LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)
Chapitre 89 : Le passé de Kakashi
J’observe son beau visage que j’aime tant, il a l’air pensif alors je lui donne un petit coup de pouce :
- Je t’écoute, l’encourage-je.
Il ne me regarde pas, fixant nos mains enlacées, les sourcils froncés :
- Lorsque je t’ai vu sur ce pont… lorsque je t’ai vu … j’ai vrillé Hanako. Véritablement vrillé, c’était absolument insoutenable pour moi.
- Je suis désolée Kakashi, murmure-je tristement.
- Je me suis battu pendant six minutes avant que Sakura n’arrive, six longues minutes au-dessus de ton corps inanimé, en train de te vider de ton sang… je ne sais pas si tu te rends compte d’à quel point six minutes peuvent être longues dans ce genre de situation…, reprend-il d’une voix chargée d’émotion.
Ma gorge se noue immédiatement mais il continue, les yeux perdus dans le vague :
- J’ai cru que c’était fini, je ne voyais même pas comment tu pouvais être encore vivante au vu de la quantité absolument abominable de sang dans laquelle tu baignais… j’ai du tout couper Hanako, me détacher de mon corps, fermer mes émotions, devenir le robot que je peux être parfois. J’ai hésité à les laisser me tuer, vraiment, mais je savais que Sakura était à bord et j’entendais ton cœur battre, alors j’ai juste tout coupé pour rester efficace, pour protéger ton corps de ces…
Ses mâchoires se contractent violemment et j’embrasse sa joue :
- Je suis là, je vais bien, glisse-je avec urgence.
- Heureusement, souffle-t-il en écarquillant les yeux. Dès que Sakura est arrivée, j’ai été soulagé, mais je n’arrivais pas à revenir à moi, c’était impossible, je ne savais même pas si tu allais vraiment t’en sortir, elle était tellement inquiète. Alors je les ai tous massacré, jusqu’au dernier. Après ça, j’étais dans un état second, il fallait te transfuser, j’étais compatible alors Sakura m’a littéralement vidé de mon sang pendant deux jours, deux jours complétement k.o., l’esprit au ralenti à cause de la faiblesse, à ne pas savoir si tu t’en sortirais… Je me suis blindé, à chaque minute qui passait je m’éloignais de mon humanité, je le sentais au fond de moi, je sentais que je partais et je ne pouvais pas lutter contre, je ne voulais pas, parce que si tu étais morte…
Son cœur accélère au fur et à mesure de son récit, accélérant le mien en même temps et lorsque sa voix se brise, les larmes me montent aux yeux :
- Mais je suis là Kakashi, couine-je de détresse.
- Je ne pouvais pas le savoir à ce moment-là, Sakura pleurait, Rinko hurlait, Minato ne parlait plus du tout, la tension était horrible, nous étions deux dans un état catastrophique, nous n’osions pas essayer de te transporter à l’hôpital de Kiri, tu étais beaucoup trop faible, j’étais trop faible pour marcher, Rinko trop en vrac pour faire quoi que ce soit, Minato trop chamboulé pour prendre des décisions… Alors je me suis simplement laissé glisser dans les abîmes. A force de transfusions et de soins, tu t’en es sortie et lorsque j’ai su que ça irait, je me suis barré. J’étais déjà trop loin de mes sentiments, je ne pouvais plus être au contact des autres, je ne pouvais plus rien faire à part m’isoler et me replonger dans mes traumatismes. C’est comme ça que je fonctionne Hanako, je me coupe de la réalité pour plonger dans ma tête, je revis en boucle mes traumatismes encore et encore. Je n’étais plus capable de m’ouvrir ou d’avoir une conversation, plus capable de rien à part surveiller. Je surveillais notre auberge toute la journée, sur le qui-vive, avec une soif de sang absolument terrifiante, j’espérais presque que d’autres reviennent…
Il se tait subitement et j’attends la suite mais elle ne vient pas.
- Kakashi ? demande-je d’une petite voix.
Il glisse ses yeux sur mon visage en fronçant les sourcils, encore et toujours perdu dans ses réflexions.
- J’aimerais te parler de moi, mais j’ai peur, murmure-t-il.
Je l’embrasse tendrement pour le rassurer, décidant de le citer il y a dix jours :
- Tu peux tout me dire Kakashi, il n’y a rien que tu puisses me dire qui me ferait partir en courant, assure-je.
Il me tire contre lui, cherchant mes lèvres et je prends le temps de l’embrasser plus longtemps tandis que mon cœur accélère à l’idée qu’il veuille s’ouvrir à moi, enfin.
- Mes équipiers s’appelaient Obito Uchiwa et Rin Nohara, je les ai perdu à très peu de temps d’intervalle et ça m’a brisé, fondamentalement brisé. La perte d’Obito était déjà très, très dure. Mais Rin… Hanako j’ai… j’ai tué…
Mes yeux s’agrandissent de plus en plus tandis que mes cheveux se dressent sur ma tête, priant pour qu’il ne me dise pas ce que je pense qu’il va me dire. Mais lorsque des larmes roulent sur ses joues, je comprends que si, il va me le dire :
- C’est moi qui ai tué Rin, de ma main, geint-il.
J’ai un mouvement de recul qu’il interprète terriblement mal, ses yeux sont plus en détresse que jamais et son bras me serre contre lui involontairement de peur que je ne m’en aille en courant. Je détache ma main de la sienne avec violence, apercevant son cœur se briser au fond de ses yeux jusqu’au moment où je passe mes bras autour de sa nuque pour le serrer contre moi de toutes mes forces et qu’il éclate en sanglot pour de bon, refermant ses bras dans mon dos avec désespoir.
Je me mets à pleurer moi aussi, me demandant comment une chose pareille est possible, souffrant de me dire qu’il porte ce poids. Son corps est secoué par ses sanglots bruyants, chacun d’entre eux brisant un peu plus mon cœur.
- Je suis tellement triste pour toi Kakashi, tellement désolée, pleure-je.
Il se calme peu à peu et relâche sa pression contre mon dos, mais je reste accrochée à son cou, refusant de le lâcher.
Il m’explique alors leur relation à tous les trois, puis la mort d’Obito, m’expliquant de fait la sombre histoire de son sharingan et je me retiens de ne pas pleurer plus, mais lorsqu’il me raconte l’histoire de Rin, je ne peux plus retenir mes larmes.
Je pleure plus encore lorsqu’il me parle de ses cauchemars, de ses réveils nocturnes où il se lavait les mains compulsivement jusqu’au sang. Il me parle ensuite de son entrée dans les forces spéciales où on lui a demandé de tuer encore et encore, éteignant son humanité peu à peu tandis qu’il associait ses meurtres à celui de Rin jusqu’à ne plus rien ressentir. Il aborde finalement ses massacres, ceux qui lui valent sa réputation, sa catégorisation de tueur froid et implacable, m’expliquant qu’à ce stade, il ne ressentait plus rien du tout sauf la nuit, où ses cauchemars le ramenaient à ses émotions, sa culpabilité et sa tristesse infinie.
Je finis le front posé sur sa tempe, les yeux fermés pour absorber tout ce qu’il me dit et il répare mon cœur meurtri en me racontant sa sortie des forces spéciales, sa rencontre avec l’équipe sept, puis Rinko dans la foulée, leur innocence et leur bonne humeur qui l’ont enfin sorti de la spirale dans laquelle il était plongé.
Il conclut tout ça en faisant le lien avec ces derniers jours :
- C’est ça qu’il m’est arrivé Hanako, c’est ce masque là que j’ai remis il y a une semaine, qui m’a coupé des autres, parce que j’ai eu tellement peur de te perdre toi aussi, je n’aurais pas pu le supporter. J’ai de toute façon une peur panique de perdre les gens que j’aime. Sauf qu’en me remettant dans cet état, je n’ai pas pu réagir quand tu t’es réveillée, je ne pouvais pas, je ne voyais que ton corps dans ta mare de sang, j’avais peur que tu t’écroules d’une seconde à l’autre, je ne sais pas…, dit-il d’une petite voix.
- Ce n’est pas grave Kakashi, je comprends et je suis là maintenant, je ne te lâcherai jamais, affirme-je avec force.
Il me regarde longuement, avec un air inquiet :
- J’aurais préféré que tu ne saches jamais la part sombre qui me hante, mais je suis soulagé, tu me connais désormais entièrement, chuchote-t-il d’une voix vacillante.
- Et je suis touchée jusqu’au plus profond du cœur que tu me l’aies dit Kakashi, tu n’imagines pas comme ça me rend heureuse de savoir que tu me témoigne cette confiance. Je suis absolument désolée et meurtrie d’entendre ce qu’il t’est arrivée, ce que tu as dû traverser et porter sur tes épaules, et je serai toujours là si tu avais envie d’en parler, murmure-je.
- Alors tu ne t’enfuis pas en courant ? souffle-t-il.
Un sourire triste s’étire sur mes lèvres et je caresse sa joue du bout des doigts :
- Kakashi, comme je viens de te le dire, il n’y a rien que tu puisses me dire sur ton passé qui me ferait partir en courant…
- Mais comment est-ce possible ? Comment peux-tu être encore là après toutes les misères que je t’ai faites… les aveux que je viens de te faire…, geint-il d’une voix suppliante.
- Je ne partirai jamais Kakashi, assure-je.
Il glisse ses yeux sur mon visage un moment, détaillant chacun de mes traits avec une moue triste et heureuse à la fois :
- Je ne veux jamais que tu partes Hanako, j’ai besoin de toi… j’ai besoin de toi pour vivre, avoue-t-il d’une voix presque inaudible.
Ses mots me bouleversent, j’ai envie de lui dire que je l’aime, mais je n’y arrive pas, je n’arrive pas à passer ce cap, j’ai peur de le faire fuir, peur que ce soit trop tôt, peur qu’il s’imagine que je lui dis ça parce qu’il s’est ouvert à moi… mais j’ai besoin de lui faire comprendre au moins un peu ce que je ressens :
- Moi aussi Kakashi, je n’ai besoin que de toi. Tu prends toute la place dans mon cœur, il n’est qu’à toi, pour toujours, souffle-je à mi-voix.
Ses sourcils se crispent sous l’émotion tandis que ses yeux s’embuent à nouveau :
- Et tu prends toute la place dans le mien, il ne bat que pour toi Hanako.
Il se penche pour m’embrasser et j’attrape ses joues pour le tirer contre moi tandis que mes joues s’enflamment sous la plus belle émotion que je n’ai jamais ressentie, cette impression d’être aimée inconditionnellement par l’homme de ma vie.