LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)

Chapitre 85 : Le trio éclate

Dès que je me retrouve à l’air libre, je m’apaise. Je suis prudente, restant plutôt proche de la porte menant à la cale, me faisant toute petite et camouflant mon chakra, mais je ne suis pas surprise de me faire rejoindre dans les trente secondes par Kakashi.

Il me retourne vivement, les mains sur mes hanches avec un petit regard sévère :

-         Puis-je savoir ce que vous fichez là alors que je vous ai expressément demandé d’être prudente et de ne pas vous éloigner de moi ? me réprimande-t-il.

J’ai presque envie de glousser, déjà parce que sa présence me rassure, mais surtout parce qu’il n’y a pas grand-chose que j’aime plus que son côté protecteur.

-         J’avais besoin d’air, et puis tu es là, roucoule-je.

-         Hanako…, soupire-t-il.

Il relâche mes hanches pour attraper mes joues avec son petit air sérieux :

-         Je t’en prie Hanako, sur ce coup j’ai besoin que tu me sortes ton caractère de petit ange et que tu m’obéisses. Je suis vraiment inquiet, ajoute-t-il doucement.

-         Excuse-moi, je rentre dans cinq minutes, c’est simplement que j’étouffe en bas, me justifie-je d’une voix douce.

Il hoche la tête et mon cœur vibre lorsqu’il se penche pour m’embrasser. Malgré son masque, sa tendresse est évidente, les quelques baisers qu’il pose sur mes lèvres sont doux et appuyés tandis que ses pouces chatouillent mes joues. Il me subjugue en une minute, quel talent.

-         Cinq minutes alors. Et je reste, dit-il fermement avant de me donner un ultime baiser qui réveille quelques papillons dans mon ventre.

-         Merci, murmure-je en souriant contre ses lèvres masquées.

Il me sourit à son tour et me relâche tandis que j’inspire l’air pur avec zèle pour le dérider un peu, ce qui marche, mais il réadopte vite une attitude protectrice et concentrée.

Je fais quelques pas pour me détendre, sous ses yeux attentifs, mais la porte s’ouvre sur Rinko et je me retiens de soupirer de frustration. Visiblement nous allons avoir le droit à notre dispute avant les hostilités, génial. Enfin, c’est déjà bien que nous soyons hors d’écoute de nos camarades, ça nous évitera de nous donner en spectacle.

-         Je rêve ! siffle Rinko d’entrée de jeu.

Kakashi se retourne vers lui avec une colère froide :

-         Rinko, je te jure que ce n’est vraiment pas le moment de venir me chercher ou tu risques de me voir comme tu ne m’as jamais vu avec toi, menace-t-il.

Rinko hoche la tête avec un air dégouté :

-         Bien. Très bien Kakashi, vraiment, commente-t-il d’une voix froide.

J’échange un regard inquiet avec Kakashi, qui s’est légèrement figé. Même moi je vois que ça ne sent pas bon du tout, je m’attendais à des cris, comme tout à l’heure, mais Rinko a l’air vraiment dégouté, il regarde Kakashi avec un dédain terrifiant.

-         Quoi ? demande Kakashi avec tension.

Rinko fait quelques pas, pensif :

-         Je pensais qu’on était comme deux frères Kakashi, que rien ne pourrait nous séparer… Je me trompais, voilà tout, commente-t-il d’une voix vide d’émotion.  

Mon cœur part en sprint dans la seconde, je ne m’attendais pas du tout à ça, c’est exactement ce que je ne voulais jamais entendre de sa bouche. Depuis le début de leurs tensions à cause de moi, je redoute ce moment, j’aurais préféré mille fois qu’il arrive en hurlant et agitant les bras, essayant d’étrangler Kakashi ou je ne sais quelle bêtise…. et vu la tête de Kakashi qui se décompose, lui aussi.

-         Arrête de dire des conneries Rinko, nous sommes comme deux frères, répond-il avec beaucoup moins d’assurance.

-         Non, pas depuis que je connais Hanako, répond-il simplement en fixant le large.

Oh la vache.

Cette fois je panique pour de bon. Mon taux d’anxiété est en train de crever des plafonds, je ne supporte pas ce qu’il se passe, je ne supporte pas d’être la cause de cette scission mais je n’arrive pas à parler tant ma gorge est serrée par la peur panique.  

-         Arrête de dire n’importe quoi ! s’écrie Kakashi en partant légèrement dans les aigus, paniquant à son tour.

Bon sang, je sens tellement d’inquiétude et de peine dans sa voix que les larmes me montent aux yeux. Depuis le début de cette histoire Kakashi redoute une seule chose : ça. Perdre son meilleur ami parce qu’il n’a pas été capable de ne pas « tourner autour de sa copine ». Je ne l’ai jamais pris au sérieux, me disant que jamais Rinko ne se fâcherait avec lui pour une histoire aussi stupide et je suis en train de prendre la claque du siècle en réalisant que non seulement il avait raison mais qu’en plus c’est en train d’arriver pour de bon.

Rinko reprend de sa voix froide :

-         Depuis que je te l’ai présenté, ce n’est plus pareil entre nous. Il n’y a plus rien, plus de complicité, plus d’amitié, plus de confessions… Et en plus on se dispute...

Il se tourne vers Kakashi, qui est complétement paniqué cette fois, pour continuer :

-         Je ne comprends pas pourquoi, je ne comprends pas ce qu’il s’est passé Kakashi… Est-ce parce que tu es mort de jalousie ? Parce que votre amitié est devenue plus importante que la nôtre, ou encore parce que tu t’es rendu compte que tu te foutais juste complétement de moi… ? Je n’ai plus les mots là.

Quelle violence, je trouve ça tellement sévère… Tout ça parce qu’il m’a pris par la taille ?! Je n’arrive pas à comprendre et c’est une torture de voir les traits de Kakashi se modifier sous la crainte, sous la tristesse, sous la peur viscérale.

-         Rinko, ton amitié est l’une des choses les plus importantes dans ma vie, comment peux-tu dire une chose pareille ?! implore-t-il.

J’ai le cœur brisé par ce qu’il se passe, je déteste voir Kakashi dans cet état, lui qui gère toutes les situations les plus tendues sur le terrain, qui mène des troupes au combat, qui réalise les missions les plus sensibles à lui seul, mais qui redevient un enfant apeuré quand son meilleur ami lui en veut. C’est un véritable crève-cœur et je ne comprends pas que Rinko ne se rende pas compte qu’il est en train de lui briser le cœur, alors que je le vois comme le nez au milieu de la figure. Je ne comprends pas ce qu’il se joue exactement dans la tête de Kakashi, mais visiblement beaucoup de choses. Et Rinko en rajoute une couche :

-         Je te demande plusieurs fois de t’éloigner d’elle, simplement t’éloigner d’elle Kakashi. Alors que nous sommes amis depuis des années et que tu la connais depuis cinq minutes et trois restaurants. Et toi, tu m’envoies me faire foutre comme la dernière des merdes. Et je te retrouve encore là, avec elle, sur ce foutu pont. Je ne sais pas à quel moment tu t’es dit que ça passerait, mais ça ne passe plus, dit-il froidement.

-         Je suis venu la surveiller Rinko, c’est mon travail, murmure Kakashi de sa voix tremblante.

Il ne me regarde plus, il s’est même éloigné de moi de plusieurs mètres, mettant un maximum de distance entre nous pour apaiser Rinko qui ne me témoigne aucun intérêt. Je réalise que je suis en train de regarder partir en fumée ma relation avec les deux d’un coup. Je suis en train de tout perdre, comme dans mes cauchemars, et je ferai avec, mais je ne peux pas accepter que ce soit fini entre eux.

-         Surveille-là bien alors Kakashi, que veux-tu que je te dise…, répond Rinko en le toisant méchamment.

-         Qu’est-ce que tu me fais Rinko ? supplie Kakashi d’une voix éteinte.

-         Je ne te fais rien, je ne veux plus jamais avoir affaire à toi, c’est tout.

Kakashi devient blanc comme un linge, je peux presque voir un switch opérer au fond de ses yeux, il change pratiquement de visage, je ne l’ai jamais vu comme ça, je ne l’ai jamais vu avec un visage aussi détruit et ça connecte deux neurones dans ma tête.

Je me rappelle d’un coup les dires de Rinko, au pays du gel, lorsqu’il m’avait expliqué que Kakashi avait perdu un à un les gens qu’il aimait depuis son enfance et mon cœur vole en éclat lorsque je comprends que c’est exactement ce qui est en train de se jouer dans sa tête. Il est en train de vriller à l’idée de perdre encore une fois quelqu’un qu’il aime de tout son cœur et cette fois, la douleur me secoue tellement fort que je ne peux plus me taire. Je dois tenter de sauver leur relation, à n’importe quel prix :

-         Je ne m’approcherai plus de Kakashi, plus jamais, couine-je.

Aucun ne me lance un regard, ils se toisent toujours et je m’affole un peu plus :

-         Les garçons ! Je vous en prie ! Je ne m’approcherai plus ni de l’un, ni de l’autre ! Rinko je t’en prie ! crie-je d’une voix aigüe.

Cette fois, Kakashi me lance un regard terrifié et c’est la goutte d’eau, Rinko explose :

-         Bon sang mais arrête de la regarder comme ça Kakashi !! hurle-t-il.

Son hurlement réveille visiblement ce dernier qui s’anime à son tour :

-         Bordel mais qu’est-ce qu’il se passe ?! Je ne veux perdre ni toi, ni elle ! Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement être amis tous les trois ?! Je ne comprends pas Rinko ! Explique-moi ! Explique-toi ! Fais quelque chose !

-         C’est elle ou moi Kakashi ! C’est aussi simple que ça ! Je ne te demande pas de comprendre mais tu choisis ! Elle ou moi !

Kakashi recule de deux pas comme si Rinko l’avait frappé et j’abats mes mains sur mes lèvres. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, je ne comprends pas pourquoi Rinko réagit aussi mal, pourquoi il inflige ça à Kakashi après m’avoir parlé de lui pendant des semaines avec un amour infini et en sachant pertinemment le mal que ça doit lui faire. Il le connait par cœur, il doit voir à quel point il le retourne ! Ça me tue littéralement d’assister à une chose pareille. 

Kakashi me regarde alors avec une tête à faire peur. Je vois dans son regard sa peine la plus profonde, les larmes à deux doigts de déborder, ses excuses de choisir Rinko comme s’il me les criait et ses adieux les plus déchirants.

Alors je prends sur moi tandis que des larmes roulent sur mes joues, essayant de lui faire comprendre silencieusement que je le comprends et que je le pardonne, ne quittant pas ses beaux yeux qui me manqueront à jamais, peinant à réaliser que notre histoire s’arrête ici.

-         Je ne m’approcherai plus d’elle, souffle-t-il simplement à Rinko avant de s’en aller en un claquement de doigts.

Je n’ai plus de cœur, il vient de s’éteindre et lorsque Rinko se retourne pour me regarder avec un air presque satisfait, ma haine explose dans mon corps. Je le regarde avec tout mon dégout, toute ma colère, toute ma tristesse :

-         Comment as-tu pu lui faire une chose pareille ?! explose-je.  

-         Lui faire quoi ? Lui demander de choisir entre une fille qu’il connait à peine et son meilleur ami ?

Il affiche un air hautain mais je vois très bien qu’il est honteux au fond de ses yeux sombres. Je sais qu’il n’est pas méchant, je le sais, il est en train de faire n’importe quoi par égo et qu’il s’en mordra les doigts.

-         Je ne te reconnais même pas, commente-je avec dégoût.  

Il s’agite, essayant de garder son air fier :

-         Tu ne me connais pas si bien alors, réplique-t-il.

-         Bien sûr que si Rinko. Tu ne peux pas me leurrer, je sais l’homme que tu es au fond de toi et je ne comprends pas ton comportement ! Je ne sais pas ce qui te travaille à ce point mais ce que tu viens de faire là est honteux, véritablement honteux ! Tu demandes à un homme qui a perdu tous ses amis les uns après les autres d’en abandonner un au profit d’un autre, mais quelle horreur ! Tu ne vois pas la peine sur son visage ? Tu ne vois pas les traumatismes qui passent au fond de ses yeux ? Je ne sais même pas ce que tu as réveillé en lui avec tes conneries, mais ce n’est pas beau à voir !

Il baisse le regard, incapable de soutenir le mien lorsque je lui fais une leçon aussi empreinte de vérité et j’aperçois enfin mon Rinko derrière le con du jour alors je continue :

-         Je ne sais pas quel impact je peux avoir sur toi, si tu me portes vraiment dans ton cœur ou non Rinko… mais moi je te porte dans mon cœur, suffisamment pour que tu viennes de me décevoir comme jamais quelqu’un m’a déçu. Je ne veux plus te parler, plus jamais, lance-je froidement.

-         Arrête Hanako, c’est entre Kakashi et moi, ce sont des histoires de merdes, ça se résoudra, dit-il vivement.

-         Tu viens de lui faire du mal, tu en as conscience ? Tu viens de blesser profondément ton meilleur ami alors qu’on ne comprend même pas pourquoi tu réagis comme ça…, lâche-je.

Et enfin, le fond du problème éclate :

-         Je réagis comme ça parce qu’il m’a brisé le cœur lui aussi ! se met à hurler Rinko. Tu crois que je le vis bien de me faire traiter comme une merde depuis des semaines ?! J’ai un cœur moi aussi ! Et vous avez tous tendance à beaucoup trop l’oublier bordel ! Ce n’est pas parce que je ris et je souris que ça veut dire que je ne souffre pas ! Ce n’est pas parce que je sors et que je fais comme si je m’en tapais que ça veut dire que son comportement ne m’a pas lacéré le cœur au pays du gel !

-         Alors il fallait lui dire Rinko ! Et pas briser le sien en retour pour le faire réagir ! crie-je.  

-         Mais à quel moment je lui brise le cœur ?! Il te connait à peine ! hurle-t-il.

-         Mais ce n’est pas de me perdre qui lui brise le cœur ! C’est le choix en lui-même ! C’est de voir ton visage froid ! C’est d’imaginer que tu es prêt à le perdre aussi facilement que ça pour des conneries pareilles ! hurle-je en bondissant vers lui.

Il recule de deux pas, ouvrant de grands yeux surpris par ce que je lui dis mais je continue :

-         Il a perdu tout le monde Rinko ! Il a « fermé son cœur » comme tu dis ! Il le rouvre pour toi et tu lui craches à la figure que tu es prêt à le perdre alors qu’il donnerait probablement sa vie pour la tienne ! hurle-je encore.

Et là, je vois. Je vois enfin les fils qui se touchent dans sa tête, je vois son visage qui se transforme sous la panique tandis qu’il tourne la tête à la recherche de Kakashi, cinq bonnes minutes trop tard.

Alors j’ajoute une dernière couche :

-         Et bien retrouve-toi tout seul Rinko ! Démerde-toi dans la misère que tu viens de semer espèce d’idiot ! Et ne m’approche plus jamais !

Et je file à l’autre bout du pont, le laissant planté là, autorisant mes larmes à dévaler mes joues en torrents.

J’aperçois à peine Rinko dans la brume à une vingtaine de mètres, mais il a l’air dans tous ses états et j’espère qu’il va courir s’excuser dans la seconde et que Kakashi n’aura pas trop mal au cœur de la scène qu’il vient de subir.

J’essuie mes joues rageusement, je ne peux pas supporter d’imaginer Kakashi terré dans un coin du bateau, peut-être même en train de pleurer. C’est injuste, tout ça pour des histoires de gamins, tout ça par vengeance puérile de « qui souffre le plus ».

Tout ça à cause de moi.

Et alors que je pense que je ne peux pas souffrir plus que ça, je découvre que je me trompais complétement.

Une douleur vive me déchire l’épaule en deux et je regarde avec un air hébété le kunaï qui vient de me transpercer qui se plante dans le bois du pont sous mes yeux.

Le sang se déverse à une vitesse absolument ahurissante de ma plaie, l’adrénaline m’empêche de hurler de douleur, je suis simplement complétement choquée et sonnée, sans réaction.

Un deuxième me transperce l’abdomen de part en part et je tombe à genoux cette fois, sentant le sang chaud qui se répand sur mon ventre jusqu’à goutter par terre.

C’est même une flaque, je suis à quatre pattes face à une flaque de mon propre sang, toujours complétement hébétée.

Je crois que j’entends Rinko hurler à l’autre bout du pont mais tout est tellement vague et flou que je n’en suis même pas sûre. J’ai quelques petits spasmes, et je sais que c’est très mauvais signe, surtout quand je vois la flaque devant moi qui doit déjà contenir le tiers de mon volume de sang.

Je suis étonnement très calme alors que je comprends que je suis en train de mourir, on dirait vraiment que je suis au ralenti, mais lorsque le troisième kunaï me cisaille en deux, je m’écroule pour de bon et je quitte la réalité lorsque tout devient noir d’encre.

Je n’avais qu’un ordre, un seul : rester près de Kakashi, et j’aurais peut-être dû le suivre.