LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)
Chapitre 93 : Deux semaines d’absence
Les deux jours suivants sont sous le signe du bonheur et de la paix. Je m’enferme chez moi avec mon chat, lovée dans le pull de Kakashi, lisant sous mes fenêtres où la pluie tombe à verse.
Je passe du temps à regarder les petits courants aqueux sur mes fenêtres et les arbres s’agiter sous le vent, je me demande où il est, ce qu’il fait, où il dort… Je n’ai aucune information sur sa mission mais je sais qu’elle n’est pas « officielle » puisqu’il n’y a rien à ce sujet au bâtiment principal. Nanba m’avait dit que Kakashi faisait encore beaucoup de mission en solitaire, des missions d’espionnage si j’ai bien compris.
Ma seule angoisse profonde est qu’il soit retourné à Kiri, je ne vois que ça, mais je préfère me dire que je me trompe, parce que l’imaginer seul face aux perturbateurs du Nord me retourne le ventre.
J’ai l’impression que nous sommes un tout lui et moi, j’ai du mal à croire que Minato l’ait envoyé à Kiri sans m’en avertir, ce qui est parfaitement ridicule, alors j’essaie de ne pas trop y penser en me concentrant sur ma lecture, en respirant sa manche que je colle sur mon nez et en buvant des chocolats chauds réconfortants.
Maintenant que je sais qu’il n’est pas simplement parti sans rien dire, son absence me pèse, ça fait une semaine, une semaine sans ses sourires et ses câlins, c’est terriblement long mais je me raccroche à son petit mot, à son envie de me prendre dans ses bras à son retour, ça me met du baume au cœur, une sorte de décompte avant mon prochain câlin.
Le week-end du nouvel an arrive, et je prends ma seconde garde. C’est plutôt bien, je sais que les quatre prochains jours vont passer à toute vitesse, alors je m’absorbe dans le travail.
Je retrouve une fois de plus ma fidèle Mei, qui me trouve bien heureuse. Alors une nuit de garde plus calme que les autres, où nous sommes seules dans les canapés de la salle de repos, je décide de tout lui expliquer. J’ai besoin de parler à quelqu’un de Kakashi, de ce que je ressens, quelqu’un qui ne soit pas son ancien élève ou son amie, quelqu’un qui n’a pas de lien avec lui, qui ne peut pas être influencé par quoi que ce soit et surtout quelqu’un en qui j’ai une confiance absolument aveugle, que ce soit en son silence ou en ses conseils.
Elle écoute toute l’histoire avec patience, ne m’interrompant pas une seule fois, hochant la tête avec un sourire attendri aux lèvres, comme souvent lorsque je me confie à elle.
Mei est l’une des femmes les plus justes et bienveillantes que je n’ai jamais vu de ma vie, elle ne me ment jamais, préférant toujours me dire une vérité qui ne me convient pas qu’un mensonge qui va dans mon sens, elle est aussi très douée pour analyser les gens, alors je me fie énormément à elle. De toute façon, je me fie à elle pour tout. Elle est la grande-sœur et Sakura la meilleure copine, nos relations n’ont rien à voir et je ne suis pas étonnée de tout lui déballer comme ça, alors que je ne l’ai dit à personne d’autre.
A la fin de mon récit, elle me couve avec des yeux plein d’amour :
- Je n’en reviens pas, tu as l’air folle amoureuse Hana, dit-elle avec affection.
Je colle mes mains sur mon nez pour cacher mon sourire dans les grandes manches de mon nouveau pull préféré et elle éclate de rire.
- Tu l’es, confirme-t-elle toute seule.
- Qu’est-ce que tu en penses ? demande-je avec avidité.
- Il n’y a rien à en penser Hana, mon avis ne changera pas ses sentiments pour toi, souligne-t-elle.
- Mei ! couine-je.
Elle inspire longuement, observant dans le vide devant elle avec son grand sourire :
- Je vous trouve adorable, dit-elle finalement.
- Comment ça ?
- Vous êtes si mignons, si perdus, c’est un vrai bonheur tiens ! s’exclame-t-elle joyeusement.
- Mei, je ne comprends rien, gémis-je.
Elle pose ses yeux sombres sur moi :
- Je pense qu’il t’aime bien, très bien même, dit-elle gentiment.
Mon cœur bondit dans ma poitrine :
- Et cette histoire avec Sun ? m’inquiète-je.
Elle lève les yeux au ciel :
- Ne pense pas à cette fille Hana, première et dernière fois que je te le dis, menace-t-elle gentiment.
- Mais…
- Pas de « mais » ! Ça ne te regarde pas, tu ne sais pas ce qu’il se passe dans sa tête à lui, tu es seulement en train d’interpréter et je ne suis pas fière que tu ne m’en aies pas parlé avant. Tu dois faire ton chemin, sans prendre en compte des éléments extérieurs sous prétexte que tu supposes avoir raison ! Tu te rends compte que tu fusilles cette fille du regard chaque fois que tu la vois alors qu’elle n’est peut-être pas celle que tu imagines ?
- Alors là, permets-moi de ne pas être d’accord, râle-je.
- Non, est-ce que Kakashi t’a dit que c’était elle ?
- Non mais Rinko a dit qu’elle était spéciale pour lui, elle correspond à la description physique et elle l’a vu le jour où il a rencontré son inconnue ! me défends-je.
- Hanako, tout n’est qu’interprétation ! Et si Sun avait eu le même discours par Kakashi, elle pourrait tout aussi bien t’accuser toi. Tu corresponds à la description, inutile de dire que tu es spéciale pour lui et rien ne te dit que tu n’as pas croisé Kakashi dans un couloir de l’hôpital ce jour-là sans t’en rendre compte. Il dit lui-même qu’il n’a pas décroché un mot à cette fille le jour où il l’a croisé ! Alors dis-moi, pourquoi ne serait-ce pas toi à ce compte-là ? Si une fille se mettait bille en tête que c’est toi, ça marcherait et ça marcherait sans doute pour plusieurs femmes, ce n’est pas parce que Sakura et toi vous inventez inspecteurs en herbe que vous l’êtes Hana.
Elle me lance un regard sévère et j’en reste bouche-bée. Je ne peux pas lui donner tort après tout, elle est en train de me retourner la tête et j’ai pratiquement honte d’avoir à ce point haï Sun. Dans les faits, c’est plutôt elle qui a l’air intéressée par lui. Son inconnue est peut-être bien elle, mais peut-être pas…
- Je ne veux plus en entendre parler, conclut Mei.
- Tu as raison, je suis ridicule, admets-je honteusement.
- J’ai souvent raison. Et j’aime bien Kakashi, je suis complétement ravie de ton choix, ajoute-t-elle.
- Tu le connais ?! m’exclame-je.
- Non, mais je l’ai soigné quelques fois depuis le temps que je travaille ici, il y a toujours eu quelque chose chez lui qui m’a touché, peut-être sa tristesse, je n’en sais rien, j’ai toujours eu envie de m’occuper de lui, de vouloir qu’il soit heureux, un peu comme avec toi lorsque je t’ai rencontré.
- Tu adores recueillir les orphelins, plaisante-je.
- Peut-être bien… Mais tu ne m’étonnes pas du tout en me parlant de son caractère dans votre intimité, j’ai toujours trouvé sa douceur bien plus évidente que sa drôle de réputation, bien que je sois la seule.
Je souris, peu étonnée que Mei ait tapé juste en le rencontrant, elle est décidemment trop douée.
- Comment était-il quand tu l’as vu ? demande-je en calant mon menton dans mes mains, comme un enfant écoutant une histoire.
- Très poli, très calme, très silencieux aussi. Il attendait que ses camarades soient tous pris en charge avant de se laisser soigner, il me demandait toujours s’il il pouvait faire quelque chose pour que mes soins soient plus simples, et il répondait à peine du bout des lèvres lorsque j’essayais de faire la conversation.
- Mais tu l’aimais bien ? pouffe-je.
- Oui, ça ne s’explique pas. Je serais ravie de le rencontrer vraiment, si tu voulais me l’amener… dit-elle.
J’éclate de rire :
- Je me vois mal te présenter Kakashi comme ça, sans prétexte, il trouverait ça étrange ! Pourtant qu’est-ce que j’aimerais que tu le voies vers moi ! Que tu puisses me dire ce que tu en penses de façon plus aboutie ! Que tu nous voies interagir !
- J’aimerais bien, je suis très curieuse. Deux oisillons l’un en face de l’autre ! rit-elle.
Je plisse les yeux :
- Je ne suis pas sûre qu’on puisse qualifier Kakashi d’oisillon, souligne-je.
- Dans ce domaine, assurément, réplique-t-elle.
- Dans quel domaine ?
- Les sentiments amoureux, répond-elle tranquillement.
- Tu interprètes, tu n’en sais rien ! la cite-je en couinant.
- Evidemment, je ne dis pas le contraire, mais c’est mon avis. Je ne te dis pas de te convaincre que ce n’est pas Sun, simplement de ne pas la fusiller du regard ni de t’empêcher d’agir comme tu en aurais envie à cause d’elle, nuance, me reprend-elle.
- En tout cas, tu viens de qualifier ton commandant d’oisillon, ça je ne risque pas de l’oublier, la taquine-je.
- Alors là, tu pourrais bien lui dire que je n’en aurais rien à faire ! Et puis il est plus jeune que moi ! Il me doit le respect des aînés à ce compte-là ! dit-elle en riant.
- Oui, c’est vrai, glousse-je.
- En tout cas, je suis heureuse pour toi, mais n’oublie pas qu’il a eu une vie compliquée, ça pourrait engendrer des réactions compliquées. Il doit être perdu le pauvre petit, entre ce qu’il ressent, ce qu’il découvre, le regard des autres, son meilleur ami, son poste de commandant à son jeune âge…
- « Le pauvre petit », je ne suis pas sûre de m’habituer à entendre quelqu’un parler de lui comme ça ! ris-je encore.
Elle lève les yeux au ciel et nous sommes interrompus par une arrivée aux urgences d’une patrouille.
*
J’ai enfin une petite semaine de vacances après ma plutôt longue mission et mes deux gardes presque consécutives et si j’en étais heureuse au départ, le manque de Kakashi commence à vraiment me peser.
Je suis allée au restaurant avec Rinko mardi soir, il m’a confirmé que tout roulait entre Kakashi et lui, qu’ils avaient effectivement fait la paix sur le trajet du retour de Kiri. Nous avons discuté toute la soirée, nous racontant un peu les dernières nouvelles et c’était vraiment chouette, nous avons énormément rigolé, mais comme depuis le début de ce drôle de triangle, il ne peut pas remplacer Kakashi.
Son pull ne sent plus son odeur, ses rires manquent à mes oreilles, son absence me torture un peu plus à chaque minute qui passe. J’aimerais au moins savoir qu’il va bien, et idéalement la date de son retour, mais je n’ai aucun moyen de le contacter alors je prends mon mal en patience.
Après avoir retourné trois fois ma maison pour la nettoyer de fond en comble, j’en arrive même à travailler depuis chez moi, effectuant ma paperasse pour m’occuper. Je me mets à jour, ce qui est une très bonne nouvelle mais je me retrouve une fois de plus face à l’ennui profond.
Je ne sais même pas comment je pouvais vivre sans lui, c’est invraisemblable, je ne m’ennuyais pourtant jamais et c’est comme ça que j’en arrive à pâtisser tout mon vendredi après-midi, réalisant une quantité astronomique de cookies que je n’arriverai jamais à manger toute seule.
La pluie est toujours au rendez-vous, inondant pratiquement les rues de Konoha, frustrant tout le monde. S’il faisait quelques degrés de moins, alors il neigerait sans doute à foison.
En fin de journée, une petite lueur de sociabilité m’éclaire lorsque Sakura débarque en coup de vent et que je saute sur l’occasion de lui refourguer une partie de mes cookies, qu’elle accepte avec plaisir.
- Tu devrais en préparer un sachet pour Naruto, il serait ravi, commente-t-elle.
- Tu lui donnerais de ma part ? demande-je.
- Et bien en fait, à l’origine, je passais t’inviter à venir chez Ichiraku ce soir avec nous. Nous sommes vendredi soir et ça fait des lustres que nous n’y sommes pas allés avec la mission puis les fêtes, alors même si Kakashi senseï est en mission, nous avons décidé de nous y rejoindre pour nous retrouver, Naruto emmène même Hinata. Et comme c’est… compliqué entre Kakashi et toi, je me suis dit que c’était l’occasion que tu viennes avec nous sans que ce soit gênant puisqu’il n’est pas là.
- J’accepte avec plaisir Sakura ! Je m’ennuie à mourir ! Et puis j’ai hâte de rencontrer Hinata ! m’exclame-je.
Elle lève les yeux au ciel mais a un grand sourire :
- S’ennuyer en vacances, c’est vraiment la meilleure ! Alors retrouve-nous vers dix-neuf heures !
Je la raccompagne à la porte, absolument ravie d’avoir un programme pour ce soir.
*
Lorsque je me mets en route pour Ichiraku en début de soirée, la pluie laisse enfin sa place à la neige et mon moral remonte. La neige tient sur la route, et j’ai déjà hâte de me réveiller demain matin pour découvrir Konoha de blanc vêtu. Je n’ai vraiment pas fait d’effort vestimentaire, enfilant simplement le pull de Kakashi par-dessus une robe noire, mais je suis bien contente d’avoir une capuche pour me protéger des flocons qui tourbillonnent.
C’est drôle de rejoindre son équipe sans lui, de savoir que « sa place » sera vide à table, d’imaginer que je ne l’entendrai pas râler pour un oui ou pour un non après Naruto, ni discuter sérieusement avec Sasuke …
Et puis, j’ai franchement hâte de rencontrer Hinata, mais je suis aussi un peu triste à l’idée de tenir la chandelle de deux couples alors que l’homme que j’aime ne sera pas là… Mais il faut que je me calme, je suis loin d’être sa petite amie alors il n’y a rien de bizarre à ce que j’y sois sans lui.
Lorsque j’arrive, Hinata et Naruto sont devant le restaurant et un petit sourire nait sur mes lèvres alors que je les observe en approchant. Naruto est aux petits soins pour elle, qui affiche un air inquiet. Je suis sûre qu’elle est stressée de rencontrer une inconnue, elle a l’air tellement gentille et timide de ce que j’en ai entendu, alors je me félicite d’avoir un paquet de cookie à leur offrir, ça nous donnera de quoi discuter.
- Hanako ! s’écrie Naruto joyeusement en me saluant.
- Bonjour Naruto ! Enchantée Hinata, depuis le temps que Naruto parle de toi, dis-je gentiment.
- Je suis ravie de te rencontrer moi aussi, dit-elle d’une petite voix.
Je lui tends mes cookies et elle rougit en me remerciant, mais Naruto la met vite à l’aise puisqu’il prend en main la conversation, me questionnant sur mes cookies – comme prévu – tandis que nous attendons les autres.
Alors que Naruto bavarde joyeusement en incluant Hinata, je les observe avec tendresse, perdue dans mes pensées. Ils ont l’air tellement heureux ensemble, Hinata rayonne de bonheur malgré sa timidité et Naruto se révèle tellement prévenant que ça m’émeut un peu plus. Quand je pense que je vais passer ma fin de soirée seule avec mon chat, à attendre que le temps passe…
Tout comme Sakura et Sasuke il y a quelques semaines sur le pas de ma porte, leur couple me rend « jalouse » et je prends une fois de plus la claque de mes envies profondes, d’être aimée comme ça, d’avoir quelqu’un avec qui rentrer le soir, à qui prendre la main lorsque je marche, à qui lancer des petits regards complices…
Je souris poliment pour masquer ma tristesse en regardant Hinata rire d’une plaisanterie stupide de Naruto, lui lançant un regard amoureux au possible.
- Coucou moustique.