LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)

Chapitre 83 : Premiers pas

Je fonce sur la terrasse, m’assoir sur le muret du bain nordique, cachée de la vue des autres pour respirer un peu.

Mon cerveau est au bord de l’implosion, je suis soulagée de ne pas m’être fait prendre, mais tellement perturbée et dégoutée de me dire que des hommes m’ont entendu. Ça me soulève le cœur.

Et quand je pense que Rinko risque d’aller cuisiner Kakashi à ce sujet c’est encore pire. Ça va le mettre dans un état… je n’ose imaginer. Il arrivait enfin à se détacher un peu de sa culpabilité, il osait enfin me témoigner de l’affection en plein jour, mais tout ça va lui exploser au visage.

Je suis déjà en train de faire mon deuil de nos petits moments de douceur lorsque Sakura débarque. Je n’ai pas envie qu’elle me plaigne alors que c’était moi, pas envie non plus de lui dire, je veux juste être seule.

-         Ça va ? demande-t-elle tristement.

-         Ça va.

-         Ce n’était pas Sun, c’est déjà ça, murmure-t-elle.

Je lui lance un regard fatigué :

-         Oui… Je préfère être seule, je t’en prie, ce n’est pas contre toi mais je … je …

Je suis à deux doigts de lui dire pour ne pas qu’elle s’inquiète, mais les paroles des hommes ce matin tournent dans ma tête, m’en empêchant, et les larmes me remontent aux yeux.

-         Je comprends Hanako, dit-elle gentiment. C’est dur à avaler, mais sache que je suis là si tu as besoin, à n’importe quel moment. Et je suis sûre qu’il se fiche éperdument de cette fille d’Airisu.

J’hoche la tête mécaniquement, ne sachant pas quoi ajouter. Tout tourne dans ma tête, tout se mélange, le bon, le mauvais, mais surtout les faits.

Entre son attirance pour Sun, ses jeux nocturnes avec moi, la dispute qu’il risque d’avoir avec Rinko. Je ne sais plus où est la place de chacun dans cette histoire, je ne sais plus rien.

Sakura s’éloigne et je me laisse pleurer quelques minutes, savourant ma solitude, vidant ce que j’ai sur le cœur depuis le début de cette drôle de relation avec Kakashi, épuisée d’être si désespérément folle amoureuse de lui alors que tout est compliqué.

Je finis par aller me lover dans un des transats, roulée en boule pour lutter contre l’air gelé et je me laisse aller à toute ma tristesse jusqu’à ce que je m’endorme.

*

Lorsque j’ouvre les yeux, le soleil est en train de décliner, je suis congelée jusqu’à l’os mais cette sieste m’a fait un bien fou. Je meurs de faim aussi, j’ai raté le repas de midi alors je me rends dans la cuisine où j’interromps visiblement une conversation entre Hokuto et Kakashi.

-         Pardon, je viendrai manger plus tard, dis-je rapidement en m’apprêtant à ressortir.

-         Tu ne déranges pas ! s’exclame Kakashi en attrapant ma main pour me retenir.

Je leur lance un petit regard pour vérifier ses dires mais Hokuto me fait un beau sourire alors je reviens sur mes pas et ils reprennent leur conversation tandis que je fouine dans nos placards à la recherche de quelque chose à manger.

C’est étrange, l’espoir se rallume en moi, je ne trouve pas ça anodin qu’il ait attrapé ma main alors que j’imaginais qu’il me fuirait… affaire à suivre.

-         Peut-être en naviguant, c’est ce que craint Minato, reprend Kakashi.

-         Sur le bateau ? Pire cas de figure, nous ne pourrions pas nous planquer efficacement, répond Hokuto avec sérieux.

-         Le soulèvement viendrait des îles du nord, alors autant dire que nous naviguerons en plein dedans pour gagner Kiri…, commente Kakashi sombrement en me regardant distraitement fouiller les placards.

-         Ça va être vraiment tendu…, soupire Hokuto.

Je continue ma recherche le plus discrètement possible vu le sérieux de leur conversation, mais ils sont en train de me faire peur. Ils parlent de notre voyage de ce soir et visiblement, ça ne sent vraiment pas bon.

Je suis loin d’être une bonne combattante, même si j’arrivais à en tuer quelques-uns, s’ils attaquent le bateau en étant nombreux et que je ne peux pas me sauver pour prendre du recul et les gérer un par un, ça risque de vraiment craindre pour moi.

-         Qu’est-ce que tu fouines moustique ?! s’amuse alors Kakashi, changeant radicalement d’humeur.

-         Je viens de te dire que je venais manger, je n’ai rien avalé à part quatre céréales ce matin ! couine-je en rougissant.

-         C’est tout ?! s’affole Kakashi.

-         Je vais te faire à manger, répond Hokuto en riant.

-         Mais non ! Je vais bien trouver un petit quelque chose, réplique-je.

-         Nous n’avons plus rien, je peux te faire un croque-monsieur avec les restes si tu veux, propose-t-il gentiment.

Kakashi a l’air ravi de la proposition, je jurerais qu’il sourit avec satisfaction sous son masque :

-         Merci Hokuto, dit-il.

-         Mais non ! Je peux me débrouiller ! me récrie-je.

-         Allez, file de là ! Va t’assoir ! m’ordonne Hokuto en me virant en direction de Kakashi, appuyé sur le bar.

Ce dernier attrape ma main avec autorité pour m’assoir sur le tabouret haut à côté de lui, et j’ai une fois de plus l’impression d’être une gamine avec deux papas poules, je me sens ridicule de le laisser me nourrir comme ça :

-         Merci beaucoup, dis-je malgré ma honte.

-         Pas de quoi, ça me fait plaisir ! répond Hokuto en me préparant à manger.

-         Tu as la main gelée…, murmure Kakashi en me regardant avec inquiétude.

-         Oui, j’ai dormi dehors toute l’après-midi, explique-je.

Il lève les yeux au ciel et se glisse tout contre moi, m’attrapant la taille pour que je me réchauffe. Je ne me fais pas prier et je me blottis contre mon radiateur préféré, inspirant la bonne odeur qui s’échappe déjà du plat d’Hokuto.

-         Je suis gâtée, pouffe-je en relevant la tête pour regarder Kakashi.

Il me lance un petit regard amusé et embrasse mon front tendrement, avec un naturel désarmant. Je tourne vivement la tête vers Hokuto qui a un petit sourire, pas l’air étonné une seconde par ce qu’il vient de se passer, ils reprennent même leur conversation :

-         Comment tu procèderais ? demande Hokuto.

-         Bonne question, si on nous attaque sur la route de Kiri, il n’y aura que des forces spéciales et on sera à couvert alors je suppose que ça passera. Sur l’eau, je n’en ai pas la moindre idée, c’est vraiment la merde, répond Kakashi en commençant à me caresser la taille du bout des doigts distraitement.

Je n’ose plus bouger, toute heureuse, réalisant que le scandale de ce matin n’aura visiblement pas vraiment impacté Kakashi. 

-         Au moins, on aura deux médecins, même si ça fait deux têtes de plus à protéger, souligne Hokuto.

-         Oui heureusement dans un sens, j’ai bien peur qu’elles ne soient nécessaires, soupire-t-il en resserrant son étreinte autour de moi.

Hokuto dépose mon plat devant moi et je me confonds en remerciements avant de le manger. Il est délicieux :

-         Bon sang Hokuto, je ne sais pas comment je vais pouvoir me passer de tes plats en rentrant, glousse-je.

Ils éclatent de rire et Hokuto s’incline dans une petite révérence :

-         Alors ça, ça me fait plaisir ! C’est en général ce qu’on me dit après une première mission en ma compagnie, dit-il joyeusement.

-         J’ai déjà essayé de le convaincre de me faire à manger tous les jours mais il ne veut pas, plaisante Kakashi.

-         Comme si je n’avais que ça à foutre Hatake ! se marre-t-il.

-         J’ai proposé de te payer ! se défend Kakashi.

Je ris joyeusement tandis qu’ils continuent leur argumentation, dévorant mon croque-monsieur jusqu’à la dernière miette. J’aime bien les voir interagir, ils sont vraiment proches on dirait… Kakashi a l’air tellement à l’aise, c’est surprenant, et c’est surtout terriblement agréable de me faire câliner par Kakashi devant quelqu’un. Il pose au moins deux baisers au sommet de ma tête pendant mon repas, pour aucune raison particulière, comme s’il le faisait sans réfléchir en riant avec Hokuto.

 C’est comme si la première pierre à l’édifice de notre relation était posée, comme si l’univers voulait me rassurer, me montrer que je suis sur la bonne voie et que nous sommes faits pour être ensemble pour de bon.

 Malheureusement, l’univers a un drôle de sens de l’humour :

-         C’est quoi ce délire ? demande Rinko froidement en entrant.

Je sursaute, un peu surprise par son arrivée soudaine et son ton mauvais, mais carrément choquée de sentir la main de Kakashi qui ne bouge pas d’un millimètre de ma taille. J’en reste même abasourdie, c’est la première fois que Kakashi ne bouge pas, qu’il ne se sauve pas à l’autre bout de la maison à l’approche de Rinko alors que je sais très bien qu’il l’a senti arriver. Kakashi tourne d’ailleurs la tête de trois quart, pour lancer un regard hostile à Rinko, et ils se toisent durement une seconde en silence, me laissant comprendre qu’il se sont pris la tête cette après-midi. C’est encore plus incompréhensible.

-         Je lui ai fait à manger, tempère Hokuto.

-         Dégage ta main de sa taille toi ! s’énerve Rinko en fusillant Kakashi du regard.

-         Elle a froid, répond ce dernier sans bouger une oreille.

Je suis tellement choquée par ce qu’il se passe que je ne réagis pas, de toute façon je ne vois pas bien ce que j’aurais à dire mais je commence à me demander quel genre de foudre Kakashi a reçu sur la tête cette nuit pour changer de comportement à ce point.

Mais Rinko fonce sur nous pour se planter devant lui avec des yeux assassins :

-         Je n’en ai rien à foutre qu’elle ait froid, dégage ta main ! grogne-t-il.

-         Si tu n’en as rien à foutre, remets-toi donc en question, répond froidement Kakashi, pas le moins du monde impressionné.

C’est un peu ce qui m’inquiète avec ces deux-là, aucun d’eux n’est impressionné par l’autre alors j’angoisse de l’issue de cette bataille et je remue, mal à l’aise, me demandant si je dois intervenir :

-         J’ai froid mais je pourrais…, commence-je d’une petite voix.

Mais Rinko me coupe :

-         C’est quoi ton délire ? Je ne sors plus avec elle, siffle-t-il.

-         Donc ? Je la laisse geler ? répond Kakashi avec insolence.

-         Ouai, tu laisses geler ma nana au lieu de te jeter dessus dès que j’ai le dos tourné ! s’agace pour de bon Rinko.

Cette fois, Kakashi se retourne complétement face à lui et je sens la tension qui s’électrise dans la pièce :

-         Ce n’est plus ta nana. Et tu n’es pas le centre du monde Rinko, alors arrête de croire que je ne vais plus adresser un mot à Hanako simplement parce qu’elle t’a mis un vent.

Oh mon dieu. Je commence à paniquer et je lance un regard de détresse à Hokuto qui me calme d’un geste. Je me raccroche à lui comme à une bouée, ne pouvant même plus regarder mes garçons si tendus l’un en face de l’autre, le suppliant de faire quelque chose.

-         On se calme les gars, glisse-t-il en me regardant, répondant à mon appel à l’aide silencieux.

Ils se fixent toujours hostilement, mais Hokuto vient me chercher pour me trainer hors de la cuisine. Dès que nous sommes dans le salon, il me rassure :

-         Panique pas Hanako, ils se sont pris la tête violemment tout à l’heure, c’est tout. Ils ne vont pas se battre si c’est ce dont tu as peur.

-         Tu es sûr ? m’inquiète-je encore.

-         Evidemment que je suis sûr, ils s’aiment à la folie ces deux-là. Mais parfois on peut se prendre la tête sérieusement, même entre frères de cœur, ils ne se feront jamais de mal. Au pire Rinko aura l’impulsion parce qu’il saura que Kakashi l’arrêtera et Kakashi ne réagira pas mal parce qu’il saura que Rinko l’a fait uniquement parce que Kakashi l’arrêterait.

Je le dévisage, un peu amusée par sa phrase mais rassurée, il a l’air de bien les connaitre, surtout Kakashi et c’est de son impulsivité à lui dont je me méfie le plus.

Je m’assois sur le canapé avec Hokuto, et effectivement, quelques minutes après, les garçons ressortent avec la mine contrariée mais sans mort à déclarer.

Minato arrive là-dessus et nous rattroupe sur les canapés, la mine tendue.

Kakashi me surprend un peu plus en venant se glisser à côté de moi. Il vient de se prendre la tête avec Rinko à mon sujet, mais il revient quand même près de moi, décidément c’est à n’y rien comprendre, mais j’en suis enchantée. Surtout que je commence à vraiment angoisser pour cette escapade à Kiri et Minato me donne raison.

Il raconte à tout le monde ce qu’il se passe au pays de l’eau, à savoir que des perturbateurs des îles du nord sont en train de créer des problèmes, qu’il y aurait un début de guerre civile entre ces perturbateurs et nos « alliés ». Aucun traité de paix officiel n’a été conclu avec Kiri, mais il n’y a plus d’affrontements depuis des années et Minato s’entend plutôt très bien avec la Mizukage.

Il nous explique donc que nous irons tous jusqu’à l’île de Kiri, histoire d’être nombreux sur le bateau pour traverser la zone sensible mais que seul un petit commando se rendra au village tandis que les autres attendront discrètement au port. Il annonce qu’il laissera une médecin avec eux, Sakura, et qu’il m’emmènera sur place.

Kakashi s’agite à cette dernière annonce, renforçant mon inquiétude, et Minato continue sa tirade en nous parlant d’attaques violentes, rapides et sans revendication particulière pour l’instant. Le mystère est total, les hypothèse nombreuses mais il est à peu près sûr que nous essuierons une attaque sans réussir à nous dire à quel moment.

Ce n’est que lorsqu’il parle directement de moi que la panique m’étrangle pour de bon, il fait tout un discours sur le fait que je n’ai pas été sur un champ de bataille depuis plus de dix ans et les forces spéciales me regardent avec inquiétude. Minato insiste sur ma protection capitale, sur mes capacités de médecin hors pair et sur la possibilité que nos ennemis s’attaquent en priorité à moi s’ils comprennent que je suis médecin. Ils hochent tous la tête avec gravité mais mon cœur s’affole à une vitesse ahurissante puisque je prends la mesure des risques encourus, ces fameux risques qui inquiètent Kakashi depuis des jours et des jours.

Ma bouche devient sèche et ma gorge nouée, je joue avec mes mains pour éviter de trembler et Kakashi le remarque visiblement, puisqu’il passe un bras rassurant autour de moi. Dès qu’il me serre, je le regarde et je plonge dans ses yeux, m’apaisant presque instantanément.

Il sera là, c’est vrai… qu’est-ce que je risque avec mon ninja d’exception, mon ninja copieur… Plus je le dévisage et plus les battements de mon cœur ralentissent jusqu’à ce que j’arrive à la quiétude, blottie au fond de ses yeux, entendant distraitement Minato qui continue son laïus.

Je ne quitte son regard que lorsque notre Hokage nous congédie, nous ordonnant de rendre cette maison aussi impeccable que nous l’avons reçue et datant le départ à dans une heure.

Je croise les yeux noirs de Rinko, qui fixent le bras de Kakashi autour de ma taille en serrant la mâchoire à se casser les dents, redéclenchant immédiatement le stress dans mes veines. Je n’ai franchement pas besoin de ça alors je me lève et je sors sur la terrasse pour prendre l’air avant de partir.

Mes affaires sont bouclées et mon lit fait au carré depuis ce matin, alors j’ai un peu de temps devant moi pour respirer.