tandis qu’elles discutent quelques minutes.

-         On rentre ? me demande-t-elle après ça.

*

Une fois arrivée à la maison, elle fonce chercher ses livres et les étale tout autour d’elle par terre dans le salon puis se met à chercher frénétiquement dedans. Pendant que le repas cuit, je la regarde depuis la cuisine, allongée sur le ventre, les jambes croisées en l’air et je lui demande ce qui me travaille depuis des heures :

-         On se demandait qui pouvait être assez tordu pour mettre des bactéries sur des kunaï tout à l’heure…

-         Oui ? dit-elle sans lever le nez.

-         Je trouve que c’est bien le genre d’Orochimaru.

-         C’est clair, rit-elle.

Je reste silencieux et elle finit par tourner la tête en plissant les yeux :

-         Ce n’est pas lui Kakashi, gronde-t-elle.

-         Je ne vois que lui pour leur donner une idée pareille.

-         Alors il a dû leur donner avant notre apprentissage !

-         Ce serait étrange, ils ne l’avaient jamais fait et la coalition a été créée alors que nous étions chez Orochimaru, souligne-je.

-         Ce n’est pas lui, je le sais.

-         Non tu n’en sais rien, insiste-je.

Elle replonge le nez dans son livre :

-         Il m’a répondu pendant ta mission, Pakkun m’a emmené sa réponse directement, le parchemin est dans mes papiers, dit-elle simplement.

Bon sang j’avais oublié cette histoire, je mets rapidement la main dessus.

« Ma chère Hanako,

Je suis ravi d’avoir de tes nouvelles. Ici tout est exactement comme d’habitude, de la science et des nouvelles techniques.

La traduction exacte de ces mots signifie qu’une fois le mode sentinelle activé, tu as la capacité de joindre par l’esprit les démons à queues pour les faire venir à toi. Evidemment, à l’origine ils n’étaient pas faits pour se retrouver piégés dans des hôtes.

 La traduction du deuxième mot qui te posait problème est embrouiller, la capacité d’embrouiller l’Ennemi, je suppose que ça te rappelle l’une de tes surprenante capacité.

 Selon ma compréhension des choses, la famille détenant le pouvoir, la tienne donc, possède la lourde responsabilité léguée par l’ermite de rester attentive à la sécurité des démons à queues. Si un jour un doute apparait, il est de son devoir de briser le sceau et de sacrifier la personnalité de l’hôte. Le mode sentinelle se déploie alors, dans toute sa puissance, et tu deviens capable de sonder l’esprit de tous les Hommes pour détecter s’il y a une menace réelle. Si c’est le cas alors tu appelles les démons à queues à se réunir autour de toi pour veiller sur eux. Si la personne malveillante venait à vous approcher, tu lui embrouillerais l’esprit soit pour le tuer soit pour le paralyser le temps que les démons ne le tuent et la menace serait ainsi écartée.

Je pense que nous avons là toutes les réponses que tu cherchais en venant me voir ma petite et que tu sais désormais le rôle de ton clan dans ce monde. Tes parents sont sans doute morts en transférant le pouvoir en toi à la naissance, j’en suis navré, crois-moi.

Je te souhaite le meilleur, du plus profond de mon cœur froid, et j’espère que tu me rendras bientôt visite, j’ai déjà une multitude de choses à t’apprendre.

N’oublie pas que tu possèdes mon parchemin d’invocation en cas de besoin et je me tiens à carreau en ce qui concerne les expériences humaines comme je te l’ai promis. Etrange n’est-ce pas ? C’est vraiment un pouvoir fascinant que tu détiens là.

Ne salue pas le ninja copieur de ma part. »

Je ris en lisant la dernière phrase. Honnêtement je ne sais pas si je peux le croire, mais je sais pour sûr qu’Hanako fait de l’effet aux gens en général, et j’ai bien vu le comportement d’Orochimaru changer à son contact. Peu importe ça ne changera pas les faits de toute façon. Je range le parchemin et elle glisse :

-         Ce n’est pas lui.

*

Plus tard dans la soirée, je suis en train de décrypter les pages restantes du livre pour m’occuper, lorsqu’elle trouve enfin ce qu’elle cherchait :

-         Alors là c’est tordu. Cette bactérie est très compliquée à trouver puisqu’elle n’existe que dans la salive d’une certaine espèce de chauve-souris lorsqu’elle est porteuse. Le seul moyen d’en avoir en quantité suffisante pour l’utiliser au combat serait de la cultiver à partir d’un échantillon. Une fois contaminé par une morsure, la mort est inévitable. Presque inévitable du coup, tu me parais bien vivant. Lorsqu’on l’avait étudié, Orochimaru m’avait prévenu qu’à part en utilisant la technique qu’il m’a apprise de tout détruire pour reconstruire il n’y avait sans doute pas d’autre traitement car aucun antibiotique n’existe... Et encore il ne savait pas si ça marcherait… mais c’est tout de même ce que je t’ai fais lorsque je t’ai opéré juste histoire d’être sûre et j’ai visiblement bien fait, j’espère que ça a marché…

L’inquiétude s’allume dans ses yeux et elle se lève pour venir vers moi. Je soulève mon haut avant même qu’elle n’arrive car je sais très bien ce qu’elle vient faire, et honnêtement ça me rassurerait aussi qu’elle regarde si je suis bien tiré d’affaire. Elle pose ses mains sur mon ventre, elle prend le temps de m’analyser en profondeur et soupire de soulagement :

-         Vous êtes bien vivant monsieur, confirme-t-elle en riant.

-         Je me demande bien qui est le tordu qui a donné l’idée aux ninjas de la coalition si ce n’est pas le seul ninja tordu de ce monde qui possède un livre poussiéreux sur cette bactérie et qui connait sans doute la façon de la cultiver…, raille-je.

-         Arrête ! On ferait bien de lui demander, si ça se trouve il l’a dit à Akuma avant de me connaitre vraiment et c’est tout, pourquoi veux-tu forcément que ça signifie qu’il est encore derrière tout ça ?

Je ne réponds pas et elle part ranger ses livres la tête haute.

*

Alors que nous sommes dans son canapé, des coups résonnent à la porte, me surprenant, c’est peu courant. Il est tout de même tard, je tourne la tête vers Hanako dont les yeux s’allument une seconde :

-         Minato ! chuchote-t-elle.

Je fonce lui ouvrir la porte et il m’accueille avec un sourire éblouissant :

-         Kakashi, j’espérais bien te trouver ici toi aussi.

-         Il y a un problème senseï ?

-         Non, je suis désolé de venir si tard mais je suis venu directement en sortant de mon bureau.

-         Asseyez-vous senseï ! s’exclame Hanako en sautant pour faire bouillir du thé.

Nous nous installons autour de la table d’Hanako qui vient naturellement se placer à côté de moi et je me sens tout timide face à Minato. Nous nous racontons les dernières nouvelles et apprenons que Kushina est en mission, ce qui ne manque pas d’interpeller Hanako :

-         Mais mangez donc ici, nous avons des restes, Kakashi a eu la main lourde sur les quantités, rit-elle en me lançant un regard plein d’amour qui n’échappe pas à Minato. 

-         Avec plaisir Hanako, je ne vais quand même pas rater un plat cuisiné par Kakashi ! ricane-t-il.

Elle le sert en lui racontant mes récents problèmes de santé et son inquiétude quant à l’utilisation de cette arme biologique par l’ennemi. Minato a l’air plus qu’inquiet pour ma santé, il pose tout un tas de question à Hanako pour être sûr que je n’ai plus rien.

Mon cœur se serre, j’ai l’impression de voir en lui un père inquiet, un père qui mange chez son fils et discute avec sa belle-fille, et je pense à mon vrai père, qui ne pourra jamais rencontrer Hanako. Ça m’attriste beaucoup.

Cette dernière remarque immédiatement mon trouble sans que je n’aie à lui dire quoi que ce soit, et elle pose discrètement sa main sur ma cuisse. Je pose la mienne dessus et mon moral remonte, je me réconforte en me disant que mon père de cœur est assis en ce moment à cette table et que je devrais en profiter au lieu de déprimer.

C’est drôle, je n’aurais jamais pensé à inviter Minato à manger avec nous et pourtant je passe un bon moment. Nous discutons longuement des affaires du village et nous rions comme une famille heureuse. Mais tout ça me perturbe de plus en plus sans que je ne sache vraiment pourquoi, comme si je ne pouvais pas être heureux à rire avec Minato.

-         Mais au fait, pourquoi étiez-vous venus à l’origine ? demande Hanako.

-         Ah oui, je crois que je travaille trop moi aussi, rit-il en tapant son front.

-         Sans doute, dis-je.

-         J’espérais vous trouver tous les deux car je ne voulais pas vous faire appeler dans mon bureau demain alors que vous êtes en repos. Je vais partir au pays des fougères pour leur proposer une alliance, Hanako je suis désolé de te demander ça alors que tu es surmenée, mais j’ai vraiment besoin de toi. Si nous les convainquons de doubler l’ennemi nous devons être sûrs qu’ils ne nous doublent pas eux-mêmes. Et puis ça te reposera peut-être comparé à ton train de vie ici…

-         Mais bien sûr maitre Hokage, il en va de la sécurité de Konoha, répond-elle.

-         Kakashi, tu t’en doutes, je souhaitais que tu sois là pour te demander la même chose, conclut-il.

-         Nous serons là, dis-je simplement.

-         Parfait, dit-il en souriant.

Hanako débarrasse l’assiette de Minato et lui sert une tasse de thé.

-         C’est chouette ici, vous êtes bien, dit-il en regardant l’appartement.

J’ai des sueurs froides en l’entendant dire ça, sous-entendre que j’habite avec elle ainsi, hors mariage, me bouleverse. Je suis trop vieux jeu sans doute… je ne savais même pas que je l’étais :

-         Je n’habite pas ici, j’ai toujours mon appartement, me sens-je obligé de me justifier.

Hanako me lance un drôle de regard et je sens que je l’ai blessée, je prends sur moi vis-à-vis de mon senseï et je passe mon bras sur sa taille, lui rendant immédiatement le sourire.

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