LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)
Chapitre 69 : Premier jour à Airisu
Je me réveille de bonne humeur, m’étirant paresseusement dans mon lit de tout mon long. J’ai une petite heure devant moi avant de rejoindre Minato pour partir au bâtiment principal alors je me prépare tranquillement.
Lorsque je vais sortir, je tombe justement sur notre Hokage :
- Bonjour Hanako, prête pour une journée de boulot ? demande-t-il joyeusement.
- Oui senseï, qui vient avec nous aujourd’hui ? demande-je.
- Simplement Kakashi, je ne vais pas ramener du monde, ça pourrait être mal perçu, nous aurions l’air méfiant, répond-il tranquillement.
Nous sortons rejoindre Kakashi qui nous attend, appuyé contre le mur, les mains dans les poches.
Sur la route, Minato nous donne ses directives. Il me demande d’ouvrir l’œil avec attention, me faisant comprendre qu’il faut que je sois un peu plus prudente qu’au pays du gel, et demande à Kakashi la même chose, signifiant sans doute qu’il compte sur lui pour analyser tout le reste.
Ça m’étonne un peu après notre accueil de hier soir, très amical, mais Minato finit par me donner la réponse alors que nous approchons du bâtiment. Il m’explique que comme pour le pays de l’eau, le pays des fleurs est un peu plus méfiant que les autres. Etant des îles, ils sont bien plus coupés des autres pays que nous, ils n’ont vraiment besoin de personne, aucune frontière à surveiller, bien moins d’intrus, bien moins de concessions à faire avec des pays voisins.
Ils nous accueillent aussi gentiment que la veille avant de nous mener dans une salle de réunion et je passe donc ma journée à fixer la table, le regard le plus baissé possible, pour rentrer tranquillement dans la tête de nos hôtes sans que quelqu’un ne remarque mes yeux brillants.
Ma plus grosse difficulté s’avère être Kakashi, qui ne me lâche pas du regard et à qui je dois faire très attention toute la journée. Ça en devient presque insupportable, je sais qu’il est curieux, qu’il n’a jamais autant cherché à comprendre mon rôle et mes capacités, et que je suis épiée comme jamais.
Je dois plusieurs fois arrêter mon espionnage cérébral pendant des périodes plus ou moins longues à cause de l’attention qu’il me porte, et je comprends vite qu’il faudra que j’en parle à Minato, car ça pourrait vraiment nous desservir, sans parler du fait que je commence à vraiment paniquer de lui cacher une chose pareille et que j’ai peur qu’il le prenne très mal en l’apprenant.
En tout cas, après une journée complète dans leurs têtes, je suis très sereine. Je constate qu’ils sont bien plus méfiants que je ne l’aurais pensé, mais ils n’ont pas de mauvaises intentions, ils ont juste peur que nous voulions les leurrer en leur promettant une paix pour apprendre le fonctionnement de leur pays afin de les attaquer plus efficacement derrière. J’en touche deux mots à Minato au cours de la journée, lorsque je me retrouve seule avec lui, et il s’adapte automatiquement aux inquiétudes que j’ai décelé en eux, les rassurants en leur apportant sur un plateau d’argent les réponses aux questions qu’ils n’ont même pas posé.
Nous repartons donc extrêmement satisfaits de là-bas, mais je suis exténuée après avoir puisé dans mon chakra toute la journée.
Lorsque nous arrivons à notre logement, nos camarades vaquent à leurs occupations, Hokuto est déjà en cuisine, certains courageux - dont Sakura - sont déjà dans le bain nordique malgré les averses de la journée et d’autres discutent au salon, l’ambiance est encore plutôt douce.
Minato passe de petits groupes en petits groupes pour leur offrir un résumé de la journée avec le sourire et Hinari accapare Kakashi avec panache, le trainant dans le canapé en face du mien.
Sa voix cinglante est déjà en train de me vriller les oreilles tandis qu’elle lui raconte sa journée dans le village et je les observe sans aucune gêne. Je ne suis pas de bonne humeur lorsque je suis fatiguée comme ça, et je n’ai même pas envie de faire semblant de sourire ou de ne pas les écouter.
J’étends donc les jambes sur la méridienne, croisant les bras, regardant le spectacle sous mes yeux. Je me demande vaguement si elle pense que Kakashi s’intéresse vraiment à ce qu’elle dit… En fait, je me pose sincèrement la question.
Il est assis, les bras croisés, fixant le sol face à lui avec les sourcils un peu froncés, hochant la tête régulièrement tandis qu’elle déblatère sans interruption. Il n’a pas grand-chose à faire, on dirait même qu’il pense à autre chose, c’est tellement comique qu’au bout d’un bon quart d’heure, je ris toute seule.
Ils me lancent un regard mais Hinari ne s’interrompt pas, ce qui déclenche une nouvelle fois mes rires.
- Ce que je raconte te fait rire ? demande-t-elle avec mauvaise humeur.
- Non, je ne t’écoute même pas vraiment, réponds-je en riant.
- Et tu ris toute seule ? s’amuse Kakashi.
- Non, je ne l’écoute pas mais la situation me fait rire, précise -je.
- La situation ? siffle Hinari.
- Oui, c’est dingue, ça fait quinze minutes que tu as la bouche ouverte, je me demandais même si Kakashi avait vraiment le courage de t’écouter ou s’il faisait semblant, lâche-je.
Elle accuse le coup quelques secondes, me dévisageant avec un air mauvais :
- Tu n’as qu’à aller te mettre ailleurs si je t’ennuie, rétorque-t-elle finalement.
- Oh tu ne m’ennuies pas, je me passerais bien de ta voix mais le spectacle m’amuse, continue-je.
- Va te faire voir Hanako, siffle-t-elle.
- Doucement, tempère Kakashi en lui lançant un regard dissuasif.
J’en ris encore plus lorsqu’elle ouvre des yeux inquiets d’avoir froissé son précieux Kakashi et elle m’assassine du regard.
- Va donc voir Rinko au lieu de te foutre de moi, grince-t-elle entre ses dents.
- Mais je suis très bien ici, c’est dingue, on dirait presque que tu veux que je m’en aille simplement pour continuer de batifoler avec Kakashi, réplique-je d’une voix sèche.
Il me lance un regard gêné, rougissant un peu, mais ce n’est rien face à l’air défait d’Hinari qui ne sait plus où se mettre :
- Nous ne batifolons pas ! s’écrie-t-elle en partant dans les aigus.
- Pardon, ça y ressemble, m’amuse-je un peu plus.
Pauvre Kakashi, je suis vraiment en train de le mettre à mal… mais j’ai tellement envie de continuer à embêter Hinari, c’est violent, instinctif, j’ai envie de lui crier en pleine face que j’ai passé la nuit avec lui, simplement pour la rendre verte de jalousie, je ne sais pas pourquoi j’ai envie de ça, je dégouterais plus Kakashi de ma personne qu’autre chose en continuant dans ce sens-là alors j’arrête la conversation ici et je vais chercher un livre dans ma chambre.
Je découvre avec étonnement un paquet sur mon lit, et je souris lorsque je constate que Sakura m’a acheté un maillot de bain aujourd’hui. Il est drôlement plus échancré que ce que j’aurais pris mais ça ne m’étonne pas et j’en ris même un peu.
Lorsque je reviens pour lire dans mon canapé, Hinari me lance un regard furieux que j’ignore et je me remets à ma place avant de me plonger dans ma lecture en attendant le repas.
J’apprends que Tao et Hinari sont amis lorsqu’il vient la chercher un moment plus tard et je me dis qu’ils font drôlement bien la paire puisque je ne peux supporter ni l’un, ni l’autre. Ce dernier me lance encore et toujours un de ses regards mauvais, mais ne prend toujours pas la peine de m’emmerder, ce qui est plutôt positif car je sais que je lui rentrerais directement dedans ce soir.
J’écoute ensuite Kakashi qui discute avec Hokuto dans la cuisine, tandis que je lis, je suis bien. J’aime entendre leurs voix graves en bruit de fond et ils ont l’air de bien s’entendre, ça me fait tout drôle de le voir avec un ami différent de Rinko, mais ça me rend heureuse. Je suis vraiment beaucoup trop impliquée quand ça le concerne, c’en est ridicule, une vraie mère poule.
Kakashi finit par venir vers moi et je lève le nez de mon livre, tout sourire.
- Nous allons passer à table, m’annonce-t-il.
Je me retiens d’éclater de rire, il est adorable de venir m’annoncer ça sans raison. En fait, ça me touche vraiment de me dire qu’il a eu envie de me parler, même pour me dire une chose aussi stupide puisqu’Hokuto est déjà en train d’annoncer le repas à tout le monde.
Mais il me l’a dit à moi, pas à Sun, et ça suffit à me faire passer une excellente soirée.
La seule ombre au tableau, c’est que je n’ai pas une minute seule à seule avec Sakura, alors nous nous parlons de futilités devant les autres, mais je ne sais toujours pas ce qu’elle a appris de sa conversation avec Sun.
Un autre point attire mon attention, Rinko. Il n’est pas venu me voir de la soirée et je trouve ça bizarre, ça ne lui ressemble pas. Mais je suis trop fatiguée pour me prendre la tête avec ça alors je laisse couler.
*
Notre deuxième jour au bâtiment d’Airisu est moins fatiguant pour moi. Maintenant que nous savons ce qu’ils ont dans la tête, j’y rentre moins et les vraies discussions commencent, plus techniques, plus du domaine de Kakashi, à savoir rédiger les accords et ce qu’il faut mettre dedans, ne rien oublier, décider d’échanges entre nos pays …
Je suis rôdée maintenant, je prends mon mal en patience en les écoutant parler « politique », tâchant de me concentrer suffisamment car je suis bien décidée à écrire mon rapport moi-même cette fois plutôt que de déléguer à Kakashi.
J’ai appris de mes erreurs au pays du gel et je ne recommencerai pas. Je note donc mentalement toutes les choses importantes et j’ai décidé de commencer mon rapport ce soir. En y travaillant un peu chaque jour, je ne me laisserai pas déborder.
Nous ne sommes toujours que trois à participer à la réunion, mais vu la belle issue de la journée de hier, nos camarades du pays du feu sont réquisitionnés dès aujourd’hui, passant du temps avec les ninjas d’ici, visitant le village.
*
Nous rentrons tard à la maison, en soirée, alors après un petit repas rapide, je décide de me mettre au travail. Je m’installe d’abord dans le salon, mais les rires de mes camarades m’empêchent de me concentrer. Je me rapatrie donc sur ma chambre mais j’y trouve Sun endormie, puisqu’elle monte la garde à partir de minuit et je n’ai pas encore la capacité d’écrire dans le noir.
Je ressors donc dans le couloir, mes documents à la main, réfléchissant. Il pleut encore à torrent ce soir, je n’ai donc pas la possibilité de me mettre dehors, alors je monte l’escalier pour m’assoir en haut des marches, c’est à priori l’endroit le plus calme que je trouverai.
Le confort n’est pas idéal, j’écris sur mes cuisses comme je le peux et je dois me décaler toutes les cinq minutes lorsqu’un garçon monte ou redescend de sa chambre et je suis à deux doigts de jeter l’éponge lorsqu’une idée, une vilaine idée, me vient. Un immense sourire de diable s’étire sur mes lèvres et je me lève pour me mettre en route pour la chambre de Kakashi.
Lors de la visite de la maison, j’ai repéré les deux chambres individuelles, mais j’ai la trouille de toquer à la porte de Minato, j’ai une chance sur deux après tout… Je ne peux pas avoir la poisse à ce point…
Je toque en serrant les fesses, et malheureusement, je découvre que j’ai bel et bien la poisse à ce point lorsque Minato me répond d’entrer. Heureusement pour moi, j’ai une excuse toute trouvée, alors j’entre avec une petite assurance.
Il est assis à un bureau, penché sur des documents et m’accueille gentiment :
- Tu travailles toi aussi ? s’amuse-t-il.
- Oui, en fait, je commence mon rapport…, explique-je d’une petite voix.
- Les autres ne te dérangent pas trop ? s’inquiète-t-il.
- Et bien, c’est pour ça que je suis montée à l’origine, je vais travailler en haut, je serai plus au calme.
- Je comprends, tu veux travailler ici ? demande-t-il.
- Non ça va aller, ne vous en faites pas, réponds-je vivement.
Il me dévisage sans comprendre et effectivement, à part au sommet de l’escalier, il n’y a pas beaucoup d’endroits disponibles. J’ai presque peur qu’il imagine que je préfère être en haut des marches qu’avec lui ici et je me justifie en rougissant :
- Je pensais … utiliser le bureau de Kakashi… Il est en bas… il ne s’en sert pas…, bafouille-je.
Mais l’air étonné de Minato s’intensifie, il en est même scié en deux quelques secondes avant de se reprendre :
- Tu as totalement raison Hanako, tu seras sans doute mieux, je parle toujours à voix haute quand je travaille ! Je suis insupportable ! Va travailler ! répond-il vivement en me souriant de toutes ses dents.
J’hoche la tête, ne sachant pas trop quoi répondre à ça mais il reprend :
- Tu voulais quelque chose à l’origine ?
Je suis bien contente d’avoir une excuse toute prête :
- En fait, je me demandais… s’il était possible de parler à Kakashi de mes capacités… Il est très insistant et il m’a scruté hier au point de rendre difficile ma tâche…, explique-je.
Il s’appuie contre son dossier en croisant les bras, l’air pensif :
- Ne m’en parle pas, il me harcèle pratiquement avec cette histoire… Il ne veut pas que je t’emmène à Kiri…
- Oui, c’est ce que j’ai cru comprendre, dis-je timidement.
Il hoche la tête, toujours pensif :
- Et tu aimerais donc lui dire ?
- Oui, couine-je.
Cette conversation est stressante, j’ai l’impression qu’il m’analyse et ça me fait un peu paniquer :
- Ça rendrait mon travail plus facile, me justifie-je.
Il hoche encore la tête lentement, réfléchissant une minute :
- Je crois que tu peux lui dire Hanako, si tu sens que tu as besoin de lui révéler, alors fais-le. J’ai entièrement confiance en lui de toute façon.
Le choix de ses mots me surprend un peu mais je suis abasourdie d’avoir le droit de lui dire, je n’en reviens pas.
Il va savoir.
Ça me perturbe tellement que je préfère m’assurer de pouvoir prendre mon temps :
- Merci senseï. Je lui dirai dans les jours qui arrivent je suppose, il faut que je trouve les mots…
- Oui, choisis-les bien, prends ton temps, je te laisse gérer, me rassure-t-il tout de suite.
Il me couve d’un drôle de regard, il a l’air heureux, satisfait même. Je déteste cette impression d’être passée au rayon laser, qu’il lit en moi comme dans un livre ouvert, surtout à la lueur de ma relation étrange avec son second.
- Et bien merci, bonne soirée, couine-je comme une petite souris.
- Bonne soirée…
Je file vers la porte, mais il m’arrête lorsque ma main se pose sur la poignée :
- Hanako ? Tu es sûre de vouloir travailler ce soir ? Tu passes bien peu de temps avec ton petit-ami… ? demande-t-il gentiment.
Je rougis des pieds à la tête, lui lançant un petit regard timide :
- En fait, ce n’est plus mon petit-ami… Nous avons… carrément ralenti les choses…, me justifie-je une fois de plus.
- Je vois… répond-il avec un sourire. Et bien bonne soirée alors, travaille-bien.
- Merci, réponds-je rapidement en sortant.
Je file dans la chambre de Kakashi, en face, refermant la porte en soupirant bruyamment. J’ai vraiment l’impression d’être louche, c’est du délire. Je ne vois pas en quoi mes arguments seraient louches, et quand bien même, Minato ne peut pas se douter de mon samedi soir, il faut vraiment que je redescende de cet état d’alerte constant, c’est n’importe quoi.
Je laisse ça derrière moi lorsque mes yeux se posent sur le sac de Kakashi et j’avance dans sa chambre avec un sourire jusqu’aux oreilles, ravie de m’y trouver. Je crois que j’envisage moins d’une seconde de m’assoir à son bureau, je préfère largement me jeter sur son lit sur le ventre, les jambes croisées en l’air, m’attaquant joyeusement à mes écrits, simplement heureuse d’être là.